jeudi 13 août 2015

Studieuses vacnces (Mlle Lancel

1


Ils étaient désolés de me tomber dessus comme ça… À l’improviste… Et sans même me connaître… Mais on leur avait parlé de moi… J’avais enseigné les Lettres, à ce qu’on leur avait dit… Et ils avaient un fils… Dont ils se demandaient ce qu’ils allaient bien pouvoir faire… Parce qu’il ne fichait rien, mais ce qui s’appelle rien… Alors si j’avais pu… Au moins lui sortir un peu la tête de l’eau… Ils me dédommageraient, bien entendu… Mon prix serait le leur… Oui… Oui… Mais est-ce que ce garçon était décidé à s’investir vraiment ? À passer la plus grande partie de ses vacances à travailler ? Parce que, dans le cas contraire, je n’avais pas du tout l’intention de perdre mon temps… Il travaillerait, oui… Ils en étaient convaincus… Parce qu’ils l’avaient menacé de la pension… Et c’était une perspective qui le terrorisait… De toute façon il serait prévenu… Si j’avais à me plaindre de lui… De son travail… De son assiduité… De son comportement… le couperet tomberait aussitôt… Il ferait la rentrée là-bas… Là-dessus ils se montreraient intransigeants… Dans ces conditions… Qu’il vienne… Le plus tôt possible… Qu’on batte le fer tant qu’il était chaud…

Il s’est présenté le lendemain… En début d’après-midi… Un grand garçon à l’allure lymphatique… À la démarche nonchalante… Au regard fuyant… Qui s’est assis sur sa chaise du bout des fesses… Avec lequel j’ai commencé par mettre les choses au point : on n’était pas là pour perdre notre temps… Ni l’un ni l’autre… Il s’agissait de tendre à l’efficacité et de le remettre à niveau le plus vite possible… J’allais m’y employer de mon mieux… Par contre, s’il s’avérait qu’on piétinait, qu’il ne faisait pas vraiment de progrès, on s’en tiendrait là… Je le renverrais chez lui… C’était clair ? Il a dégluti… Frotté nerveusement l’une contre l’autre les paumes de ses mains… Eh bien?C’était clair… Oui… Oui… D’une voix mal assurée… Ce qui l’était aussi, c’est que c’était une éventualité qui le paniquait… La fameuse pension ? Autre chose ?

Bon, mais on allait commencer par vérifier l’état de ses connaissances… Molière, il le situait à quelle époque ?
– 1700… Par là…
Ah, ben ça promettait… Bon… Qui avait écrit « La Chartreuse de Parme » ?
– Balzac… Ou peut-être bien Flaubert… Oui… Flaubert plutôt…
De mieux en mieux… Il était sûr qu’il avait déjà ouvert un livre au moins ? Non, parce que là… franchement… Même un très médiocre élève de troisième… Je me suis montrée sans pitié… Je ne lui ai fait grâce de rien… Auteurs… Oeuvres… Courants littéraires… Je lui ai plongé le nez dans son ignorance… Mortifié, il se taisait… Il baissait les yeux…
– Regarde-moi au moins quand je te parle…
Ce qu’il a fait… D’un petit air contrit…
J’étais en train de prendre l’ascendant sur lui… Et comme il faut… Ce qui n’était pas pour me déplaire… Ces petits mâles font généralement preuve de tant d’arrogance que, lorsqu’on a le loisir de les remettre en place, on aurait tort de s’en priver…
– Bon… Mais peut-être qu’en ce qui concerne la compréhension d’un texte… On va voir ça… Tiens, lis !
– « Comme Mademoiselle Lambercier avait pour nous l’affection d’une mère…
– Il y a un titre… Il y a pas un titre ?
– Si !
– Eh bien alors ?
Il s’est troublé… Dandiné sur sa chaise… Jeté à l’eau…
– « La fessée de Mademoiselle Lambercier »
– Eh bien voilà ! Continue !
D’une voix blanche… En écorchant trois mots sur quatre…
– Ça ne va pas… Pas du tout… Recommence ! Calmement… Posément… En faisant attention à ce que tu lis…
– « La fessée de Mademoiselle Lambercier »
Je ne l’ai pas écouté… Je l’ai imaginé… À la place du petit Jean-Jacques… Couché en travers de mes genoux… M’offrant ses fesses de grand garçon à corriger… À rougir… Et j’y allais de bon cœur… Ah, oui alors !
Il s’était tu… Il avait terminé sa lecture… Je me suis reprise… Oui… Et alors il pouvait en dire quoi de ce texte ? Il en avait retenu quoi ? À l’évidence pas grand chose… Pour ne pas dire rien… J’ai soupiré, excédée… J’ai levé les yeux au ciel…
– Tu ne connais strictement rien à la littérature… Tu ne lis pas… Tu ânnones… Et tu ne comprends strictement rien à ce que tu lis… Ben, ça promet… Je te conseille de t’y mettre, mon garçon, hein ! Je te conseille vraiment de t’y mettre… Parce que tu sais ce qu’on t’a dit… Si tu ne veux pas qu’on t’expédie en pension…

