samedi 24 avril 2010

Fessées ( 1 )

L A

F E S S E E

D E

C H A R L O T T E




- C’est encore en train de s’engueuler à côté… Et grave… Ce que j’en ai marre !…
Chaque fois que ses parents « s’expliquent » - et c’est souvent… et c’est très « engagé » - Charlotte vient se réfugier chez moi…
- Au moins ici c’est calme !…
Elle s’assied sur la petite chaise basse près de la fenêtre et elle parle… Pendant des heures… Intarissable…
- Si seulement je pouvais foutre le camp !… Mais il y a la fac… Je vivrais de quoi ?… De petits boulots ?… J’ai déjà essayé… Ca m’a fait rater mon année… A moins qu’avec Thibault… On s’entend super bien tous les deux… On y arriverait… Seulement pour le bouger Thibault… Il te dit toujours oui… Ca il y a pas de problème… Mais dès qu’il s’agit de passer à l’acte c’est toujours « Après »… « Plus tard »… « On a bien le temps »… Il m’agace… Ce qu’il peut m’agacer des fois…
Elle finit par se lever avec un profond soupir…
- Bon… Faut que je retourne à côté… Ca va me retomber dessus sinon… En tout cas comment j’aime ça parler avec toi… Si, c’est vrai !… Tu comprends plein de choses pour quelqu’un de ton âge…


En larmes… En sanglots hoquetants… Irrépressibles… Ravageurs…
- Eh bien qu’est-ce qui t’arrive ?… C’est quoi ce gros chagrin ?…
Elle s’est jetée comme une désespérée dans mes bras, a enfoui la tête dans mon cou…
- J’ai mal !… J’ai si mal…
- C’est Thibault, c’est ça ?…
Elle a fait signe que oui…
- Il te trompe ?… Il a quelqu’un d’autre ?…
Non… Non… C’était pas ça… Non…
- Il veut plus de moi !…
Elle s’est dégagée, s’est laissé tomber sur le canapé et a redoublé de sanglots…
- Vous vous êtes disputés ?… Bon… Mais ça peut peut-être s’arranger…
- Non… Ca s’arrangera pas… Non… Si tu savais tout ce qu’il m’a dit !… De tout il m’a traitée… De sale petite vicieuse… De cinglée… De désaxée… Que je ferais mieux d’aller me faire soigner… Et il veut plus jamais entendre parler de moi…
- Eh ben dis donc !… Et la raison de tout ça ?…
- Oh, rien… Des conneries…
- Des grosses conneries alors !…
- Oui… Non… Mais si je te le dis, toi aussi tu vas croire que je suis folle…
- Et si tu le dis pas je vais tout imaginer… Les pires perversions…
- Oh, non !… Mais c’est un truc… Disons que je lui ai demandé de me faire quelque chose…
- De te donner une fessée ?…
Elle a levé sur moi un regard stupéfait…
- Hein ?… Mais comment tu le sais?…
- Si c’est que ça !… Il y a vraiment pas de quoi fouetter un chat…
Elle a eu un bref fou rire nerveux…
- Si, justement il y a de quoi fouetter…
Elle est redevenue sérieuse, presque grave…
- Si tu savais comment ça m’habite cette idée d’en avoir une un jour… Une vraie… Une bonne… Je pense qu’à ça des fois… Pendant des semaines… Mais à qui tu veux que je demande une chose pareille ?… Thibault… J’ai cru… Parce qu’on s’entendait bien… Parce qu’il se prend pas la tête… Et voilà le résultat… Je suis pas près de recommencer… J’en parlerai plus… Jamais… A personne…



- Et allez !… C’est reparti pour un tour à côté… Ils vont finir par foutre le feu à la baraque, oui… Mais dis… Pour ce que je t’ai raconté hier… ça reste entre nous, hein !?…
- Bouche cousue… Mais tu sais que c’est pas bien du tout d’avoir des pensées comme ça ?!…
Elle a rougi, baissé les yeux d’un air contrit…
- C’est pas de ma faute… J’y peux rien… Ca vient tout seul…
- Il n’empêche… Tu sais ce que tu mériterais pour la peine?…
Un court regard interrogateur…
- Une bonne fessée…
Ses yeux se sont embrumés… Quelque chose d’un noir intense, profond, y est passé…
- Non ?… Tu crois pas ?…
- Si…
D’une toute petite voix… Dans un souffle…
- Une bonne fessée déculottée… Et tu vas la recevoir…



Par le bras, fermement, jusqu’au canapé où je me suis assis… J’ai pris ses mains entre les miennes… Je l’ai attirée vers moi, tout près, ses jambes contre ma cuisse…
- Tu me promets de faire des efforts ?… D’essayer de chasser ces vilaines idées ?…
- Oui…
- Plus fort… J’ai pas bien entendu…
- Oui…
Je l’ai doucement, tout doucement, fait basculer en travers de mes genoux… installée… calée… J’ai relevé la robe jusqu’à la taille…
- Etre obligé d’en arriver là… Une grande fille de ton âge… Tu n’as pas honte ?… - Si…
- 23 ans… 23 ans et…
J’ai poussé un profond soupir, tiré sur la culotte que j’ai baissée, descendue jusqu’en haut des cuisses… J’ai posé une main sur ses fesses, légère, l’y ai laissée…
- Si au moins j’étais sûr que ça serve à quelque chose !… Que tu vas t’amender… Mais ça !… La première claque l’a fait sursauter, lui a arraché un gémissement… J’ai fait attendre la seconde… La troisième… Une dizaine… A intervalles irréguliers, imprévisibles… Qui l’ont chaque fois surprise… Fait bondir bien haut du derrière… Et puis, d’un coup, en pluie… en grêle… en rafale… Elle a accompagné, tout du long, d’une longue plainte continue de fond de gorge… J’ai ralenti, espacé, arrêté…



- Tu sais que ça t’a donné de belles couleurs ?… Ca te va à ravir…
Elle s’est très lentement retournée… redressée… Elle est restée assise sur mes genoux… Elle a passé un bras autour de mon cou…
- Merci…
chuchoté à l’oreille…
- C’était bien… beaucoup mieux encore que quand j’imagine… On n’a pas bougé… Au dehors le soleil jouait à la cime du grand chêne… Des oiseaux s’égosillaient… On a laissé s’éterniser le moment… Et puis… comme un tremblement d’abord… ténu, retenu, presque imperceptible… Qui s’est élargi, amplifié, s’est fait vibration… Houle… Vagues… Rouleaux… Elle a rejeté la tête en arrière… Les veines de son cou se sont affolées… sa bouche s’est entrouverte… Et c’est venu… Elle m’a laissé ses yeux… Jusqu’au bout… Tout s’est apaisé, est retombé… Elle m’a souri…
- Dis, s’il te plaît, tu me puniras aussi pour ça ?…
Et elle a quitté mes genoux…








