– Je peux te
parler ?
Bien sûr qu’elle
pouvait me parler Camille… Bien sûr…
–
Mais pas ici… Pas sur le parking du boulot… Rendez-vous dans dix minutes sur
celui du stade…
Elle
s’est garée… Est montée, d’autorité, à mes côtés…
–
Ça doit te surprendre, non ?
–
Un peu…
–
Parce qu’on a toujours eu d’excellents rapports, toi et moi… De collègue à
collègue… Mais ça s’arrête là… Et ça devrait d’ailleurs normalement s’arrêter
définitivement là… Je suis virée…
–
Hein ? Mais pourquoi ? Qu’est-ce que c’est que cette histoire ?
–
C’en est une longue d’histoire… Est-ce que je peux te faire confiance ?
Est-ce que tu peux me jurer que tout ce que je vais te dire là restera
strictement entre nous…
–
Tu as ma parole…
–
Personne l’a su, mais je suis sortie avec son fils à la mère Boudet…
–
Ah…
–
Et elle a pas supporté… Son fils chéri… Avec l’une de ses employées ! Et
puis quoi encore ! Elle a fait tout ce qu’elle a pu – je te passe les
détails, mais vraiment tout ce qu’elle a pu – pour nous séparer… Et forcément,
au bout du compte, elle y est arrivée…
–
Ça peut peut-être se rattraper…
–
Oh, non ! Non… Après ce qu’on s’est dit, non… C’est plus possible… Et puis
de toute façon j’ai pas envie… Affaire classée… Ça aurait pu en rester là, mais
elle s’acharne contre moi l’autre salope… Et elle me vire… Elle me fait payer
d’avoir osé lever les yeux sur fiston adoré…
–
Mais on fout pas les gens dehors comme ça enfin ! Il y a des lois…
–
Oui, oh, alors ça !
–
Faut pas te laisser faire… Faut porter plainte… Faut… Et elle a inventé quoi
comme prétexte ?
–
Je l’aurais volée…
–
Elle a pas de preuves…
–
Si ! Inventées de toutes pièces, mais elle en a… Elle m’a piégée en fait…
La camera de surveillance me montre en train de fouiller dans les tiroirs de
son bureau… Sauf que c’est elle qui m’y avait envoyée… Chercher un soi-disant
bordereau URSSAF… Qui s’y trouvait évidemment pas…
–
Oh, la garce !
–
Ça, tu peux le dire…
–
Oui, mais quand même… Au tribunal…
–
Tu parles ! Avec un atout comme ça dans sa manche… Et puis, à supposer que
je finisse par être complètement blanchie, tu sais comment sont les gens…
« Il y a pas de fumée sans feu… » Tout ça… La réputation de petite
voleuse je vais me la traîner jusqu’à la fin de mes jours…
–
Il y a pas de solution, quoi !
–
Pas vraiment, non…
–
Et tu comptes faire quoi ?
–
Pour le boulot je sais pas encore… Faut que je voie… Mais pour elle, elle
l’emportera pas au paradis, ça, c’est sûr… Je vais la faire payer… D’une façon
ou d’une autre je vais la faire payer… Cher… Très cher…
–
Comment ? T’as une idée ?
–
Oh, que oui ! Et… éventuellement… tu m’aiderais ?
–
Si je peux… Et si ça doit pas me poser de problèmes…
–
Ça t’en poserait pas, non… Au contraire… Ça te mettrait en position de force…
–
En position de force ? Explique !
–
Notre chère directrice, responsable de l’une des plus grandes succursales de
l’enseigne, l’irréprochable Madame Boudet – à qui on donnerait le bon Dieu sans
confession – éprouve une véritable passion pour la fessée…
–
C’est pas vrai ! Tu sais ça comment ?
–
Un jour que j’étais chez elle – en son absence : j’étais formellement
interdite de séjour – et que fiston dormait du sommeil du juste j’ai un peu
visité son ordinateur… Et comme je suis pas née de la dernière pluie, que je me
laisse pas abuser par des titres de dossiers rébarbatifs – ce sont souvent les
plus intéressants – j’ai fait des découvertes passionnantes… et très
édifiantes… Non seulement Madame collectionne les photos de culs rougis – il y
en a des centaines – mais s’épanche généreusement sur un forum qui s’est fait
une spécialité de cette retentissante passion…
–
Je te crois, mais…
–
Mais t’as du mal… Je te comprends… On l’imagine mal dans le rôle… Tu veux des
preuves ? Tiens ! T’as tout là-dessus… L’adresse du forum… Son
pseudo… Le mien… Parce qu’évidemment, du coup, j’en ai créé un… Et ce qui
serait bien…
–
C’est que moi aussi je m’inscrive…
–
Voilà, oui…
–
Pour ?
–
Tu devines pas ?
–
Ben oui… Si ! Seulement…
–
Mais essaie ! Essaie ! Je suis sûre que ça va le faire…
2
–
–
Camille ? C’est moi, Baptiste… Tu m’avais dit de t’appeler quand je
m’inscrirais… Alors voilà j’y suis…
–
Oui… T’as mis quoi comme région ?
–
Rien encore… Je t’attendais…
–
Mets pas Périgord, hein, surtout ! Jamais elle entrera en contact avec
quelqu’un du coin… Dans sa position c’est beaucoup trop risqué…
–
Je mets quoi alors ?
–
Fais comme elle… Ile-de-France… C’est anonyme là-bas… Il y a tellement de
monde… Et pour l’âge indique pas le vrai ! Que ce soit dans sa
tranche à elle… Aux alentours de la cinquantaine… Par là… Il y aura pas mèche
sinon… Reste la présentation…
–
Oui… Alors ça !
–
Faut faire le plus simple possible… Dire que ça t’a toujours passionné, mais
surtout pas que tu cherches des rencontres… D’entrée de jeu, comme ça, ce
serait dissuasif… Par contre laisse quand même entendre que tu as un tant soit
peu d’expérience… Ça le fera pas non plus sinon…
–
C’est bien compliqué…
–
Mais non ! Laisse en blanc pour le moment… Je m’en occuperai si tu y
arrives pas…
–
Et après ? Une fois que ce sera rempli tout ça je fais quoi ? Je la
contacte en MP ?
–
Oh, la la, non, malheureux ! Une femme c’est des dizaines de messages
qu’elle reçoit en MP… De types pressés et généralement pas très malins… Si
t’attaques comme ça, à peine arrivé, tu te grilles direct… Non… Reste
consciencieusement en public… Piste-la sur les différents fils… Réponds à ses
messages… Et attends… Laisse venir… Ça se décantera tout seul…
–
J’arrive pas à y croire… T’es vraiment sûre que c’est elle Martina ?
–
À 100%…
–
C’est complètement fou… Je la regardais encore ce matin en remettant les trucs
en rayon et je me disais que peut-être là-dessous si ça tombe il y en avait une
toute neuve d’hier soir…
–
Peut-être… C’est pas impossible…
–
Et tu te rends compte ? La directrice… Non, mais qui c’est qu’irait penser
un truc pareil ? Elle qu’est si… Qu’à peine tu oses lui adresser la
parole…
–
C’est peut-être pour ça justement… Ça rétablit l’équilibre…
–
J’ai lu ce qu’elle a écrit sur le forum… Tout… Ben dis donc ! Elle en a
reçu un sacré paquet de fessées… Et par tout un tas de types…
–
Oui, ben alors là détrompe-toi ! Elle en a jamais reçu… À part celles
qu’elle se donne à elle-même… Et ça, par contre, apparemment c’est très
souvent…
–
Mais alors ce qu’elle raconte…
–
C’est tout inventé… Fantasme, fantasme et encore fantasme…
–
Mais comment tu sais ça ?
–
C’est pas d’hier que je dialogue avec elle en MP… Ça fait des semaines… Dès que
j’ai eu découvert le pot-aux-roses j’ai couru m’inscrire… Si elle savait que la
Herberte à qui elle fait si complaisamment ses confidences n’est autre que la
petite vendeuse qu’elle vient de flanquer à la porte comme une malpropre !
–
Oui, mais alors si ça l’intéresse pas de s’en prendre vraiment des fessées… si
elle préfère inventer… à quoi je vais servir, moi, là-dedans ?
–
Oh, que si ça l’intéresse ! Si ! Seulement elle hésite à sauter le
pas… Pour des tas de raisons… Peur de tomber sur un sauvage… Peur d’être déçue…
Peur de se voir telle qu’elle est aussi… Du coup elle se rabat sur des
fantasmes, mais je peux te dire que le jour où elle se sentira vraiment en
confiance avec un mec alors là… Ce jour-là… Il faut que ce soit toi… Il faut
absolument que ce soit toi… Ce sera toi…
–
Ça va les trucs que j’ai mis sur le forum ?
–
Impeccable… Tu me surprends même… Parce qu’entrer dans la peau d’un type qu’a
le double de ton âge, c’est pas forcément évident… C’est de la corde raide… Tu
t’en sors très bien, moi, j’trouve…
–
Franchement ça me plaît bien cette histoire… Et puis alors la perspective de
flanquer une fessée à la mère Boudet ! J’en ai rêvé cette nuit… Tu crois
qu’on y arrivera ?
–
Il y a pas de raison… Si on s’y prend bien il y a pas de raison…
–
Sauf que quand elle va s’apercevoir que c’est moi elle va se défiler,
non ?
–
Elle pourra pas… Elle sera prise au piège… Si elle veut que tu te taises…
3
–
–
J’ai reçu un MP… D’elle…
–
C’était couru… Je lui ai dit qu’on correspondait tous les deux… Alors forcément
elle allait t’en envoyer un… En tout cas elle s’est bien gardée de m’en parler…
On ferait ses petits coups en douce, Madame Boudet ? Bon, mais
vas-y ! Lis-moi ça !
–
« Oteka, bonjour ! Je viens seulement de réaliser… Votre pseudo… Je
viens seulement de réaliser que c’est tout simplement la translation d’OTK… Une
des positions… Non… LA position que je préfère quand il s’agit d’offrir mes
fesses à une main habile et vigoureuse qui va s’employer à les réchauffer… En
attendant vous savez que vous êtes très agaçant ? Si, si ! Parce que,
dans vos posts sur le forum, vous procédez systématiquement par allusions,
voire même par semi allusions… Vous laissez entendre, mais vous ne dites
jamais… Et c’est terriblement frustrant… C’est quoi ces expériences qui
ont eu tellement compté pour vous… On a envie de savoir… Moi, en tout cas, j’ai
envie de savoir… Et ce ne serait que justice… Parce que je raconte… Je raconte…
Tout… Ou presque… Sans qu’en échange, de votre côté… Allez, un petit effort,
quoi ! Martina… »
–
Tu parles qu’elle raconte… Elle invente, oui… Bon, mais en attendant le poisson
est en train de mordre… T’as répondu ?
–
Non… J’attendais d’avoir ton avis…
–
Faut répondre… Faut absolument répondre… Et sans tarder…
–
Et je dis quoi ?
–
Ce qu’elle a envie d’entendre… Raconte-lui un truc… Tu vas bien trouver…
–
Ça y est !
