samedi 19 mars 2011

Escobarines: Cadeau de Noël





- Allo… Valentin ?!… C’est moi… Joyeux Noël !… Ca va ?… Non… Ca a pas l’air, dis donc… Qu’est-ce qui se passe ?…
- Clarisse m’a plaqué…
- Ah !… Ben elle a choisi son jour celle-là… Bon… J’arrive…
- Non… Non… Te dérange pas… Je veux pas… C’est Noël… T’es avec tes parents…
- Je leur expliquerai… Ils comprendront… J’arrive, j’te dis… Ca sert à ça une amie… A être là quand on a besoin d’elle… C’est pas la peine sinon…

- Ca peut peut-être s’arranger…
- Je crois pas, non… Sur le ton qu’elle m’a annoncé ça…
- Elle te reproche quoi au juste ?…
- Rien… C’est ça le pire… Absolument rien… Elle m’aime pas… C’est tout… Elle m’a jamais aimé il paraît… C’est dur à entendre, ça, tu sais…
- Et c’est sûrement pas vrai…
- Oui, hein ?!… Toi aussi tu crois ?!…
- Il y a toutes les chances… C’est le genre de choses dont on essaie de se persuader après… Quand c’est fini… Elle a quelqu’un d’autre, non ?…
- Elle m’a pas dit… Comment elle était froide !… Et lointaine !… Jamais je l’avais vue comme ça…
- Alors oui… Elle doit avoir quelqu’un d’autre… Sûrement…
- Depuis quand ?…
- Qu’est-ce que tu veux que j’en sache, mon pauvre Valentin !… Je la connais à peine… Elle me fait pas ses confidences…
- Oui, c’est vrai, je suis idiot… Bon… Mais allez !… Assez parlé d’elle…
- Si ça peut te faire du bien… je t’écoute…
- Je sais pas… Je sais plus… Ni quoi penser… Ni quoi faire… Je suis complètement perdu…
- Laisse passer un peu de temps… Tu y verras plus clair…
- Oui… Tu as raison… Bon… Mais… Et toi ?… Avec Martial ?…
- Oh, avec lui !… Il y a rien de changé… Et rien ne changera jamais… Faut que j’en prenne mon parti… Une bonne fois pour toutes… C’est pas qu’il se fiche de moi… C’est pas qu’il me mène en bateau… C’est qu’il peut pas se décider… Et si c’est pas moi qui la prends la décision dans vingt ans on en sera toujours au même point… Il sera toujours avec sa femme… Et moi j’aurai que les miettes… Comme aujourd’hui… Seulement je la prendrai pas la décision… Je la prendrai pas parce que j’en ai pas envie… Parce que je peux pas me passer de lui… Et que je préfère encore le voir comme ça, en coup de vent, entre deux portes que de pas le voir du tout… Même si j’en crève, certains soirs, de l’imaginer heureux avec sa femme et ses gosses pendant que moi j’écrase mes sanglots dans mon oreiller toute seule dans mon lit… Si tu savais comme je les ai enviés les gens dans les magasins ces derniers jours… Ils préparaient le réveillon… Un réveillon qu’ils allaient passer avec la personne qu’ils aiment… Tandis que moi… Il a fallu que je le supplie pour l’avoir un peu à moi ce matin… Un tout petit peu… Il a fini par s’y résoudre… A contre-cœur… Il avait la tête ailleurs… J’ai eu droit à quelques caresses de politesse… Et à une fessée… si… quand même… une fessée bien claquante… bien vigoureuse… Comme je les aime… Avant de retourner habiter ma solitude… C’est comme ça…