II







- Tu t’en vas déjà ?… Pourquoi tu files toujours comme une voleuse aussitôt que c’est fini ?…
- Parce que… mais tu vas pas te moquer de moi, hein ?… parce que j’aime trop ça d’aller me promener dans la rue juste après, au milieu des gens… Ca te brûle un max… Ca te fait de la chaleur qui se répand partout… Qui monte et qui descend dans tous les sens… Et eux, autour, qui savent rien… Qui vaquent à leurs petites affaires sans se douter que tu viens d’en prendre une… Et carabinée… Comment j’aime ça !…
- Pourquoi tu remets ta culotte alors ?… Ce serait encore meilleur sans culotte…
- Oh oui, oui !… J’ai essayé une fois… T’as l’air qui rentre… T’as la robe qui frotte dessus… Ca t’effleure… Ca te râpe… Ca te réveille tout… C’est à la fois insupportable et, en même temps, incroyablement agréable… agréable parce que c’est insupportable justement… Je sais pas si tu me comprends…
- Oh, si !… Pourquoi tu recommences pas alors ?…
- C’est bien trop dangereux, attends !… T’imagines ?!… Un coup de vent ou n’importe quoi d’autre… La robe qui se relève… Comment je serais grillée !…
- Parce qu’on est dans une petite ville où tout le monde se connaît, mais ailleurs !… Ca te dirait pas ailleurs ?



Elle a choisi Lyon…
- Pourquoi Lyon ?…
- J’y ai jamais mis les pieds… Je connais personne… Au moins là il y a pas de risques…
Une longue fessée débridée dans la chambre d’hôtel…
- Que tu profites bien de notre promenade !…
Et on est descendus… On s’est laissé dériver, porter jusqu’à la rue de la République qu’on a lentement remontée, sans un mot, fondus dans la foule du samedi, sur toute sa longueur… Demi-tour… Dans l’autre sens… Avec de multiples arrêts-vitrine… Et puis encore…
- Ca te plaît, hein ?…
- Et comment !…
- Ca se voit !…
Elle a levé sur moi des yeux interrogateurs, suivi mon regard… Deux petites taches humides s’étaient formées à hauteur du bas-ventre, s’élargissaient, conquérantes…
- Wouah !… La honte !…



Et elle s’est engouffrée dans la première boutique venue… Pour s’emparer, sur le premier portant venu, de la première robe venue dont elle s’est fait un rempart jusqu’à la cabine d’essayage…
- Ca me va, tu crois ?…
- Essaies-en d’autres…
- Tu vas m’en chercher, s’il te plaît ?… Tu vois bien à peu près mes goûts… Quatre ou cinq, au hasard…
- Merci… Elle fait quoi la vendeuse ?…
- Elle finit avec une cliente… Pourquoi ?…
- Comme ça… Pour rien…
- Oh non, pas pour rien… Non… Mais parce que si elle écartait le rideau pour voir si tu as besoin d’elle elle risquerait de s’apercevoir que Charlotte se promène sans culotte et qu’elle a reçu la fessée… Et Charlotte aurait terriblement honte… Et Charlotte aime la honte… Plus que n’importe quoi d’autre…
- Toi, tu comprends beaucoup trop de choses…
- Je peux m’arranger pour qu’elle vienne…
- Oh non !…
- Elle te connaît pas… Tu la reverras jamais…
- Tu vas pas faire ça ?…
- Bien sûr que si !



Dans la rue on a marché un bon moment en silence…
- Qu’est-ce qu’elle a pensé, tu crois ?…
- Qu’est-ce que tu veux qu’elle ait pensé ?… C’était clair comme de l’eau de roche…
- Elle doit se dire que tu m’as punie… Et se demander pourquoi…
- Tu le seras en tout cas… Ce soir… Tu l’as amplement mérité aujourd’hui, non, tu crois pas ?…
- Si !… Mais dis, on recommencera un truc comme ça ?…
Deux jeunes s’avançaient vers nous, sur le trottoir, en balançant leurs sacs de sport à bout de bras…
- Ils vont se retourner sur toi, ces deux-là… Obligé… Alors… Un geste apparemment maladroit et…
Ils sont arrivés à notre hauteur, ont cherché son regard, nous ont dépassés…
- Tu l’as pas fait…
- Non… Il faut pas abuser des bonnes choses… Et c’est tellement mieux quand on s’y attend pas, non, tu crois pas ?



Dans la salle du petit déjeuner un couple de retraités est venu s’installer à la table juste à côté de la nôtre, a aussitôt engagé la conversation… On était en Vacances ?… Non ?… Oh, ils voulaient pas être indiscrets… Comment on trouvait Lyon ?… Une belle ville, hein ?!… Et c’est votre fille, là, la jeune fille?…
- Pas vraiment, non… Disons que je suis chargé de son éducation…
Ils ont hoché la tête…
- Ah, ils sont pas faciles les jeunes aujourd’hui… Non, ils sont pas faciles… Mais vous avez raison : il faut se montrer ferme avec eux… C’est leur rendre service… Sa femme a cru bon de préciser…
- Oui… On entend tout dans ces hôtels d’une chambre à l’autre…
- Tu verras… Comment tu t’appelles ?…
- Charlotte…
- Tu verras, Charlotte, tu le remercieras plus tard… Non, tu crois pas ?…
- Si !…
- Ah, tu vois, tu es raisonnable déjà…



- On y va ?…
Comme par inadvertance, en repoussant sa chaise, j’ai fait remonter haut la robe… Derrière nous il y a eu un « Oh ! » scandalisé…
- Tu as vu, Lucien ?… Tu as vu ?… Et en plus elle met pas de culotte !… Ah, je le plains le pauvre monsieur…
Elle a entamé l’escalier…
- Je remonte un peu dans la chambre… J’ai trop envie de me le faire… Tu m’attends ?