–
Déjà ! T’as pas perdu de temps, dis donc ! Eh ben vas-y ! Je
t’écoute…
–
« Martina, bonsoir ! À un courrier comme le vôtre il n’y a guère
d’autre réponse à apporter, en tout cas dans un premier temps, que de vous
faire l’un de ces récits que vous réclamez à cor et à cri… Alors voilà… Je
venais d’être embauché – j’avais tout juste vingt ans – chez un cuisiniste… Mon
rôle consistait à accueillir la clientèle et à lui « faire
l’article »… La secrétaire – une blonde d’une cinquantaine d’années, très
coquette, qui tapait devis et factures dans le bureau voisin – avait supervisé
au début et rassuré le patron : je m’en tirais fort bien… Il pouvait donc
se consacrer exclusivement aux chantiers… Ce qu’il faisait… Et on ne le voyait
réapparaître au magasin que sur le coup de cinq heures pour s’informer des
ventes qui avaient été réalisées, des commandes qui avaient été passées et des
coups de téléphone qui avaient été reçus… La secrétaire lui faisait un
compte-rendu extrêmement détaillé qu’il ponctuait de petits grognements
d’approbation… « C’est tout ? » C’était tout, oui… « Et
Bérard, Magali ? Vous avez encore oublié d’appeler Bérard… »
« Oh, bon sang, oui… » « Et le devis pour Marivier ? Ça
aussi, vous avez zappé… C’est pas faute, pourtant, de vous l’avoir
rappelé… » « Je suis désolée… » « Il y a des fessées qui se
perdent… Ça fait un moment que je vous le répète, Magali, mais il y a vraiment
des fessées qui se perdent… » Elle baissait les yeux, rougissait, souriait
d’un air mi-contrit mi-amusé… « Vous étonnez pas si ça finit par vous
arriver… À force de faire… » Elle me jetait un rapide regard par
en-dessous… Détournait la tête… Et le lendemain soir à nouveau… »
–
Ça va lui plaire… Alors là je peux te dire que ça va lui plaire…
–
« Ça avait eu lieu… Je l’ai compris un matin que j’étais en avance… Ils ne
m’avaient pas entendu arriver… « Faut croire que ça vous a pas suffi,
Magali… Que vous tenez absolument à ce qu’on en remette une couche ce
soir… » Elle a ri… D’un rire haut perché… A mollement protesté… Je me suis
discrètement éclipsé pour ne faire ma réapparition qu’une dizaine de minutes
plus tard… J’ai passé ma journée à l’observer… Du coin de l’œil… Elle en avait
pris une… Ça faisait pas l’ombre d’un doute : chaque fois qu’elle
s’asseyait, c’était du bout des fesses, avec une petite grimace… Il l’avait
menacée de recommencer… Est-ce qu’il allait le faire ? Pour rien au monde
je n’aurais voulu manquer ça… Alors ce soir-là… J’ai quitté le magasin le
premier, comme je le faisais d’habitude pour me rendre, à pied, jusqu’à l’arrêt
d’autocar, mais, très vite, je suis revenu sur mes pas… La fenêtre du bureau
donnait, à l’arrière, sur un minuscule bout de terrain bordé par une haie
derrière laquelle je me suis dissimulé… Et j’ai attendu… En vain… Ils ont
parlé… Ouvert des tiroirs… Déplacé des dossiers… Ont finalement éteint la
lumière et quitté les lieux… De fessée point… Je n’allais pas me décourager
pour autant… Chaque soir, obstinément, je venais reprendre mon poste d’observation…
Pour rien… J’allais renoncer quand enfin, un soir, ma patience fut récompensée…
J’espère ne pas avoir lassé la vôtre, mais je tombe littéralement de sommeil…
Alors, si vous le voulez bien, je reprendrai demain le cours de ce récit… Et je
vous souhaite une excellente nuit… OTEKA »
–
Génial ! Absolument génial de la faire mariner comme ça… On va y arriver…
Je suis sûre qu’on va y arriver…
4
–
–
Elle a répondu…
–
Ah, ben ça !
–
Et tout de suite… Il s’était pas passé cinq minutes…
–
Ce qui prouve qu’elle était à l’affût… Bon, ben vas-y ! Lis-moi ça !
–
« Vous êtes un pervers, mon cher Oteka… Me mettre l’eau à la bouche comme
ça et me laisser en plan… Mais c’est de la torture… Vite… S’il vous plaît…
Vite… Je brûle d’impatience de connaître la suite… Martina… »
–
Et alors ? Tu comptes faire quoi ?
–
Le mort… Deux ou trois jours…
–
Parfait ! Excellent !
–
Faut que je fasse gaffe quand même…
–
À quoi ?
–
J’arrête pas de lui mater les fesses au boulot… C’est plus fort que moi, je
peux pas m’empêcher… Dès qu’elle se pointe… Comme si je pouvais voir à travers
si elle s’en est flanqué une…
–
Hier… Probable… Ça l’avait sûrement mise en appétit ton histoire…
–
Si elle me prend sur le fait…
–
Tu passeras pour un vilain petit cochon, mais elle sera à cent mille lieues de
soupçonner la vérité…
–
Et encore un MP… Où elle se plaint… Que je la laisse sans nouvelles… Qu’il
fallait pas que je la commence mon histoire si je voulais pas la finir…
–
Ce qui prouve que la mayonnaise prend… Mais faut peut-être pas trop faire
traîner en longueur non plus…
–
Justement… Justement… Écoute… « Désolé, ma chère Martina, de vous avoir
fait aussi longtemps attendre, mais j’ai été pas mal débordé ces derniers
jours… Ça se calme un peu on dirait et j’en profite pour venir terminer mon
récit… Donc… Donc, un soir… Il faisait chaud… Vraiment très très chaud… La
fenêtre du bureau était grande ouverte… Ils étaient seuls… Ils se croyaient
seuls… Ils se faisaient face… Il avait l’air en colère… Très en colère… Il y avait
des chances… Toutes les chances que… Alors j’ai pris des risques… Je me suis
approché… Tout près… Au ras de la fenêtre… « Cette fois c’est plus
possible, Magali… C’est vraiment plus possible… J’ai fait preuve, vous en
conviendrez, d’infiniment de patience à votre égard… Vous vous étiez
formellement engagée à faire des efforts… Vous en avez fait, c’est vrai… Qui
n’ont guère duré qu’une petite quinzaine de jours… Le temps que s’estompe le
souvenir de la fessée – amplement méritée – que je vous avais donnée… Alors je
ne vois guère d’autre solution pour obtenir de vous que vous preniez à nouveau
votre travail à cœur… Vous savez de quoi je veux parler, je
suppose ? » « Oui… » D’une toute petite voix… En baissant
la tête… Il n’y a que ça – c’est clair – qui soit efficace avec vous…
Non ? Vous ne croyez pas ? » « Si ! » « Eh
bien alors vous savez ce qu’il vous reste à faire… Allez ! » Elle n’a
pas protesté… Elle a dégrafé sa jupe et elle s’est penchée, à l’équerre, sur la
photocopieuse… Juste en face de la fenêtre… À deux mètres de moi… Elle a enfoui
la tête dans ses bras… Et elle a attendu… »
–
T’as une de ces façons de raconter… On s’y croirait…
–
« M’obliger à en arriver là ! Une femme de votre âge… Vous n’avez pas
honte ? » Elle avait honte, si ! Il lui a descendu sa culotte… À
mi-cuisses… Des fesses amples… Majestueuses… Il a posé la main juste au-dessus…
Au creux des reins… « Vous me promettez de faire des efforts ? Mais
des vrais cette fois… Des qui durent… » Elle promettait, oui… Elle promettait…
Il a disparu de mon champ de vision, y est presque aussitôt rentré avec une
longue badine qu’il a fait claquer deux ou trois fois en l’air… À vide… Les
fesses de Magali se sont contractées… Fermées… L’attente… Interminable… Et puis
c’est tombé… Un coup sec… Un seul… Qui lui a arraché un cri… Qui a imprimé sur
sa peau une longue traînée rosâtre… Il est allé lui murmurer, à l’oreille,
quelque chose que je n’ai pas entendu… Et puis il est revenu taper… Une
vingtaine de cinglées… Très espacées… Elle a crié… Elle a gigoté du derrière…
De plus en plus fort… De plus en plus vite… Ça s’est arrêté d’un coup… Il a
jeté la badine au loin… « Que ça vous serve de leçon ! » Et il
est parti en claquant la porte… Sa voiture… Elle a attendu qu’elle se soit
éloignée… Et puis alors sa main… Sa main entre ses cuisses… L’autre aussi…
Comme ça… Toujours penchée sur la photocopieuse… C’est venu vite… Très vite…
Elle a gémi… Elle s’est doucement plainte… « Oh, que c’est bon ! Que
c’est bon ! Que c’est bon ! » Elle s’est lentement redressée… Brusquement
retournée… Avant que j’aie eu le temps de me baisser… Elle m’a vu… »
–
Extra ! J’en connais une autre qui va faire courir ses doigts ce soir
quand elle t’aura lu…
–
Tu crois ?
–
Je crois pas… Je suis sûre…
5
–
– « Vous
le faites exprès, hein, Oteka ? Vous le faites exprès… C’est pas possible
autrement… Chaque fois vous vous arrêtez au pire endroit… Au pire moment… Elle
vous a vu ? Elle a compris que vous aviez assisté à tout… Et alors ?
Et après ? Il s’est passé quoi ? Elle a fait quoi ? Elle a réagi
comment ? Et vous ? Vous ne me ferez jamais croire que vous êtes
repartis tranquillement comme ça, chacun de votre côté… Comme si de rien
n’était… Ah, non… Non… Alors ne me faites pas languir… S’il vous plaît,
Oteka… S’il vous plaît… »
–
Le poisson est ferré… Maintenant suffit de pas mouliner trop vite… De pas
chercher à le ramener prématurément sur la berge… Mais pour ça je te fais
confiance… »
– « Eh
bien, si, Martina ! Si ! Chacun est reparti de son côté… Moi, en tout
cas, j’ai filé sans demander mon reste… D’instinct… Parce que je me sentais
coupable… Coupable d’avoir été là… Coupable d’être resté là… Coupable d’avoir
vu ce que je n’aurais pas dû voir… Et elle ? Elle, pendant ce temps-là,
elle s’était précipitée, affolée, sur le téléphone… Elle avait appelé le
patron… Pour le mettre au courant… J’avais assisté à tout… C’était
épouvantable… Et si je parlais ? Si je racontais autour de moi ? Si
ça revenait aux oreilles des ouvriers ? Elle n’avait plus qu’à
disparaître… À aller se terrer quelque part au fond d’un trou … N’importe où…
Tout cela je l’ai appris, le lendemain matin, de la bouche même du patron,
hilare… « Jouons cartes sur table, Magali… Il a vu vos fesses… Et
alors ? La belle affaire ! Ce sont pas les premières qu’il voit et ce
seront pas les dernières… » Oui… Non… Mais ce qu’il y avait surtout…
« C’est que je vous donne la fessée… Et que maintenant il le sait… Et
qu’il sait que vous adorez ça… Bon, ben voilà… Au moins comme ça les choses
sont claires… Pour tout le monde… Qu’est-ce qu’il y a encore ? Vous
avez peur qu’il tienne pas sa langue, c’est ça ? Mais il dira rien… À
personne… Hein, toi, que tu diras rien ? » J’ai promis… J’ai juré…
« Bon, ben maintenant trêve de bavardages… Tout le monde au travail… On a
assez perdu de temps comme ça… »
–
Et tu t’arrêtes là ?
–
Oh, non, non… Faut pas que ça devienne systématique non plus…
–
Bon, ben continue alors !
