samedi 4 décembre 2010

Escobarines: Une amoureuse





La première fois ça a été parce qu’elle trouvait que ça sentait le gaz chez elle. Peut-être bien que son chauffe-eau fuyait ?… Je voulais pas venir voir ?… C’était rien ?… Non ?… J’étais sûr ?…
Après il y a eu sa chatte. Qui avait disparu. Depuis deux jours. Elle était folle d’inquiétude. Sa chatte, c’était tout pour elle. Si jamais je la voyais… Je lui promettais, hein ?…
Et puis elle est passée me prévenir… Elle avait invité quelques amis… Ils allaient faire un peu de bruit… Mais elle y pensait d’un seul coup… Je voulais pas me joindre à eux ?… Non ?… J’avais des choses à faire ?… Une autre fois alors !… Si, si !… Elle y tenait… Je viendrais manger… Depuis le temps que je lui rendais service…

J’aimais ?… Fallait que je le dise carrément, hein !… Parce que c’était la première fois qu’elle l’expérimentait cette recette… Oui ?… Je trouvais ?… Tant mieux… En tout cas comment elle était contente de m’avoir… Parce que à part moi, dans l’immeuble, il y avait vraiment personne qui donnait envie de sympathiser… Ah non alors !… Ils étaient tous… Des beaufs !… Il y avait pas d’autre mot… Des beaufs… C’est pour ça : maintenant qu’on avait fait connaissance on allait bien trouver le moyen de se voir un peu, non ?… Parce que elle savait pas moi, mais elle, elle s’ennuyait à mourir ici, au milieu de tous ces cubes en béton… Et heureusement qu’elle avait son boulot à la boulangerie-pâtisserie là-bas parce que sinon elle serait devenue complètement dingue…

J’avais vu le temps qu’il faisait ?… Ce soleil ?!… Oui ?… Eh bien alors ?!… J’allais quand même pas rester enfermé là toute la journée ?… Même qu’il fasse un peu froid… Bien couvert… Et en marchant… Elle m’emmenait… Allez, hop !… Elle connaissait un coin… Génial… Je lui en dirais des nouvelles…

Alors ?!… Je regrettais ?… Non, hein ?!… Elle le savait… Elle en était sûre… Et après, tout au bout là-bas, il y avait une petite auberge qui te mijotait un de ces cassoulets… Elle y avait mangé, deux ou trois fois, du temps qu’elle sortait avec Clément… Oh, mais Clément c’était de la vieille histoire maintenant… Avec le recul elle se demandait même ce qu’elle avait bien pu lui trouver… On se lançait dans de ces trucs des fois !… Et moi ?… J’avais quelqu’un ?… Oui ?… C’était pas la bonne femme qui venait me voir quelquefois le mardi et le jeudi au moins ?… Si !… Eh ben dis donc !… J’avais de ces goûts !… Pourquoi ?… Mais parce que qu’est-ce qu’elle était vieille ! Et comment elle était moche !… C’était pas pour dire, mais je méritais quand même nettement mieux que ça…

Et si on y retournait ?… Comme la semaine dernière ?… Non ?… Ca me disait pas ?… Je préférais ailleurs ?… Elle, ça lui était égal… Où je voulais ?… Nulle part ?… Mais pourquoi ?… J’allais pas rester là tout seul à me morfondre quand même !… Si ?!… Ah oui, c’est qu’elle allait venir ma bonne femme ?… C’était ça ?… Non ?… De quoi j’avais peur alors ?… Qu’elle apprenne pour nous deux et qu’elle aille se mettre des idées en tête ?… Oui, ben ce serait pas plus mal finalement… Peut-être que ça m’en débarrasserait… Une bonne fois pour toutes… Et, franchement, c’était ce qui pouvait m’arriver de mieux…

Elle me l’avait dit pour le cassoulet que c’était un vrai délice… Elle me l’avait pas dit ?… Ah, je voyais bien… Bon, mais maintenant qu’on se connaissait un peu mieux, qu’on faisait des trucs ensemble elle pouvait me le demander : qu’est-ce que je pensais d’elle ?… Ouais… Ouais… Et après ?… C’était tout ?… Elle en était sûre… Sûre… Dès le début elle en avait été convaincue : moi, mes sentiments, j’avais un mal fou à les exprimer… Et si on me poussait pas dans mes derniers retranchements… C’était pas un reproche, hein !… J’étais comme ça, j’étais comme ça… Mais elle était patiente… Et elle attendrait le temps qu’il faudrait… Parce qu’elle savait… Elle savait qu’on était faits l’un pour l’autre tous les deux et qu’un jour…

Rien ?… Rien du tout ?… Non, mais à qui je voulais faire croire ça ?… Ca se voyait comme le nez au milieu de la figure ce que j’éprouvais… Ce que je ressentais… Seulement… seulement mon amour pour elle était tellement fort que je ne voulais pas – ou que je ne pouvais pas – me l’avouer à moi-même… Oh, mais ça viendrait…Ca viendrait… Ca faisait pas l’ombre d’un doute…

Encore elle !… Ben oui !… Oui !… Fallait absolument qu’on parle… Qu’on clarifie la situation tous les deux parce que… Clarifier ?!… Y avait rien à clarifier du tout… Pour moi tout était clair… Très très clair… Alors elle dégageait… Chacun chez soi… Et je voulais plus la voir… C’était compris ?… Dehors !… Allez, dehors !…

Je l’avais fait pleurer… Encore elle !… Mais c’était pas possible !… Qu’elle dégage, mais qu’elle dégage !… Non !… Elle était à tout le monde la cage d’escalier… Et le trottoir aussi… Et elle y resterait tant qu’elle voudrait… Tant que je lui aurais pas dit que… Mais c’était pas possible une nana comme ça !… Qu’est-ce qu’il lui fallait ?… Une bonne fessée ?… C’était ça, hein ?!… Une bonne fessée… Et tant qu’elle l’aurait pas prise…

Qu’est-ce qu’elle fichait là, elle, encore ?… Chez moi !… Et à poil !… Non, mais cette fois !… C’était parce que… elle clenchait mal ma fenêtre de salle de bains… Alors elle était passée par le balcon… Oh, mais elle l’avait refermée, hein !… Avec le temps qu’il faisait !… Bon, mais allez !… Que je la lui donne la fessée puisque c’était ça que je voulais…
- Vous voyez bien… Je suis prête…

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