samedi 23 octobre 2010

Escobarines: Les campeuses






- Tiens !… Je vois que tu rames… Prends le mien si tu veux…
Son liquide vaisselle…
- Merci… C’est gentil… On vient que d’arriver… On n’a pas encore eu le temps d’aller faire les grosses courses…
- Oui… J’ai vu… Juste à droite de nous vous vous êtes installées… C’est qui qu’est avec toi ?… Ta mère ?…
- Non… Ma tante…
- Moi, je suis avec ma sœur… Et son mec… Ils ont absolument voulu m’emmener… Pour que je profite un peu de la mer… C’est gentil, mais bon… Je me fais un peu chier… Beaucoup même… Mais maintenant que t’es là peut-être que ça va aller mieux… Qu’on va pouvoir faire des trucs ensemble…
- Si tu veux, oui… Parce que ma tante elle est pas trop marrante non plus…

On a remonté l’allée côte à côte, nos cuvettes sous le bras…
- Ceux-là, là, les deux vieux assis devant leur tente à droite de la tienne ils quittent jamais le camping… Ils restent là toute la journée à rien faire… Enfin, si !… A boire je sais pas quoi en surveillant ce qui se passe… T’as intérêt à te méfier d’eux comme de la peste… Ils sont au courant de tout… Absolument tout… Le mieux, c’est de les ignorer… Sinon t’as pas fini… Ils vont te harponner chaque fois que tu vas passer pour te tirer les vers du nez… Par contre les deux canadiennes qu’on a juste en face, là, de l’autre côté de l’allée, alors ceux-là si t’arrives à engager la conversation t’hésites surtout pas… Parce que c’est quatre mecs, des jeunes – ils sont pas là pour le moment… ils ont dû filer à la plage – dont il y en a deux je te dis pas comment ils sont mignons…

Ils l’étaient…
- Chiche qu’on va leur parler ?…
- Pour leur dire quoi ?… Ca craint…
- N’importe… Leur demander s’ils connaissent pas une boîte de nuit dans le coin… Par exemple…

Ils connaissaient…
- Ca fait trois ans qu’on vient en vacances ici… Alors vous pensez !…
- Oui, oui… Il y a ce qu’il faut… Avec un DJ qui tient la route…
- C’est loin ?… Parce qu’on a de bagnole ni l’une ni l’autre…
- Encore assez… Mais ça c’est pas un problème… On vous y emmène si vous voulez…

- Estelle ?!…
- Oui ?!… Quoi encore ?…
- Tu rentres pas trop tard, hein ?!… Tu sais ce que je t’ai dit…
- Mais oui, oh !…
- Deux heures… Pas plus…
- Deux heures ?!… Mais c’est nul !… Il commence à peine à y avoir de l’ambiance à deux heures…
- Ne commence pas à discuter… Tu sais que j’ai horreur de ça… J’ai dit deux heures… Ce sera deux heures… C’est compris ?…
- Ouais !… Ouais !…

- Eh ben dis donc !… Quelle chieuse ça a l’air d’être ta tante !…
- C’est rien de le dire…
- Mais quel âge t’as ?…
- 18… Presque 19…
- Ben alors !… T’as bien le droit de faire ce que tu veux… Envoie-la promener…
- Je vais me gêner…

Ca n’a pas été celui que j’aurais vraiment voulu, mais, au petit matin, Bertrand, le grand brun qui riait tout le temps… Qui m’a entraînée à l’écart, sérieux brusquement, presque grave… Qui m’a déshabillée avec mille précautions… Pénétrée avec impatience… Qui a voulu presque aussitôt recommencer… Et puis encore un peu plus tard… Et encore…

Quand on est rentrés, tous les six, le camping avait déjà commencé à reprendre vie… Dans les allées on allait vers les sanitaires, la serviette sur l’épaule. On en revenait. Ca sentait le café et le pain grillé…

- Tu sais ce qui t’attend ?…
Je savais, oui !…
- Quand on veut jouer les petites désobéissantes…
Et je me suis retrouvée le derrière à l’air, solidement maintenue, sa cuisse coincée entre les miennes…
- Pas trop fort, hein !… Qu’on n’entende pas !…
- Je me fiche pas mal qu’on entende ou pas…
Et on a entendu. Les claques tambourinées sur mon derrière…
- Ah, tu veux le prendre comme ça !… Ah, tu veux le prendre comme ça !…
Mes gémissements. Mes plaintes. Mes cris. Mes supplications…

- Eh ben voilà !… Ca y est !… C’est fait… Depuis le temps que tu en rêvais que je te donne la fessée sur un camping…
- Wouah !… Et la porte de la tente !… Elle était pas complètement fermée…
- Je sais, oui…
- Il y a peut-être des gens qui sont passés…
- Oh, sûrement !…
Une femme a arpégé son plaisir en sourdine… L’a étouffé…
- C’est à côté… C’est la sœur de Mathilde…
- Ca l’a mise en appétit on dirait… Et maintenant ?… Tu vas faire quoi ?…
- Ce que j’ai toujours dit que je ferais si ça arrivait… Ca va être maintenant le meilleur moment…
Et je suis sortie…

Les deux vieux étaient déjà attablés devant leur tente…
- Eh ben dis donc, ma fifille, comment tu l’as chantée la chanson !… Voilà ce que c’est que de pas être sage et de pas vouloir écouter les grandes personnes…
Sa femme a surenchéri aussi fort qu’elle l’a pu…
- De toute façon avec ce genre de petite dévergondée il y a pas trente-six solutions… Il y a que ça qu’elles comprennent…

On m’a suivie des yeux jusqu’à l’entrée des sanitaires. Sur mon passage les gestes se suspendaient, les conversations s’arrêtaient, les sourires s’épanouissaient, ironiques, sur les figures… Un type d’une quarantaine d’années m’a menacée, en riant, du plat de la main…
- Panpan cucul…

Quand j’ai été sous la douche on est venu tambouriner contre la porte de la cabine…
- Comment ça doit être rouge !… On veut voir… Allez, ouvre, quoi !… Montre-nous ça !…
Ca a insisté. Ca a fini par s’éloigner avec des grands « Aïe ! » et des grands « Ouille ! » moqueurs qui ont résonné à travers tout le camping…

Au retour Mathilde et Bertrand discutaient tous les deux, avec animation, devant les tentes des garçons. Je me suis dirigée résolument vers eux…

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