– « On
a passé la matinée chacun de notre côté… Elle, dans le bureau et moi au
magasin… Pratiquement sans se parler… Juste le strict nécessaire… Aussi mal à
l’aise l’un que l’autre… L’après-midi aussi… Jusqu’à ce qu’il rentre le patron…
Et qu’il la rejoigne dans le bureau pour procèder à ses petites vérifications
quotidiennes… « Ah, non ! Ça va pas, Magali… Ça va pas du tout… Mais
où est-ce que vous aviez la tête aujourd’hui ? C’est encore pire que
d’habitude… Faites attention… Faites très attention, Magali… Parce que ça
pourrait bien encore vous arriver… Et cette fois votre jeune collègue ne se
contentera pas de regarder… Il officiera… » « Oh,
non ! Non… Pas lui ! Vous pouvez pas me demander une chose
pareille… Pas lui ! » « Et pourquoi pas ? » « Mais
c’est un gamin ! Je mourrais de honte… » « Eh bien alors
vous savez ce qu’il vous reste à faire… Ou à ne pas faire… C’est selon… »
Voilà, Martina, voilà… Vous allez sans doute être déçue – sans doute pas
autant que je l’ai moi-même été – mais c’en est resté là… Il n’y a jamais
eu d’autre fessée… Ni donnée par lui… Ni donnée par moi… Du jour au lendemain
il n’a plus été question de rien… Plus la moindre allusion… Plus la moindre
menace… Pourquoi ? Je n’ai pas de certitude absolue là-dessus, mais je
crois, si je me fie à certains indices, qu’ils sont devenus
amants – ce qui n’était pas jusque là le cas – et que les fessées
il les lui a alors données chez lui… Ou chez elle… Exclusivement… Bien sûr je
pourrais, pour les besoins de la cause, prétendre le contraire… Vous raconter
que je l’ai fessée tant et plus… Inventer… Imaginer ce qui n’a pas réellement
eu lieu… Mais non… Non… Ce n’est pas du tout mon mode de fonctionnement… »
– Et
tiens ! Prends ça par les dents… Elle dont les soi-disant confessions ne
contiennent pas un traître mot de vrai… Oh, mais envoie ! Dépêche-toi
d’envoyer… J’ai hâte de voir la réponse…
– « Je
vous sais gré, mon cher Oteka, de votre honnêteté… Il y a malheureusement, sur
ce site que nous fréquentons vous et moi – comme sur tant d’autres
d’ailleurs – beaucoup trop de fantasmeurs… Qui espèrent-ils, au bout
du compte, tromper ? Leurs histoires sont, la plupart du temps, totalement
invraisemblables… »
– Elle
manque pas d’air… Non, mais alors là elle manque pas d’air…
– « Cela
étant, vous n’avez pas eu l’occasion de fesser cette pauvre Magali… J’avoue
d’ailleurs qu’à sa place… J’ai beau adorer la fessée… Je vivrais très mal la
perspective de me la voir infliger par quelqu’un qui n’a pas la moitié de mon
âge… »
– C’est
pourtant ce qui l’attend… Si tout se passe comme prévu – et il y a pas de
raison – c’est ce qui l’attend…
– « Vous
n’avez pas eu l’occasion de la fesser, elle, mais je suis bien persuadé que
vous vous êtes trouvé, par la suite, dans des situations où vous avez été amené
à en administrer… Non ?
Je
vous embrasse… MARTINA »
6
–
–
T’as des idées ? De trucs à lui raconter… T’as des idées ?
–
C’est pas ça qui me manque…
–
Et… on peut savoir ?
–
Quand ce sera au point…
–
Faudrait quand même pas vous cantonner à ça tous les deux… Faudrait que tu la
fasses parler d’elle… Que tu lui parles de toi… Que ça lui donne envie de te
rencontrer… Parce que sinon dans six mois on en est toujours au même point…
– Ça
y est ? Tu lui as écrit ? C’est vrai ? Lis-moi ça… Attends…
Attends… Je m’installe… Là… Vas-y !
– " N'allez
pas vous imaginer, ma chère Martina, que j'aie passé ma vie – et que je la
passe encore – à distribuer des fessées à droite et à gauche… Non… C'est
un domaine dans lequel, je l'avoue, j'ai tendance à être très sélectif…
Peut-être plus que de raison…"
– Très
bien ça… Très très bien… Ça va forcément lui donner envie de faire partie de la
sélection…
– " Si
bien que les trois ou quatre femmes – pas plus – que j'ai eu
l'occasion de fesser m'ont toutes laissé un souvenir impérissable… Ainsi
Stéphanie par exemple… Stéphanie, c’était une amie de Marielle, ma compagne de
l’époque… Elle était mariée à Luc, un grand brun qui avait toujours le mot pour
rire… Nos deux couples avaient sympathisé et nous sortions souvent ensemble
( restaurant, cinéma, etc… ) Nous avions même partagé, cette
année-là, trois très agréables semaines de vacances sur un camping de la côte
atlantique… Et c’est au retour de ce séjour que… un beau matin… « C’est
moi… C’est Luc… Je peux te demander un service ? » Il pouvait… Bien
sûr qu’il pouvait… « Je suis coincé au boulot, là… Je peux pas bouger… Une
réunion avec les grands pontes… Le problème, c’est qu’il y a un dossier
essentiel sur lequel on est amenés à travailler qu’est resté à la maison… Alors
je te dis pas comment je vais me faire taper sur les doigts… » « Et
tu voudrais que j’aille te le chercher, c’est ça ? » « Si ça
t’ennuie pas, oui… Je sais que toi, le mardi, tu bosses pas… Parce que ça fait
une heure que j’essaie d’avoir Stéphanie… Sur le fixe… Sur son portable… Ça
répond jamais… Elle a dû encore filer passer la matinée je ne sais où… »
« Bon, ben j’y vais… » « Merci… Il est bien en évidence sur le
petit meuble à côté de la télé… Un dossier bleu… Tu peux pas te tromper… Passe
par derrière… Par la cave… Tu sais où est la clef… » Je savais, oui… Sous l’escalier
extérieur… Entre une boîte d’engrais à rosiers et une autre d’anti-limaces… Je
suis monté… Direction la salle de séjour… J’en ai poussé la porte… Et là !
Là ! Me tournant le dos, le casque vissé sur les oreilles, entièrement
nue, échevelée, Stéphanie dansait… Seule à seule avec elle-même… Hors du
monde… Hors du temps… »
–
Elle devait l’avoir à fond la musique… Pour pas entendre le téléphone… Ni
t’entendre arriver…
– Je
te rappelle quand même que c’est une histoire et que…
– Oui,
je sais… Je sais… C’est bon… Vas-y ! Continue…
– « Elle
dansait… Dansait… Et moi, je la regardais… Je fixais sa croupe, médusé,
stupéfait… Parce qu’à l’évidence elle s’était ramassé une fessée… Et une
belle ! Qui lui avait laissé de sacrées marques… Dont je ne parvenais pas
à détacher les yeux… Stéphanie ! Si j’avais pensé… Imaginé… Et qui est-ce
qui ? Luc ? Je le voyais pas vraiment dans le rôle… Mais alors
qui ? J’en étais là de mes interrogations quand elle s’est soudainement
retournée… Un hurlement… Le casque qui voltige… La fuite… Vers la chambre à
coucher… Dont elle est revenue, quelques courts instants plus tard, enveloppée
dans un peignoir à fleurs dont elle finissait de nouer la ceinture… « Mais
enfin… tu peux me dire ce que tu fais là ? » J’ai expliqué… Le
dossier… Le téléphone qui répond pas… Le dossier… Qu’il fallait absolument que
je porte à Luc d’ailleurs… Sans tarder… Il devait l’attendre… Elle me l’a
tendu… « Je suis désolé… Je pouvais pas savoir… » « Tu pouvais
pas, non… Ni moi non plus… Mais… » « Oui ? » Elle a hésité…
« Je peux compter sur toi ? Tu diras rien ? Parce qu’il est pas
au courant Luc… Et je voudrais pas qu’il sache… Pour rien au monde… »
« Tu as ma parole… » « Merci… »
–
Et tu la laisses en suspens à ce moment-là notre Martina, je parie…
–
Exactement…
– Génial…
Je t’adore… Si ça marche notre truc tu pourras me demander tout ce que tu veux…
–
Vraiment tout ?
– Oui…
Enfin presque…
7
–
– Elle
m’a engueulé… Ce matin… Convoqué dans son bureau… Paraît que j’ai la tête en
l’air… Que je suis pas à ce que je fais… Que ça peut pas durer comme ça… Que
j’ai intérêt à me reprendre… Vite fait… Parce qu’il y aura pas trente-six
avertissements…
– Et
alors ?
– Ben
alors rien… Je l’ai écoutée religieusement… L’air contrit… Qu’est-ce tu voulais
que je fasse d’autre ? En me demandant tout du long, pendant qu’elle
causait, dans quel état elle pouvait bien avoir le derrière aujourd’hui et en
me disant que, bien pris, je tarderais pas à avoir ma petite vengeance… Et je
peux te dire que du coup je suis motivé là… Sacrément motivé… Plus que jamais…
– Tu
m’en vois ravie…
– Mais
alors le plus rigolo, c’est que juste après… j’étais à peine sorti du bureau…
elle a filé à son ordi… L’heure du message faisant foi… Elle a filé m’écrire… À
moi… Sans se douter le moins du monde que celui auquel elle écrivait elle
venait de lui passer un de ces savons…
– Pour
te raconter quoi ?
– Tiens,
écoute ! « Je commence, mon cher Oteka, à être habituée à votre façon
d’égrener vos souvenirs… Au compte-gouttes… Je vais donc patiemment attendre
votre bon vouloir… Par contre j’aurais malgré tout un reproche à vous faire… De
vous… De votre situation… De vos goûts… je ne sais que ce que vous avez
consenti à confier sur le site… Ni plus ni moins… C’est-à-dire infiniment peu…
Vous êtes très secret, hein ?!… J’aimerais quand même, si c’est possible,
avoir une idée nettement plus précise de quelqu’un avec qui je pressens que je
vais être amené à entretenir une très longue correspondance… »
– Excellent,
ça… Excellent… Très bon signe… Ça prouve qu’elle commence à s’intéresser
sérieusement à toi… Et alors ? Tu vas lui répondre quoi ?
–
Qu’elle en a de bonnes… Que c’est l’hôpital qui se fout de la charité… Parce
que dans le registre « Je parle et je dévoile rien » elle est pas mal
non plus… Pire que moi… Et puis je vais quand même lui distiller quelques
« informations »… Que j’aurai 52 ans en mai… Que j’habite dans
l’Ouest de Paris… Que je travaille, comme conseiller clientèle, pour une grande
marque automobile…
– Il
manque l’essentiel…
– Quoi
donc ?
– Que
tu es libre… Célibataire ou divorcé… Divorcé plutôt… Ça fait le type qu’a vécu…
Qui connaît la vie… Ça va lui plaire… Surtout qu’elle est seule… Depuis un bon
moment déjà… Alors un type qui lui tambourine le derrière… Oui… Bien sûr… Mais
si, en plus, ça pouvait le faire… Ça pouvait tourner à la Love Story… Alors
là ! Là…
–
Eh bien je vais être divorcé… Je donne des détails ?
– Laisse-la
mijoter… Attends qu’elle les demande… Elle les demandera forcément… Et ce sera
alors la porte ouverte aux « vraies » confidences… D’un côté comme de
l’autre… Non, non… Restes-en là… Pour le moment restes-en là… Et enchaîne avec
la suite de l’histoire de Stéphanie…
– Tu
veux que je te la lise ?
– Tu
l’as déjà écrite ? Oh, ben oui alors… Oui… Évidemment… Vas-y !
– « Je
venais tout juste de remettre son dossier à Luc… J’allais démarrer… quand mon
portable a sonné… « C’est moi… C’est Stéphanie… Tu peux repasser à la
maison ? Faut qu’on parle… Faut vraiment qu’on parle… Je suis trop mal,
là… » Elle était en larmes sur le canapé du salon… « Oh, mais faut
pas te mettre dans des états pareils… Je t’ai promis de rien dire… je dirai
rien… » « C’est pas ça… » « C’est quoi alors ? »
« Ça va plus pouvoir être pareil maintenant tous les quatre… »
« Je vois vraiment pas pourquoi… » « Ben parce que… il y aura
toujours ça… Entre nous… Je vais pas arrêter de me dire que tu sais… Que tu
dois me voir comme quelqu’un de complètement tordu maintenant… »
« Parce que tu crois que je le suis pas, moi, tordu ? »
« Pas comme moi… Pas comme ça…» « Ah, tu crois ça, toi ? »
Je suis venu m’asseoir près d’elle, sur le canapé… « Dis-moi…
Qui c’est qui te l’a donnée cette fessée ? » « C’est
personne… » « C’est forcément quelqu’un… » « Ben oui,
mais… » « C’est toi, hein ? Toute seule… Comme une grande… »
« Comment tu le sais ? » « Tu devrais avoir honte… »
Elle a brièvement croisé mon regard… « Non ? » Elle s’est mordu
la lèvre… « Non ? Réponds ! » « Si ! »
« Et tu sais ce que tu mériterais pour la peine ? Dis-le… »
Elle a fait non de la tête… Non… « Dis-le ! Je veux que tu le
dises… » « Une fessée… » Tout bas… Presque inaudible…
« Plus fort… » « Une fessée… » « Une fessée, oui… Et
je vais te la donner… » Elle s’est levée… « S’il te plaît, non… Il
faut pas… Non… » « Allons, ne fais pas l’enfant… Tu n’y couperas pas…
Tu sais bien que tu n’y couperas pas… » « Non… Je t’en prie…
Non… » « Pourquoi ? Parce que tu en as trop envie ? »
–
C’est tout ?