III







- Tu voudras jamais n’importe comment… C’est pas la peine…
- Je voudrai jamais quoi ?…
- Un truc que ça alors si on le faisait comment j’aimerais !…
- Si tu dis pas ce que c’est…
- C’est… c’est que tu m’en promettes une devant plein de gens qui seraient autour et qui entendraient… Que j’aie honte comme c’est pas possible d’avoir honte…
- Ca, c’est pas bien difficile à réaliser… A la caisse d’un Supermarché par exemple…
- Mais alors pas ici, hein !… On retourne à Lyon…



- Fais attention, Charlotte , fais bien attention !…
On avait choisi la queue la plus longue…
- Mais j’ai rien fait… Qu’est-ce que j’ai fait ?…
- Fiche-toi bien de moi en plus !… Mais attends… Attends qu’on soit rentrés… On verra si tu fais autant ta maligne… Parce que je peux te dire que cette fois tu vas pas y couper… Et que tu vas t’en souvenir… Elles vont te chauffer un moment les fesses…



- Ils faisaient quoi les gens ?… J’osais pas regarder, moi !…
- Oui, t’avais un petits air contrit qui t’allait à merveille… C’était criant de vérité…
- Ils ont entendu ?… Ils se sont rendu compte ?…
- Oh que oui !… Je parlais assez fort, non ?…
- Et alors ?…
- Alors… Ben alors le couple derrière nous a longuement commenté à voix basse… Jusqu’à ce qu’on s’en aille ils ne t’ont pas quittée des yeux… Il y avait un jeune, juste après, qui rigolait franchement… Quant aux deux petits vieux à la caisse à côté il fallait voir leur tête… Sidérés ils étaient… Littéralement sidérés… Et la caissière !… Alors là la caissière…
- Oui… Elle, j’ai un peu vu… Je suis sûre qu’elle en prend aussi…



- Evidemment ce qu’il faudrait c’est que tu m’en donnes vraiment une devant du monde… Seulement ça !…
- Pourquoi pas ?…
- Non, mais c’est pas possible, attends !… T’imagines ?…
- En grande surface c’est pas possible, non, ça c’est sûr, mais dans un petit magasin un peu à l’écart si les circonstances s’y prêtent…



- Là ?…
C’était un type d’une cinquantaine d’années qui l’a avidement dévorée du regard, par en dessous, tandis qu’elle déambulait au milieu des strings, culottes et soutien-gorge, tâtant ici, décrochant là, reposant, recommençant un peu plus loin…
- Si la demoiselle veut essayer il y a une cabine…
Qui se trouvait juste en face de la caisse…
- Non, non, merci… Ca ira…



- Ben alors ?!… Tu me l’as pas donnée… Tu t’es dégonflé ?…
- Faut une raison pour donner une fessée… Ca se donne pas sans raison…
- Et t’en as pas trouvé ?…
- Si, maintenant j’en ai une…
Et j’ai sorti de ma poche un minuscule petit string…
- C’est pas beau de voler… On t’a jamais appris ça ?… Alors tu vas me faire le plaisir de rapporter ça à ce monsieur tout de suite…



Elle l’a posé très vite sur la caisse, s’est aussitôt enfuie…
- Pas si vite !…
Je l’ai rattrapée par le bras, ramenée…
- Pas si vite… Tu vas présenter tes excuses à ce monsieur…
- Excusez-moi, monsieur… Je suis désolée…
- Ca commence à bien faire, Charlotte… Ca commence à bien faire… Tu sais ce que je t’avais dit… Si jamais je t’y reprenais…
- Oh non !… S’il te plaît, non !…
- C’est ce qu’on va voir… Ca a assez duré cette comédie… Je vais t’en faire passer l’envie, moi… Une bonne fois pour toutes…



Elle a voulu échapper et je l’ai pourchassée, un bon moment, à travers tout le magasin, finalement acculée contre un mur…
- Cette fois tu n’y couperas pas…
- Pas ça !… Non !… Pas ça !…
Mais j’ai retroussé la robe, baissé la culotte et tapé… A pleine main… Le type s’était approché… Tout près… Une jeune femme aussi, sortie d’on ne sait où, qui regardait par dessus son épaule… Charlotte a crié, pleuré, supplié, promis… Je me suis montré impitoyable… Son derrière a pris les plus ravissantes des couleurs… J’ai cessé… Elle s’est reculottée sans un mot, est passée, les yeux baissés, devant eux…



- Non, mais comment c’était excitant !… C’est de la folie !… On recommencera, hein, tu me promets ?…
- Quand tu voudras… Mais t’es bien pressée… Tu cours où comme ça ?…
- A l’hôtel… Il faut absolument que je me le fasse… Tout de suite…
- Devant moi alors !… J’ai bien mérité ça, non ?…








IV






- Tu sais quoi ?… Je l’ai raconté à quelqu’un – un copain à la fac – que tu me flanquais la fessée… J’avais bien trop envie qu’il y ait quelqu’un qui sache… Mais pas n’importe qui… Quelqu’un que je connais, que je vois tous les jours… Quelqu’un qui soit obligé d’y penser chaque fois qu’il me voit et que moi je sois obligée d’avoir honte en pensant qu’il y pense…
- Et t’as pas peur qu’il aille le chanter sur les toits ?…
- Oh non, non !… Parce que lui aussi il m’a dit des choses qu’il aurait vraiment pas intérêt à ce qu’on sache…
- Qu’est-ce que tu lui as raconté au juste ?…
- Pas la vérité, attends !… Ce serait pas drôle… Non… Que tu me punis chaque fois que je fais des bêtises ou des trucs que tu veux pas…
- Et il a pris ça comment ?…
- Il me plaint… Il arrête pas de me plaindre… « - Ma pauvre !… Mais faut pas te laisser faire !… Il a pas le droit… »… Mais en même temps il arrête pas de me poser des tas de questions… Si tu me baisses ma petite culotte… Si tu tapes fort… Et c’était quand la dernière fois que j’en ai pris une ?… Et qu’est-ce que j’avais fait ?… Ca le met dans tous ses états, je le vois bien… Moi aussi d’ailleurs !… Comment j’aime ça en parler !…



- Il me croit pas !…
- Comment ça il te croit pas ?…
- Non… Il me croit plus… Il dit que j’invente… Que je l’ai jamais reçue la fessée… Et que t’existes même pas !… Oh, mais il va voir !… Il va voir si je suis une menteuse… Il va voir…
- Bon… Alors si je comprends bien t’es venue chercher des preuves toutes chaudes que tu vas te dépêcher d’aller lui mettre sous le nez…
- Oui… Non… Il me croirait quand même pas si ça tombe… Il penserait que je me le suis fait toute seule… Et puis attends !… Je peux quand même pas m’amener comme ça et me foutre le cul à l’air… « C’est moi qu’avais raison, na na naire ! »… T’imagines ?…
- C’est peut-être justement pour ça – pour que tu lui montres – qu’il fait semblant de pas te croire…
- Oui, ben je pourrai jamais… Non… Tu sais ce qu’il faudrait ?… C’est que tu m’en colles une devant lui… Là j’aurais pas le choix… Un jour qu’on travaillerait ensemble chez moi… Tu te pointerais et tu serais tellement en colère que tu ferais même pas attention à lui… Il serait bien obligé de voir que t’existes… Comment j’aurais honte !… Comment ça me plairait !…



