1-
Que
voilà des vacances qui commencent bien ! Mes voisins de
chambre, à droite, ont baisé toute la nuit. Ou quasiment. Et, bien
entendu, je les ai accompagnés. À chaque fois. Avec mes doigts. Et
pas seulement : j’ai toujours tout ce qu’il faut avec moi.
Trois ou quatre godes, avec chacun sa spécificité, dont j’use et
abuse sans le moindre complexe. Les entendre, les imaginer était
très stimulant. Ils mettaient en effet, à s’envoyer en l’air,
infiniment de conviction. Et elle est, elle, d’une nature très
expansive. Dont elle a généreusement fait profiter tout l’hôtel.
Je
les avais déjà repérés en bas, au restaurant. En longeant leur
table, pour parvenir jusqu’à la mienne, j’avais aperçu la clef
de leur chambre, posée près de son assiette à lui. « 114…
Tiens, tiens ! Mais c’est ceux d’à côté ! » Du
coup, je les avais longuement et discrètement observés. C’était
d’autant plus facile qu’ils n’étaient occupés que
d’eux-mêmes, indifférents à tout le reste.
Elle,
elle a la trentaine. À peu près. Peut-être un peu plus. Grande,
élancée, châtain clair, souriante, elle a quelque chose
d’immédiatement et de résolument sensuel. Sans être pour autant
vraiment provocante. Le genre de femme que beaucoup d’hommes
doivent rêver de mettre dans leur lit. Dont ils imaginent qu’ils
vont connaître avec elle des extases inouïes.
Quant
à lui, c’est le mâle dans toute sa splendeur. La quarantaine
radieuse. Beau, viril, rassurant. Avec des yeux d’un bleu profond.
Tu ne peux pas faire autrement que de te sentir fondre. Et que
d’avoir envie de te laisser aller dans ses bras. Ce que je n’ai
pas manqué de faire, avec délectation, en les écoutant arpéger
leur plaisir. C’était moi, à sa place à elle.
Ils
doivent être mariés : ils ont une alliance. Ce qui est sans
doute fort récent. Je suis en effet bien placée pour savoir que le
désir s’émousse vite et qu’au bout de quelques mois il ne reste
plus grand-chose des élans tumultueux et passionnés du début.
Peut-être a-t-elle été, elle, précédemment mariée et a-t-elle
très vite déchanté. Mésentente. Rancœurs. Divorce. Le scénario
classique. Et le plus vraisemblable.
En
ce qui le concerne, lui, je le verrais bien en célibataire
longuement militant, multipliant les conquêtes, couchant à droite,
couchant à gauche, sans souci, dans ce domaine tout du moins, ni de
son lendemain à lui ni de leurs lendemains à elles. Jusqu’à ce
qu’il finisse par tomber sous le charme de celle qui, menant sa
barque avec habileté et subtilité, lui a, au bout du compte, passé
la bague au doigt.
Cela
étant, il ne faut pas que je focalise sur eux à outrance. Certes,
les avoir comme ça à portée de main va s’avérer à l’évidence
fort commode. Je vais pouvoir, si toutefois leur séjour se prolonge
quelque peu, m’inviter quotidiennement sans vergogne dans leurs
ébats. Peut-être même aurai-je l’occasion de sympathiser avec
eux. D’une façon ou d’une autre. Écouter jouir un couple avec
qui on parle, on déjeune, on se promène, on se baigne est, à mes
yeux, un plaisir délicieusement raffiné. Mais ce serait une
grossière erreur que de ne jurer que par eux. Il existe très
certainement, dans cet hôtel, d’autres opportunités que je ne
pourrai saisir que si je leur suis délibérément ouverte, que si
j’ai l’attention en permanence en éveil.
Il y
a, par exemple, à l’étage du dessus, un jeune couple qui a retenu
toute mon attention bien qu’extrêmement discret et effacé. Parce
qu’extrêmement discret et effacé justement. Ce sont souvent
ceux-là, quand on gratte un peu, qui se révèlent les plus ardents
et les plus libérés.
Et
puis… Et puis il y a Antonin, le fils des patrons, qui m’a
apporté mon petit déjeuner dans la chambre ce matin, qui était
manifestement très mal à l’aise de me trouver au lit, bien que ma
tenue ait été on ne peut plus décente, et que j’ai pris un malin
plaisir à retenir un peu, à regarder et à passer à la question.
Il a vingt ans. Il est étudiant en troisième année d’architecture
et il aide ses parents pendant les vacances. Il n’a pas, pour le
moment, de petite amie. Il n’en a d’ailleurs, à mon avis, jamais
eue. Il est puceau, j’en suis convaincue. Puceau jusqu’au blanc
des yeux. Puceau autant qu’on peut l’être. Mais c’est là une
situation à laquelle il n’est pas trop difficile de remédier. À
condition, bien entendu, que quelqu’un veuille bien s’en charger.
Et je sens que je vais peut-être bien me dévouer. Oui, sûrement !
2-
En
début d’après-midi, je l’ai aperçue, de l’étage, qui
bronzait au bord de la piscine. Ma voisine de chambre. Oui, c’était
elle. C’était bien elle. Seule.
J’ai
enfilé mon maillot de bain, je suis descendue, je me suis approchée.
– Excusez-moi !
Elle est libre, cette chaise longue, là, à côté ?
Elle
m’a fait signe que oui. Oui. Je m’y suis installée. Je me suis
offerte voluptueusement au soleil, avec un long soupir de
satisfaction.
– Qu’est-ce
qu’on est bien !
– Ah,
ça, vous pouvez le dire !
Un
long moment de silence. Le chant des oiseaux. Celui des cigales.
– Et
puis qu’est-ce qu’il est calme, cet hôtel !
Je
me suis tout aussitôt reprise.
– Enfin,
dans la journée ! Parce que la nuit…
Avec
un petit sourire entendu.
Elle
est entrée dans le jeu.
– La
nuit ?
– La
nuit, oui. Vous n’avez pas entendu ? Ah, il y en avait deux,
ça donnait ! Et ça a été quasiment non-stop. Faut dire que
j’étais aux premières loges aussi.
– Vous
avez quelle chambre, si c’est pas indiscret ?
– La
112.
– Et
moi, la 114.
J’ai
feint la surprise.
– Ah,
ben d’accord !
Et
on a éclaté de rire.
– On
vous a empêchée de dormir, du coup. Je suis désolée.
– Oui,
oh, pour être tout à fait honnête, c’était pas si désagréable
que ça.
Elle
m’a jeté un petit regard complice.
– Ah,
ben on pourra recommencer alors !
– Quand
vous voudrez. Et tant que vous voudrez…
– C’était
bien notre intention.
– Il
y a pas longtemps que vous êtes ensemble, hein ?
– Dix
ans.
– Dix
ans !
– Oui,
enfin, c’est un peu plus compliqué que ça. Disons que,
parallèlement, on est mariés. Chacun de son côté. Côté cul, mon
conjoint n’est pas un foudre de guerre. Quant à sa femme à lui,
c’est encore pire. Il y a droit tous les tournants de lune. Alors,
quand on a l’occasion de se retrouver tous les deux, Théo et moi,
on s’éclate comme c’est pas possible.
– J’ai
vu ça. Entendu plutôt.
– Malheureusement
des occasions, on n’en a pas aussi souvent qu’on voudrait. Là,
ça faisait trois ans, plus de trois ans, qu’une opportunité ne
s’était pas présentée. Alors faut qu’on se rattrape. Et vous ?
– Moi ?
– Vous
êtes seule ici ?
– Oui.
Mon mari est un passionné d’alpinisme. Pas moi. Et donc, on passe,
depuis maintenant des années, systématiquement nos vacances
séparément. Ce dont je ne me plains pas. Bien au contraire. Parce
que, tout comme vous, avec mon conjoint, sexuellement ce n’est
vraiment pas ça. On est dans la routine. Un petit coup, vite fait,
le samedi soir. Et encore, pas toujours. Je n’y trouve pas vraiment
mon compte.
– J’imagine.
On est, je crois, beaucoup de femmes dans ce cas-là…
– C’est
bien pour ça que moi aussi, je mets les vacances à profit pour me
donner du bon temps. Je n’ai pas la chance d’avoir, tout comme
vous, un chevalier servant attitré. Alors je me fais ouverte aux
multiples possibles qui s’offrent à moi. Tout en restant
résolument sélective. À quarante ans, c’est le moment ou jamais.