2


– T’as encore rien fichu, hein, une fois de plus !
C’était faux… Il travaillait… Mais il avait accumulé un tel retard qu’il pataugeait désespérément… Il tentait maladroitement de se justifier… Je le faisais sèchement taire…
– Ah, non, hein ! S’il te plaît ! N’en rajoute pas !
Je barrais sa feuille de grands traits rouges rageurs… Je remplissais les marges de commentaires acerbes…
Je me montrais injuste avec lui… De plus en plus injuste… Délibérément injuste…
– C’est nul ! Recommence !
Il obéissait, tout penaud…
Je le regardais se pencher sur sa feuille, avec application, animé des meilleures intentions du monde… Un gentil garçon finalement… Un très gentil garçon… Docile à souhait… Qu’il ne tenait qu’à moi de rendre un peu plus docile encore… J’allais m’y employer…

Je disposais d’un formidable levier : sa peur panique de la pension… Un levier dont je n’ai pas manqué de me servir dès le lundi de la deuxième semaine… Bon, allez ! Il ramassait ses affaires et il rentrait chez lui… On s’en tenait là tous les deux…
Il a blêmi…
– Hein ? Mais pourquoi ?
Et il demandait pourquoi ! Il avait le culot de demander pourquoi… Il ne fichait rien… Absolument rien… Il se moquait ouvertement du monde… Alors allez ! Inutile de discuter…
– Non… Non… S’il vous plaît… Je travaillerai… Je vous promets que je travaillerai…
J’ai fait mine de me montrer inflexible… Oui, oh, ça, je l’avais déjà entendu mille fois…
– Mais ils vont m’envoyer là-bas !
Oui, ben il fallait y réfléchir avant…
– Et je pourrai plus voir Émilie… Ma copine…
Ah, c’était donc ça… Oui, ben il la verrait aux vacances sa copine… Il n’en mourrait pas… Et elle non plus… Il y avait des choses beaucoup plus importantes que les petites amourettes dans la vie… Non ? Il croyait pas ?
Oui… Si… Mais…Il a lutté pied à pied… Supplié… Imploré… Promis…
J’ai fini par me laisser fléchir… Oui… Bon… On allait laisser ses parents en-dehors de tout ça… Au moins dans un premier temps… Régler, quand il y en aurait, les problèmes en interne… Je prendrais, chaque fois que nécessaire, les mesures qui s’imposeraient… On était bien d’accord ? Oui… Oui… Tout ce que je voulais… Pourvu qu’il échappe à la pension… Sur la nature des sanctions que je serais, le cas échéant, amenée à prendre, je suis restée très évasive… Tout en faisant en sorte qu’il ait de fortes présomptions…

– Oui… Bon… Cette fois tu vas pas y couper… J’ai été suffisamment patiente, il me semble…
Et me regarde pas avec ces yeux de merlan frit… Tu sais très bien de quoi je veux parler…
– Mais…
– Mais quoi ? C’est nul ce que tu m’as fait là… Complètement nul… Alors tu sais ce qu’on avait dit…
– Oui… Que…
– Que ?
– Je sais pas trop au juste en fait…
– Fais bien l’imbécile ! C’était parfaitement clair… Une fessée… On était bien d’accord là-dessus… Si j’avais quoi que ce soit à te reprocher…
– Vous allez pas vraiment le faire ?
– Bien sûr que si ! À moins que tu préfères la pension…
– Ah, non… Non… Pas la pension…
– Eh bien alors la fessée… Une fessée amplement méritée, reconnais-le ! Eh bien ? J’attends…
– C’est mérité, oui…
– Bon, ben voilà ! On est d’accord… Alors tu te déshabilles…
Il l’a fait… Le polo… Le pantalon… Le slip… En me tournant le dos… Et il a attendu…
– C’est comme ça que tu prends soin de tes affaires ? Ah, elle serait contente ta mère ! Alors tu vas commencer par me ramasser tout ça et par l’étaler soigneusement sur le fauteuil, là… Voilà… Tu vois que c’est pas bien compliqué… Et maintenant viens ici… Plus près… Encore…
Tout nu… Tout nu devant moi… Avec son machin tout fripé, tout rabougri, pendant lamentablement sur ses coucougnettes…
– Tu as froid ?
– Pas du tout, non…
– Avec la chaleur qu’il fait, ce serait quand même étonnant… Tu as peur alors ?
Il n’a pas répondu… Il a eu un geste pour se disimuler qu’il a très vite réprimé… Qui m’a fait sourire…
– Bon, allez !
Je l’ai fait basculer en travers de mes genoux… Prendre appui, des deux mains, sur le sol… J’ai pris le temps de le sermonner… De lui faire promettre de s’amender… Et j’ai lancé une première salve… Il marque vite… J’ai soigneusement réparti… Sur toute la surface… Quelques instants de répit… Pour contempler mon œuvre… Uniformément rouge… Voluptueusement rouge… Je l’ai parachevée… De quelques claques plus vigoureuses encore… Qui lui ont arraché des gémissements… Deux ou trois cris… J’ai ralenti… Espacé… Arrêté… À regret…