– Pour
l’instant…
–
Envoie-lui ! Dépêche-toi de lui envoyer…
8
–
– « Alors
ainsi vous aussi, mon cher Oteka… Vous aussi, vous faites partie du club des
divorcés… »
– Je
te l’avais dit que c’était primordial, ça, pour elle, de savoir où t’en étais
de ta vie sentimentale… Je te l’avais pas dit ?
– « En
ce qui me concerne ça fera quinze ans le mois prochain… C’est moi qui ai pris
la décision – reconnaissez que, dans ce genre de situation, ce sont
quasiment toujours les femmes qui tranchent dans le vif – une décision que
je ne regrette absolument pas… Que je n’ai jamais regrettée… C’était devenu
parfaitement invivable… La faute à qui ? Sur le moment j’étais persuadée
que c’était la sienne… Il était terriblement égocentré, ne faisait pas le
moindre effort, etc… Mais, avec le recul, j’ai vu les choses de façon beaucoup
plus nuancée… Il y allait tout autant de ma responsabilité que de la sienne…
Notre grand tort, à tous les deux, ça a été de ne pas accepter tout simplement
l’autre tel qu’il était… De vouloir à toute force le rendre conforme à notre
attente… Et ça… il y a rien de pire… Reste que si ce divorce est sans doute, au
bout du compte, l’une des meilleures choses qui me soient arrivées il n’a pas
été non plus sans conséquences négatives… J’hésite énormément, depuis, à
m’aventurer dans quelque relation sentimentale sérieuse que ce soit… Peut-être
suis-je devenue trop exigeante, mais j’avoue ne pas avoir jusqu’ici rencontré
celui avec qui j’aurais envie de retenter l’aventure de la vie commune… Je ne
désespère toutefois pas – je suis incorrigible, hein – de
rencontrer la perle rare… celui avec qui je pourrais enfin tout partager…
jusqu’aux délices de la fessée… »
– Si
c’est pas un appel du pied, ça !
– « En
attendant vous savez que votre récit m’a – c’est le cas de le dire –
heurtée de plein fouet ? Qu’il me parle énormément… Pourquoi ? Parce
que j’en suis pour le moment, réduite, moi aussi, à me corriger toute seule…
Tout comme votre Stéphanie… »
– Elle
y vient… Elle y vient… Tu vois comme elle avance ses pions ? Comme elle te
tend, mine de rien, la perche… Cette fois elle est prise dans nos filets… Elle
est vraiment prise dans nos filets…
– « Bien
sûr – et ne fût-ce que sur le site – il y a des types à la pelle qui
ne demanderaient pas mieux que de me rendre le service de me flanquer la
fessée… Mais… Mais ce n’est pas une fessée à l’état brut que je cherche… Comme
suspendue en l’air… Sans rien qui la raccroche à rien… J’ai besoin qu’elle soit
préparée… Amenée… Qu’elle se noue, en moi, à toutes sortes d’attentes et de
souvenirs… Et ça, ça ne s’improvise pas du jour au lendemain… Il faut qu’il y
ait d’abord eu des échanges nombreux… Qu’un courant soit passé… Qu’une
complicité se soit instaurée… Et je peux vous assurer, d’expérience, que ce
n’est pas aussi fréquent qu’on pourrait le croire… »
– Tu
lis entre les lignes, là, hein, j’espère ?!
– «
Alors… Eh bien alors – ce n’est, je l’espère, que transitoire – mais
je me débrouille, pour l’instant, toute seule… Avec mon imagination… Mes
fantasmes… Et je me sens, du coup, très proche de votre Stéphanie… D’autant
plus proche que ma hantise c’est – ça a toujours été – d’être
découverte, que, par un malheureux concours de circonstances, on en vienne à
savoir… C’est ce qui lui est arrivé à elle… Et je peux vous assurer que, pour
rien au monde, je n’aurais voulu être à sa place… Ah, non alors ! »
– C’est
pourtant ce qui t’attend, ma chérie, et dans des conditions dont tu me diras
des nouvelles…
– « Qu’est-ce
qu’elle a pu éprouver ? Ressentir en se voyant comme ça percée à
jour… Surprise en flagrant délit… Je n’arrête pas, depuis que je vous ai lu, de
me poser la question… Une question à laquelle j’espère bien n’avoir jamais
vraiment de réponse… Parce que ça voudrait dire… Et rien que d’y penser… »
– Oh,
mais tu l’auras la réponse… Fais-nous confiance… Tu l’auras… Et bien plus tôt
que tu ne l’imagines…
– Quelle
garce ! Non, Mais alors là quelle garce !
– Qu’est-ce
qui t’arrive ? Qu’est-ce qu’elle t’a fait ?
–
Des réflexions… Devant tous les collègues… Sur ma façon de m’habiller… Qu’elle
me rappelait quand même que j’étais amené à être en contact avec la clientèle…
Et que ma tenue laissait à désirer… « C’est le moins qu’on puisse dire…
Déjà que question rendement c’est pas ça qu’est ça… Ah, quand vous revenez de
la réserve en poussant une palette vous risquez pas de vous faire flasher par
un radar… » Ça les a fait rigoler les autres… Oh, mais j’ai pas dit mon
dernier mot… Bouge pas que je vais le contacter le syndicat… Et me renseigner…
Parce qu’il manquerait plus que ça maintenant que les patrons se mettent à nous
dire comment on doit s’habiller…
– Laisse
tomber…
– Oui,
ben sûrement pas… Alors là…
– Laisse
tomber, j’te dis ! D’ici quelques semaines tu l’auras ta vengeance… Et moi
avec… En attendant mate-lui le cul… Mate-lui le cul tant que tu peux et dis-toi
que ce que tu vas lui mettre elle est pas près de l’oublier…
9 –
– « Curieusement,
ma chère Martina, vous m’avez laissé en compagnie de Stéphanie, à la fin de mon
précédent message, sans chercher à savoir si elle avait finalement reçu la
fessée que je venais de lui promettre… Parce qu’il allait de soi, pour vous,
que c’était le cas ? Parce que vous étiez convaincue que je ne manquerais
pas de reprendre le cours de mon récit là où je l’avais interrompu ? Parce
que vous étiez obnubilée par l’idée que nous étions tous les deux, vous et moi,
divorcés ? »
– Très
bien ça… Très très bien… Excellent…
– « Quoi
qu’il en soit, elle ne l’a pas reçue… Pas ce jour-là en tout cas… Elle s’y est
obstinément refusée… J’étais en position de force : j’aurais pu l’y
contraindre en la menaçant de tout révéler à Luc… Ce sont des méthodes que
j’exècre et que je me refuse à utiliser… Bien m’en a pris d’ailleurs… Parce
qu’elle m’en a su gré et que c’est d’elle que finalement, quelques jours plus
tard, la demande est venue… « Tu peux passer ? » Je pouvais,
oui… Bien sûr que je pouvais… « C’est au sujet de l’autre jour… De ce que
t’as vu… De ce qu’on a dit… » « Oui… Eh bien ? »
« C’est pas facile… Oh, la la ce que c’est pas facile… »
« Maintenant que t’as commencé… » « J’arrête pas d’y penser
depuis… Et même… » « Et même ? » « D’imaginer, quand
je me le fais, que c’est toi qui me le fais… » J’ai saisi la balle au
bond… « Ah, parce que tu continues ?! Parce que ça t’a pas suffi la
petite leçon de l’autre fois… » Elle a baissé les yeux d’un air contrit…
« Je peux pas m’empêcher… C’est plus fort que moi… » « C’est un
peu facile, ça, Stéphanie… Trop facile… On peut toujours quand on veut… »
« Mais non, mais… » « Mais si ! Oh, mais je vais t’en faire
passer l’envie… Je t’assure que je vais t’en faire passer l’envie… Une
bonne fois pour toutes…Viens ici ! Allez ! » Trois pas vers moi
qui étais assis sur le canapé… Elle s’est arrêtée… Un pas en arrière… « Eh
bien ?! Tu te dépêches, oui ? Fais attention, Stéphanie ! Fais
bien attention… N’aggrave pas ton cas… » Deux pas en avant… Un autre… Je
l’ai saisie par le bras… Attirée vers moi… Fait basculer en travers de mes
genoux… Et j’ai pris tout mon temps… Pour relever bien haut la jupe sur les
reins… Pour la sermonner… Non, mais c’était quoi ces façons de faire ? Se
donner la fessée… Comme ça ! Toute seule ! Une femme de son
âge ! Elle avait pas honte ? Oh, si ! Si, elle avait honte… Et
pas qu’un peu ! Encore heureux ! Manquerait plus que ça qu’elle ait
pas honte… « Et encore ! C’est rien à côté de ce que ça va
être… » Et j’ai glissé la main sous l’élastique de la culotte… J’ai tiré…
Elle a agrippé pour retenir… Une petite tape sur la main… « Sage ! On
reste sage ! » Elle l’a retirée… J’ai descendu la culotte… Jusqu’à
mi-cuisses… Et alors là, Martina ! Là ! Une de ces fessées !