Je n’ai pas frappé… Je suis allé droit sur elle…
- Fais-moi voir tes relevés de compte…
- Hein ?!… Mais pourquoi ?… Je sais pas où ils sont…
- Ben tâche de les trouver…
Elle a soulevé des piles de livres, déplacé des bibelots, fini par les extirper, à contre-cœur, tout froissés, du fond d’un tiroir…
- Donne !… J’ai fait mine de les parcourir…
- C’est quoi cette carte bleue ?… 272 euros… Encore des sapes évidemment… Et là, 89 euros… Des DVD bien sûr !… Et là !… Et là !… Non, mais tu te rends compte des sommes que ça finit par faire !…
- Ce sont mes thunes… C’est moi que ça regarde…
- Non, mais dis donc, je me suis porté garant, je te rappelle… Et la banque vient encore de me klaxonner… J’en ai marre, mais marre d’être obligé de renflouer ton compte tous les mois… Alors cette fois ça suffit !… Tu sais ce qui t’attend… Ce n’est pas faute de t’avoir prévenue…
- Non !… Non !… Pas ça !… Non, s’il te plaît !… Je le ferai plus, j’te promets !…
- Tu les tiens jamais tes promesses !… Moi, si !…
Et je l’ai empoignée…



- Qu’est-ce que t’as braillé !… Ca faisait vraiment beaucoup plus mal que d’habitude ?…
- Oh non !… Non !… Pareil… Mais fallait bien en rajouter un peu…
- Et qu’est-ce t’as gigoté !… Tu lui as offert des aperçus saisissants, dis donc !…
- Oui, bon, ça va !… Ce que je regrette quand même, c’est que placée comme j’étais, je pouvais pas voir sa tête pendant ce temps-là…
- Moi non plus !… J’étais supposé ne pas même avoir remarqué qu’il était là… Et après, quand j’ai été parti, il s’est passé quoi ?…
- Après ?… J’ai pleuré… Toutes les larmes de mon corps… Il a voulu me consoler… Je l’ai repoussé… « - Ah non, non !… Fous-moi la paix, toi !… Et puis dégage !… Je veux plus jamais te voir… J’ai bien trop honte… Et talali et talala… »… Je suis douée, hein ?…









L E

M A G A S I N

D E

C H A U S S U R E S







- Julie !… C’est pas vrai !… Depuis le temps!… Ben entre, reste pas là !… Alors raconte !… Qu’est-ce que tu deviens ?…
- Oh pas grand chose!… Toujours pareil !… Ludo m’a plaquée… Mais cette fois c’est définitif… Ca fera un an demain… Et je cherche du boulot… Je trouve rien… Mais ce qui s’appelle rien… Et toi ?…
- Oh moi, toujours célibataire… Mais je me prends pas la tête… Ca viendra quand ça viendra…
- Toujours à la parfumerie ?…
- La parf… Oh non… non… Il y a longtemps… Non… Je suis dans la chaussure maintenant… Je me plains pas… Je gagne bien ma vie…
- Ah oui ?!… Sans indiscrétion tu te fais combien ?…
- Deux mille huit…
- Deux mille huit cents euros ?!… Comme vendeuse ?… Eh ben dis donc !… C’est où ça ?… Ils chercheraient pas quelqu’un des fois ?…
- Si !… Si !… Justement… Il y en a une qui s’en va… Pour suivre son mec…
- Ah oui ?!… Et si tu leur parlais de moi tu crois que…
- Oh sûrement !… A condition que…
- A condition que quoi ?… Moi, à ce prix-là… je veux bien accepter toutes les conditions qu’on veut…
- Ecoute… Tu me promets que tu le répéteras pas ?… A personne ?…
- Evidemment… Tu me connais…
- Un salaire comme ça tu te doutes bien que tu le touches pas partout…
- Ca !…
- Qu’il y a forcément des contreparties… Et, là, en contrepartie, il faut que tu acceptes d’être punie… Chaque fois que tu l’as mérité… Chaque fois qu’on n’est pas content de ton travail… Ou que tu…
- Punie ?… Comment ça punie ?…
- Ben punie, quoi !… Des fessées… Des trucs comme ça…
- On te donne la fessée ?…
- Oui, mais seulement quand…
- Ils sont complètement fous là-dedans… T’es complètement folle…



- Dis… Pour ce que tu m’as raconté l’autre jour…
- J’aurais mieux fait de me taire… J’aurais bien dû me douter que forcément tu allais …
- C’est vrai ?… J’arrive pas à y croire… On te la donne vraiment?…
- Pas seulement à moi… Aux autres aussi…
- Et c’est qui qui fait ça?…
- Madame Valon… la patronne… Lui aussi des fois ça arrive… Mais c’est rare… - Ils tapent fort ?…
- Plutôt… Oui… Surtout elle…
- Ils vous baissent pas la culotte quand même ?… Si ?!… Ils vous la baissent ?… Mais c’est quand vous faites quoi alors qu’ils vous la donnent ?…
- Je t’ai déjà dit… Si tu fais mal ton boulot… Ou qu’une cliente se plaint de toi… Ou que t’arrives trop en retard… Mais enfin faut pas exagérer non plus… C’est pas si souvent… Moi, en un an et demi, je l’ai eue que quatre fois… Les autres à peu près pareil… Il y a que Mélanie… Mais enfin Mélanie, elle, elle cherche aussi…
- Mais alors supposons que j’y rentre, moi, là-dedans… Si je me tiens à carreau… si je fais tout bien comme il faut… je l’aurai jamais ?… J’empocherai les 2800 euros et je l’aurai pas…
- En théorie c’est possible, oui… Je m’étais dit la même chose… Seulement dans la réalité il arrive forcément un moment où il y a quelque chose qui tourne de travers… C’est obligé… Mais enfin c’est pas si terrible que ça, tu sais, finalement !… On s’y fait…



Madame Valon lui a présenté ses collègues… L’une après l’autre… Karine… Joëlle… Mélanie…
- Quant à Coralie, tu connais déjà…
Elle lui a fait visiter le magasin… l’a entraînée dans la réserve…
- Tu t’habitueras vite, tu verras…
L’a regardée faire une première vente…
- Bon… Tu te débrouilles pas si mal…
Et elle l’a emmenée dans le bureau signer le contrat…
- Tu connais les clauses… Inutile que je te les rappelle…
Elle connaissait… Oui… Oui… Non… C’était pas la peine…



- Elles sont sympas… Toutes… Si, c’est vrai…
- Oh, ça va !… Faut pas se plaindre… Mais méfie-toi un peu de Karine quand même… Elle parle trop… Elle peut pas tenir sa langue… Tu peux être tranquille que tout ce que tu lui diras ça fera le tour…
- A Joëlle on la lui donne pas quand même ?…
- Ben pourquoi ?…
- Elle a au moins 50 ans !…
- 53… Et alors ?!…
- On la lui donne ?…
- Ben bien sûr !… Comme aux autres…