3


Je l’ai bien en main ce garçon… À ma main… Pas question d’en abuser… De le punir comme ça, pour le plaisir, à la moindre occasion… Et Dieu sait qu’elles ne manquent pourtant pas… Ses progrès sont certes incontestables, mais il demeure, dans les travaux qu’il me remet, énormément d’approximations, voire d’erreurs, dues au manque d’attention et à l’ignorance… Je pourrais bien évidemment feindre de les imputer à la mauvaise volonté ou à la paresse… Et le sanctionner…Il est beaucoup plus efficace, pour l’instant, de lui laisser craindre un éventuel châtiment que de le lui infliger… Qu’il redoute… Qu’il tremble… Et qu’il me sache gré, au bout du compte, de l’avoir épargné me donne, chaque jour, un peu plus barre sur lui… Toute son attitude, à mon égard, est empreinte d’appréhension, de reconnaissance et de docilité entremêlées… C’est un bon début… Mais ce n’est qu’un début… Et pour peu qu’une opportunité se présente…

Elle n’a pas tardé… Il m’a offert une occasion en or… Mais vraiment en or… Il a eu le front de m’appeler pour m’annoncer – tranquillement – qu’il me ferait faux bond aujourd’hui… Il ne demandait pas… Il ne sollicitait pas… Il décidait… C’était comme ça… Au motif que sa copine était revenue de vacances… Qu’ils avaient fait des galipettes toute la nuit et qu’en conséquence de quoi il n’avait pas eu le temps de travailler… J’ai sèchement ordonné…
– Tu viens… Et tout de suite…

Il a obtempéré… Sans traîner… Cinq minutes après il était là…
– C’est quoi ces façons ?
Il a bafouillé… Bredouillé… Il avait pensé… Comme il l’avait pas fait le résumé il s’était dit…
– Tu n’as pas à penser… Ni à te dire… Tu as à travailler d’arrache-pied pour t’efforcer de remettre le pied à l’étrier… Un point, c’est tout…
Il savait bien, oui, mais…
– Mais quoi ?
– Émilie…
– Non, mais tu y vas fort, mon garçon… Tu y vas vraiment très fort… Parce que… Qu’à ton âge, on s’intéresse aux filles ça peut, à la rigueur, se concevoir… À la condition expresse que ça ne vienne pas perturber le bon déroulement des études… Ce qui, en ce qui te concerne, est loin d’être le cas…
Je l’ai accablé de reproches… Il en prenait vraiment à son aise… À tous points de vue… Et, entre autres, avec cette jeune fille… Qu’il menait allègrement en bateau… De la candeur de laquelle il profitait de façon éhontée… Il a voulu protester… Je l’ai fait taire d’un geste… Qu’il n’en rajoute pas… Ce n’était vraiment pas le moment… C’était là une corde manifestement sensible… Sur laquelle je n’ai eu de cesse d’appuyer… Pour le déstabiliser… Pour lui donner le tournis… De manière à ce qu’il finisse par ne plus savoir pourquoi il allait être puni au juste… Pour avoir décidé, de son propre chef, de « faire sauter » son cours ? Pour n’avoir rien fait de ce que je lui avais demandé ? Pour s’être comporté – et continuer à se comporter – d’une façon que je prétendais inqualifiable avec cette Émilie ? Pour tout cela à la fois ?

Quoi qu’il en soit, c’est avec une évidente mauvaise volonté qu’il s’est, au bout du compte, résigné à se déshabiller… Je l’ai sèchement rappelé à l’ordre… Il a fait aussitôt profil bas… Mais, pour asseoir un peu plus encore mon autorité, je l’ai contraint à rester nu, tourné vers moi, un long moment… Un très long moment… Profondément mal à l’aise, les yeux baissés, il dansait d’une jambe sur l’autre, réprimant à l’évidence une furieuse envie de ramener ses mains devant lui… Envie à laquelle il a fini par céder… Je me suis montrée sans pitié…
– Regarde-moi ! Allez, regarde-moi ! Là… Et maintenant les mains sur la tête…Eh bien ? Qu’est-ce que tu attends ?
Il a obtempéré… À contre-cœur…
– Tu vois quand tu veux… Et c’est pas mieux comme ça ? Parce que ton intérêt c’est de te montrer docile… Non ? Tu ne crois pas ? De plus en plus docile d’ailleurs si tu veux que tout ça reste entre nous… T’imagines si ça se savait ? Si le bruit se mettait à courir que je suis obligée de te fesser comme un gamin de huit ans ? Ah, tu aurais bonne mine ! Bon, mais en attendant, allez ! En position…