Comment j’y ai été de bon cœur… Vous auriez vu ça ! De quelles belles
couleurs rutilantes elles se sont ornées ses fesses… Et ce qu’elle a
gigoté ! Ah, ça, elle ne m’a rien laissé ignorer du moindre de ses petits
recoins… Et quelles jolies intonations elle prenait sa voix quand elle
grimpait, très haut, dans les aigus ! Un vrai régal… Auquel il a bien
fallu, malheureusement, finir par mettre un terme… Je l’ai aidée à se
redresser… « Ouche ! Tu tapes fort… Nettement plus fort que moi… »
Elle s’est relevée… En grimaçant… En se frottant les fesses… « Et c’est si
désagréable que ça ? » « Non… Oh, non… Non… Au contraire… »
Elle a entrepris de remonter sa culotte… Je l’ai arrêtée… « Danse
maintenant ! Danse toute nue… Avec le casque sur les oreilles… Comme l’autre
jour… Quand je t’ai surprise… » « Tu comprends tout, toi ! Tu
comprends vraiment tout… » Et elle l’a fait… »
– « Vous
savez quoi, Oteka ? Vous savez quoi ? Eh bien j’ai rêvé de vous… Si,
si ! La nuit dernière… Je vous avais lu… Juste avant de m’endormir… Et
j’ai rêvé… J’ai rêvé que vous me surpreniez pendant que je me mettais une
fessée… »
– Traduction :
ça l’a tellement émoustillée ton récit qu’elle s’est offert une petite
gratouille en s’imaginant dans la peau de Stéphanie…
– « C’était
très étrange… C’était pas chez moi… Je le connaissais pas l’endroit… Par contre
c’était vous… Ça, j’étais sûr que c’était vous… J’étais tellement absorbée par
ce que j’étais en train de faire que je n’avais absolument pas détecté votre
présence… Ce n’est que tout à la fin, en me relevant et en me retournant, que
je vous ai découvert… Vous sortiez d’où ? Depuis combien de temps vous
étiez là ? Je n’en avais pas la moindre idée… Et je m’en fichais… Ça
n’avait pas la moindre importance… Bizarrement, moi qui ai la hantise d’être
découverte, qui ne supporterais pas que ça m’arrive « en vrai », eh
bien ça m’était complètement égal… Parce que c’était vous… Et parce que
– j’en étais persuadée – vous étiez déjà au courant… Je me sentais en
pays de connaissance… Rassurée… Vous alliez faire quoi ? M’en donner une…
Ça coulait de source… M’en donner une – comme vous en aviez donné une à
Stéphanie – pour me punir de me le faire toute seule… Je le savais…
C’était évident… Forcément… Eh bien non… Non… Vous m’avez plantée là en claquant
la porte… Furieux… Pourquoi ? Mais pourquoi ? Qu’est-ce que je vous
avais fait ? Qu’est-ce qui vous avait pris ? J’étais désorientée…
Perdue… Mais surtout frustrée… Terriblement frustrée… »
– Alors
là… Là… Si tu y arrives pas, c’est que t’es vraiment le roi des cons…
10 –
– « Désolé,
ma chère Martina, de vous avoir à ce point frustrée… À l’évidence je vous dois
réparation… Et cette fessée dont je vous ai sevrée en rêve il ne me reste plus,
pour me faire pardonner, qu’à vous l’administrer « EN VRAI »…
Non ? Vous ne croyez pas ? »
– Elle
va faire tout un tas de mines, mais au bout du compte elle va accepter… Tu
paries qu’elle va accepter ? On touche au but, mon petit Baptiste, on
touche vraiment au but…
– « En
ce qui concerne Stéphanie, vous vous doutez bien que cette fessée a été la
première d’une très longue série… C’est rapidement devenu pour nous, et surtout
pour elle, une nécessité matinale – elle travaillait l’après-midi –
quasi quotidienne… Et dangereuse… Parce qu’il y avait des voisins… Que je
croisais parfois… Qui allaient forcément finir par se poser des questions…
Qu’est-ce que je pouvais bien venir faire là, aussi souvent, en l’absence du
mari…C’était risqué… Très… Alors on se raisonnait… On prenait toutes sortes
d’excellentes résolutions… On décidait d’espacer… « Mercredi on se
revoit… Pas avant… On est bien d’accord ? » On était d’accord, oui,
mais le lendemain matin, à la première heure, mon téléphone sonnait… « Tu
peux passer ? J’ai trop envie… » « On avait dit… »
« Oui, mais bon… » Je résistais mollement et je finissais par céder…
Je finissais toujours par céder… Ça ne pouvait pas durer comme ça… On en était
bien conscients… « Un jour ou l’autre ça va finir par lui revenir aux
oreilles à Luc… Forcément… Et ce jour-là… » La solution – la seule
solution – c’était de nous retrouver ailleurs… Quelque part où nous ne
serions pas en danger d’être reconnus… L’hôtel ? Un hôtel suffisamment
éloigné pour que…Elle s’est récriée… « Au rythme où on se voit ? Non,
mais tu te rends compte ce que ça nous coûterait ? Sans compter les frais
d’essence… Non… Et puis un couple qui se pointerait comme ça, le matin, tout le
monde saurait pour quoi c’est faire… » « Oui, ben justement !
Nous, ce serait pas pour ça… » « Non… Ce serait encore pire… Parce
qu’on entendrait… On entendrait forcément… Et on comprendrait ce qui se passe…
T’imagines ? Le patron… Les serveuses… Les femmes de ménage… Les sourires
en coin… Les réflexions derrière notre dos… Les regards pleins de
sous-entendus… Mais je mourrais de honte, moi ! Ah, non ! Non !
Il n’en est pas question… » Et on a continué comme avant… En redoublant de
prudence… En multipliant les précautions… Ce qui n’a pas empêché qu’un beau
matin, au téléphone… « Ne viens pas ! Je t’en supplie, ne viens
pas ! Elle se doute de quelque chose la mère Prévôt… Je suis sûre qu’elle
se doute de quelque chose… T’aurais vu toutes ces phrases à double sens qu’elle
m’a balancées… » « Tu t’es fait des idées… » « Ah,
non ! Non… C’est pas des idées… Je t’assure que non… » Et on a cessé de
se voir… Fini les fessées… À notre grand désespoir… À l’un comme à l’autre… Il
fallait trouver un moyen… Il fallait absolument trouver un moyen… J’ai eu
l’idée d’aller exposer notre situation sur un forum, aujourd’hui disparu, sur
lequel venaient s’épancher une bonne centaine d’adeptes de la fessée… Un
certain Mattias m’a proposé que nous nous retrouvions chez lui, quand bon nous
semblerait, pour nous livrer à notre rougissante activité… Elle a d’abord
catégoriquement refusé… Il n’en était pas question… On le connaissait pas ce
type… Et puis de le savoir là, quelque part, dans la maison, sûrement à nous
épier, ça la bloquerait complètement… Seulement… seulement la fessée lui
manquait… Beaucoup… De plus en plus… Nous nous téléphonions, nous en parlions, nous
évoquions avec nostalgie celles que je lui avais données… Elle était à deux
doigts de se laisser fléchir… Ce qui l’a finalement décidée, c’est qu’il s’est
montré formel : il nous laisserait les clefs et ne serait pas là quand
nous viendrions… C’était vrai… La maison était vide… Quelles voluptueuses
fessées je lui ai alors offertes dans ce cadre inconnu… Nous passions, au gré
de nos envies ou des situations que nous imaginions, du séjour à la chambre… De
la salle de bains à la cuisine… Nous nous sentions de plus en plus chez nous…
Jusqu’au jour où… Nous remontions de la cave où je venais de lui administrer
une claquée particulièrement vigoureuse… Ses cris avaient dû résonner dans
toute la maison… Et… il était là… Tranquillement assis, souriant, sur le canapé
du séjour… Stéphanie a poussé un petit cri de surprise, esquissé un mouvement
de recul, s’est reprise et s’est dirigée, d’un pas décidé, vers la porte qui
donnait sur l’extérieur… Il lui a saisi le poignet au passage, l’a obligée à
s’arrêter… « Désolé… Vraiment… Désolé… Mais j’ai pas pu résister… Il
fallait que je voie à quoi ressemble cette petite Madame qui éprouve tant de
plaisir à recevoir la fessée… » Elle s’est doucement dégagée… « Eh
bien maintenant vous savez… » Et elle est sortie… Je l’ai suivie…
« Quel salaud ! Non, mais quel salaud ! Quand je pense qu’il
nous avait promis… » Elle a haussé les épaules… « C’était couru
n’importe comment… Comment tu veux ? La tentation était trop forte… »
« C’était la première fois… Peut-être qu’il recommencera pas… »
« La première fois qu’il se montre… Mais pas la première fois qu’il est
là… » « Hein ?! Tu crois ? » « Je crois pas… Je
suis sûre… » « Ah, ben d’accord ! Qu’est-ce qu’on va
faire ? Faut qu’on trouve une autre solution… » « Oui, oh… On
est pas mal ici… Et puis maintenant qu’on est habitués… » « Mais je
croyais que ça t’était insupportable qu’on sache… Que quelqu’un… »
« Moi aussi… Mais c’est pas si désagréable que ça finalement… Parce que
c’est insupportable justement… Tu comprends ? »
11 –
– « Vous
n’y allez pas par quatre chemins, vous, dites donc ! Me donner la
fessée ! « EN VRAI ! » Carrément ! En tout cas vous
savez ce que vous voulez… Et si cela devait arriver un jour au moins je
saurais, quant à moi, à quoi m’en tenir : vous êtes quelqu’un de
déterminé… Ce qui n’est pas pour me déplaire : c’est, me semble-t-il, une
qualité essentielle chez un fesseur… Maintenant… est-ce que cela se
produira ? Est-ce que vous aurez l’occasion de me coucher en travers de
vos genoux pour m’infliger ce redoutable, redouté, et pourtant si délicieux
traitement ? Ça, c’est une autre question… »
– C’est
pas une autre question du tout… Elle va y avoir droit… C’est de plus en plus
évident qu’elle va y avoir droit… Non, tu crois pas ?
–
Ça semble bien parti en tout cas…
– Quel
pied je vais prendre, moi ! Non, mais alors là quel pied je vais prendre…
– « Parce
que, pour être tout à fait franche avec vous, je suis furieusement tentée…
C’est tous les jours – plusieurs fois par jour – que je relis vos
messages… Quand je m’autopunis, c’est votre main qui s’abat… C’est vous que je
remercie, après, ivre de gratitude… C’est avec vous que je réalise, en
imagination, la plupart de mes fantasmes dans ce domaine… Alors, me direz-vous,
où est le problème ? Pourquoi diable tant hésiter ? Pour la plus
simple des raisons qui soient… Tout simplement parce que j’ai peur… Peur de
quoi ? Peur d’être déçue ? Peut-être un peu, oui… Mais ce n’est pas
vraiment ça… Ce n’est pas SURTOUT ça… Non… C’est que vous êtes un parfait inconnu
pour moi… »
– Si
elle savait !
– Et
que si j’accepte de vous rencontrer il faudra que je vous fasse aveuglément
confiance… Ce que vous avez vraiment dans la tête je n’en sais rien finalement…
Je serai entièrement à votre merci… Il y a de quoi, avouez, n’être pas trop rassurée… »
– Elle
demande que ça… Être rassurée… Ben vas-y ! Fais ton boulot !
– « Ainsi
donc, Martina, je vous effraie… Quelle piètre image vous avez de moi… J’ai beau
chercher : je ne vois pas ce qui, dans mes propos, a pu susciter chez vous
une telle défiance à mon égard… Qu’est-ce que vous êtes allée vous
figurer ? Que j’allais, aussitôt la porte refermée, me jeter sur vous
comme un sauvage ? Que vous alliez tomber dans un épouvantable guet-apens ?
Que cinq ou six malfrats aux mines patibulaires allaient vous attendre, en ma
compagnie, pour vous faire subir mille et mille morts ? Et bien pire
encore… Votre imagination vous joue des tours, ma chère… Et pas qu’un peu… Non…
Si nous devions nous rencontrer, ce serait, pour commencer, dans un bar… Avec
du monde autour… Pour discuter… Faire vraiment connaissance… Nous apprivoiser…
Si le courant ne passe pas eh bien on en tirera les conséquences… Chacun
repartira de son côté et puis voilà… On n’en fera pas une maladie… S’il passe,
par contre, – ce que j’espère de tout mon cœur – ce n’est pas pour
autant qu’on sera obligés de se précipiter… On a tout notre temps… On se
reverra… Une fois… Cinq fois… Dix fois… Autant de fois qu’on le jugera
nécessaire… Et quand on estimera, l’un comme l’autre, que c’est
« mûr » ce n’est pas chez moi qu’on se retrouvera, pour une
magistrale fessée, mais à l’hôtel… Vous voilà rassurée ? »
– Oh,
oui… Ça va aller vite maintenant… À la fin de la semaine, c’est quasi sûr, t’as
un rancart avec elle à Paris… Sa tête quand elle va voir que c’est toi !
– Peut-être
qu’elle va se sauver à toutes jambes…
– C’est
pas exclu… J’y ai pensé… Mais c’est peu probable… Non… Le plus vraisemblable,
c’est qu’elle sera estomaquée… Tétanisée… Elle va commencer par se demander ce
que tu fous là… C’est un type inconnu d’une cinquantaine d’années qu’elle
s’attendra à voir surgir… Alors que toi, tu fasses ton apparition… Il va lui
falloir du temps pour réaliser qu’Oteka et toi, c’est la même personne… Qu’elle
s’est fait rouler dans la farine… Qu’elle ait envie de prendre la fuite, ça,
c’est sûr, c’est une idée va la traverser… Mais elle va vite se rendre compte
que ce n’est pas la meilleure solution… Parce que tu sais… Et que s’il te
prenait l’envie de répandre autour de toi le bruit que Madame la Directrice du
Supermarché est en quête de retentissantes fessées… elle aurait beau nier…
Prétendre que tu affabules… le mal serait fait… Non… L’urgence, pour elle, ça
va être de s’assurer de ton silence… Par tous les moyens… Et ce d’autant plus
qu’elle ne manquera pas de se rendre rapidement compte que si tu l’as piégée
sur le forum, que si tu l’as ciblée, elle, c’est que tu avais des informations
qui te permettaient de le faire… Lesquelles ? D’où tu les tiens ? Et
quel parti peux-tu encore en tirer ? Elle n’en sait strictement rien… Il
lui faut ton silence… C’est la priorité des priorités…
Ton
silence ? Oui… En échange
d’une première et mémorable fessée… Que tu lui administreras dans la foulée… Faut
battre le fer tant qu’il est chaud…
– Et toi ?