- Qu’est-ce qu’il y a ?… Tu pleures ?… Mais si !… Si, tu pleures !… Pourquoi tu pleures ?… A cause de ce que j’ai dit ?… Faut pas pleurer pour ça… Ca en vaut pas la peine… A cause de Clarisse ?… Aussi… Oui, hein ?!… Je veux pas… Je veux pas que tu sois malheureux… Allez, chut !… C’est tout… C’est fini… Qu’est-ce tu veux ?… Qu’est-ce qui te ferait plaisir ?… Que je te raconte ma fessée de ce matin ?… Tu aimerais ?… Oui… Evidemment que tu aimerais… Mais non… Tu sais pas ?… On va faire encore mieux… Mais alors juste pour aujourd’hui… Parce que c’est Noël… Et parce que t’es malheureux… On recommencera pas… Jamais… Et tu bouges pas de là… Tu restes assis… Promets !… Et ferme les yeux… Je te dirai quand tu pourras les rouvrir… Là… Voilà…

Escobarines: Contrôle fiscal





15 Septembre 2048

Ca y est !… C’est arrivé… Contrôle fiscal inopiné… Au moins je n’aurai plus à le redouter… J’ai joué… J’ai perdu… J’avais pris des risques… De très gros risques… Je sais ce qui m’attend… Non, en fait je ne sais pas… Tout va dépendre du juge… Mais avec les lois qui ont été votées en juin dernier il ne faut pas que je me fasse trop d’illusions…


17 Septembre 2048

C’est aussi l’avis de mon avocat… « - Vous y aurez droit… C’est évident… La nouvelle législation non seulement l’autorise, mais le préconise… C’est dans l’air du temps… On estime aujourd’hui, à tort ou à raison, sur la foi des travaux scientifiques les plus récents, que la fessée est hautement dissuasive… Ce que je vais essayer de vous obtenir, c’est qu’elle ne vous soit pas administrée en public… Mais je ne vous promets rien… Vous avez quand même poussé le bouchon loin… Très très loin…


18 Novembre 2048

C’est pour la fin du mois… Le 30… Je suis morte de trouille…


30 Novembre 2048

A la chaîne on est passés… Il y avait de tout… Des cambrioleurs… Des maniaques sexuels… Des trafiquants de drogue… On n’était que quatre femmes perdues au milieu de dizaines d’hommes… Et ça tombait… Amendes… Peines de prison… Avec ou sans sursis… Travaux d’intérêt général… Et fessée… Fessée… Fessée… Presque systématiquement fessée… Quand ça a été mon tour la juge m’a à peine regardée… « Eh ben dites donc !… Vous avez fait fort, vous !… »… Et elle m’a condamnée à tout rembourser jusqu’au dernier centime. Elle a ajouté une forte amende… « - Et une fessée, bien entendu !… Publique… »

Publique, c’est-à-dire, à ce que m’a expliqué mon avocat, en « compagnie » de tous ceux qui ont été condamnés aujourd’hui à la même peine… « - Même les hommes ?… »… Il a confirmé… « - Même les hommes, oui… Sauf si le juge d’application des peines accepte la non-mixité… C’est à son bon vouloir… - Et on le saura quand ?… - Le jour même… Il ne prend sa décision qu’au dernier moment… »… C’est fait exprès évidemment…


2 Décembre 2048

J’ai la convocation entre les mains : « Vous voudrez bien vous présenter le lundi 14 Décembre prochain, à 9 heures 30 précises, au Palais de Justice, pour vous soumettre au châtiment auquel vous avez été condamnée. »


14 Décembre 2048

Trente-neuf hommes. Je les ai comptés. Et nous quatre. D’instinct nous nous sommes aussitôt regroupées, serrées les unes contre les autres. Trente-neuf hommes qui, pour la plupart, nous dévisageaient avec curiosité et, pour certains d’entre eux, avec – il faut bien le dire – gourmandise… L’un d’eux nous a même menacées du plat de la main d’un air rigolard… Pauvre type !… Il allait bien lui arriver la même chose à lui aussi… Pas de quoi faire le fier… Ca allait… Ca venait… Des magistrats… Des avocats… Des policiers… Ca se lançait des grands bonjours… Ca discutait… Ca riait… Sans s’occuper le moins du monde de nous…