Il s’est docilement incliné… Je n’ai plus eu qu’à accompagner le mouvement… Qu’à finir de le mettre bien en place… Et de lui infliger une correction dont il allait se souvenir… N’était-il pas nécessaire de lui faire payer, au prix fort, ses pitoyables petites velléités de rébellion ? Je m’en suis donnée à cœur joie… Il s’est trémoussé sous les coups… A battu des jambes… Ondulé du derrière… Exposé sans vergogne ses ornements de petit couillu… Il a gémi… Crié… Supplié… Je ne me suis pas laissé apitoyer… Je ne me suis interrompue que lorsque j’ai estimé la leçon suffisante…

Je me suis encore offert le luxe, après l’avoir fait relever, de contempler longuement mon œuvre… Je pouvais en être pleinement satisfaite… D’autant plus satisfaite qu’il allait désormais se consacrer pleinement à son travail… Il n’allait tout de même pas courir le risque qu’Émilie découvre le pot-aux-roses… Le pot-au-rouge…

4

Voilà trois jours, j’en suis convaincue, qu’il s’observe, chaque matin, attentivement le derrière dans l’attente du moment où les marques auront totalement disparu… Parce qu’il ne s’est certainement pas donné le ridicule – ces petits mâles ont leur fierté – d’aller exhiber ses fesses tuméfiées devant son Émilie… Trois jours, oui, c’est à peu près le temps qu’il aura fallu, vu l’état dans lequel je les lui avais mises, pour qu’il ne reste pratiquement plus trace du traitement que je lui ai fait subir… Et il doit se faire, par avance, une véritable fête de la nuit qu’il va enfin pouvoir passer avec elle… Sauf que je ne l’entends pas de cette oreille… Et que je lui réserve une petite surprise à ma façon…

– C’est nul, une fois de plus… C’est nul ce que tu m’as fait là…
– Hein ? Mais…
– Me dis pas que tu n’en as pas conscience… Alors… Tu sais ce qui t’attend…
Il a bataillé… Pied à pied… Ergoté… Tenté de m’apitoyer… Supplié… Il a tout essayé… En vain…
– Inutile de perdre ton temps… Et de me faire perdre le mien… Tu devrais le savoir depuis le temps…
Il n’a pas insisté… Il s’est déshabillé… Et… il bandait… Il bandait, oui… Oh, pas une érection monumentale… Mais tout de même… Quelque chose de relativement consistant… Serait-ce qu’il commence à prendre sérieusement goût aux fessées que je lui administre ? Ce n’était pas vraiment le but recherché… Je ne lui ai pas laissé le temps d’avoir honte… Je l’ai attiré fermement vers moi…
– Allez ! En place pour le quadrille…
Fait basculer en travers de mes genoux… Ça s’est déployé contre ma cuisse… Et puis, presque aussitôt, recroquevillé… Dès que les premiers coups sont tombés… J’ai pris tout mon temps… Je l’ai consciencieusement travaillé… À grandes claques énergiques… Imprimées rouge vif sur son fessier à découvert… J’ai insisté… Que ça rentre bien en profondeur…
– Là…
Je l’ai fait relever… J’ai pris un peu de recul…
– Elle passera pas du jour au lendemain celle-là… Compte bien… Oh, au moins quatre-cinq jours… Facile…
Il a fait mine de se diriger vers ses vêtements… Je l’ai retenu par le bras…
– J’espère en tout cas que tu vas en garder un excellent souvenir de cette fessée parce que… c’était la dernière…
Il a levé sur moi un regard ravi…
– Oui, oh… Te réjouis pas trop vite… Tu ne vas pas forcément gagner au change… Non, parce qu’à 19 ans tu es un homme maintenant… Ce qui risque de poser parfois quelques petits problèmes… On a vu ça tout-à-l’heure…
Il a rougi sous l’allusion… Baissé la tête…
– Et donc… on va devoir changer notre fusil d’épaule…
J’ai entrouvert la porte-fenêtre…
– Viens ! Suis-moi !
Au moment de la franchir il a marqué un temps d’arrêt…
– T’inquiète pas ! Personne peut voir…
Je l’ai entraîné tout au fond du jardin… Me suis arrêtée devant la haie de noisetiers… Lui ai tendu un sécateur dont je m’étais emparée au passage…
– Choisis toi-même ! Et choisis bien… Celle-là ? Oui ? Tu es sûr ? Eh ben vas-y ! Coupe !
Je lui ai fait enlever les feuilles… Une à une…
– Là ! Donne !
Je l’ai fait siffler plusieurs fois en l’air…
– Elle sera pas mal, oui !
Lui en ai brusquemant asséné un grand coup sur les fesses… Il a fait bond… Poussé un cri de douleur et de stupéfaction…
– Elle sera même très bien… Et il faut… Parce qu’elle va être appelée à servir souvent… Oui, que je t’explique… La rentrée est bientôt là… Je vais aller voir tes parents et intercéder en ta faveur… Ils ne te mettront pas en pension…
– Oh, merci… Merci…
– Mais je poserai mes conditions… Je veux continuer, tout au long de l’année, à superviser ce que tu fais… J’interviendrai chaque fois que je l’estimerai nécessaire… En ce qui concerne Émilie il est hors de question qu’elle te fasse perdre encore une année… C’est pourquoi, si tes résultats ne me satisfont pas, tu devras cesser de la voir… Jusqu’à ce qu’ils soient redevenus acceptables… Tu seras bien évidemment tenté – je commence à te connaître – de braver cette interdiction… Je t’appliquerai donc, dans ce cas-là, pour t’éviter de céder à cette tentation, des corrections « préventives »… Comme tu n’as manifestement pas la moindre envie – tu l’as très clairement démontré ces derniers jours – qu’elle découvre à quel traitement je soumets ton derrière, c’est de toi-même que tu prendras alors tout naturellement tes distances… Voilà… Tu peux rentrer te rhabiller…