Mélanie l’a reçue trois fois en quinze jours…
- On dirait qu’elle le fait exprès…
- Ben bien sûr qu’elle le fait exprès… Je te l’ai dit : elle aime ça… Tu vois pas la tête qu’elle fait après quand elle sort du bureau ?… Elle prend son pied…
- Mais comment on peut aimer ça ?… Moi, si ça m’arrivait…
- Chacun son truc… Si elle y trouve son compte tant mieux pour elle…
- Et elle le sait Madame Valon ?…
Elle a haussé les épaules…
- Evidemment qu’elle le sait !… Elle nous connaît toutes par cœur à force…



- Joëlle !…
- Oui, Madame…
- Qu’est-ce que je vous avais demandé ?…
- J’ai oublié… Il y eu du monde et j’ai oublié…
- Ce n’est pas une excuse… C’est vous que j’en avais chargée… Vos collègues sont suffisamment nombreuses pour faire face à l’afflux de clientèle… On réglera ça ce soir, Joëlle, après la fermeture…
Coralie a chuchoté…
- Après la fermeture ça ça veut dire qu’on va toutes y assister…



- Allez, Joëlle !…
Elle n’a rien dit… Elle est allé se pencher à l’équerre sur le bureau, a relevé sa robe jusqu’au-dessus de la taille… Et Madame Valon lui a descendu la culotte… Jusqu’en bas…
- C’est la troisième fois, Joëlle… Pour la même raison… Vous savez ce que ça signifie…
Monsieur Valon lui a tendu un martinet et elle a cinglé… A grands coups réguliers… Bien espacés… Joëlle se cabrait chaque fois en criant… De plus en plus haut… De plus en plus fort… Et elle comptait…
- Dix-huit… Dix-neuf… Vingt…
- Le compte est bon…
Et Madame Valon a jeté le martinet… Le derrière de Joëlle était tout strié de longues traînées boursouflées…



- Des fessées t’avais dit !… C’est pas des fessées , ça !…
- C’est le traitement spécial… Quand t’as déjà été punie trois fois pour la même chose… C’est écrit dans le contrat… Tu l’as pas lu ?…
- Ca t’est déjà arrivé ?…
- Non… Jamais…
- Moi non plus ça m’arrivera pas… Même les fessées ça m’arrivera pas… J’en suis sûre… Il suffit que tu fasses super attention à tout et ça peut pas t’arriver…



- Madame ?… Vous désirez ?…
C’était une femme d’une soixantaine d’années en manteau de fourrure avec tout un tas de bagues et de colliers… Du vrai… Pas du toc… Et un air d’insupportable supériorité inscrit sur la figure…
- Tu es nouvelle, toi !… Tu crois que tu vas savoir me servir ?… Oui ?… On va voir ça… Sors-moi les escarpins noirs de la vitrine…
- On a les mêmes en réserve… Vous faites quelle pointure ?…
- 37…
Et… Impossible…
- Fais attention, petite sotte, tu me fais mal…
Impossible, avec la meilleure volonté du monde, de lui rentrer le pied dedans…
- Il vous faut du 38… Peut-être même du 39…
- Qu’est-ce que tu me racontes ?… Je te dis que je fais du 37…
Nouvelle tentative… Sans plus de succès…
- Tu le fais exprès… Je suis sûre que tu le fais exprès… Mais ça va pas se passer comme ça… Je te jure que ça va pas se passer comme ça…
Et elle a filé, à grandes enjambées, vers le bureau…



- Julie… Tu peux venir voir là ?… Allez !… En position…
- Hein ?!… Mais c’est pas juste… C’est elle qui…
- N’aggrave pas ton cas… En position j’ai dit… Relève ta robe !… Plus haut !… Encore !… Allez !…
Et elle a sèchement tiré sur la culotte… Elle l’a descendue… Elle n’a pas tapé tout de suite… Elle est allée et venue derrière… A ouvert un tiroir… Dit quelque chose, à mi-voix, à la cliente… Remué des papiers… C’est tombé d’un coup… Brutal… Mordant… Brûlant… Les claques en grêle rapide les unes derrière les autres… Ne pas crier… Ne pas desserrer les genoux… Surtout ne pas desserrer les genoux… Ca s’est amplifié… Plus rapide… Plus fort… Insupportable… Elle a crié… A pleins poumons… Elle s’est disloquée, à jambes folles, dans tous les sens…
- Là… Et maintenant tu retournes t’occuper de Madame Bernon… Et cette fois tâche de…



- Parfait… Parfait… Tu vois ce que je te disais… C’est du 39 qu’il me faut… Et toi qui t’entêtais à vouloir absolument me faire prendre du 37… Les gamines dans ton genre qui veulent toujours avoir raison il n’y a qu’une solution avec elles… Il n’y a que ça qui soit efficace… La preuve !…
Elle s’est levée…
- Aide-moi à mettre mon manteau…
Elle a glissé discrètement un gros pourboire…
- Merci, Madame…
- Je reviendrai… Je reviendrai… Et c’est toi qui t’occuperas de moi… Je ne veux plus avoir affaire qu’à toi…



- Eh bien tu vois… Tu vas les avoir tes trois fois finalement… Et ça va aller vite en plus…










E N

P U B L I C







- C’est vraiment des trucs de malades ça !… Là-dessus il était catégorique Romain… Comme sur tout d’ailleurs… Jamais le moindre doute sur quoi que ce soit… Il a même enfoncé un peu plus le clou…
- Moi, je saurais que ma femme pense à des trucs pareils…



Il le saurait pas… Pas de risque… Quant à n’y pas penser… Il y avait des années et des années que c’était là, chevillé à elle… Tous les jours ça revenait… Plusieurs fois par jour… En rêves… En images… En histoires… Ca l’emportait… Ca la transportait… Ca la déposait alanguie et épuisée au petit matin sur les bords du sommeil… Ca prenait de plus en plus de place au fil du temps… Presque toute la place… Ca occupait toutes ses journées… Ca devenait envahissant…
- Je deviens folle… Il a raison Romain… Je suis folle…



Folle ?… Il y en avait des fous alors !… Des quantités… Des dizaines et des dizaines de sites il existait là-dessus… Avec des tas d’hommes et de femmes qui en parlaient en toute liberté… Comme si ça allait de soi… Elle a longtemps suivi leurs échanges, par-dessus leurs épaules, le cœur battant, la tête en feu, avant de finir par oser se lancer, à son tour, sur la pointe des pieds…



