samedi 18 décembre 2010

Escobarines: Enfin seuls





- Martial ?!… Tu sais quoi ?… Ils seront pas là samedi… Ils partent… Ils vont à un mariage… On aura toute la maison à nous… Toute la journée à nous… On va pouvoir faire ce qu’on voulait… Depuis le temps !…
- Alors là !… Là !… Je peux te dire que tu vas y attraper… Et quelque chose de bien…

Mes parents nous hébergeaient. Le temps qu’on retrouve du travail. Du travail et un toit. C’était très gentil de leur part, tout se passait le mieux possible, mais… mais il faut reconnaître que pour notre vie de couple ce n’était pas vraiment l’idéal : notre chambre jouxtait la leur et il nous fallait systématiquement « la mettre en sourdine »… A 23 ans c’était terriblement frustrant. Quant aux petits jeux dont nous rêvions nous devions, pour le moment, nous contenter d’en parler… Alors… Alors une véritable bénédiction ce mariage !…

J’ai investi le séjour… Le grand canapé en cuir du séjour…
- Qu’est-ce tu fais ?…
- Ca se voit pas ?… Je bouquine…
- Comme ça ?… A poil ?…
- Je suis pas à poil… J’ai des bas…
- Fiche-toi bien de moi en plus !…
- Oh, mais quoi ?!… Personne peut me voir… Il y a pas de vis-à-vis… Alors à moins que quelqu’un soit grimpé dans les arbres…
- Tu vas me faire le plaisir d’aller immédiatement passer une culotte… Au moins une culotte…
- T’es pas mon père que je sache…
- Je suis pas ton père, non… Mais tu vas quand même y aller…
- T’as qu’à y croire !… Sûrement pas !… Alors là !…
- C’est ce qu’on va voir !…
- C’est tout vu…
- Fais attention, Pascaline !… Fais bien attention !… Parce que tu pourrais bien t’en ramasser une…
- Et puis quoi encore ?!…
- Tu l’auras voulu…

- Comment t’as tapé fort !…
- C’est bien comme ça que tu aimes, non ?…
- Oui… Oh, oui… C’est très rouge ?…
- Impressionnant !…
- Je vais aller voir… Mais dis, t’as rien entendu ?…
- Entendu ?… Non… Entendu quoi ?…
- Comme quelqu’un qui respirait fort dans le couloir pendant que tu me la mettais la fessée…
- Tu te l’es imaginé… De toute façon c’est pas possible… J’ai fermé au verrou en bas… Pour qu’on soit tranquilles… Dis-moi plutôt… Ca t’a plu comme on a fait ?…
- Oh, oui !… T’avais tellement l’air de l’être vraiment en colère… Et puis être punie comme ça… pour ça… c’est exactement ce qui, moi, me… Mais tu le sais bien…
- Tu vas où ?…
- A la salle de bains… Me voir dans la glace…
- Attends !… Attends !… T’iras bien tout à l’heure… Parce que avant… Avant…

- Comment t’étais déchaîné !…
- Et toi donc !… Ah, ça t’avait mise en appétit on peut pas dire… Comment t’as crié !… C’est la première fois que je t’entends crier comme ça…
- On recommencera, hein !?…
- Dès que tes parents nous laisseront à nouveau le champ libre…
- Oh, mais bientôt on sera chez nous, tu verras… Et alors là !… Là… Bon… Mais je fais un saut jusque là-bas… J’ai trop envie de voir ce que ça donne…

- Ben qu’est-ce qu’il y a ?… T’en fais une tête !…
- Il y a qu’il y a le père Sellier, le voisin, dans la salle de bains… Et qu’il a tout entendu… Forcément… Et qu’il m’a vue… Qu’il a vu dans quel état j’avais le derrière…
- Hein ?… Mais qu’est-ce qu’il fabrique dans la salle de bains ?…
- J’en sais rien ce qu’il fabrique dans la salle de bains… Je me suis pas attardée à lui poser des questions…

- C’est votre beau-père qui m’a demandé de venir voir son chauffe-eau… « - Je vous laisse la clef, monsieur Sellier… On sera pas là… Et probablement les enfants non plus… » Ah, ces chauffe-eau !… Ils ont tous le même problème cette marque-là !… Tous !… C’est la résistance… Elle tient pas… Vous lui direz… Je la lui changerai si il veut… Mais pour le moment je peux pas y faire grand chose…

- Il est parti au moins ?…
- Il est parti, oui…
- J’avais raison… Il était dans le couloir… Comment ça craint !…
- D’autant qu’il est vitré le haut de la porte et qu’en se haussant sur la pointe des pieds…
- Ho la la…
- Tu savais qu’il allait venir, avoue !…
- Hein ?!… Mais ça va pas !… Jamais de la vie… Tu penses bien que si j’avais su…
- Si, tu savais !… Si !… Ca mériterait…
- Une fessée… Oui, mais alors… On attend qu’il revienne poser la résistance…
Et on a éclaté tous les deux d’un interminable fou rire…

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