5

– Mademoiselle Lancel ?
– Elle-même, oui…
J’ai tout de suite su… Compris… Sans l’ombre d’un doute… C’était elle… Cette Émilie…
– Ce serait possible de vous parler deux minutes ?
– Oui, mais pas plus… J’allais sortir…
– Ce sera pas long, j’vous promets…
– Eh bien, entrez ! Asseyez-vous…
Et je l’ai laissée venir… Se dévoiler…
Oui, alors voilà… Elle était la copine de Damien, le garçon à qui je donnais des cours… Enfin ils sortaient ensemble, quoi ! Et elle s’était aperçue d’un truc… C’était pas facile à dire, mais bon… Elle avait vu qu’il s’était pris une fessée…
– Soi-disant que c’est vous qui la lui avez donnée…
– C’est moi, oui…
– Ah, ben j’aime mieux ça ! Non… Parce que ça tournait dans ma tête… Je me demandais… S’il y avait pas une autre fille avec qui il faisait ce genre de choses… Et on peut jamais savoir avec lui… Bon, mais si c’est vous, ça me rassure…
– C’est bien moi, je confirme… Et il y en aura vraisemblablement d’autres… À moins qu’il ne se mette à travailler d’arrache-pied… Ce dont je doute d’ailleurs…
– Ah, ça !
– D’autant que, si j’ai bien compris, il te consacre une grande partie du temps qu’il devrait passer à étudier…
– À moi ? Oui, ben alors là !
– S’il redoute tant la pension, à ce qu’il prétend, c’est qu’elle le séparerait de toi… C’est qu’il ne pourrait plus te voir tout son saoul… Mais autant que tu sois au courant : j’ai l’intention d’y mettre bon ordre… Ses études avant tout…
– Non, mais attendez, je rêve là… Je rêve… Ça va être de ma faute… Alors que je dois pleurer pour le voir… Qu’il faut que je le supplie pour qu’il finisse par m’accorder une après-midi par ci, une soirée par là… Qu’il y en a que pour les copains… Qu’il est tout le temps fourré avec… Des heures il y passe… À décortiquer les matches en chiquant des bières… Seulement ça il s’en vante pas… C’est plus commode de me faire porter le chapeau… C’est pas moi qui lui manquerais en pension, allez ! C’est ses sacro-saints copains… Et il est allé vous raconter que… Quel salaud ! Non, mais quel petit salaud !
– Ah, il le prend comme ça ! Il va voir… Alors là il va voir…
– Vous allez lui remettre une fessée ?
– Et carabinée… Il est pas près de l’oublier celle-là…
– Vous allez pas…
– Lui dire que c’est toi qui as vendu la mèche ? Non, non… T’inquiète pas !


Dès son arrivée je me suis montrée résolument froide avec lui… Distante… Et puis cassante… Ironique… De plus en plus au fur et à mesure qu’on avançait dans la correction de son résumé… Il s’est troublé… Agité sur sa chaise… À l’évidence il s’interrogeait… Qu’est-ce qu’il avait pu faire ? Dire ? Il y avait quelque chose… Il y avait forcément quelque chose… Il était coupable, oui, mais coupable de quoi ? Il a failli me poser la question… À plusieurs reprises… S’est chaque fois ravisé… Au dernier moment… J’ai fait durer… Jusqu’à ce que je l’aie bien en mains… À ma merci… Et puis je me suis levée…
– Bon, allez ! Tu te déshabilles… Tout… T’enlèves tout… Mais tu commences à avoir l’habitude…
Il n’a pas protesté… Il a obtempéré… Sans un mot…
– À genoux ! Là !
Devant le canapé…
La baguette de noisetier je la lui ai promenée tout le long du corps… Lentement… Très lentement… De la nuque jusqu’au bas des reins… Sur les fesses… Il s’est crispé dans l’attente d’un coup qui n’est pas venu…
– Tu sais pourquoi tu vas être puni, je suppose…
– Oui… Enfin non… C’est-à-dire que…
– C’est-à-dire que tu es un garçon sournois… Sournois et dissimulateur…
– Mais non, je vous assure, je…
Une grande cinglée… À toute volée… Il a poussé un cri… Bondi du derrière…
– Tu t’y attendais pas à celle-là, hein ! Oui, mais donc, tu disais ? Excuse-moi ! Je t’ai interrompu… Tu disais ?
– Rien… Non, rien…
– Rien ? Et pourtant tu en as des choses à me dire… Bon, mais je vais t’aider… Te rafraîchir un peu la mémoire… Le hasard a voulu que je fasse la connaissance de l’un de tes camarades de beuverie… Qui m’en a appris, lui, des choses…
Un second coup… Il a étouffé un gémissement… Enfoui sa tête dans les coussins…
– Des tas de choses dont tu as bien pris soin de ne pas te vanter… Et pour cause ! Tu sais pertinemment que si j’avais connu le fin mot de l’histoire, je t’y aurais laissé partir en pension… Oh, mais il est encore temps, hein !
– Oh, non ! S’il vous plaît…
– Oui, ben ça on verra… C’est moi qui décide… En attendant… Tu es prêt ? Parce que là ça va faire mal…

6


Mais c’est qu’il se rebellait ! Petit coq dressé sur ses ergots… Qui voulait… Qui avait décidé… Je ne le corrigerais plus… C’était fini… Et puis quoi encore ! Il voulait l’affrontement ? Il allait l’avoir… Il n’y en a pas eu… Il a suffi que je hausse un peu le ton pour que la baudruche se dégonfle… Pour qu’il file aussitôt droit… C’était prévisible : il n’a pas de moëlle ce garçon… Pas de colonne vertébrale… Il lui faut quelqu’un, constamment, derrière lui, pour le forcer à se tenir debout… Et droit… Je lui ai néanmoins fait payer ses velléités de rébellion au prix fort. Que lui passe, une bonne fois pour toutes, cette détestable manie de faire des caprices…

Je lui ai d’abord infligé une correction particulièrement appuyée… Et au martinet cette fois-ci…Une correction que j’ai fait interminablement durer… Malgré ses supplications…
– Oh, s’il vous plaît ! Arrêtez ! S’il vous plaît… Pitié ! Je le ferai plus… Arrêtez !
Je ne l’ai interrompue que lorsque je l’ai estimée, moi, suffisante… Pour exiger alors qu’il s’agenouille, nu, pour solliciter mon pardon… Que je ne lui accordé, du bout des lèvres, qu’après le lui avoir longuement fait attendre…

Il a voulu se relever…
– Non, non… Tu restes comme ça… Tu es très bien comme ça… Et tu écoutes ce que j’ai à te dire… Ce que j’ai, de mon côté, décidé… Alors d’abord tu vas dire à ta petite amie, à Émilie, que je veux la voir… Dès que possible…
– Hein ? Mais pour quoi faire ?
– Tu le sauras bien assez tôt…
– Peut-être qu’elle voudra pas venir… Elle vous connaît pas…
– Oui, ben alors ça ! Tu te débrouilles comme tu veux, mais il faut qu’avant ce soir elle ait franchi cette porte… C’est bien compris ?
Il a fait signe que oui… C’était compris, oui…
– Bon, mais on va quand même faire en sorte que tu n’oublies pas…
– Et j’ai repris le martinet…
– Oh, non !
– Bien sûr que si ! Tourne-toi !