Et j’avoue avoir parfois eu, ici ou là, de divines surprises.
Elle
a suivi des yeux quelque chose par-delà la haie. Quelqu’un. Son
Théo.
Elle
s’est levée.
– Il
a dû avoir le temps de recharger les batteries. J’y vais. À
bientôt.
Avec
un grand sourire.
Et
elle s’est éloignée d’un pas décidé.
3-
Quand,
le soir, au restaurant, je suis passée à côté leur table pour
rejoindre la mienne, elle m’a arrêtée d’un geste de la main.
– Je
sais même pas comment vous vous appelez.
– Mélanie.
Et vous ?
– Émilie.
Et là, c’est Théo.
– Oui,
je m’en doutais un peu.
Il
m’a gratifiée d’un sourire enjôleur.
– Bon,
ben je vous laisse profiter l’un de l’autre. Bonne soirée !
– À
vous aussi !
– Oh,
ça, il y a toutes les chances.
Et
on a échangé, Émilie et moi, un sourire complice.
Pour
être bonne, elle a été bonne, la soirée. Vraiment très très
bonne. Parce qu’à peine remontés dans leur chambre, ils ont
déclenché un feu d’artifice monumental. Auquel j’ai bien
entendu participé, de mon côté, sans la moindre retenue. Avec
d’autant plus de jubilation qu’elle savait désormais que je le
faisais, qu’elle le lui avait probablement dit, qu’au cœur de
l’action ils y pensaient sans doute et que je contribuais ainsi à
leur plaisir qui, échange de bons procédés, nourrissait le mien.
Je
n’étais d’ailleurs pas la seule à en profiter. Juste au-dessus
un couple s’était, lui aussi, mis de la partie, la femme poussant,
à intervalles réguliers, des salves de miaulements convaincus. Une
autre encore, dans les lointains, lui répondait comme en écho.
Je
me suis endormie comme une masse, repue, rassasiée, tous les sens
apaisés, pour ne me réveiller, le lendemain, que sur le coup de
neuf heures, quand Antonin m’a apporté le petit déjeuner au lit.
Le hasard avait décidé, comme souvent, de bien faire les choses,
parce que c’est le moment qu’à côté Émilie et Théo ont
choisi pour remettre éperdument le couvert.
– Ben,
qu’est-ce qui vous arrive ?
Le
pauvre garçon, tout tremblant, tout rougissant, cherchait
désespérément, en dansant d’un pied sur l’autre, un endroit où
poser son plateau.
– Ça
va ? Vous êtes sûr ?
Il a
fait signe que oui. Oui. Mais…
Mais
ma table étant encombrée, la chaise et le fauteuil aussi, il ne
savait toujours pas où se débarrasser de son plateau.
À
côté, Émilie a gémi plus fort.
Sous
son pantalon en toile, une impressionnante érection avait pris son
essor. Mais c’est qu’il avait l’air sacrément bien monté, le
bougre ! Pas question de laisser passer une occasion pareille.
Ah, non alors !
J’ai
fait mine de m’inquiéter.
– Oh,
non, ça va pas, vous ! Ça va pas du tout. Vous êtes tout
pâle. Et vous transpirez à grosses gouttes. Faudrait pas que vous
fassiez un malaise. Vous voulez que j’appelle quelqu’un ?
Non ? Asseyez-vous alors ! Posez-le par terre, le plateau.
On s’en fout. Et asseyez-vous ! Ou non plutôt…
Je
me suis levée.
– Allongez-vous !
Ah, mais si ! Si ! C’est un ordre. Allez !
Je
l’ai aidé à le faire. Et je me suis penchée sur lui, ma chemise
de nuit baillant au large sur ma poitrine. Son regard s’y est
faufilé. J’ai intérieurement souri. J’ai posé ma main sur son
front.
– Ça
devrait pas être trop grave ! Vous n’avez pas de fièvre.
Et
j’ai brusquement changé de ton.
– Non,
mais regardez-moi ce grand dégoûtant qu’en profite pour me
reluquer les seins. Non, mais faut pas se gêner ! Tu n’as pas
honte ?
Il
est devenu écarlate. S’est redressé. A bafouillé.
– Non,
mais c’est pas que… C’est parce que…
– Oh,
mais c’est pas grave ! Au contraire…
Et
j’ai constaté en souriant.
– En
tout cas, ça te fait de l’effet, on peut pas dire !
Je
lui ai posé la main sur le genou.
À
côté, Émilie a rugi.
Il a
fermé les yeux.
– Mais
c’est qu’il jouit ! C’est pas vrai qu’il jouit !
Il a
terminé. Et s’est excusé, rouge de confusion.
– Pardon !
Je suis désolé…
– Tu
peux ! Ah, tu peux ! Et moi alors ? Bon, mais on verra
ça demain. Tu perds rien pour attendre. Va vite changer de pantalon
en attendant…
4-
Émilie
s’est redressée sur la
chaise longue.
‒ Le
pauvre garçon ! Comment
tu dis qu’il s’appelle ? Antonin ? Tu
n’as pas honte de le
mettre dans des états pareils ?
‒ Oui,
oh ben, sur ce coup-là,
t’es au moins aussi
responsable que moi, hein ! Sinon plus. Tu
te serais entendue quand
t’as déferlé…
‒ Je
suis comme ça, qu’est-ce tu veux ! C’est pas de ma faute.
Je suis d’un naturel
expansif.
‒ Carrément
explosif, tu veux dire, oui.
On
a ri, complices.
‒ Peut-être
bien que nous aussi, on
va déjeuner dans la
chambre du coup
maintenant le
matin. Parce
qu’avoir un petit
puceau à allumer sous la main, ça doit pas
manquer de charme.
‒ Oui,
ben vous me le piquez pas, hein ! C’est moi qui l’ai trouvé,
c’est moi qui le déflore.
‒ T’inquiète !
On te le chauffera, c’est tout ! Je
sens qu’il va aimer Théo. Peut-être pas autant que…
‒ Autant
que quoi ?
‒ Non,
rien.
‒ Mais
si ! Dis !
‒ C’est
pas facile. On se connaît
pas beaucoup.
‒ Tu
parles ! On se
connaît déjà
énormément, moi, je
trouve, au contraire. On
s’est pressenties. Et
reconnues. À
l’instinct. On est de
la même trempe. Alors,
allez, accouche !
‒ Il
avait pas vraiment besoin de ça, mais comment
ça
l’a excité
hier
soir, Théo, de
se dire, en plus, que
t’étais en train de te
caresser en nous écoutant.
‒ Ça,
j’imagine.
Et pas que lui, je suppose. Non ?
Elle
a pris son petit air mutin.
‒ Ah,
ben ça ! Et…
tu te l’es fait ?
‒ T’as
de ces questions par moments. Évidemment
que je me le suis fait. Évidemment !
Même que c’était
super, si tu veux tout
savoir. Que j’ai joui
trois fois. Et que j’ai pris un pied pas possible.
‒ Il
m’a semblé t’entendre gémir à un moment.
‒ C’est
pas beau d’écouter aux portes.
Bon, mais tu voulais en venir où au juste ?
– Je
voulais en venir que… c’est son anniversaire à Théo mardi
prochain.
– Et
que t’as envisagé que ce soit moi, le cadeau.
– T’imagines ?
On vient de se mettre en action. La porte s’ouvre. Tu entres. À
poil. Tu viens t’asseoir au bord du lit et tu te caresses en nous
regardant. Comment il va halluciner ! Toi aussi d’ailleurs,
t’y trouveras ton compte.
– Et
pas toi, peut-être ?
– Ben
oui, évidemment ! Parce que vu l’état dans lequel ça va le
mettre… Je le connais, mon Théo.
– Tu
prends des risques. Il est beau mec.
– Et
t’en ferais bien ton quatre heures.
– Pour
être honnête…
– Oui,
oh ! Je n’ai pas l’exclusivité. Il est marié. Et il en a
d’autres. Alors… Et puis, pour tout dire, le regarder en train
avec une autre, ça me déplairait pas forcément.
– Vu
sous cet angle…
– Je
peux compter sur toi alors ?
– Plutôt
deux fois qu’une.
– Ce
sera le bouquet final. Parce que le lendemain…
– Vous
repartez.
– Non.
Lui, il repart. Il reprend le boulot.
– Et
toi, tu restes.