Chrystelle c’était son mari qui la lui donnait… Presque tous les jours… Il trouvait toujours un prétexte… Et quand il n’en avait pas elle lui en offrait…
- Et toi ?… C’est aussi ton mari ?…
- Oui, ben ça, il y a pas de risque !…
- C’est qui alors ?…
- Personne…
- Personne ?!… C’est pas vrai !… Comment tu fais ?… Je pourrais jamais, moi !… Mais tu l’as déjà reçue au moins ?… Non ?… T’es rien qu’une fantasmeuse alors ?!… Ah ben si, si !… Comment tu veux appeler ça autrement ?…



Une fantasmeuse… Des hommes aussi le disaient… Qui fondaient sur elle comme sur une proie… Qui se faisaient charmeurs… Persuasifs… Qui exigeaient presque tout de suite un rendez-vous…
- Tu verras… Avec moi tu seras pas déçue… Comment il va fumer ton cul !…
Tu m’en diras des nouvelles… De plus en plus pressants, insistants, impatients… - Alors c’est pour aujourd’hui ou pour demain ?!… Qui la congédiaient, excédés, au bout de quelques jours…
- C’est bon… Tu m’as assez amusé comme ça… Continue à t’exciter toute seule… Bye !…



Bernard, lui, n’était pas comme les autres… Il ne demandait rien… Il ne voulait rien… Il l’écoutait… La faisait parler…
- Tu l’as jamais eue ?… Vraiment jamais ?… Même toute petite ?…
- Même…
- Mais d’où ça te vient alors ?… Tu sais pas ?… Ca remonte forcément de quelque part… De quelque chose qui a eu lieu un jour… Peut-être enfoui très loin… Parce que tu n’as pas envie de t’en souvenir… Parce que tu ne peux pas…



Et oui… Oui… Ca avait affleuré quelquefois, oui, mais elle ne l’avait pas laissé émerger… Oui… Elle avait 10 ans et son cousin Damien 15… Et, ce jour-là, elle l’avait entraîné jusqu’à la rivière… Des barques étaient arrimées, côte à côte, tout au long de la berge et elle avait entrepris de sauter à pieds joints de l’une à l’autre… Il l’avait suivie à contrecœur…
- Et si on en prenait une pour aller faire un tour ?…
- Ca va pas !?… C’est beaucoup trop dangereux…
- Oh, tu parles !… Quelle poule mouillée tu fais !…
Elle en avait détaché une, malgré ses protestations, et vogue la galère !… Ils étaient au beau milieu de la rivière quand ils avaient constaté, avec effroi, que leur embarcation prenait l’eau… Avec une rapidité !… Panique… Des pêcheurs qui avaient suivi toute la scène s’étaient précipités à leur secours et les avaient ramenés à la maison… Où les avait accueillis grand-père qui, sans un mot, le visage fermé, les avait entraînés dans son bureau… Et là, il avait déculotté Damien - complètement - et lui avait flanqué une magistrale et interminable fessée… Damien avait crié, pleuré, gigoté, supplié… Grand-père s’était montré intraitable et l’avait expédié dans sa chambre, les fesses cramoisies, aussitôt la punition terminée…
- Quant à toi… Quant à toi tu n’es pas obligée de suivre ton cousin les yeux fermés chaque fois que l’une de ses idées lumineuses lui passe par la tête… Allez, file rejoindre tes cousines !…
Elle n’avait pas demandé son reste, trop heureuse de s’en tirer à si bon compte… De tout l’été Damien ne lui avait plus adressé une seule fois la parole…




Mais le pire - il savait pas le pire ? - le pire, c’est qu’elle avait pris du plaisir - et un plaisir intense - à voir son cousin ainsi puni devant elle… Du plaisir à le voir nu alors qu’il s’était toujours montré extrêmement pudique… A contempler son derrière qui rougissait à vue d’œil et se tortillait sous les claques… A regarder les deux boules qui ballottaient piteusement en cadence entre les fesses… A l’entendre geindre, se plaindre et hurler à la fin… Du plaisir à sa honte quand il s’était enfui vers sa chambre… Et surtout - surtout - une trouble satisfaction à le savoir puni à sa place… Voilà… Voilà… Il y avait vraiment pas de quoi être fière… Et… elle l’avait revu ?…
- Oui… A l’occasion de diverses circonstances familiales… Des mariages.. Des communions…
- Et ?…
- Et rien… Il n’en a jamais été question entre nous… Ca fait trente ans maintenant… Il a dû oublier…
- Parce que tu crois vraiment qu’on peut oublier une chose pareille ?…



Lui, il avait découvert la fessée à douze ans dans un livre dissimulé derrière des revues techniques tout en haut de la bibliothèque paternelle… Des photos… Des dizaines de photos… Des femmes - de tout âge, dans toutes sortes de positions, dans les endroits les plus divers - dont des messieurs, la lippe gourmande, rougissaient la croupe à qui mieux mieux… Il n’avait plus vécu dès lors qu’en leur compagnie… A chacune, page après page, il avait inventé une histoire, une vie… Il les imaginait en train de commettre les fautes pour lesquelles elles avaient été aussi sévèrement punies… Il avait fini, au fil du temps, par vouloir les châtier lui-même… Il les faisait allonger en travers de ses genoux, les sermonnait, les déculottait avec une infinie lenteur, les admonestait encore avant de laisser enfin tomber sa main à pleines fesses, d’accélérer progressivement le rythme et l’intensité des coups… Des années durant elles avaient été sa seule raison de vivre et c’est tout naturellement qu’à vingt ans il s’était mis en quête de partenaires qui se prêteraient vraiment au jeu… Ce n’était pas aussi simple qu’il lui avait de prime abord paru et il avait dû se résoudre à emprunter la filière que lui avait indiquée, avec des airs de conspirateur, le tenancier d’un sex shop auprès duquel il s’alimentait en films et revues… Contre une coquette rémunération, pour arrondir leurs fins de mois, des femmes de toutes conditions acceptaient de confier discrètement leurs derrières à des hommes qui rêvaient de les faire rougir… Et il avait sillonné la banlieue de pavillon en HLM… Mais, mais… ce n’était pas - ça n’avait jamais été - ce dont il rêvait…



- Heureusement maintenant il y a Valérie… Et avec Valérie c’était exactement comme il avait toujours voulu que ce soit…
- J’aime la lui donner parce qu’elle aime la recevoir… Et elle aime la recevoir parce que j’aime la lui donner… C’est pas plus compliqué que ça…
- C’est ta femme Valérie ?…
- Non… Non… C’est une amie…



Il l’a proposé un soir comme ça juste au moment où ils allaient se quitter après trois longues heures de dialogue…
- Ca te dirait d’y assister ?…
- A quoi ?…
- A la fessée de Valérie…
- Je sais pas… Peut-être… Je sais pas… Sûrement… Faut que je réfléchisse…