Il l’avait accompagnée…
– Qu’est-ce tu fais là, toi ?
– J’ai pensé…
– T’as pas à penser… T’as à faire ce qu’on te dit… Un point, c’est tout… Tu rentres chez toi… Et n’en profite pas pour te précipiter au café… Parce que je le saurai…
Il a filé sans demander son reste…
Émilie a hoché la tête…
– Vous en faites vraiment tout ce que vous voulez, hein…
– Oui, oh, avec lui c’est pas bien compliqué… Tu pourrais, toi aussi, si tu voulais… Tu devrais d’ailleurs… Un homme, si on prend pas le dessus, on finit toujours, tôt ou tard, par s’en mordre les doigts…
– Ben oui, mais…
– T’y vas en douceur… Progressivement… D’autant que je vais continuer à te déblayer largement le terrain… Parce que… Il est inquiet là, non ?
– Ah, ça ! Il a passé l’après-midi à se demander ce que vous pouvez bien me vouloir… Et à me le demander… Sûr que ce soir je vais avoir droit à un interrogatoire en règle…
– Oui, ben quand il va savoir…
– C’est quoi ?
– Tu pourras lui dire que je t’ai demandé de me signaler systématiquement ses incursions au café…Fréquence et durée…
– Il va pas apprécier…
– Ça, je me doute…
– Il y croira pas que je vais vous le dire… Je le vois d’ici… « Tu me ferais pas ça, hein, ma chérie ? »
– À toi de te montrer déterminée… Inébranlable… Tu me le diras…
– Il y croira pas quand même…
– Mais une fois que tu l’auras fait…
– Ça changera rien… Vous savez pas quelle importance ça a, pour lui, les copains…
– Je me doute, si ! C’est bien pour ça qu’il faut agir… Dans son intérêt… Dans l’intérêt de ses études… De son avenir… Et dans ton intérêt à toi… Le temps qu’il ne passera pas au café il t’en consacrera la majeure partie…
– Et vous ferez quoi s’il y va quand même au café ? Vous lui donnerez la fessée ? Ça y changera quelque chose, vous croyez ?
– Si je la lui donne devant toi, sûrement, oui…



7


– Bon… Assez perdu de temps comme ça… Maintenant au travail…
Oui… Oui… Mais c’était vrai ?
– Quoi donc ?
– Que c’est Émilie qui va me le faire la prochaine fois…
– À toi de faire en sorte qu’il n’y ait pas de prochaine fois…
– Ah, oui, mais non… C’est pas possible, ça, que ce soit elle qui me le fasse…
– Je vois vraiment pas pourquoi…
– Mais parce que… Parce que… C’est pas possible… Je veux pas…
– C’est pas à toi de décider… Il manquerait plus que ça…
– Oui, ben qu’elle essaie pour voir…
– Oh, mais elle va pas se contenter d’essayer… Elle va même récidiver… Chaque fois qu’elle estimera que ton comportement le justifie…
– Elle fait pas le poids…
– Elle a d’autres arguments…
– Ah, oui ? Quoi, par exemple ?
– Oh, par exemple, elle peut aller expliquer à ton petit camarade Kevin que je te flanque la fessée… Qu’elle l’a vu… De ses yeux vu…
– Il la croira pas…
– Je corroborerai, le cas échéant…
– Hein ? Mais c’est dégueulasse…
– Question de point de vue… Pour faire bonne mesure, il y a aussi sa copine Mélanie qu’on peut mettre au courant…
– Elle !
– Elle, oui… Ah, là, t’aurais pas fini d’en entendre, hein ! Elle prendrait un malin plaisir, si j’ai bien compris, à se fiche de toi en long, en large et en travers… Et devant tout le monde… C’est pas ça qui l’arrêterait… Il y a aussi une certaine Charlène… Qui n’a pas la langue dans sa poche…
– Oui, je suis coincé, quoi !
– On peut dire ça comme ça…
– La garce ! Non, mais quelle garce !
– Oh, mais t’as un moyen très simple d’échapper à tout ça, si tu veux… Suffit que tu te comportes en garçon raisonnable… Qui se consacre à ses études… Et à sa petite amie… Qui ne perd pas son temps au bistro… À s’y ruiner la santé… Cela étant, pour être franche à toi, je ne crois pas une seule seconde que tu en sois capable… Tu es un faible… Tu n’as pas la moindre volonté… Alors pas d’autre solution pour toi, à la moindre incartade, que de lui présenter gentiment ton derrière… Elle ne se fera qu’un plaisir…
– C’est votre faute aussi tout ça…
– Pardon ?
– Ben, oui… Oui… C’est vous qui êtes allée lui monter la tête… Je suis sûre que c’est vous… Toute seule jamais elle aurait eu des idées pareilles…
– Oui, ben tu vas commencer par le prendre sur un autre ton, mon garçon… Je parle de ce que je veux avec qui je veux… Et comme je veux… Et c’est certainement pas toi qui vas me dicter ce que j’ai à faire ou à ne pas faire… Bon, mais apparemment t’as besoin d’une bonne petite leçon supplémentaire… Pour t’apprendre à rester à ta place… Et à tourner sept fois ta langue dans ta bouche avant de parler… Alors on va te la donner… Tu connais Élise Lantier ?
– Ça me dit rien, non…
– Elle a ton âge, mais elle est en fac, elle ! C’est une jeune fille charmante… Qui prend ses études très à cœur… Tu sais que j’ai très envie de lui parler de toi ? De lui dire, la prochaine fois qu’elle me rendra visite, à quel traitement je suis obligée de soumettre ton derrière pour obtenir de toi que tu travailles au moins un minimum… Je suis sûre que ça va l’intéresser et lui donner envie de faire ta connaissance… Que vous puissiez parler un peu de tout ça tous les deux… Et que tu lui montres… Parce qu’elle est d’un naturel très curieux… Alors forcément elle voudra voir… Sans compter qu’elle a une sœur… Qui sera dans la même classe que toi cette année… À laquelle elle va s’empresser d’aller raconter tout ça… Que ça va beaucoup amuser… Oui… Je vais mettre tout ça au point… C’est une excellente idée… Non ? Tu trouves pas ?