Ils sont arrivés à onze heures. A deux. Habillés tout en noir. Et tout le monde a tout de suite compris. La fille à côté de moi a frissonné… « - Bien… Ne perdons pas de temps… Au premier de ces messieurs… Sylvère Accroge… »… Quelqu’un s’est levé… « - C’est vous ?… Allez !… »… Une femme a passé la tête par la porte… « - Par ici !… Venez avec moi !… »…

Dans une petite pièce à l’écart… « - Vous avez de la chance… Beaucoup de chance… Le juge était dans un bon jour… Et vous êtes des primodélinquantes… Mais en cas de récidive ne vous faites pas d’illusions… Il se montrera beaucoup moins indulgent… Bon… Mais par laquelle de ces demoiselles on va commencer ?… Il y a une volontaire ?… Non ?… De toute façon vous allez toutes y passer, vous savez !… Allez, toi !… Oui, toi, la petite blonde !… Viens par ici !… Baisse-moi tout ça !… Mets-toi en position… Là, oui, comme ça… Et quand j’en aurai fini avec toi t’iras te mettre contre le mur là-bas… Sans te reculotter… Parce qu’on va venir vérifier que la punition a bien eu lieu… Et a été suffisante… Tu es prête ?… Alors on y va…

Escobarines: Leçon de maintien





- Inutile que je te raconte des histoires… Vous êtes plusieurs centaines, au bas mot, à avoir été présélectionnées… Plusieurs centaines sur lesquelles on n’en retiendra, pour finir, que quatre ou cinq… Qui feront, elles, partie intégrante, comme modèles attitrés, de la maison… Alors autant te dire tout de suite que les probabilités, pour que tu fasses partie du lot, sont extrêmement faibles… Voire insignifiantes… Mais comprends-moi bien !… Tu es très jolie… Ce n’est pas la question… Tu es très élégante… Tu as beaucoup de classe… Beaucoup de chien… Seulement… c’est votre cas à toutes… Vous ne seriez pas arrivées jusque là sinon… Et s’il n’y a pas le petit quelque chose en plus qui permette d’emporter la décision…
- Et ce serait quoi ce petit quelque chose ?…
- Ecoute… Tu m’es vraiment très sympathique… Je serais absolument ravie qu’on te garde et qu’on soit amenées à travailler ultérieurement ensemble toutes les deux… Alors je vais te donner le moyen d’avoir un énorme atout dans ta manche à condition… à condition que tu me promettes le secret le plus absolu…
- Oh, oui, oui, bien sûr… Bien sûr que je vous promets…
- A la suite de l’entretien que nous sommes en train d’avoir, là, en ce moment, je remettrai un rapport… Bien évidemment, dans ton cas, très louangeur… Mais ce n’est pas moi qui décide en dernier ressort… C’est Monsieur Lucien… Il fait la pluie et le beau temps ici monsieur Lucien… Et si ça se prolonge un peu notre conversation toutes les deux il va venir voir ce qui se passe… Il va forcément venir voir ce qui se passe…
- Et il va me remarquer…
- Si on fait ce qu’il faut pour… Parce que… il est de la vieille génération monsieur Lucien… Il a le goût du travail… Et de l’effort… Et ils apprécie que les autres l’aient aussi… Alors s’il voit que tu y es prête, que dès à présent, avant même que tu saches si ton avenir ici est assuré, tu fais preuve de la meilleure volonté du monde, tu t’efforces de mettre à profit les conseils qu’on te donne tu as partie pratiquement gagnée…
- Il faut que je fasse quoi alors, moi, du coup ?…
- Que tu te laisses guider… Le plus important dans notre métier, c’est le port… C’est de savoir se tenir droite… S’il me trouve en train de te l’expliquer… De te montrer comment t’y prendre…
- Oui, ben allez !… On y va… Je veux bien, moi…
- Et puis… on est entre adultes… il apprécie beaucoup, mais alors là énormément… la docilité… Et… Je peux te parler franchement ?…
- Tant que vous voulez…
- Une fois dans la place la plupart des modèles font preuve d’indiscipline, de mauvaise volonté ou de paresse… Ce qui l’exaspère… « - S’il ne tenait qu’à moi… S’il ne tenait qu’à moi je te flanquerais de bonnes fessées à tout ça… Elles verraient de quel bois je me chauffe… »… Alors… Alors tu comprends bien que s’il est amené à constater, par lui-même, que tu es prête à te laisser punir, sans rechigner, chaque fois que tu l’as mérité tu mets toutes les chances de ton côté… Absolument toutes les chances…
- Je comprends, oui… Eh bien, allez !…

