samedi 23 octobre 2010

Escobarines: Le château






- Tu m’emmènes où ?… Depuis le temps qu’on roule…
- Je te l’ai dit : c’est une surprise…
- On va chez un couple, hein ?… Des échangistes… C’est ça ?!… Franchement j’en ai un peu marre… Parce que c’est toujours la même chose finalement… Chaque fois tu te dis que ça va être différent… Inattendu… Surprenant… Et chaque fois t’es déçue… A croire qu’ils sont tous tristement façonnés sur le même modèle… Ou qu’ils se donnent le mot… Hé !… Tu vas où par là ?…
- Là-haut…
- Mais c’est un château !…
- Toi qui voulais de l’inattendu…
- Et un vrai en plus… Pas un qui fait semblant… Non, mais regarde-moi ça !… C’est de la folie… Tu sais ce que tu fais, Pierre ?… T’es sûr de toi ?… Tu vas pas nous entraîner dans une galère ?…
- Il n’y a aucun risque… Aucun danger… Par contre tu te laisses faire… Tu t’abandonnes… Tu ne poses pas de questions… Si tu veux y trouver ton compte… Je sais ce que tu aimes depuis le temps…

Ils ont contourné la façade brillamment illuminée, frappé à une petite porte latérale. Un valet en livrée est venu leur ouvrir, l’a cérémonieusement débarrassée de son manteau qu’il a suspendu, avec précaution, dans un grand placard mural…
- Si Madame veut bien me confier sa robe…
Elle lui a jeté un regard stupéfait. Un autre à Pierre qui, d’un clignement de paupières, lui a fait signe d’accepter. Elle a haussé les épaules, obtempéré. Sans un mot le valet a encore tendu la main. Et sans un mot elle lui a tendu sa culotte et son soutien-gorge…
- Ce que tu me fais pas faire !…
- Tu adores !… Ose dire le contraire…

- Madame et Monsieur Delmont !…
Claironné d’une voix de stentor. Et il s’est effacé pour les laisser passer. Toutes les conversations se sont interrompues. Tous les regards ont convergé vers eux. Un homme entre deux âges, en costume d’époque, s’est précipité, penché pour lui baiser la main…
- C’est un véritable bonheur, chère Madame, de vous compter enfin parmi nous… Depuis le temps que je suppliais votre mari de nous faire faire votre connaissance…
Il lui a tendu une coupe de champagne. La salle était immense, uniquement éclairée par des dizaines et des dizaines de candélabres disposés sur les meubles ou fichés dans les murs…
- Vous vivez dans un cadre magnifique !…
- N’est-ce pas ?… Venez !… Je vais vous présenter…
A une multitude de barons poudrés inclinés. De marquises à éventail tout sourire. Elle ne s’est pas départie du sien…
- Vous vous sortez remarquablement bien de cette première épreuve… Il n’est jamais simple d’être nue au cœur d’une société de gens habillés…
- Première épreuve ?… C’est donc… qu’il y en aura d’autres ?
- Bien sûr !… Votre mari ne vous a pas dit ?… C’est le protocole classique d’initiation… Entrer dans notre groupe se mérite… Mais une fois qu’on en fait partie… Vous dansez ?… Le menuet… Vous savez le danser ?… On vous apprendra… C’est indispensable…
Il s’est éloigné.

- S’il vous plaît…
Il a réclamé le silence…
- S’il vous plaît… Nous comptons aujourd’hui – vous l’aurez tous remarqué – un nouveau couple d’amis… Mais vous aurez également remarqué que la tenue dans laquelle Madame Delmont s’est présentée devant nous est, à proprement parler, inacceptable…
Tout le monde a bruyamment approuvé…
- En conséquence il s’avère indispensable, avant de l’accueillir définitivement parmi nous, de sanctionner tout d’abord comme il se doit un tel manquement aux règles de la bienséance… Je propose donc qu’on applique la procédure habituelle et qu’on lui administre une fessée amplement méritée… Qui est pour ?
Une forêt de mains s’est levée…
- Qui est contre ?
Personne…
- Et vous, Madame Delmont, quel est votre sentiment ?… C’est parfaitement justifié, non, vous ne trouvez pas ?…
Elle a acquiescé. D’un hochement de tête…
- Parfait !… Venez !…

En travers de ses genoux. Quelqu’un s’est emparé de ses mains qu’il a emprisonnées. Tout le monde a fait cercle autour d’eux. Il s’est montré méthodique. Scrupuleux. D’abord à cœur de fesses. Energiquement. A grandes claques espacées. Et puis le pourtour. En rond. En commençant par la gauche. En remontant. Au-dessus. En redescendant par la droite. En-dessous. Et puis à nouveau au centre. A nouveau sur le pourtour. Interminablement. Elle n’a gigoté qu’à la fin. Et crié. Beaucoup crié…

Des femmes l’ont emmenée, fait étendre sur un lit gigantesque…
- Tu es des nôtres maintenant… Tu es des nôtres… Et quand on est des nôtres le premier soir… Mais tu vas voir… Tu verras…
Elles se sont éloignées avec des mines de conspiratrices, ont refermé la porte, l’ont laissée seule. Elle a fermé les yeux. Ca irradiait délicieusement partout. Dans les cuisses. Dans le bas-ventre. Dans les reins. Jusque dans les seins. Dans la nuque. Elle était bien. Si bien…

Il y a eu tout un remue-ménage dans le couloir. On est entré. L’une des femmes de tout à l’heure. Avec des hommes. Plein d’hommes. Tous les hommes. Qui se sont rangés en cercle autour du lit. Elle s’est penchée sur elle…
- Tu choisis… Ceux que tu veux… Tous ceux que tu veux… Pour en faire ce que tu veux…
Celui-ci. Celui-là. L’autre. Non. A droite. Pas le blond. Le frisé tout mignon. Et puis le rugbyman. Allez, encore un !… Ce sera tout. Non, merci, ce sera tout. Elle a emmené les autres.

Cinq. Elle en avait retenu cinq. Qui, sur un signe d’elle, se sont prestement déshabillés. Rangés autour d’elle…
- Plus près… Venez plus près… Tout au bord…
Ils ont obéi. Elle a touché – caressé – des torses. Laissé glisser ses mains contre des fesses. Posé ses lèvres sur des cuisses. Plus haut…
- Venez !… Venez tous !… Occupez-vous de moi…
Ils l’ont rejointe sur le lit. Elle s’est abandonnée…

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