8


– Tu n’as rien à me dire ?
Il a fait mine de chercher, sourcils froncés…
– Non, je vois pas, non…
– Réfléchis bien ! Il s’est pas passé quelque chose samedi soir ?
– Samedi soir ? Ah, si, oui ! J’ai fait le con…
– C’est-à-dire ?
– Oh, ben, toujours le même truc…
– En pire… T’étais complètement saoul…
– Oui… Non, mais c’est parce que…
– Il y a pas de « mais » ni de « parce que » qui vaille… Tu n’as aucune excuse… Et alors ? Le résultat de tout ça ?
– Ben, elle a pas apprécié Émilie…
– Mais encore ? Ce que ça peut être agaçant d’être obligée de t’arracher les mots un par un comme ça !
– Elle a profité de ce que j’étais allongé et à moitié dans les vaps pour me mettre une fouettée au martinet…
– Qui s’est avérée très efficace à ce que je me suis laissé dire… Parce que… Elle remonte à cinq jours cette petite correction… Et tu n’as pas remis depuis une seule fois les pieds au café… Tu passes toutes tes soirées avec elle…Tu files doux… Et ma chérie par ci… Et ma chérie par là… Tu te mets en quatre pour lui faire plaisir… Elle est aux anges… Comme quoi si on veut obtenir de toi que tu te comportes en adulte mature et responsable il n’y a pas trente-six solutions… La manière forte… Non ? Tu n’es pas de cet avis ?
– Je sais pas… Je…
– Mais si, tu sais ! Tu sais même très bien… Et tu sais que c’est pas gagné… Que la route sera encore longue… Très longue… Qu’il te faudra encore en recevoir en quantité des fessées… Tiens, par exemple… Elle t’avait pas demandé quelque chose Émilie ?
– Si !
– Et c’était quoi ?
– De vous raconter, le plus tôt possible, ce qui s’était passé samedi…
– Ce que tu n’as pas fait… Et, quand elle t’a posé la question, tu as pourtant prétendu que si… Que j’étais au courant… Tu m’as même prêté des propos que je n’ai jamais tenus… Alors tu sais ce que tu vas faire ? Et sur le champ… Tu vas aller lui avouer ton mensonge… Et lui demander de bien vouloir te punir en conséquence… Allez ! File !

– Alors ?
– Trente coups elle a dit que ça valait…
– Qu’elle t’a donnés ?
– Oui… Et elle m’a dit de venir vous montrer…
Et, sans plus attendre, il m’a tourné le dos… A baissé son pantalon…
– Hola ! Mais c’est qu’elle a pas fait semblant…
– À qui le dites-vous !
– Elle y prend goût, c’est clair… Bon, mais c’est pas plus mal… Pour toutes sortes de raisons… Tu n’en progresseras que beaucoup plus vite, tu verras…
– Il y a autre chose aussi…
– Quoi donc ? Je t’écoute…
– Elle m’a dit de vous dire que sa copine Lisa était là… Qu’elle a assisté…
– Ah, ben tu vois… Il y a du mieux… Beaucoup de mieux… Tu deviens docile… Obéissant… Tu es sur la bonne voie… Tu commences à réaliser que, tout seul, tu n’arriveras jamais à rien… Ce ne sera que bêtise sur bêtise… Échec sur échec… Il faut, dans ton propre intérêt, que quelqu’un te prenne en mains… Te remette en permanence – patiemment – sur les rails… Ce sera Émilie… Elle a toutes les qualités nécessaires pour y parvenir… Et, au premier chef, une autorité naturelle qui fascine les natures comme la tienne… Devant laquelle elles finissent toujours, subjuguées, par s’incliner… Je lui fais entièrement confiance… À elle de jouer maintenant… De s’occuper de toi…Moi, je me retire… Sur la pointe des pieds… Bonne route à vous deux…
– Oui, mais avant… Elle m’a demandé… Le martinet… Celui dont vous vous serviez… Si vous pouviez… Elle le voudrait…
– Le relais en quelque sorte… Va le chercher… Derrière toi… Le premier tiroir…

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