– Moi ?
Je serai derrière la porte quand vous sortirez de la chambre… Histoire qu’elle
s’en pose d’autres des questions… Et que le piège se referme un peu plus…
12 –
– « Je
vais peut-être – sûrement même – vous surprendre, Oteka, mais ma
décision est prise… Je vais vous rencontrer… Et sans tarder… Pourquoi ?
Parce que je sais que, de toute façon, je vais finir par le faire… Alors
tergiverser pendant des semaines et des semaines ? Faire semblant d’hésiter ?
S’embarrasser de tout un tas de scrupules pour se donner bonne
conscience ? Pour en arriver, au bout du compte, là où de toute évidence
j’irai ? Ça ne présente strictement aucun intérêt… Donc… Eh bien donc,
dimanche prochain, sur le coup de cinq heures de l’après-midi, je vous
attendrai, à Paris, dans un café dont je vous donnerai l’adresse dès que je
l’aurai choisi… Nous ferons connaissance… Et après… ce sera selon… »
– Ce
sera pas selon du tout… Ce sera comme nous on l’a décidé… C’est nous qui sommes
en position de force… Pas elle… J’espère que tu le lui feras bien sentir… Et
que tu la ménageras pas… Qu’elle pourra pas s’asseoir d’un moment…
– Tu
verras bien… T’entendras… Puisque tu seras derrière la porte…
– Non…
Finalement, non… Je crois pas que ce soit la meilleure solution… C’est lui
donner beaucoup trop tôt la clef de l’énigme… Faut la laisser mijoter dans son
jus… Se torturer les méninges… Le moment venu j’interviendrai…
– Alors ?
– Eh
bien alors elle était là… Elle m’a regardé approcher, en tournant sa cuillère
dans sa tasse, sans avoir l’air, du moins en apparence, le moins du monde
surprise… Comme si c’était réellement moi qu’elle attendait…
– Ça
m’étonne pas… C’est bien son style…
– « Ben
assieds-toi ! » Ce que j’avais entrepris de faire sans attendre
qu’elle me le propose… « Alors ? Je t’écoute… » « Moi
aussi ! » Le silence… Elle continait imperturbablement à tourner sa
cuillère dans sa tasse… Et puis : « Bon, alors maintenant tu vas me
dire : Qui il y a derrière tout ça ? Parce que c’est,à l’évidence, un
coup monté… Tu savais pertinemment qui j’étais… Et dès le début… Quand tu as
commencé à dialoguer avec moi… Qui t’a manipulé ? Qui m’en veut à ce
point-là ? » « Comme si vous le saviez pas ! »
« Si je te le demande… » « C’est que vous avez l’embarras du
choix : il y a tellement de gens qui vous en veulent… « Je te
conseille de le prendre sur un autre ton… » « Sinon ? »
« Bon, écoute, on va pas se mettre sur ce pied-là… J’ignore pourquoi et
qui, mais quelqu’un t’a soudoyé pour se venger de moi… Alors tu sais ce que tu
vas faire ? Tu vas bien gentiment rentrer chez toi et oublier tout ça… Le
chantage avec moi ça marche pas… » « Vous prenez des risques… De très
gros riques… » « Je ne te conseille pas de divulguer notre
correspondance… Ça te coûterait les yeux de la tête… Il y a des
tribunaux… » « S’il s’agissait que de notre correspondance… »
« Il s’agit de quoi alors ? » « J’en sais rien… On m’a pas
fait vraiment de confidences… Mais il paraît que vous, vous le savez très bien…
Et que c’est une sacrée épée de Damoclès que vous avez suspendue au-dessus de
la tête… » Elle s’est perdue dans ses pensées… A fait, l’une après
l’autre, craquer ses phalanges… « C’est pas vrai qu’ils sont allés
déterrer cette vieille histoire… »
– Bien
joué, mon petit Baptiste… Bien joué… Elle s’est vendue toute seule… Mais ça
j’en aurais mis ma main au feu qu’il y avait des trucs pas très nets qui
traînaient dans son passé… Et du lourd ! Tu vois que j’ai eu le nez fin de
pas entrer en scène tout de suite… Bon, mais après ? Continue !
– Après ?
Elle a voulu savoir… On m’avait contacté comment ? Qui ? Et j’y
gagnais quoi, moi, là-dedans ? « Je peux rien dire… »
« Oui, ben c’est ce qu’on va voir… » C’était tout vu… Moi, mon rôle
consistait à lui flanquer une bonne fessée déculottée… Et c’est ce que j’allais
faire… Le reste ne me regardait pas… « Tu sais au moins pourquoi c’est toi
qu’on a choisi ? » « On tenait, si j’ai bien compris, à ce que
ce soit quelqu’un qui soit, à la fois, sous vos ordres au quotidien et beaucoup
plus jeune que vous… » « Ils sont ignobles, mais ça, je suis payée
pour le savoir ! Bon, mais écoute, tu sais pas ce qu’on va faire ? Tu
vas rentrer bien gentiment chez toi… Et s’ils te recontactent tu leur diras que
c’est fait… Que j’en suis passée par où ils ont voulu… Et puis voilà… »
« Il n’en est pas question… » « Mais si ! Tu vas faire bien
gentiment ce que je te dis… Et garder sur tout ça le plus absolu des silences…
Si tu ne veux pas aller au-devant de très graves ennuis… » « S’il y a
quelqu’un ici qui s’expose à de graves ennuis, Madame la Directrice… Au cas où,
bien entendu, où vous continueriez à me refuser le plaisir de fesser votre
charmant petit derrière… » « C’est pas possible d’être obstiné comme
ça ! » « Une parole donnée, pour moi, c’est sacré… »
« J’aurai vraiment tout entendu… Tout ! » « Bon, mais vous
décidez quoi ? On va pas tourner en rond comme ça pendant des
heures… » « Je te l’ai dit… » « Dans ces conditions… »
Et je me suis levé… « Tu vas où ? » « Les appeler… Les
mettre au courant… Je leur ai promis… » « Non, attends !
Rassieds-toi ! »
13 –
– Et
tu t’es rassis… Bon, ben continue ! Qu’est-ce que t’attends ? C’est
d’un crispant !
– Je
me suis rassis, oui… Et j’ai eu droit à tout… Absolument tout…
L’intimidation : Je savais pas où je mettais les pieds, là… Mais quand ça
allait me retomber sur le coin de la figure… Parce qu’avec eux ça allait
forcément me retomber sur le coin de la figure… Je verrais bien… Je ne pourrais
m’en prendre qu’à moi-même… Les menaces : ça allait pas se passer comme
ça… Ah, non alors ! Elle savait à quelle porte aller frapper… Il y en a
qu’allaient comprendre leur douleur… À moi de savoir choisir mon camp… Il était
encore temps… Les flatteries : j’étais quelqu’un dont elle appréciait énormément
les qualités… Tant professionnelles qu’humaines… J’étais en train de gâcher mon
avenir là… Et en beauté… Parce qu’elle aurait pu faire beaucoup pour moi…
Énormément… Etc… Etc… J’en passe… Et des meilleures… Moi, je campais,
imperturbable, sur mes positions… Plus d’une heure ça a duré… Jusqu’à ce que…
Elle a lâché prise d’un coup, mais alors là d’un coup… Sans que rien le laisse
prévoir… « J’use ma salive pour rien, hein ? » « Là-dessus
il y avait aucun doute… » « Bon… Ben finissons-en alors ! Le
plus tôt sera le mieux… » Elle s’est levée et a filé vers la porte d’un
pas résolu… Mais moi, je l’entendais pas de cette oreille…J’avais tout mon
temps… On avait tout notre temps… Fallait en profiter bien à fond de ces
moments-là juste avant… C’étaient les meilleurs…
– T’es
pire que moi… Et c’est pas peu dire…
– Et
on est allés au restaurant…
– Elle
a accepté ça comme ça ? Sans rechigner ?
– Elle
était méconnaissable… Résignée… Passive… J’ai presque envie de dire vaincue…
– Comment
j’aurais aimé voir ça ! Et alors ?
– Et
alors, au restaurant, je me suis lancé dans un long discours…Ce que j’étais
content ! Ah, oui alors ! Parce que fesser sa patronne… fallait bien
reconnaître… c’était pas donné à tout le monde… Ce pied que j’allais
prendre ! Elle aussi, non ? « Alors ça il y a pas de
risque… » Hein ? Mais pourquoi ? C’était pas ce qu’elle disait
dans ses messages… Au contraire… Comment elle attendait ça ! Comment elle
en avait envie ! Non, mais j’étais idiot ou quoi ? Un inconnu de son
âge elle s’attendait à rencontrer… Et au lieu de ça elle se trouvait nez à nez
avec un gamin… Un gamin manipulé… Un employé à elle de surcroît… C’était
vraiment pas ce qu’elle pouvait rêver de mieux… Oh, mais c’était pas grave,
ça ! C’était pas important… Ça allait rien empêcher du tout… « Ce sera
encore mieux si ça tombe… Vous allez vous éclater comme c’est pas
possible… » « Oui, ben alors ça ! C’est ce qui pourrait
m’arriver de pire… »
– Et
c’est ce qu’est arrivé ?
– Je
sais pas… J’en sais rien… Parce qu’elle est restée complètement impassible,
après, dans la chambre… Absente… Ailleurs on aurait dit… Pas la moindre
réaction d’aucune sorte… Ni quand je l’ai allongée en travers de mes genoux… Ce
qu’elle m’a docilement laissé faire… Ni quand je l’ai déculottée… Elle a un
sacré cul n’empêche… Tu verrais ce cul ! Pas davantage quand j’ai tapé…
J’ai eu beau y mettre tout mon cœur… Faire durer à en avoir mal aux mains…Pas
un soubresaut… Pas une plainte…Pas un cri… Pas même un gémissement… Rien…
– T’as
pas dû être bien convaincant…
– Ah,
si ! Si !
– Tu
te seras bridé sans t’en rendre compte: c’est la directrice…
– Je
peux t’assurer que non… J’ai vraiment mis la dose…
– C’est
qu’elle a sa petite fierté alors… Elle aura pris tant et plus sur elle… Pour ne
rien laisser transparaître… Pour ne pas te faire ce plaisir… Mais ça fait rien…
Ce sera pour la prochaine fois… Ou la suivante…
– Tu
crois vraiment qu’il y en aura une autre de prochaine fois…
– Un
peu qu’il y en aura une autre… Parce qu’on la tient… Et comme il faut… Pas
tellement à cause de cette histoire de je sais pas trop quoi dans son passé
qu’elle a mis en avant… Et qu’est peut-être inventée, si on y réfléchit bien,
pour détourner l’attention de l’essentiel… Et tu sais ce que c’est
l’essentiel ? Tu sais ce qui la terrorise vraiment ? C’est qu’on
découvre l’intérêt immodéré qu’elle éprouve pour la fessée… Qu’on en fasse des
gorges chaudes par tout le pays… Et pour éviter ça elle n’a pas d’autre
solution que d’en passer par où tu veux… Par tout ce que tu veux… Porter
plainte contre toi pour chantage comme elle t’en menace ? Le remède serait
pire que le mal… On saurait de toute manière et on se passionnerait, pendant
des mois et des mois, pour ce procès… Tu crois vraiment qu’elle gagnerait au
change ?