- Il vient pas…
- Il va venir…
- C’est long…
- Laisse-lui le temps… Allez !… Jusqu’à la porte là-bas… Là… Et reviens !… Bien droite… Mais tiens-toi droite, nom d’un chien… Tu le fais exprès… C’est pas possible autrement…
- Mais non, mais… Aïe !…
- On recommence… C’est mieux… C’est beaucoup mieux… Tu vois que quand tu veux… Quand tu t’appliques vraiment…

- Il est pas venu…
- Il est pas venu, non… Ce qui m’étonne d’ailleurs… Il aura eu un imprévu… Bon… Mais c’est pas un problème en soi… Je lui en toucherai deux mots… J’appuierai ta candidature… Tu n’as aucun souci à te faire… Aucun…

- Qu’est-ce que vous voulez que je vous dise ?… C’est pas moi qui décide… Je suis juste une secrétaire, moi, ici… Je fais ce qu’on me dit… Un point, c’est tout…
- Oui, mais la brune dans le bureau là-haut elle m’avait dit que je serais prise… Que c’était sûr…
- A moi aussi…
- Et moi pareil…
- Et moi !…
- Et moi !…
- Et nous !…
- Non, mais c’est pas possible…
- La preuve que si !…
- Mais que deux places il y avait !… Elle le savait très bien…
- Ca va pas se passer comme ça !…
- Ah non alors !… On veut la voir…
- Et tout de suite…
- Oui, ben alors ça il y a pas de risque !… Parce que… Son contrat se terminait jeudi… Elle fait plus partie de la maison…
- On la retrouvera… Elle est où ?…
- A ce qu’il paraît… en Colombie…

La fille blonde, derrière, s’est penchée à son oreille…
- Non, mais comment on s’est fait avoir !… En beauté… Mais tout compte fait c’était pas si désagréable que ça finalement… Pas pour toi ?…

Escobarines: La cabine de bains





- T’es où ?… Ah, là… Que je te raconte… Figure-toi que j’étais sur la plage tout à l’heure…
- Pour pas changer…
- Quand il y a un type qui s’est approché… La quarantaine… Pas mal….Très poli… Ca y est !… Encore le dragueur de base que je me suis dit… Eh ben non !… Pas du tout… Un artiste c’était… Et tu sais pas quoi ?… La plage il l’avait faite dans tous les sens… Des kilomètres et des kilomètres… Un modèle il cherchait… Mais pas n’importe quoi… Une femme qui vaille vraiment la peine qu’on la dessine… Et qui c’est qu’il a choisi ?… Moi !… Il y en avait pourtant des centaines des filles à se faire dorer à moitié à poil au soleil… Eh ben non… Non… La seule qu’ait retenu son attention c’est la petite Aurore des Mureaux… Alors ?… Qu’est-ce tu dis de ça ?… Hein ?…
- Que faudrait d’abord savoir s’il l’est vraiment artiste…
- Oh, mais oui !… Oui !… Il fait plein de trucs sur Internet qu’il m’a dit…
- Et il s’appelle comment ce lapin ?…
- Estocade… Ou Esco quelque chose… Un truc dans ce genre-là…
- Ca me dit rien… Et de toute façon ça prouve rien… Moi aussi je peux raconter n’importe quoi pour emballer les filles si je veux…
- Sauf que lui tu verrais comment il dessine !…
- Il t’a montré ?…
- Non… Il m’a dessinée…
- Ah… Ben il a pas perdu de temps… Et il t’a dessinée comment ?… On peut savoir ?…
- Comment ça « comment » ?…
- Ben… dans quelle tenue… Ne fais pas l’idiote…
- Ce qu’il voulait c’est qu’on voie les marques de maillot… Alors forcément…
- Ah ben bravo !… Bravo!…
- On n’est plus au Moyen-Age, écoute !… Et depuis un bon moment…
- Non, mais je rêve, là… Je rêve… Alors si je comprends bien le premier type venu qui se prétend artiste peut te faire foutre à poil, juste en claquant des doigts, sur une plage noire de monde…
- D’abord il se prétend pas artiste… Il l’est… Et ensuite à l’abri des cabines on est allés se mettre… Je suis pas idiote quand même…
- Il y en a qu’ont pu te voir… En passant le long…
- Oui, oh, et alors !… Ils en ont pas perdu la vue…
- Et puis il y a lui !… Ca a duré combien de temps votre petite séance ?…
- Je sais pas au juste… Deux heures… Peut-être trois…
- Pendant lesquelles il s’est rincé l’œil tant qu’il a pu…
- Non, mais attends !… C’est son métier… Toute la journée il en voit des filles à poil… Tu penses bien que ça doit plus lui faire ni chaud ni froid depuis le temps…
- Oui, oh, alors ça !…
- Ecoute, Nono, c’est une chance inouïe ça pour moi… Une chance que j’ai pas du tout l’intention de laisser passer… Que j’ai pas le droit de laisser passer… Parce que ce qui va arriver après on peut pas savoir… Je vais être sur Internet… Il me l’a promis… Alors peut-être qu’il y a un producteur qui va me remarquer… Qui me fera faire un bout d’essai… Et dans ces milieux-là une fois que t’as le pied à l’étrier… Tu devrais le comprendre… Tu devrais me comprendre… Et m’encourager… Etre heureux pour moi… Au lieu de me mettre tous les bâtons que tu peux dans les roues… Et de me tirer une gueule de vingt mètres de long…

- Aurore…
- Oui… Quoi ?…
- Tu dors pas ?…
- Ben non… Tu vois bien…
- Je voudrais te demander quelque chose… T’as pas couché avec au moins ?…
- Non, mais t’es vraiment complètement idiot quand tu t’y mets…
- Tu vas le revoir ?…
- Demain, oui… Il l’a pas complètement fini mon dessin… Et puis peut-être qu’il aura envie d’en faire d’autres… J’espère… Ce serait bien…
- Dis… Tu voudrais pas ?…
- Quoi donc ?…
- Ce que je te fais des fois…
- Une fessée ?…
- Oui…
- Tu crois vraiment que c’est le moment ?…
- J’ai trop envie…
- Oui, ben t’attendras !… Après… Tant que tu voudras… Après… Quand il aura fini… Quand il sera reparti… Parce que je me vois franchement pas m’amener là-bas demain avec le derrière tout rouge… De quoi j’aurais l’air ?… Et je crois pas que ce soit vraiment le genre de type à apprécier ça les derrières tout rouges… Je l’aurais senti…

Escobarines: Sur le banc ( 1 )





- Faut savoir ce que tu veux !… Soi-disant que t’en crevais d’envie…
- Ben oui !… Si !… Mais…
- Mais quoi ?…
- C’est qui la femme ?…
- Je te l’ai déjà dit vingt fois !… Une connaissance à moi…
- Elle va pas aller le chanter sur les toits au moins ?… Tout le pays va pas être au courant ?…
- Mais non !… Faut toujours que t’aillles te mettre des idées invraisemblables en tête…

- C’est Violine… La petite étudiante dont je t’ai parlé…
- Ah oui… Celle qui redouble toutes ses années de fac…
- Voilà, oui…
- Et qui ramène des tas de bonshommes dans son lit… Qu’en a jamais assez… Je vois pas ce que t’es allée t’encombrer d’une gamine pareille chez toi !… Elle doit être invivable…
- Faut reconnaître qu’elle a son caractère… Et qu’elle est comme tous les jeunes… Désordonnée et tête en l’air… Si je n’y mettais pas bon ordre…
- Toi ?… Laisse-moi rire !… Je te vois bien dans le rôle, tiens !…
- Oh si, si !… Je peux te dire que je la lui fais ranger sa chambre… Et qu’elle a intérêt à passer à table à l’heure…
- Ben voyons !…
- Tu peux lui demander… Demande-lui… Hein, Violine ?!…
- Oui…
- Elle a l’air convaincue que ça fait peur…
- Non, mais si, c’est vrai, hein !… Et elle a pas intérêt à me désobéir ou à me répondre de travers… Parce qu’alors là elle a affaire à moi…
- C’est ça, oui !… Te connaissant comme je te connais tu lui fais les gros yeux… Tu lui dis que c’est pas bien… Qu’elle est pas gentille… Et elle recommence le lendemain…
- Oui… Eh bien détrompe-toi !… Pas plus tard qu’hier soir alors qu’elle me saoulait avec sa musique…
- Faut dire qu’ils sont d’un agaçant avec ça…
- Je lui avais demandé de baisser… Dix fois… Vingt fois… Pas moyen… Elle est plus têtue qu’une mule…
- Et alors ?… Qu’est-ce t’as fait ?… Tu lui as mis une fessée ?…
- Tu crois pas si bien dire…
- Et tu comptes me faire gober ça ?…
- Violine… Dis-lui, toi !… C’est pas vrai ?… Eh bien réponds !… Qu’est-ce que t’attends ?… Non ?… Bon… Eh bien viens ici alors !… Ah, commence pas !… Laisse-toi faire !… Laisse-toi faire, j’ai dit !… Là !… Et ça c’est pas une fessée peut-être ?…
- Oh, si !… Et une belle !… Elle est pas près de recommencer…
- Oui, oh, alors ça !… On voit que tu la connais pas… Elle est entêtée que le diable avec sa musique…
- J’aurais jamais cru ça de toi…
- Ben tu sais, il arrive un moment quand il n’y a pas d’autre solution… Reste comme ça, toi !… Bouge pas !… Tu comprends ce que je te dis ?… Eh bien alors !… Elle est dure, tu sais !… Elle m’en fait voir… Oh, mais je finirai par en venir à bout… Surtout qu’elle a pas mauvais fond, tout compte fait… Et qu’elle sait très bien, en son for intérieur, que c’est dans son intérêt que j’agis… D’ailleurs les résultats commencent à se faire sentir… C’est pas encore ça, mais ça s’améliore tout doucement… Elle est beaucoup plus calme… Beaucoup plus posée… Quant aux notes à la fac c’est spectaculaire… Bon… Mais en parlant de fac justement il serait plus que temps… Allez !… Dépêche-toi de te reculotter…

- Je suis contente… Oh oui, je suis contente… C’était juste comme j’avais envie… Avec exactement les mots qui me font quelque chose… On aurait dit que vous les lisiez à l’intérieur de moi… Et puis sa tête à la bonne femme en plus !… Le genre de tête que je peux pas voir… Elle est mauvaise ça se sent… Elle se réjouit du malheur des gens… Une vraie peste… C’est pas une vraie peste ?… Si, hein ?…
- Un petit peu…
- Pas seulement qu’un peu, je suis sûre… Vous savez ce qu’il faudrait un jour ?… C’est que vous m’en mettiez une devant elle… Une sévère… Interminable… J’aimerais trop ça… