samedi 18 décembre 2010

Escobarines: Tout est perdu fors l'honneur





- Les nouvelles ne sont pas bonnes, Madame…
- C’est-à-dire ?… Parle, Guillaume, je te l’ordonne !…
- Elles sont même très mauvaises…
- Monseigneur ?…
- Capturé…
- Notre fils ?…
- Egalement…
- Dieu soit loué : ils sont néanmoins sains et saufs… Nos troupes ?…
- Défaites… Avant ce soir l’ennemi sera ici… Si j’ai un conseil à donner à Madame…
- Fuir ?… Jamais…

- La ville est entre leurs mains, Madame…
- J’y vais… Ma place est là-bas…
- Vous n’y songez pas… On tue… On pille… On saccage… On viole…
- Je m’interposerai… Je supplierai… Je convaincrai…
- Ce serait pure folie… Vous exposeriez inconsidérément votre vie…
- Peu m’importe désormais…
- Vous ne sortiriez de toute façon pas du château… Il est cerné de toute part…

- Faites entrer…
- Mon maître prie Madame d’accepter ses plus fervents hommages…
- Laissons cela… Sont-ils bien traités ?…
- Le prince est gentilhomme…
- Quelles sont ses intentions ?…
- Malgré le serment qu’il avait prêté Monseigneur s’est une nouvelle fois dressé contre lui…
- Les engagements que le prince avait pris de son côté n’ont pas été tenus… Il était légitime que Monseigneur se sentît dès lors délié des siens…
- Décision à laquelle Madame, à ce qu’il paraît, n’est pas tout à fait étrangère…
- En effet… Il y allait également de l’intérêt de ma lignée…
- Le courroux du prince est à la mesure des espoirs qu’il avait placés en lui… Et en vous…
- Que va-t-il advenir d’eux ?
- Il n’a pas encore été statué sur leur sort… Quant à vous, Madame…
- Quant à moi ?…
- Le rôle que vous avez cru bon de jouer auprès de Monseigneur a considérablement desservi les intérêts du prince… Il estime donc nécessaire que vous soit réservé un châtiment de la nature duquel vous serez informée au moment opportun…
- Je ne suis pas en état de m’opposer, de quelque façon que ce soit, aux décisions de votre maître…

- Tu as pu les voir, Guillaume ?…
- Hélas non, Madame… On les a emmenés…
- Où ?…
- Je l’ignore… Tout le monde l’ignore…

- Où sont-ils, Monsieur ?… Dites-le moi !… Je vous en conjure…
- Que Madame me pardonne, mais c’est impossible… Que Madame sache seulement qu’ils vont bien et que leur vie n’est pas – et ne sera pas – mise en danger…
- Grâces en soient rendues à votre maître…
- Qui m’a chargé de faire savoir à Madame que, dans sa grande mansuétude, il se contenterait, pour cette fois, de lui faire appliquer les verges…

- Je sais, Guillaume, je sais… Et je sais qu’il n’est pas homme à se laisser fléchir… Avec l’aide de Dieu je supporterai courageusement cette épreuve…
- Vous ne savez pas tout…
- Qu’y a-t-il que je ne sache pas ?… Parle !…
- La sentence sera exécutée demain…
- Demain ou un autre jour qu’importe…
- Elle le sera… sur les remparts du château… Au vu et au su de tous…
- Le monstre…
- On viendra vous chercher pendant votre toilette et on vous mènera par les rues dans la tenue où vous y procédez…
- Rien, décidément, ne m’aura été épargné…

- Madame…
- Oui, Fanchon…
- On monte, Madame…
- Je l’entends… Tout comme toi…
- Ce sont des hommes en armes…
- Qui ont des ordres… Ils viennent me chercher… Laisse-les entrer…

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