– Je
lui ai écrit…
– Ah,
ben vas-y ! Lis-moi ça !
– « Si
vous saviez quels délicieux moments je passe, ma chère Martina, à vous regarder
arpenter le magasin… Je vous suis des yeux… Je regarde onduler vos fesses…Et je
suis seul à savoir… Je suis seul à savoir qu’elles ont pris de merveilleuses
couleurs… Et que c’est à moi – et à moi seul –qu’elles le doivent… Et
vous ? À quoi pensez-vous quand vous me croisez au magasin ? Quand
vous regardez délibérément ailleurs pour ne pas me voir ? Au plaisir que
vous avez éprouvé quand vous étiez couchée en travers de mes genoux et que je
vous corrigeais comme une gamine mal élevée ? Parce que, vous vous êtes
efforcée de le cacher, mais vous avez éprouvé du plaisir… C’est incontestable…
Il y a des signes qui ne trompent pas… Oh, mais rassurez-vous ! Nous recommencerons…
Nous allons recommencer… Bientôt… Très bientôt… »
14 –
– Elle
a répondu… Écoute ça !: « Tu crois ce que tu veux… Si t’as envie de
te figurer que j’ai apprécié la fessée que tu m’as imposée je n’ai aucun moyen
de t’en empêcher… Mais je te rassure : je me fiche royalement de ce que tu
peux penser… Pour que ton avis ait, à mes yeux, un minimum d’intérêt encore
faudrait-il que j’aie pour toi un minimum d’estime… Ce qui n’est pas le
cas : comment pourrais-je estimer quelqu’un qui se comporte comme tu te
comportes ? Qui fait preuve d’une telle bassesse… D’une telle veulerie… Je
n’ai malheureusement pas d’autre choix, pour le moment, que de me plier à ce
qu’on exige de moi… Pour le moment… J’espère que tu auras au moins à cœur de
garder le silence sur tout ça… J’espère… Mais avec toi j’ai bien peur qu’on
doive s’attendre à tout… Et redouter le pire… »
– Holà !
Elle est en colère la dame…
– C’est
clair…
– Et
pas tranquille du tout… Déstabilisée… Elle sait plus où elle en est… Parce que…
la fessée elle aime… Ça fait des années qu’elle fantasme.dessus… Sans avoir
jamais pu, d’ailleurs, assouvir vraiment sa passion… Une opportunité se
présente enfin… Seulement, au lieu de l’inconnu d’âge mûr qu’elle s’attend à
voir surgir elle se trouve nez à nez avec l’un de ses tout jeunes employés…
Elle est tombée dans un guet-apens… Un guet-apens dont les tenants et
aboutissants exacts lui échappent… Elle s’efforce de se dégager… Comme elle
peut… Tu te montres intransigeant… Elle n’a pas le choix : refuser ce serait
courir de trop gros risques… Le risque du scandale… D’autant qu’elle ne sait
pas au juste quels atouts tu as en mains… Alors elle se résout… Elle se résigne
à se laisser fesser par toi, bien convaincue qu’il ne va s’agir là que d’un
indigeste pensum… Pas question, vu la situation, qu’elle puisse y prendre un
quelconque plaisir… Qu’en est-il au juste ?Difficile à dire… Tant de
sensations, d’émotions, d’idées, de pulsions contradictoires l’ont traversée
tout au long de cette fessée… Elle n’en sait rien en fait… Rien du tout…
C’était désagréable… Très… Insupportable… Parce que c’était toi… Mais en même
temps… Oh, et puis zut ! Mais la question revient les jours suivants…
Lancinante… Et pas seulement la question… Elle la revit la scène… De plus en
plus souvent… Elle n’arrête pas de la revivre… C’était pas si déplaisant que ça
finalement… C’était même agréable tout compte fait… Parce que c’était
insupportable justement… D’autant plus agréable que c’était plus insupportable…
Elle l’obsède cette fessée… Elle s’en délecte… Elle n’arrête pas de s’en
délecter… De se délecter de son souvenir… Elle espère, de tout son être, qu’il
y en aura une autre… Qu’il y en aura d’autres… Et elle s’en veut… Mais surtout
elle t’en veut… Alors tu sais ce qu’il te reste à faire…
– « Vous
le prenez sur un ton qui ne me plaît pas du tout, Martina… Et je vous engage à
en changer très rapidement si vous ne voulez pas courir au-devant de très
graves désagréments… Vous ne semblez pas avoir pris réellement conscience que
la situation a changé… Je ne suis plus le petit manutentionnaire que vous
considériez – quand vous condescendiez à vous apercevoir de sa
présence – avec le plus profond mépris… Vous n’êtes plus la directrice…
Les ordres maintenant, c’est moi qui les donne… Et d’ailleurs, pour que vous en
soyez tout à fait persuadée, je vous administrerai très prochainement une
magistrale fessée dans votre propre bureau… C’est là que vous m’avez humilié…
Mis, à plusieurs reprises, plus bas que terre… Alors un soir… Après la
fermeture… Nous nous y retrouverons… Tous les deux… Rien que nous deux… Et
là ! Ce sera divin… Pas pour vous ? Mais si, vous verrez…
Quand ? Vous verrez bien quand… Quand je l’aurai décidé… Commencez donc
d’abord par séjourner avec cette idée… Par vous en délecter… C’est ce que, de
mon côté, j’ai voluptueusement commencé à faire… »
– Et
tu comptes faire ça quand ?
– Je
sais pas au juste… Je compte bien la laisser mariner d’abord un petit moment
dans son jus… Ça te plaît pas comme idée ?
– Oh,
si ! Si !
– Je
sais pas… Tu fais une drôle de tête…
– Non,
c’est que j’étais en train de penser… D’imaginer… Elle est couchée en travers
de tes genoux, le derrière à l’air… Déjà bien rouge… Et moi je surgis… C’est à
ce moment-là que je surgis… « Vous vous souvenez de moi, Madame la Directrice ? Oui,
hein ?» Et je m’installe, tout sourire, une fesse sur son bureau, pour
assister à la suite des opérations… Et je commente… Je commente tant et
plus ! Ce pied que je prendrais !
– Que
tu prendras… Parce que ça se fera… Il y a pas de raison… Pas la première fois
je me la garde… Mais après… Ça se fera…
– « Plus
de trois jours, que j’attends de vos nouvelles, Martina,… Une réponse à mon
dernier message… Rien… Vous m’ignorez superbement… Au magasin aussi… Vous
faites tout votre possible pour ne pas croiser ma route… Et quand cela se
produit malgré tout vous me gommez… Je suis transparent… Je n’existe pas… Alors
ça commence à bien faire… J’ai été patient, il me semble… Très… Trop ?
Votre comportement est inqualifiable et vous comprendrez que je me sente tenu
de sévir… Donc… Eh bien donc vendredi soir , après la fermeture, je reviendrai…
Vous aurez laissé la petite porte côté fournisseurs ouverte et je vous
rejoindrai dans votre bureau… nous nous retrouverons, vous et moi, dans votre
bureau… Vous savez pourquoi, j’imagine ? Un conseil : ne me faites
pas faux bond… Vous le regretteriez amèrement…
15 –
– Elle
l’a fait ?
– Un
peu qu’elle l’a fait ! J’y croyais qu’à moitié, j’avoue… Mais si ! La
porte derrière était ouverte… J’ai filé jusqu’à son bureau… La force de
l’habitude : j’ai failli frapper… Je ne me suis repris qu’au dernier
moment… Elle me tournait le dos, penchée sur le petit classeur gris,
– dans le coin à droite, tu sais… – dont un tiroir était ouvert… Je
me suis confortablement installé dans son fauteuil… « Qu’est-ce que vous
fabriquez ? Venez ici… Vous finirez ça après… » Je m’attendais à ce
qu’elle renâcle… À ce qu’elle fasse la sourde oreille… Ou me remette vertement
à ma place… Mais non ! Elle s’est retournée… A fait quelques pas dans ma
direction sans me regarder… S’est arrêtée… « Asseyez-vous ! » Ce
qu’elle a fait… Sur la chaise en face… Toujours sans me regarder… J’ai posé
l’un après l’autre mes deux pieds sur le bureau… « La dernière fois qu’on
s’est trouvés tous les deux ici c’était quand ? Vous vous souvenez,
Martina ? » Elle a fait signe que oui… Oui… « Vous vous êtes
montrée particulièrement odieuse à mon égard ce jour-là… Odieuse et
injuste… » Elle a brusquement relevé la tête… Failli dire quelque chose…
S’est reprise… « Reconnaissez-le au moins ! Eh bien ?
J’attends » Ça lui a brûlé les lèvres, mais elle l’a dit…
« Oui… » Tout bas… Tout juste audible… « Plus fort… Et dites-le
VRAIMENT… » « J’ai été injuste, oui… » « Et ? »
« Et odieuse… » « Bon… Eh bien voilà ! Vous allez être punie
pour ça…Sévèrement… C’est plus que mérité, avouez, non ? »
« Si ! »
– J’aurais
voulu voir sa tête… Non, mais comment j’aurais aimé voir sa tête…
– Tu
l’aurais pas reconnue… Plus aucun rapport, mais alors là rigoureusement aucun,
avec la directrice cassante et autoritaire dont on a l’habitude… Elle se
montrait humble… Résignée… Presque servile…
– Sans
doute que c’est sa véritable nature au fond… Et que quand on fait preuve, avec
elle, de suffisamment de détermination…
– Ce
qu’il y a de sûr en tout cas, c’est que plus ça allait… plus le temps passait…
et plus je la sentais à ma merci… Totalement à ma merci…
– Tu
l’as poussée dans ses derniers retranchements, j’espère…
– Je
l’ai fait lever… Rester comme ça, debout devant moi, un bon petit moment… Et
puis : « Déshabillez-vous, Martina ! »
– Elle
l’a fait ?
– Elle
l’a fait…
– Et
dire que j’ai raté ça… Si j’avais su… Bon, mais vas-y ! Continue !
– Elle
a marqué un temps– très court – d’hésitation, elle a poussé un profond
soupir et puis elle l’a fait… En me tournant le dos… Au fur et à mesure qu’elle
les retirait elle repliait soigneusement ses vêtements et les déposait, un à
un, sur la chaise… « Vous avez raison, Martina… Prenez votre temps… Prenez
tout votre temps… Ce n’en est que meilleur… » Elle n’a pas relevé… Elle a
poursuivi… Exactement sur le même rythme… Quand elle n’a plus eu sur elle que
ses sous-vêtements – des sous-vêtements blanc satin à dentelles –
elle s’est arrêtée… « Eh bien ? Qu’est-ce que vous faites ?
Continuez ! » Alors le soutien-gorge… Et puis la petite culotte…
« Tournez-vous maintenant ! Regardez-moi ! Là ! Comme ça,
oui… Et venez ! Venez chercher votre punition… » J’ai enlevé mes
pieds du bureau… Elle s’est avancée… Approchée… Penchée… Allongée, d’elle-même,
en travers de mes genoux… J’ai pas tapé tout de suite… Je l’ai fait attendre…
Une première claque… Pas très fort… Qui l’a fait sursauter… Une autre… Une
troisième… Une grêle de claques… De plus en plus appuyées… De plus en plus
rapprochées… Un déluge de claques… À pleines fesses… Qui lui ont mis le
derrière en feu…
– Elle
a crié ?
– Poussé
des espèces de râles de fond de gorge, en mesure, chaque fois que ça tombait…
Et crié à la fin, oui…
– Et
gigoté ? Elle a gigoté ?
– Ah,
pour ça oui ! Et je peux te dire que je n’ignore plus rien de son
anatomie…
– Longtemps
ça a duré ?
– Assez,
oui… J’en avais mal aux mains… Alors j’ai arrêté… Et j’ai constaté :
« Tu mouilles, Madame la Directrice…
– C’était
vrai ?