Il s’est assis tout au bord du canapé… Il a fait signe à Valérie d’approcher… Tout près… Plus près…
- Tu n’as pas tenu ta promesse…
Elle a baissé la tête…
- Regarde-moi !… Tu ne tiens jamais tes promesses… Jamais… Tu n’as aucune volonté… Bon… Mais tu sais ce qu’on avait dit…
- Oui…
- Quoi ?!… Eh bien ?!… J’écoute…
- Je vais recevoir la fessée…
- Tu vas recevoir la fessée, oui !… Une bonne fessée… Puisqu’il n’y a que ça que tu comprends…
Il a passé les mains sous la robe… Il a descendu lentement - très lentement - la culotte… Jusqu’en bas… Elle a levé un pied, puis l’autre… Il l’a fait pencher en avant, s’allonger en travers de ses genoux… Il a ramené la robe au-dessus des reins, a négligemment promené ses doigts tout au long des fesses…
- Etre obligé d’en arriver là… A ton âge… Tu n’as pas honte ?…
Sèche, lancée à toute volée, la première claque l’a surprise... Elle s’est cabrée… Une seconde… Elle a poussé un petit cri rauque de fond de gorge... D’autres ont aussitôt suivi... Lentes... Régulières... Qu’elle accompagnait en rythme, chaque fois, d’un grand soubresaut du derrière et d’un petit râle plaintif... Ca a rougi à toute allure avec les marques des doigts qui s’imprimaient, chaque fois, sur tout le pourtour... Elle a voulu ramener ses mains dessus pour se protéger... Il s’en est emparé, les a fermement emprisonnées toutes les deux dans la sienne et il a tapé plus fort... Plus vite... Elle a bondi plus haut, crié plus ample... Et elle s’est distordue, les jambes lancées en désordre dans tous les sens... Ouverte… Offerte… Obscène… Longtemps…



- Tes yeux brillent, Liliane !… Comment ils brillent !… Tu n’as rien perdu du spectacle, hein !… Ne dis pas le contraire, je t’ai vue… Mais tu sais que c’est pas bien du tout de se réjouir comme ça du malheur de ses petites camarades ?… Que ça mériterait une punition… Tu vas l’avoir d’ailleurs !… Allez, à ton tour !… Viens ici !… Et elle s’est levée…



Dans la glace c’était rouge écarlate… Sur toute la surface… Avec des taches violacé sombre…
- Oui… Ca va virer au jaune par endroits, puis au noir… Et dans quelques jours ça aura complètement disparu… A moins que… à moins que d’ici là on en ait rajouté une couche… Ce qu’on aura fait d’ailleurs… Non ?… Tu crois pas ?…
- Si !…
Et elle a coupé… Elle est allé rejoindre Romain qui s’est retourné dans le lit en maugréant…
- Je me demande ce que tu peux bien fabriquer jusqu’à des heures pareilles !…



Coralie a déposé une liasse de bordereaux sur son bureau, est restée là à la regarder en souriant…
- Tu es amoureuse ?…
- Hein ?… Non !… Pourquoi ?…
- Je sais pas… Tu rayonnes depuis trois semaines… Je t’avais encore jamais vue comme ça…



Tous les jours… Ils se retrouvaient tous les jours… Entre midi et deux heures… Et presque tous les jours elle avait sa fessée…
- Tu pourras te libérer un soir ?…
- Un soir ?!… C’est pas facile pour moi le soir… Il y a Romain… Il va se demander ce que je…
- Ca fait rien… Ca fait rien… J’irai avec Valérie…
Et il n’a plus été là… Elle l’a désespérément attendu… Tous les soirs… Pour rien… Elle est allé sonner, chaque jour, pendant sa pause déjeuner à une porte qui restait obstinément close… Elle a saturé sa boîte aux lettres de messages qui le suppliaient, qui l’imploraient… Elle s’abaissait… Elle s’humiliait… En vain…



Un mois… Un mois interminable… Et puis…
- Bernard !… C’est toi !… C’est pas vrai que c’est toi !…
- Est-ce que tu peux te libérer jeudi soir ?…
- Je me débrouillerai… J’inventerai quelque chose… Je viendrai… Je suis heureuse, Bernard !… Tellement heureuse… Si tu savais !…



Sept couples… Et nous… Et un jeune homme… Seul… Tout le monde était masqué… Assis sur des chaises en rond dans un grand salon éclairé par une multitude de bougies… Le silence… L’attente… Une porte s’est ouverte… Une femme d’une cinquantaine d’années est entrée, entièrement nue, s’est avancée jusqu’au milieu de la pièce, immobilisée… Le jeune homme s’est levé, est allé vers elle et l’a a aussitôt vigoureusement fessée… Comme s’ils avaient obéi à un signal, les hommes - tous les hommes - ont alors couché les femmes en travers de leurs genoux… Bernard aussi… Les claques sont tombées en grêle, de tous côtés, sur les derrières… Des râles, des gémissements, des plaintes, des cris poussés à pleine gorge se sont élancés, démultipliés, envolés… Se sont répondu en échos indéfiniment démultipliés… Une femme a hurlé son plaisir… Une autre…
- Tu es trempée !…
Et elle aussi… Sur ses doigts… Sous ses doigts…



- C’est toi qui aurais dû être punie le jour où tu as entraîné ton cousin Damien à la rivière… Tu en as bien conscience ?…
- Oui…
- Tu ne l’as pas été… C’était pourtant, à plus d’un titre, largement mérité… Parce que ton attitude, ton comportement, tes réactions, ce jour-là, ont été particulièrement odieux… Non ?… Tu n’es pas de mon avis ?…
- Si !…
- Il n’est pas trop tard… Même tant d’années après… Il n’est jamais trop tard… La preuve !… Cette fessée tu vas la recevoir… Jeudi soir, là-bas, devant eux… Toute seule au milieu… A visage découvert…
- Oh non !… Je pourrai jamais…
- Bien sûr que si !…
- Ce n’est pas moi qui te la donnerai, mais quelqu’un que j’aurai choisi… Qui leur aura d’abord expliqué, bien en détail, pourquoi tu la reçois… Ils n’ignoreront rien, absolument rien, de ce qui s’est passé ce jour-là…
- Oh non, Bernard, non, s’il te plaît…