– Je
devais pas normalement. Mais oui, je vais rester. Je peux quand même
pas te laisser t’occuper d’Antonin toute seule.
– Ben,
voyons !
– D’autant
qu’Antonin, c’est une chose, mais, à l’évidence, cet hôtel
est un véritable vivier.
– À
qui le dis-tu !
– D’ailleurs
tiens, regarde ce qui passe là-bas si c’est pas mignon à croquer…
– Ça
l’est. Et je sens qu’on va bien s’amuser toutes les deux.
5-
Je
m’étais mise en frais. Petite culotte blanche ajourée. Et rien
d’autre. Même pas de soutien-gorge.
Ses
pas dans le couloir. Il s’est approché. Arrêté devant ma porte.
Il a laissé passer quelques secondes. Et puis il a timidement
frappé.
Je
n’ai pas répondu, mais je suis allée ouvrir.
Surpris,
il a esquissé un léger mouvement de recul.
‒ Ben
alors ! Je te fais peur ?
Il
a bafouillé, bredouillé vaguement quelque chose.
Et, en baissant les yeux,
a brusquement
découvert que j’avais les seins à l’air.
Il
s’est empourpré. S’est
mis à danser d’un pied sur l’autre.
‒ Eh
ben entre ! Reste pas planté là ! Et débarrasse-toi de
ce plateau ! Qu’est-ce que tu peux avoir l’air godiche avec…
Il
l’a déposé au bord de la table. En repoussant, vaille que vaille,
tout le fourbi que j’y avais entassé. Et il a aussitôt dérivé
vers la porte.
‒ Eh,
là ! Pas si vite ! Où tu cours
comme ça ?
‒ Ben,
je…
‒ T’as
la mémoire courte, à ce qu’il semble. Qu’est-ce qu’on avait
dit hier ?
‒ Hier ?
En
s’efforçant, sans y parvenir vraiment, de ne pas loucher sur mes
seins.
‒ Hier,
oui. Fais bien l’innocent.
J’ai
brusquement froncé les sourcils. Dressé l’index.
‒ Écoute !
Écoute ! T’entends rien ?
On
est restés quelques instants silencieux, face à face, dressant
tous les deux
l’oreille.
Et
puis j’ai constaté.
‒ Non.
Non. Il y a rien. J’avais cru. J’avais cru qu’ils remettaient
ça à côté. Ce qui t’avait bien plu hier, hein,
avoue !
Il
a mollement protesté.
‒ Mais
non ! Je…
‒ Tu
parles ! Tu t’es pas lâché dans le pantalon peut-être ?
Il
a fixé ses godasses, confus.
‒ Oh,
mais fais pas cette tête-là ! C’est normal : on
est plein de sève à ton âge.
Et toi, en plus, t’es
un sacré petit
cochon, mine
de rien. Ah, si !
Si ! Tu diras pas le
contraire. T’arrêtes
pas de me mater les seins en douce depuis tout à l’heure. C’est
pas vrai peut-être ?
Il
a voulu dire quelque chose, s’est finalement tu.
Je
l’ai résolument fixé
en bas.
‒ Et
ils te plaisent bien, mes
nénés, ce qu’il y a de sûr.
Non, mais comment
tu bandes !
J’ai
effleuré sa queue à travers le pantalon. Je m’en suis éloignée.
J’y suis revenue. J’en ai rapidement redessiné les contours.
Dans un sens. Plus
rapidement. Dans l’autre.
‒ Eh,
mais c’est qu’il y a l’air d’y avoir un joli morceau, là. Tu
nous fais voir ça ?
Et
j’ai déboutonné, fait glisser la fermeture Éclair, tomber le
pantalon sur les chevilles. Je
la lui ai précautionneusement sortie.
‒ Ah
, oui, dis donc ! Oui. Il y a de quoi faire, là. T’es
bien monté, toi, on peut
pas dire ! Et t’as
pas de petite amie ! Mais c’est un véritable scandale.
J’ai
soupiré.
‒ T’es
un sacré égoïste, hein, au fond ! Tu t’amuses tout seul,
dans ton coin, sans en faire profiter personne.
Je
la lui ai enserrée. Je lui ai soupesé les couilles. Je les lui ai
doucement malaxées. Je suis
remontée. Je la lui ai
décapuchonnée.
J’ai mis le
gland à nu.
Il
a fermé les yeux, respiré
plus vite.
Je
l’ai fait coulisser. Une fois. Deux fois. Et il m’est parti sur
les doigts avec un grognement rauque de fond de gorge.
J’ai
protesté.
‒ Oh,
non, pas déjà !
Et
lui ai lancé une petite claque sur les fesses.
‒ Tu
me dois une revanche. Et tu perds rien pour attendre.
6-
Émilie
m’avait prévenue.
‒ Je
serai pas là, cet après-midi. Théo veut aller faire un peu de
tourisme avant de repartir.
Et
je me suis retrouvée au bord de la piscine en la seule compagnie
d’une petite brune qui, affalée sur une chaise longue, pleurait
toutes les larmes de son corps.
Je
me suis approchée d’elle.
‒ Quelque
chose qui va pas ?
Elle
a redoublé de sanglots.
‒ Si !
Non ! J’en ai marre, mais j’en ai marre !
‒ C’est
votre ami, hein, c’est ça ?
Un
grand maigre avec lequel elle dînait, le soir, à une petite table
tout au fond de la salle de restaurant.
‒ Je
le comprends pas. Je le comprends plus.
‒ Une
mauvaise passe. Faut peut-être pas dramatiser.
‒ Je
sais pas. Je sais plus. Tout avait l’air d’aller bien pourtant.
Il était heureux de venir en vacances ici. Il s’en faisait toute
une fête. Et puis d’un seul coup…
Et
elle s’est remise à pleurer de plus belle.
‒ Il
a plus envie de moi. Pas une seule fois il m’a touchée depuis huit
jours qu’on est arrivés.
‒ Il
en a une autre ?
‒ Je
me suis demandé, mais je crois pas, non. Ici, je m’en serais
forcément rendu compte. Ailleurs ? Il téléphone pas. Il cache
pas son portable. Il me laisse m’en servir.
‒ Il
vous a dit quoi au juste ?
‒ Ben
ça ! Qu’il a plus envie de moi. Et qu’il s’emmerde à
cent sous de l’heure quand on baise.
‒ Vous
avez quel âge ?
‒ Vingt-et-un.
‒ Et
lui ?
‒ Pareil.
Il
y a longtemps que vous êtes ensemble ?
‒ Trois
ans.
‒ Je
voudrais pas être indiscrète, mais bon, entre femmes on peut se
dire carrément les choses. Vous agrémentez un peu vos rapports de
temps en temps ?
‒ Comment
ça ?
‒ Je
sais pas, moi ! Avec des objets par exemple.
‒ On
a essayé au début, mais j’ai pas bien aimé. Et il a pas trop
insisté là-dessus. Je crois pas que ce soit vraiment son truc non
plus.
‒ Vous
le prenez dans votre bouche ? Ça, c’est quelque chose que les
types en général…
‒ Je
sais, oui. Ça me déplaît pas, ça. Et lui aussi, il aime. Enfin,
il aimait. Parce qu’il est beaucoup moins demandeur qu’avant
là-dessus. Il dit que ça finit par être toujours un peu la même
chose.
‒ Et,
excusez mon franc parler, mais si je veux pouvoir vous aider… Vous
le laissez vous venir derrière ?
‒ Aussi,
oui. Je lui ai jamais refusé.
‒ À
contrecœur ? Parce que s’il vous sent pas vraiment motivée…
‒ Je
trouve pas ça désagréable du tout.
‒ Oui.
Alors, je peux me tromper, mais, à mon avis, il y a certainement
quelque chose dont il a très envie, qui compte énormément pour lui
au point que tout le reste lui paraît sans la moindre saveur, mais
dont il répugne à parler soit parce que ça lui pose
personnellement problème soit parce qu’il est convaincu que vous
lui opposeriez un refus formel et sans appel.
‒ Qu’est-ce
ça peut bien être ?
‒ C’est
bien là toute la question. C’est sans doute quelque chose qui vous
est tellement étranger, à vous, que ça ne vous vient même pas à
l’idée.
‒ Faudrait
bien que je trouve pourtant.
‒ Si
vous voulez vous en sortir, oui ! Ça fait pas l’ombre d’un
doute. Et vous avez deux solutions : ou bien vous lui posez
carrément la question. Au risque de le voir se refermer comme une
huître. Ou bien vous vous mettez à l’affût et un mot, un regard,
un hasard peuvent vous mettre sur la piste. Et une fois que vous
saurez de quel côté chercher…
‒ Oui,
c’est ce que je vais faire. Ça me redonne de l’espoir ce que
vous me dites là. Tout n’est peut-être pas perdu.
‒ Bien
sûr que non ! Vous me tiendrez au courant ?
‒ Oh,
oui, oui ! Promis !
7-
Avant
de passer à table, Émilie est venue me rejoindre dans le petit
jardin en contrebas.
‒ Qu’on
discute un peu ! On a bien le temps.
On
avait le temps, oui. Tout notre temps.
J’ai
souri.
‒ Alors ?
Cette journée en amoureux ?
‒ Super !
Un moment hors du temps. On vivrait ensemble au quotidien, ce ne
serait sans doute pas la même chose. Mais là, une petite semaine
par ci, une petite semaine par là, de temps à autre, t’en
profites à fond.
‒ Ne
pas vivre ensemble. La solution de sagesse…
‒ En
douce que toi, les oreilles ont dû te siffler.
‒ Parce
que ?
‒ Parce
que maintenant qu’il sait que tu te fais du bien en nous écoutant,
il m’assaille de questions à ton sujet. Si tu te le fais souvent ?
Comment ? Sur quoi tu fantasmes ? Et tutti quanti. J’ai
beau lui dire et lui répéter, sur tous les tons, qu’on n’en a
pas vraiment parlé et qu’on a bien d’autres sujets de
conversation, il y a rien à faire.
‒ Il
va être ravi de son cadeau d’anniversaire alors !
‒ Tu
parles ! J’imagine déjà sa tête quand il va te voir
débouler à poil dans la chambre et te mettre tranquillement à te
caresser en nous regardant.
‒ Tu
lui as pas vendu la mèche au moins ?
‒ Oh,
ben non ! Non ! Qu’il ait la surprise !
Elle
a esquissé un petit sourire qui s’est progressivement épanoui.
‒ Qu’est-ce
qu’il y a ? Qu’est-ce qui t’amuse ?
‒ C’est
que c’est bien un mec. Parce que pour lui, si tu te masturbes,
c’est que t’es en manque.
J’ai
ri. Franchement.
‒ Pas
vraiment, non. Certes, avec mon mari, c’est pas ça qu’est ça.
Mais bon ! Il y a tout un tas de charmants jeunes gens, ou moins
jeunes, qui ne demandent qu’à rendre service. Toute seule, c’est
autre chose. On se fait l’amour à soi-même. À son rythme. Avec
ses fantasmes. Ses images. Son histoire.
‒ Je
suis bien de ton avis. Mais c’est le genre de choses qu’il ne me
viendrait pas à l’idée d’aller tenter de lui expliquer. Parce
qu’il est très gentil, Théo. Il a plein de qualités. Mais il a
aussi plein de certitudes. Et quand il a une idée en tête, pour
l’en faire démordre…
‒ Comme
beaucoup.
‒ S’il
savait !
‒ S’il
savait quoi ?
‒ Que
même là… Et pourtant avec lui je prends mon pied. Et pas qu’un
peu ! Eh ben, même là, j’en profite qu’il ait le dos
tourné. J’en ai besoin de ça. J’en ai toujours eu besoin.
‒ Ça
doit pas être facile. Vous êtes fourrés toute la journée
ensemble.
‒ On
trouve toujours des solutions quand on veut. Surtout qu’il a ses
petites habitudes. Le matin, il descend systématiquement chercher
son journal. Le temps qu’il flâne un peu. Qu’il aille boire un
café. Ça me laisse une bonne demi-heure. Je la mets à profit pour
paresser voluptueusement entre les draps et me laisser aller à mes
rêveries. Alors pas toujours, mais souvent…
‒ Eh,
mais c’est que je vais tendre l’oreille d’une façon
complètement différente, moi, maintenant le matin !
‒ Oh,
et puis il y a pas que ça ! Il y a aussi… Tu vas me trouver
tordue !
‒ Mais
non, dis !
‒ Il
y aussi, quelquefois, sous la douche. Avec l’eau. Et lui, allongé
sur le lit, dans la chambre. Plongé dans la lecture de son journal.
Faut que je fasse attention. À pas gémir. À pas haleter trop fort.
Qu’il se rende pas compte. Parce que comment il serait vexé !
Mais c’est justement ça qu’est excitant. De me dire qu’à tout
moment ça pourrait me déborder. Que je maîtriserais plus rien. Ou
qu’il pourrait surgir. Sous un prétexte quelconque.
‒ Tiens,
ben le v’là justement !
Il
s’est approché, s’est penché sur elle, lui a déposé un baiser
sur la nuque.
‒ Alors,
mesdames ! On complote ?
8-
Je
profitais de la fraîcheur du soir sur un banc, derrière l’hôtel,
un peu à l’écart.
‒ Je
vous dérange pas ?
C’était
la petite jeune qu’avait des problèmes avec son copain, là.
Mélanie.
‒ Pas
du tout, non. Asseyez-vous ! Alors ? Avec votre ami ?
Ça s’est un peu arrangé ?
‒ Pas
vraiment, non. Il me bat toujours froid. Mais, par contre, je crois
que je suis sur une piste.
‒ Ah…
‒ Oui.
Parce que j’ai réussi à aller faire un tour vite fait sur son
ordi. C’est pas la première fois, mais d’habitude, il efface
toujours son historique avant de le refermer. Sauf que là… il
avait oublié.
‒ Et
alors ?
‒ Il
a passé l’après-midi d’hier à visionner des vidéos de filles
entre elles. Que ça…
‒ C’est
le fantasme de beaucoup d’hommes.
‒ Je
sais, oui. Mais là, en plus, j’ai trouvé un petit texte, c’est
lui qui l’a écrit, où il imagine qu’il me regarde prendre du
plaisir avec une autre femme.
‒ Bon,
ben les choses sont claires, non ? Ce qu’il voudrait…
‒ Ça,
j’ai bien compris, oui. Seulement…
‒ C’est
pas votre truc.
‒ Non.
Enfin peut-être. J’en sais rien en fait. Je me suis jamais
vraiment posé la question. J’y ai jamais vraiment pensé.
‒ Moi,
j’ai pas de conseil à vous donner, mais je crois bien, vu ce que
vous me racontez là, que si vous voulez avoir des chances de le
récupérer…
‒ Je
demande que ça !
‒ Alors
à moins que ça vous répugne vraiment, vous savez ce qu’il vous
reste à faire.
‒ C’est
pas que ça me répugne. Je peux pas dire ça. J’ai jamais essayé.
‒ C’est
pas vraiment déplaisant, vous savez ! Et puis qui, mieux qu’une
femme, peut connaître le corps d’une autre femme ?
‒ Je
veux pas le perdre, ce qu’il y a de sûr. Ah, non alors ! Je
veux pas le perdre.
Je
lui ai posé la main sur l’avant-bras.
‒ Vous
le perdrez pas maintenant que vous savez. Si vous abattez les bonnes
cartes…
Suis
remontée jusqu’à la saignée du coude. Que j’ai doucement
caressée. Du bout du pouce. Elle ne m’a pas repoussée.
‒ Ça
me fait quand même peur. Si ça lui suffisait pas ? Ou si ça
le décevait ? Je risque de me montrer sacrément godiche. Quand
on n’a pas l’habitude…
Je
lui ai passé un bras autour des épaules, l’ai attirée contre
moi.
‒ C’est
pas le genre de question à vous poser maintenant. Ça va vous
paralyser. Il faut foncer.
Elle
a laissé aller sa tête contre ma poitrine.
‒ Vous
êtes gentille.
Je
lui ai redessiné la tempe, le front, les sourcils, à doigts légers.
‒ Ça
se passera bien, vous verrez !
Les
lèvres. Longuement. Elle les a entrouvertes. J’ai glissé mon
index entre elles, l’y ai fait aller et venir.
Sa
main s’est posée sur ma cuisse, s’y est crispée.
On
s’est regardées. Et nos deux visages sont allés l’un vers
l’autre. Pour un premier baiser. Qui a interminablement duré.
On
s’est souri.
‒ Tu
as bon goût.
‒ Toi
aussi.
Quelqu’un
a appelé dans les lointains.
‒ Mélanie !
‒ C’est
lui ! Il me cherche. Il se demande où je suis passée.
‒ File
vite alors !
‒ On
se revoit ?
‒ Demain.
Allez, file !
9-
Il
faisait si chaud que je me suis rendue à la piscine dès dix heures
du matin. Émilie n’a pas tardé à m’y rejoindre.
‒ Eh
ben dis donc !
Avec
un petit sourire mi-complice mi-coquin.
‒ Eh
ben dis donc ! Il t’a mis dans un de ces états le puceau du
petit déjeuner tout à l’heure !
‒ Ça
s’est entendu ?
‒ Tu
parles si ça s’est entendu ! T’es bien placée pour savoir
que, dans cet hôtel, les cloisons sont en papier à cigarettes,
non ? Bon, mais chacune son tour, du coup, de profiter des ébats
de la voisine. D’autant que tu es très expansive, il y a pas à
dire.
‒ Pas
toujours. Ça dépend.
‒ Oui,
ben là, tu l’étais. Et pas qu’un peu ! De façon très…
disons, émouvante. Et c’est bien tombé. Théo venait juste de
descendre. J’étais toute seule. Alors tu penses bien que je n’ai
pas boudé mon plaisir.
‒ Je
sais ce que c’est.
‒ Faut
croire qu’il était pas si maladroit que ça, cet Antonin, alors
finalement pour un novice.
‒ Si
on veut ! Disons qu’il est bien monté, avec une queue bien
épaisse et bien consistante, ça aide. Sinon, ben sinon, il est
beaucoup trop pressé. Comme on l’est à son âge. Pas question de
préliminaires. Il sait pas ce que c’est. Un seul objectif :
te venir dedans et partir à la conquête de son plaisir au triple
galop. À toi de te montrer patiente. De savoir attendre. Dès lors
qu’il est arrivé à ses fins, une fois, deux fois, il tient
beaucoup mieux la route. Et tu peux enfin y trouver ton compte.
‒ De
façon apparemment fort satisfaisante.
‒ Et
puis ce qu’il y a aussi… J’avoue, en ce qui me concerne, une
attirance très prononcée pour les petits puceaux. Toujours majeurs.
Ça coule de source, je suis pas idiote. Je les trouve attendrissants
de naïveté et de gaucherie. Et puis l’idée que c’est avec moi
qu’ils découvrent ces plaisirs-là ! Qu’ils auront beau en
avoir vingt, trente après moi des femmes, qu’ils oublieront pour
la plupart, la première, ils en garderont toujours un souvenir ému.
Même des années après.
‒ Et
toi aussi.
‒ Et
moi aussi.
‒ Sans
vouloir être indiscrète, t’en as eu beaucoup, des petits jeunes,
comme ça ?
‒ J’ai
pas compté, mais, à la louche, une dizaine. Oui, une bonne dizaine.
‒ Ah,
quand même !
‒ Mais
enfin va pas imaginer non plus que je m’en tiens exclusivement à
ça. Non. Je ratisse beaucoup plus large. Il me faut autre chose.
Parce que le propre d’un puceau, une fois que t’as couché avec,
c’est qu’il ne l’est plus, mais qu’il continue à manquer
d’expérience. Alors bien sûr, tu peux le dégrossir, lui
apprendre les rudiments de base. C’est une entreprise de longue
haleine dont tu ne peux absolument pas être certaine qu’elle
donnera, au bout du compte, les résultats escomptés. Parce que t’en
as qui sont naturellement doués, oui, mais il y en a d’autres, tu
t’aperçois vite que tu vas pas pouvoir en tirer grand-chose.
‒ Et
cet Antonin, là, tu le classes dans quelle catégorie ?
‒ Je
sais pas trop encore. C’est pas en ayant couché une fois avec…
Mais enfin, à mon avis, ce sera quand même pas un foudre de guerre.
Je le crois fondamentalement trop égoïste pour pouvoir se
préoccuper réellement du plaisir de sa partenaire. Mais bon, il
peut changer… C’est pas vraiment mon problème, n’importe
comment. J’ai pas du tout l’intention de jouer les prolongations
avec. Une fois que je serai partie d’ici…
‒ J’en
ferais bien un tour, moi, si tu n’y vois pas d’inconvénient. Il
est mignon. Et comme tu dis qu’il est bien monté.
‒ Vas-y !
Vas-y ! Fonce !
‒ Ça
me tente bien. D’autant que ce sera une première pour moi. Mes
partenaires, jusqu’à présent, ont tous été beaucoup plus âgés
que moi.
‒ Fais
juste attention à une chose. On se croit vite amoureux à cet
âge-là. Si jamais ça arrive, dépêche-toi d’allumer des
contre-feux. Faute de quoi, tu pourrais avoir un mal fou à t’en
dépêtrer. Pour ne pas l’avoir fait, je me suis retrouvée, à
deux reprises, dans des situations complètement impossibles.
10-
‒ J’ai
besoin d’un nouveau maillot. Le mien s’avachit. Tu viens avec
moi ?
Elle
ne demandait pas mieux, Mélanie.
‒ Au
contraire.
‒ Il
va rien dire, ton ami ?
‒ Lui ?
Vous pensez bien que non ! Il va en profiter, pendant ce
temps-là, pour écumer les sites de petites nanas entre elles.
Et
on a échangé un sourire complice.
‒ À
ton tour !
‒ À
mon tour ?
‒ Je
t’en offre un, de maillot. Allez ! Va vite choisir.
Elle
ne s’est pas fait vraiment prier. Juste un peu. Pour la forme. Et a
opté pour un maillot noir une pièce à la fois très sobre et très
élégant. Avec lequel elle s’est engouffrée dans une cabine.
‒ Alors ?
Il te va comment ?
Et
j’ai écarté le rideau. Que j’ai laissé retomber derrière moi.
J’ai
glissé les mains dessous. Pour le lui ajuster. Sur les seins. Sur
les fesses. Elle a imperceptiblement frémi.
‒ Il
te va à ravir.
Elle
s’est regardée, une dernière fois, dans la glace de la cabine.
‒ Allez,
retire-le ! On le prend.
On
l’a dénoué. Ensemble. On l’a fait glisser.
Je
me suis penchée sur ses seins. Que j’ai effleurés d’un baiser.
Elle
a soupiré.
‒ Je
les aime pas.
‒ Moi,
si ! Ils sont mignons, tout petits, tout émouvants comme ça.
J’ai
pris la pointe de l’un d’entre eux entre mes lèvres. Elle s’est
instantanément dressée.
J’ai
posé mes mains au creux de ses reins. Elle a fermé les yeux.
Le
maillot, descendu. Jusque sur les chevilles. La délicieuse encoche à
nu. Aux abords de laquelle j’ai promené mes doigts. Dont je me
suis approchée. Elle a jeté ses bras autour de mon cou, laissé
aller sa tête contre mon épaule et doucement supplié.
‒ Pas
ici, s’il vous plaît ! Pas ici.
‒ Pas
ici, non. Tu as raison.
Une
fois au-dehors, on s’est précipitées dans le premier hôtel venu.
Dans la chambre, nos lèvres se sont jointes. Je l’ai fougueusement
déshabillée. On s’est jetées sur le lit. Et elle s’est
abandonnée à moi. À mes doigts. À mes lèvres. À ma langue.
Elle
a eu, très vite, une jouissance à grands coups de bassin élancé.
À bras rageusement abattus sur les draps. À longs sanglots
éperdument déployés.
Et
elle est venue se blottir contre moi.
‒ C’était
bien ?
‒ Oh,
oui, alors !
‒ Pour
quelqu’un qui appréhendait…
‒ Mais
vous avez rien eu, vous !
‒ Si !
Le plaisir de te donner ton plaisir.
‒ Oui,
mais vous avez pas eu le vôtre.
‒ Il
n’est pas trop tard.
Elle
a esquissé une petite grimace.
‒ J’ai
peur.
‒ Et
de quoi donc ?
‒ De
pas savoir faire.
‒ Bien
sûr que si que tu sauras. Une femme connaît une femme d’instinct.
Je
me suis emparée de sa main, l’ai guidée vers mon sein.
Elle
s’est soulevée sur un coude.
‒ Comment
j’aimerais trop ça qu’ils soient comme les vôtres, les miens !
11-
C’est
une Mélanie repue que j’ai ramenée à notre hôtel.
‒ Si
tu veux le reconquérir ton ami, maintenant tu sais ce qu’il te
reste à faire. Et c’est quand tu veux.
Elle
a esquissé une petite moue.
‒ Je
suis plus sûre d’en avoir envie.
‒ Non ?
‒ Non.
Je me demande si je préfère pas que ça reste à nous, ça, plutôt.
Qu’à nous seulement. C’était trop bien. Et puis…
L’ascenseur
s’est arrêté.
‒ Et
puis peut-être que ça lui plairait pas finalement. Qu’il préfère
fantasmer là-dessus en solitaire plutôt que de le vivre réellement.
Et il serait jaloux, si ça tombe. Parce qu’avec lui, on peut
s’attendre à tout.
Et
elle a tourné à droite, vers sa chambre, avec un petit signe de la
main.
C’était
l’anniversaire de Théo.
‒ T’as
pas oublié au moins ?
J’avais
pas oublié, non.
‒ Et
je peux toujours compter sur toi ?
‒ Évidemment !
J’ai
attendu qu’ils se soient mis en train. Qu’Émilie ait laissé
échapper quelques premiers gémissements. Je me suis laissé les
seins libres. Je n’ai gardé que ma culotte, une ravissante petite
culotte parme ajourée et festonnée.
J’ai
entrebâillé ma porte. Un coup d’œil à droite. Un coup d’œil
à gauche. Personne. J’ai ouvert résolument la leur. Je me suis
approchée du lit.
Elle
lui a susurré.
‒ Bon
anniversaire, mon chéri.
Il
s’est brièvement interrompu. S’est retourné. A levé sur moi un
regard perplexe, puis ravi. Et il s’est remis à la besogner. Plus
vite. Beaucoup plus vite.
Je
me suis assise au bord du lit, les fesses au ras de l’oreiller.
J’ai glissé ma main dans ma culotte. Et il a joui, presque
aussitôt, dans un grand râle de bonheur, les yeux sur mes seins.
Il
est resté en elle. Ils se sont embrassés, murmuré quelque chose
que je n’ai pas entendu.
Et
il lui a demandé.
‒ Tu
es sûre ?
‒ Certaine.
Il
m’a posé la main sur la cuisse.
‒ S’il
te plaît, continue !
À
moutonner dans ma culotte. À y clapoter. À me lisser doucement tout
velours. À solliciter mon bouton.
Il
m’a longuement regardée faire. Et puis il s’est doucement remis
en mouvement. Sans me quitter des yeux.
Il
a supplié.
‒ Baisse-la !
Baisse-la ! Fais voir !
Je
ne lui ai pas donné satisfaction tout de suite. Je l’ai laissé
avoir intensément envie de me contempler. Je ne l’ai fait qu’au
moment où j’ai senti qu’il allait venir. Où il est venu, les
yeux tout embués de jouissance.
Émilie
aussi a eu son plaisir. Un plaisir qu’elle a interminablement
modulé.
Je
leur suis restée offerte.
12-
Émilie
a gratté à la porte de ma chambre.
‒ Ben
oui, entre !
Elle
s’est assise au bord de mon lit.
‒ Ouf !
Ça y est ! Il est parti, Théo. Mais ça a pas été sans mal.
Il voulait rester. J’ai dû faire des pieds et des mains pour le
convaincre qu’au boulot il était absolument irremplaçable. Que
sans lui l’entreprise ne pouvait qu’aller à vau-l’eau. Mais
surtout lui jurer que tu serais encore là le week-end prochain, que
tu me l’avais assuré et que tu ne verrais très certainement aucun
inconvénient à reprendre nos petits jeux. En plus investi encore.
‒ Donc,
apparemment, son cadeau d’anniversaire lui a plu.
‒ Tu
parles s’il lui a plu ! Il en redemande. Et attends-toi, quand
il va revenir vendredi, à ce qu’il se montre très très gourmand
à ton égard.
‒ Même
pas peur !
‒ En
attendant, me voilà célibataire. Célibataire de mon amant. Pour
trois jours. À peine. Ce qui m’arrange bien. Parce que je m’éclate
comme une petite folle avec lui, ça, je peux pas dire le contraire.
Mais si je m’ouvre pas un peu à d’autres horizons, lui aussi, je
me connais, je vais vite le trouver plan plan.
‒ Et
donc ?
‒ Et
donc en avant toute… Et, pour commencer, ce petit Antonin qui me
tente de plus en plus, soit dit en passant.
‒ Eh
bien, vas-y ! Fais-toi plaisir ! D’autant qu’il devrait
pas tarder à m’apporter mon petit déjeuner.
‒ Et
si ?
‒ Je
parie qu’on pense la même chose.
On
a éclaté de rire.
‒ Il
y a des chances, oui.
‒ Allez,
alors ! Déshabille-toi ! Fourre-toi dans mon lit. Et moi,
je vais aller me planquer dans la salle de bains. D’où je pourrai
suivre tout à loisir le déroulé des opérations.
Aussitôt
dit, aussitôt fait.
‒ Je
sens qu’on va bien s’amuser…
Il
s’est passé une petite dizaine de minutes et il a frappé. Il est
entré.
‒ Je…
Excusez-moi ! J’ai… J’ai dû me tromper de chambre.
‒ Mais
non ! Pas du tout. C’est bien là.
J’ai
été prise d’un immense fou rire intérieur. Je l’imaginais,
interloqué, dansant d’une jambe sur l’autre, regardant tout
autour de lui, s’efforçant désespérément de comprendre de quoi
il retournait.
‒ Eh
ben, approchez ! Restez pas planté là comme ça !
Il
a dû faire deux pas en avant. Peut-être trois.
‒ J’ai
beaucoup entendu parler de vous. Si, si ! Je vous assure. À ce
qu’il paraît que vous êtes de très bon service. Dans tout un tas
de domaines. Alors j’espère que vous allez avoir à cœur de vous
montrer à la hauteur de votre réputation. Je peux compter sur
vous ?
‒ Oui.
D’une
toute petite voix. Après un long moment d’hésitation.
Mais
venez ! Plus près. Soyez pas timide comme ça. Là ! Et,
pour commencer, faites-moi voir un peu quelle allure ça a, tout ça.
Il
y a eu un long moment de silence.
N’y
tenant plus, j’ai silencieusement entrebâillé la porte. De deux
bons centimètres. Elle lui avait sorti tout son attirail. Elle en
avait déposé les couilles dans la paume de sa main et, de l’autre,
elle lui maintenait le gland complètement décalotté.
‒ Bel
appareillage en tout cas ! Dont il serait dommage de ne pas
user. Et abuser.
Elle
s’est penchée. Quelques petits coups de langue rapides tout au
bout. Et puis elle l’a pris dans sa bouche. Il a fermé les yeux,
renversé la tête en arrière, enfoui ses doigts dans ses cheveux.
Et doucement gémi.
J’ai
ouvert la porte de la salle de bains en grand.
‒ Je
dérange pas ?
13-
Et
c’est précisément à ce moment-là qu’il a déchargé. Avec un
long grognement de fond de gorge.
Je
me suis approchée. J’ai croisé mes bras sur ma poitrine.
‒ Non,
mais faut pas se gêner.
Elle
a léché une dernière petite goutte de jute qui perlait au bout de
sa queue.
‒ Ben
quoi ! On fait rien de mal. Il a bon goût en plus. Très. J’y
reviendrai.
J’ai
donné une petite pichenette sur l’appendice d’Antonin qui
pendait lamentablement.
‒ Qu’est-ce
tu veux que je fasse de ça maintenant ?
‒ Oh,
mais ça se restaure, ces trucs-là !
‒ Ben,
il y a intérêt parce que sinon…
J’ai
un peu joué avec, fait la moue.
‒ Mouais…
Mais faudrait pas trop que ça tarde. Parce qu’il me faut ma dose,
moi, le matin. Si j’ai pas ma dose…
On
a frappé.
Je
me suis figée.
‒ Qui
ça peut être ?
‒ Ben,
va voir !
C’était
Mélanie.
‒ Oh,
mais je dérange…
‒ Qu’est-ce
qu’il se passe ?
‒ Rien.
Enfin, si ! Il est parti.
‒ Ah !
Il t’a plaquée ?
‒ Non,
c’est moi qui l’ai largué. Mais je te laisse. Je te verrai plus
tard.
‒ Mais
non ! Entre ! Entre !
Antonin
s’était prestement reculotté. Il a voulu discrètement
s’éclipser.
‒ Où
tu vas, toi, comme ça ?
‒ Faut
que je reprenne mon service.
‒ T’as
bien cinq minutes. Assieds-toi ! J’ai encore deux mots à te
dire.
Ce
qu’il a fait. Au bord du lit.
Mélanie
n’avait pas l’air particulièrement affectée.
‒ Au
contraire ! Tu peux pas savoir ce que je me sens soulagée.
C’est même quelque chose que j’aurais dû faire il y a belle
lurette au lieu de m’accrocher bêtement et de vouloir absolument
recoller les morceaux. Quand c’est fini, c’est fini. En tout cas,
je te dois une fière chandelle. Parce que si tu m’avais pas fait
découvrir…
Elle
a jeté un rapide coup d’œil à Émilie, puis à Antonin.
‒ Ce
que tu m’as fait découvrir, je serais sans doute restée encore
engluée un bon moment là-dedans.
‒ Ravie
d’avoir pu t’aider.
‒ Et
j’espère bien que…
‒ Oui,
moi aussi !
On
n’a pas eu besoin d’en dire plus. On s’est souri, complices.
‒ Ce
qui ne veut pas dire pour autant que je tire un trait définitif sur
ces messieurs. Le couple, non, mais une bonne queue, à l’occasion…
‒ Surtout
que, si je t’ai bien comprise, ça faisait un moment qu’avec lui
tu y avais plus droit.
‒ Une
éternité.
‒ Bon,
mais s’il y a urgence et si ça peut te dépanner, il y en a une,
là, dont on peut te dire, d’expérience, qu’elle est
opérationnelle.
‒ Lui ?
À première vue, comme ça, il a l’air assez appétissant. Et
assez beau mec.
‒ Et
pas mal monté du tout. Ben, fais-lui voir ton matériel, toi !
Qu’elle puisse juger sur pièces.
Il
se l’est extirpée.
‒ Ah,
oui ! Oui ! J’en ferais bien un tour.
‒ Eh
ben allez ! On te le laisse. Amusez-vous bien !
Et
je me suis réfugiée, avec elle, dans la chambre d’Émilie.
14-
Émilie
s’est assise au bord de son lit. A hoché la tête.
‒ Finalement,
c’est moi le dindon de la farce, quoi ! J’ai juste eu le
temps d’y goûter à son appendice. Du bout des lèvres. Et, hop,
il m’est passé sous le nez.
‒ Il
y aura d’autres occasions.
‒ J’y
compte bien ! Mais dis-moi un truc ! Toi, avec cette fille,
là, si j’ai bien compris…
‒ T’as
bien compris. Je l’ai même initiée.
‒ Ah,
ben, bravo ! Et moi, alors ?
‒ Tu
veux que je t’initie ?
‒ Non,
ça, il y a longtemps que c’est fait. Mais tu m’offrirais une
petite compensation, vu que l’autre petit couillu, à côté, j’ai
pas pu vraiment en profiter.
‒ S’il
y a que ça pour te faire plaisir…
Je
me suis assise à côté d’elle. Nos visages se sont rapprochés.
J’ai posé ma main sur sa cuisse. Nos lèvres se sont jointes. Nos
langues se sont nouées. Enroulées.
Je
lui ai souri.
‒ Tu
as le goût de sa jute.
Nos
bouches se sont passionnément reprises. J’ai fait rouler la pointe
de l’un de ses seins entre mes doigts. Je l’ai étirée. Elle a
frémi. Fermé les yeux. Sa main est remontée le long de ma cuisse.
Jusqu’au pli de l’aine. Elle m’a brièvement effleuré le
clito, du bout du pouce. S’est éloignée.
‒ Vilaine !
Une
petite tape sur le sein.
À
côté, le matelas a gémi.
‒ On
est bien connes.
‒ Mais
oui, c’est vrai, ça ! Pourquoi on s’est sauvées ?
‒ Alors
qu’on pourrait être tranquillement en train de faire la fête tous
les quatre ensemble.
‒ On
y retourne ?
‒ Allez !
Il
était en train de la chevaucher. À grands coups de reins. Elle,
elle s’abandonnait, les deux mains posées sur ses épaules, la
bouche entrouverte, haletante, les jambes nouées autour des siennes.
On
s’est approchées. Elle, à droite du lit. Moi, à gauche. Chacune
un sein. Dont on a agacé, suçoté, mordillé la pointe. Elle a
glissé une main dans mes cheveux, doucement gémi.
J’ai
longé ses côtes, sa hanche, ai contourné sa cuisse. Je suis allée
jouer avec les alentours de son petit trou froncé. J’en ai
approché un doigt. Je l’ai enduit de sa mouille et j’en ai
doucement forcé l’entrée. Je l’ai occupé. Je l’ai investi.
Les couilles d’Antonin ont furieusement battu contre ma main. Et
elle a joui. Et il a joui. Et ils ont joui.
Il
s’est empressé de se rhabiller.
‒ C’est
bien les mecs, ça ! Dès qu’ils se les sont vidées, ils nous
connaissent plus.
‒ Mais
non, mais…
‒ Il
y a ton service qui t’attend, on sait. Allez, file !
‒ En
douce que pour dire qu’il y a une semaine il était encore puceau,
il se débrouille pas trop mal.
‒ Faudra
quand même qu’il apprenne à tenir la distance.
‒ Oh,
mais ça, suffit de revenir à la charge. Autant de fois que
nécessaire.
‒ Oui.
Et puis il est bien monté. Ça aide.
‒ On
n’en a pas fini avec lui.
‒ Oh,
pour ça, non.
‒ Bon,
mais en attendant…
On
est venues s’allonger à côté d’elle.
‒ En
attendant quart d’heure volupté exclusivement féminin.
Elle
a protesté.
‒ Un
quart d’heure ? Seulement !
‒ Et
plus si affinités.
Et
nos lèvres se sont posées sur ses seins.
15-
On
s’est secouées.
‒ Bon,
les filles ! On se bouge ? On va pas passer toute la
journée au lit non plus.
Oui,
elle avait raison, Émilie.
‒ Allez,
debout ! Rendez-vous en bas dans une heure.
Et
chacune a regagné sa chambre.
‒ Alors ?
On fait quoi ?
‒ Un
tour en ville ?
Et
on est parties bras dessus bras dessous. Au hasard. Sans savoir
vraiment où. Ni pour quoi faire. En riant comme des petites folles.
De tout. De rien.
Émilie
s’est brusquement figée.
‒ Le
type, là-bas, à la terrasse du café…
‒ Eh
bien ?
‒ J’ai
envie.
‒ Il
est moche.
‒ Et
vieux.
‒ Non,
mais pas ça ! Je suis pas idiote. Non. Attendez ! Vous
allez voir.
On
s’est approchées. Elle s’est plantée devant lui.
‒ Je
peux vous poser une question ?
Il
a replié son journal.
‒ Allez-y !
‒ Vous
me trouvez comment ?
‒ Pardon ?
‒ Je
suis à votre goût ?
Il
l’a considérée d’un air éberlué.
‒ Dites-moi !
Franchement. Je suis bandante ? Baisable ? Accouchez !
N’ayez pas peur !
‒ Je…
Elle
a tiré une chaise. S’est assise en face de lui.
‒ Que
je vous explique ! On est sorties en boîte, là, hier soir,
toutes les trois. Elles, elles ont trouvé de quoi s’envoyer en
l’air. Tout de suite. Deux beaux matous. Mais pas moi ! Moi,
je suis restée là, comme une conne, à attendre qu’on veuille
bien s’intéresser à moi. Et bernique ! Alors c’est quoi,
le problème ? J’ai une tête à faire peur, c’est ça ?
‒ Ah,
mais non ! Non ! Pas du tout !
‒ Vous
dites ça pour me faire plaisir.
‒ Non.
Non. Je vous assure…
‒ C’est
vrai ? Alors vous auriez été là, vous m’auriez draguée ?
‒ Peut-être.
‒ Peut-être
ou sûrement ?
‒ Sûrement.
‒ Oh,
mais il est encore temps, hein !
L’œil
du bonhomme s’est allumé.
Elle
a enfoncé le clou.
‒ Vous
faites quoi, là, maintenant ?
‒ Maintenant ?
Il
s’est rembruni.
‒ Ben
oui, ça me presse. Je suis en manque.
Rembruni
un peu plus encore.
‒ Oui,
mais maintenant…
‒ Vous
pouvez pas. Bobonne vous attend.
‒ Mais
non, c’est pas ça, mais…
‒ Mais
si ! Bien sûr que c’est ça. Allez la retrouver ! Je me
débrouillerai autrement.
Et
on l’a planté là.
À
peine tourné le coin de la rue, on a éclaté de rire.
‒ Le
pauvre ! Comment il avait l’air déçu.
‒ Ah,
ça, il a pas fini d’y repenser. Et de se dire qu’il a raté une
belle occasion.
‒ Bon,
mais en attendant, ce qu’on pourrait peut-être, c’est se mettre
en chasse pour de bon ce coup-ci.
‒ Allez !
16-
Mélanie
a soupiré.
‒ Non,
mais franchement les filles, on est bien connes dans notre genre !
Qu’est-ce qu’on va s’encombrer d’un mec à demeure ? Et
le pire, c’est qu’une fois qu’on a réussi à en lever un, on
fait des pieds et des mains pour le garder. Comme si notre vie en
dépendait. On a beau l’avoir percé à jour, s’être rendu
compte qu’il avait tous les défauts du monde, on fait tient
absolument à pas le perdre. Et tout ça pourquoi ? Parce qu’on
l’aime ? Même pas, la plupart du temps. Par amour-propre.
Parce qu’on ne veut pas s’avouer à soi-même que c’est un
échec. Ou parce qu’on a peur de se retrouver toute seule. Ou par
habitude. Ou pour tout un tas d’autres raisons. Et on subit. Et on
culpabilise en prime. Non, mais vous vous rendez compte ? Lui,
là, il me baisait plus. Il me disait, en me regardant droit dans les
yeux, qu’il avait plus aucune envie de moi, et moi, au lieu d’en
tirer les conséquences qui s’imposaient et d’aller voir
ailleurs, eh ben je trouvais rien de mieux à faire que de me dire
que c’était de ma faute et de me demander comment j’allais bien
pouvoir réussir à le récupérer… Non, mais faut vraiment être
idiote, avouez !
‒ C’est
du passé. Tu t’en es sortie.
‒ Ah,
oui, alors ! Et c’est pas demain la veille que j’irai y
remettre le nez. Ni à celui-là ni à d’autres. Qu’on vienne me
parler d’amour pour voir ! On sera bien reçu. Non. Je vais me
prendre du bon temps. Avec tous les petits poulets qui me taperont
dans l’œil. Et même… les petites poulettes. Puisque, grâce à
toi…
Elle
m’a posé la main sur le genou.
‒ J’ai
découvert que, de ce côté-là aussi, on pouvait allègrement
s’éclater. Peut-être pas mieux, mais différemment. Bon, mais
c’est pas tout ça ! Action !
Elle
a jeté un long regard circulaire autour d’elle.
‒ Vous
voyez ce que je vois ? Là-bas, sur le banc, dans le petit
square. Ça a l’air mignon tout plein, non ?
‒ C’est
loin. Pour se rendre compte…
‒ Le
mieux, c’est d’aller voir de près.
Elle
s’est levée.
‒ À
tout à l’heure, les filles ! Enfin, peut-être…
Et
elle s’est tranquillement dirigée vers le banc, s’est arrêtée
devant, a engagé la conversation.
‒ Qu’est-ce
qu’elle peut bien lui raconter ?
‒ Et
ça dure en plus !
Elle
s’est assise à ses côtés.
‒ Ben,
voyons !
‒ Tu
paries que ça va le faire ?
‒ Il
y a toutes les chances, oui.
Il
s’est passé une dizaine de minutes et ils se sont levés. Ils se
sont éloignés, côte à côte.
‒ Et
v’là l’affaire !
Ils
ont disparu au bout de l’avenue.
‒ Elle
a du temps à rattraper. Quand t’as vécu au ralenti comme ça,
pendant des mois…
‒ J’en
sais quelque chose.
‒ Moi
aussi…
‒ Il
revient quand, Théo ?
‒ Demain
soir. Tu crois que ?
‒ Qu’elle
en serait, Mélanie ? Ça ne me paraît pas faire l’ombre d’un
doute. Elle sera ravie.
‒ Et
lui donc ! Trois nanas pour lui tout seul ! Le rêve pour
un mec, non ?
‒ En
attendant…
‒ On
pourrait se mettre aussi un peu en chasse toutes les deux, non ?
‒ Ça
me paraît une excellente idée.
‒ Allez,
chacune pour soi !
Et
on s’est séparées.
17-
Mon
portable a sonné. Émilie.
‒ T’as
fini, toi ?
‒ J’ai
même pas commencé. Je trouve rien de vraiment potable à me mettre
sous la dent. Et de ton côté ?
‒ Pareil.
C’est pas la bonne heure n’importe comment. Ils sont dans leur
journée, les types, pour la plupart. Dans leurs activités. Tu les
déranges plus qu’autre chose. Sauf exception, ils ont pas le nez à
ça.
‒ Sans
compter qu’ils aiment pas trop qu’on prenne l’initiative, nous,
les femmes. Ça fait partie, dans leurs têtes, de leurs prérogatives
à eux.
‒ Du
coup, on peut plus compter que sur nous-mêmes.
‒ C’est
à peu près, ça, oui !
‒ Et
c’est pas forcément moins agréable. Au contraire même bien
souvent.
‒ Ce
qui veut dire ? Concrètement ?
‒ Qu’on
se retrouve toutes les deux à l’hôtel ?
‒ Voilà
une idée qu’elle est bonne !
On
s’est souri. Nos lèvres se sont effleurées. Prises.
‒ Tu
as décidément très bon goût.
‒ Toi
aussi !
On
s’est serrées l’une contre l’autre. Ses seins contre les
miens. J’en ai senti les pointes se dresser. J’ai posé mes mains
sur ses fesses. En ai glissé une dans sa culotte, ai fait aller
doucement mon pouce dans le sillon entre elles. Elle a laissé aller
sa tête dans mon cou. Y a doucement haleté. Je l’ai déshabillée.
Complètement. Poussée vers le lit. J’ai enfoui mes lèvres entre
ses cuisses. Elle s’est ouverte, abandonnée. J’ai longuement
parcouru, de ma langue, ses replis soyeux.
‒ Là
aussi, tu as bon goût.
Une
petite incursion entre eux. Et puis son bouton. Que j’ai pressé,
fait rouler, suçoté, mordillé. Elle a gémi. Un doigt, en même
temps, à tourbillonner aux abords de son petit trou froncé. Que
j’ai enduit de sa mouille. Que j’ai patiemment entrouvert. Dans
lequel je me suis faufilé. Son plaisir a surgi. Elle l’a chanté,
ses mains ancrées dans mes cheveux. À pleine voix. À pleins
poumons.
On
s’est pelotonnées l’une contre l’autre.
Elle
m’a caressé la joue.
‒ Et
toi ?
‒ Tout
à l’heure. On a tout notre temps.
Elle
s’est blottie contre moi.
‒ On
peut bien dire ce qu’on veut, mais…
Son
téléphone a sonné.
‒ Et
zut !
C’était
Théo. Qui nous faisait faux bond. Qu’était désolé.
‒ Un
truc au boulot. Qu’était pas prévu. Je peux vraiment pas me
libérer.
‒ Ça
fait rien. Il y aura d’autres occasions.
Elle
a raccroché.
‒ J’y
crois qu’à moitié, moi, à son truc. Il y aurait une nana
là-dessous… En attendant, il sait pas ce qu’il perd. Parce qu’il
fera pas la connaissance de Mélanie. Qu’aurait été très à son
goût, je suis sûre.
‒ Et
qui serait sûrement pas venue. Parce que, tel que je sens le truc,
elle doit être en train de filer le parfait amour avec le type du
banc, là, tout à l’heure. Elle nous a oubliées.
‒ Il
y a toutes les chances, oui.
‒ Eh
ben, on va se faire une dernière petite soirée toutes les deux
alors…
‒ Dernière ?
‒ Pour
le moment en tout cas. Je rentre demain. C’était prévu. Mais on
pourra continuer à se voir là-haut. Si ça te tente, bien sûr !
Si t’as envie…
‒ Tu
parles si j’ai envie !
Et
nos lèvres se sont à nouveau cherchées ? Trouvées.
FIN