– Un
peu que c’était vrai…
– Qu’est-ce
qu’elle a dit ?
– Rien…
Elle n’a rien dit… Je l’ai laissée se relever… « La prochaine fois, si
j’ai encore à me plaindre de vous, ce sera le martinet… » Et je l’ai
plantée là…
– La
prochaine fois je serai là… Alors là il y a pas photo que je serai là…
– Tiens,
écoute… Je lui ai écrit… « Qu’est-ce qu’elle a fait, Madame la Directrice,
dans son bureau après mon départ ? Après avoir vérifié que j’étais bien
parti… Hein ? Qu’est-ce qu’elle a fait ? Ce n’est pas bien difficile
à deviner… Elle s’est donné du plaisir… Elle s’est épuisée de plaisir… C’est
pas vrai peut-être ? Vous serez punie pour ça, Martina… Pas pour l’avoir
fait, non… Mais pour l’avoir fait sans mon consentement… Et en mon absence…
Alors attendez-vous à recevoir très prochainement une convocation… À laquelle
vous ne manquerez évidemment pas de vous rendre… »
– Ce
sera quand ?
– Oh,
pas tout de suite… On va la laisser la redouter… Et l’espérer…
16 –
– Camille ?
Tu es où ? Ah, tu es là… Faut que je te raconte… Faut absolument que je te
raconte… Figure-toi que ce matin elle était pas à prendre avec des pincettes…
– Et
pour cause…
– Comment
ça « Et pour cause » ?
– Mets-toi
à sa place ! Ça va faire trois semaines que tu lui as promis une fessée…
Pour très bientôt… Et tu ne te manifestes pas… Et il ne se passe rien… Elle est
en droit de se poser des questions, non ?
– Oui,
oh ben là elle a dû commencer à avoir des réponses… Parce que… Odieuse elle a
été… Non, mais vraiment odieuse… Elle a attaqué, d’entrée de jeu, en s’en
prenant à la petite Lédu… Qu’allait pas assez vite, à son goût, pour mettre les
boîtes de céréales en rayon… « Je vous rappelle, à toutes fins utiles, que
vous n’êtes qu’interim… À bon entendeur… » Après ça a été le tour d’une
pauvre vieille à la caisse… Qui n’avait pas de quoi régler tous ses achats… Qui
faisait retirer, un à un, des articles et refaire chaque fois le compte… Qui
avait bloqué la caisse… « Mais Madame, avant d’acheter on s’assure qu’on a
de quoi payer ! » T’aurais vu le ton sur lequel elle lui a sorti ça…
Et c’était pas fini : dans la foulée elle a convoqué Julien Martin au
bureau… Elle a dû lui passer un sacré savon vu que pas loin d’une demi-heure ça
a duré et que quand il est enfin sorti de là-dedans ça se voyait qu’il avait
pleuré… Alors j’y suis monté au bureau… Je m’y suis engouffré… J’ai claqué la
porte derrière moi… « Vous en avez pas marre de vous en prendre à tout le
monde comme ça ce matin ? Déculottez-vous ! » « Tu peux pas
me demander ça… Pas dans la journée… Pas avec les secrétaires dans la pièce à
côté… Et n’importe qui qui peut venir frapper… » « C’est moi qui
décide… Déculotte-toi ! » Elle a ouvert la bouche pour dire quelque
chose… A renoncé… Poussé un profond soupir… Un autre… Et elle s’est résignée… A
descendu, sans un mot, pantalon et culotte jusqu’à mi-cuisse… Je l’ai laissée
debout… Me suis approprié une fesse… L’autre… Elle a imperceptiblement frémi…
« Vous êtes obéissante, Martina… C’est bien… C’est comme ça que je vous
veux… Obéissante… Très obéissante… De plus en plus obéissante… » Un
frisson l’a secouée toute… « De quoi elle a peur Madame la
Directrice ? Qu’on entende ? Qu’on comprenne ? Qu’on
sache ? Oui, hein ? Ce ne serait que justice, avouez !Bon, mais
allez ! » Je l’ai courbée sur mon genou… Elle s’est crispée dans
l’attente du premier coup… Qui n’est pas venu… Je l’ai fait relever…
« Reculotte-toi ! Mais tu perds rien pour attendre… »
– Et
tu vas faire quoi maintenant ?
– T’inquiète !
J’ai ma petite idée…
– « Tu
m’as fait peur tout-à-l’heure… Tellement peur… Mais surtout JE ME suis fait
peur… Parce que j’étais hors d’état de te résister… J’en serais passée par tout
– absolument tout – ce que tu aurais voulu… Tu pouvais me détruire…
Me ridiculiser… On aurait entendu… On aurait forcément entendu… Les claques…
Mes cris… J’aurais été incapable de les retenir… Ma carrière était à tout
jamais brisée… Ma réputation saccagée… Sur le moment ça m’était complètement
égal… Tout m’était égal… J’étais à ta merci… Tu n’en as pas profité… Tu t’es
montré raisonnable pour deux… Je t’en ai infiniment de reconnaissance… Et, en
même temps, je t’en veux… Je t’en veux énormément… J’ai tort… J’ai sûrement
tort de te le dire… Mais je peux pas m’en empêcher… »
– Cette
fois… Alors là cette fois…
– C’est
à moi que ça commence à faire peur…
– Oui,
ben alors là t’es bien con ! Fonce ! Fonce ! Elle demande que
ça…
– « Rendez-vous
demain soir, chère Martina, à vingt heures précises, dans ce café où nous nous
sommes rencontrés, vous et moi, pour la toute première fois… Nous aurons un petit
achat à aller effectuer dans le quartier tous les deux… Quoi ?
Cherchez ! Cherchez bien ! Je suis sûr que vous allez trouver… »
– Un
martinet tu vas lui acheter, j’parie !
– Choisi
avec le plus grand soin… Il y aura même des essayages…
– Des
essayages ? Comment ça ?
– Faut
te faire un dessin ?
– Non…
Bien sûr que non ! Mais tu vas trouver ça où un magasin où tu vas pouvoir
lui cingler le cul ?
– Sur
le forum il y a un dénommé Aristide…
– Je
sais, oui ! J’ai un peu discuté avec…
– Son
frère tient un sex shop… Il y a une petite salle à l’arrière dont il nous
laissera l’entière disposition… Aristide y met toutefois une condition…
– Il
veut être là… Assister…
– Avec
quelques amis à lui… Voilà, oui… T’as tout compris…
– Et
à ce que je vienne, moi, il verrait un inconvénient ?
– Il
y a aucune espèce de raison…
– Bon,
ben alors je viens… Ah, oui, je viens…
– Masquée…
Qu’elle ne sache pas encore… Qu’elle se pose des tas de questions…
17 –
– « Quelle
épreuve tu m’as imposée là, Oteka ! Ces trois hommes… Qui se sont repus
goulûment de ma nudité… Qui se sont ouvertement moqués de mes mimiques quand la
brûlure des lanières s’est faite insupportable… Qui m’ont singée quand j’ai
crié… Qui t’ont encouragée à taper plus fort… De plus en plus fort… Jusqu’à ce
que je te supplie… Jusqu’à ce que je t’implore… Quels épouvantables
moments ! Terrifiants… Et pourtant – j’ose le dire – si
délicieux… Et cette femme ! Cette femme masquée à qui tu as confié le soin
d’essayer sur moi, l’un après l’autre, cette multitude de martinets… Que tu as
laissée choisir… Les plus efficaces… Les plus pénétrants… C’était qui cette
femme ? Ta petite amie ? Avec qui tu as passé le reste de la
nuit ? Ça l’avait excitée tout ça, hein ? Et vous en avez bien
profité tous les deux… À mes dépens… »
– Elle
croit pas si bien dire…
– « Délicieux
moments, dites-vous… Et pour moi donc ! Vous, ma directrice, si cassante,
si hautaine… Qui m’avez si souvent humilié… Mis plus bas que terre… Vous,
agenouillée là, à mes pieds, vous contorsionnant sous les cinglées… Vous
donnant généreusement en spectacle… Avec une impudeur ! Alors oui,
Martina… Oui… J’ai été dédommagé là, au centuple, de tout ce que, depuis deux
ans, vous m’avez fait subir… Quant à cette jeune femme ce n’était pas, jusque
là, ma petite amie… Elle l’est devenue… Cette nuit-là… Grâce à vous… Une nuit
de folie… Que nous avons passée à nous remémorer, jusque dans ses moindres
détails, le spectacle que vous veniez de nous offrir… À le revivre… Et à nous
en épuiser de plaisir… »
– Ça,
c’est le moins qu’on puisse dire…
– « Crois-tu
que ce soit si facile de tenir à bout de bras une entreprise comme
celle-là ? De devoir veiller à tout… D’être constamment sur la brèche…
Crois-tu que j’aie le choix ? Il FAUT que je fasse preuve d’un minimum
d’autorité si je ne veux pas que tout parte à vau-l’eau… Est-ce que je dépasse
parfois les bornes ? Parfois sans doute… Sûrement… Mais – et c’est
l’essentiel, pour vous comme pour moi – ça tourne… L’affaire marche… Cela
étant, revêtir au quotidien, à longueur d’année, cet habit de chef d’entreprise
performant on ne peut pas dire que ce soit de tout repos… On a besoin de
décompresser… De compenser… Me soumettre totalement aux exigences de quelqu’un
qui me fesse, qui me fouette, qui va se montrer intraitable avec moi, c’est un
excellent moyen de rétablir l’équilibre… J’y aspirais… Depuis longtemps… J’ai
sauté le pas… Suite à des circonstances qu’il faudra bien finir par élucider il
a fallu que ça tombe sur toi… L’un de mes employés… L’un des plus jeunes de
surcroît… C’était ce qui pouvait m’arriver de pire… Ou de mieux finalement si
on y réfléchit bien… C’est plus… efficace… À condition, bien entendu, que tu me
gardes le secret le plus absolu… Mais ça, maintenant, je sais que tu le feras…
Reste, puisque je suis en veine de confidences, que je trouve extrêmement
troublant que vous vous soyez servis, cette jeune femme et toi, de mes
« mésaventures » pour faire plus intimement connaissance et vous
expédier mutuellement au septième ciel… Reste aussi que je ne peux pas ne pas
me demander qui elle est et, surtout, pourquoi elle est restée aussi
obstinément masquée… »
– « Qui
elle est, Martina ? Vous le saurez peut-être un jour… Si elle consent
– ce qui n’est pas certain – à se démasquer… Peut-être demain… Parce
que demain soir, quand tout le monde sera parti, nous nous retrouverons tous
les trois… Dans votre bureau… N’oubliez pas de laisser ouverte la petite porte
d’en bas, côté fournisseurs…
– Elle
est pas avec toi ? La femme masquée… Elle est pas avec toi ? Je
croyais… J’avais compris…
– Elle
va arriver, ne vous inquiétez pas ! Et s’occuper gentiment de vous… De la
façon que vous aimez… Mais déshabillez-vous, Martina… Déshabillez-vous !
J’adore… J’adore vous voir faire… De plus en plus… C’est un véritable régal…
Attendez ! Tournez-vous ! Faites voir ! Ho là ! Vous êtes
encore drôlement marquée, dites donc ! Et une petite piqûre de rappel par
là-dessus sera du plus bel effet… Notre amie va se faire un plaisir… Installez-vous !
Là… Sur votre bureau… Penchée à l’équerre… En position… À disposition… Elle
sera ravie… Mais en attendant dites-moi… Pourquoi vous l’avez licenciée Camille
Prontier ?
– Camille
Prontier ? Pourquoi tu me parles d’elle ? Mille raisons j’avais… Dix
mille…
Elle
est entrée… Elle a arraché son masque…
– Bon…
Eh bien je vous laisse… Je vous laisse toutes les deux… Je suis sûr que vous
avez une foule de choses à vous dire…
FIN
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