De la petite pièce à côté elle les a entendu arriver les uns après les autres… Bernard a passé la tête…
- Ils sont tous là… Tu peux te déshabiller…
Elle l’a fait… Complètement… Et elle a attendu…
- Tu es prête ?… Il leur raconte… Il y a des questions… C’est long…
- Mais c’est qui ?…
- Tu verras bien…
Il s’est passé encore beaucoup de temps…
- Allez !… A toi !… En piste… Elle est entrée… Sous les masques tous les regards ont convergé vers elle… Elle est allée vers lui… Jusqu’à lui… S’est arrêtée… Il s’est retourné… C’était son cousin Damien…








SOEURS







Après bien des hésitations je m’y suis enfin résolue… Après tout ça mettrait un peu de vie et d’animation dans une maison bien vide depuis la mort de Jean… Ca me ferait une compagnie… Et puis – ce n’était pas à négliger – un petit apport financier…



Deux sœurs… 23 et 19 ans… Toutes les deux étudiantes… Et désireuses d’échapper à un oppressant cocon familial… On s’est tout de suite entendues… Et sur le prix… Chacune sa chambre… Elles y tenaient… 230 euros… Une bénédiction pour elles… Et sur les conditions d’utilisation des pièces communes… Que personne ne cherche à empiéter sur le territoire de personne et j’étais toute disposée à me montrer souple et conciliante… En ce qui concernait les visites par contre, je tenais à ce qu’elles fassent, au cas par cas, l’objet d’un accord préalable. Elles devaient bien comprendre que je ne tenais pas à ce que ma maison se transforme en moulin où n’importe qui pourrait, à tout moment, aller et venir comme bon lui semblerait. Elles en ont convenu. Elles étaient de toute façon prêtes à convenir de tout pour profiter de l’aubaine…



On vivait en bonne harmonie toutes les trois… On partageait la maison sans heurts majeurs… Il y avait bien, de temps à autre, des dissenssions entre elles, des querelles dont elles prenaient soin de me tenir à l’écart et dont ne me parvenaient fort heureusement que de lointains échos… Je n’avais, d’une manière générale, qu’à me louer de cette irruption de fraîcheur et de jeunesse dans mon univers…



On prenait parfois nos repas toutes les trois ensemble. Ou à deux. Ou toutes seules. Tout dépendait des occupations, des horaires et de l’envie du moment des unes et des autres… Valentine, l’aînée, se plaisait manifestement à discuter avec moi… Elle s’attardait à table en ma compagnie, racontait, m’interrogeait… Elle était peu à peu entrée en confidences et m’entretenait longuement d’un étudiant en médecine dont elle était tombée éperdument amoureuse… Et… justement… est-ce qu’il ne pourrait pas venir la voir ici le soir de temps en temps ?…



Il est venu… Il a filé sans bruit jusqu’à sa chambre… Il a disparu au petit matin… Il est revenu… Souvent… De plus en plus souvent…



Marjorie n’a pas voulu être en reste… Bon, mais alors si sa sœur recevait ses mecs, elle pouvait bien, elle, recevoir des copains qui n’étaient que des copains ?… Oui, mais un par un, et à condition qu’ils ne fassent pas plus de bruit que n’en faisait le petit ami de Valentine… Oh, mais ça se recevait toujours à plusieurs les copains !… C’était pas marrant sinon… Dans ce cas c’était non… Mais pourquoi ?… Parce que je ne tenais pas à voir la maison envahie par toute une bande qui l’investirait, se répandrait dans tous les coins et y prendrait, au fil du temps, de plus en plus ses aises…
- D’autant plus, a fait remarquer Valentine sans avoir l’air d’y toucher, qu’ils boivent… Et qu’ils fument… Et que ce qu’ils fument c’est…
- Toi, ta gueule !…
Oui, alors en somme, si elle voulait qu’on vienne la voir fallait qu’elle couche… comme l’autre, là… de toute façon celle-là il y en avait jamais eu que pour elle… Depuis toujours… Depuis toute petite… Oui, je voulais la faire coucher…
- Vous êtes vraiment complètement tordue, hein !…
- Non, mais dis donc, tu veux me parler correctement, oui !…
- Je parle comme je veux…
Ca a été d’instinct, par pur réflexe… J’allais quand même pas me laisser marcher sur les pieds par une gamine d’à peine vingt ans !… Je me suis levée et je lui ai lancé sur les fesses, par dessus le jean, quatre ou cinq claques bien senties…
- Et essaie de recommencer pour voir !…
Elle est partie, sans un mot, s’enfermer dans sa chambre… Valentine a ri…
- Oh, elle recommencera… Même que vous la lui mettiez à cul nu c’est pas une fessée qui va l’arrêter… Au contraire !… Elle adore ça…



- Mais qu’est-ce qui s’est passé ici ?…
Je revenais d’un week end chez ma sœur, dans les Ardennes… L’abat-jour de ma belle lampe verte était complètement défoncé et une énorme tâche brune s’étalait de tout son long sur le tapis… Marjorie n’a pas cherché à nier…
- C’est moi !… Je suis désolée… Je suis vraiment désolée… C’est en allant chercher du Coca cette nuit… Je me suis pris les pieds dans le tapis et… Valentine a brusquement fait irruption en compagnie de son petit ami…
- Elle s’est pas cassé la figure du tout… Elle avait invité des copains et des copines… Une dizaine… Ils ont fait la fête toute la nuit et ils se sont dépêchés de tout nettoyer avant que vous arriviez…
- C’est vrai ?…
Elle n’a pas répondu… Elle se contentait de fixer obstinément quelque chose par terre…
- Je te l’avais formellement interdit… Sans un mot je l’ai prise par la main et entraînée jusqu’au canapé… Elle n’a pas opposé la moindre résistance… Quand j’ai passé la main sous la robe et descendu la culotte non plus… Elle s’est docilement laissé coucher en travers de mes genoux… Elle a frémi sous le premier coup… Gémi sous les autres… Franchement crié à la fin… A pleine voix…



Elle s’est laissé lourdement retomber sur le tapis, y est restée, inerte, les yeux clos, le derrière – copieusement rougi – à l’air… Valentine s’est éclipsée avec son petit ami… Et, pour la première fois, elle a clamé éperdument son extase…

4 commentaires:

  1. je me suis délectée de la fessée de Charlotte... mmmhhhh, un grand moment !

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  2. Désolé de répondre aussi tardivement à ton commentaire, mais Blogger avait omis de m'avertir en mail de son existence...
    La fessée de Charlotte?... J'avoue éprouver, moi aussi, une certaine tendresse pour elle...
    Amicalement...

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  3. Bonjour,
    Je n'en suis qu'à l'épisode IV, mais c'est un vrai délice !
    Merci,
    Xanadu

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  4. Bienvenue ici, Xanadu...

    Content que ces histoires te plaisent... Le but, c'est qu'on ait autant de plaisir à les lire que j'en ai, moi, à les écrire...

    Bonne journée...

    A bientôt...

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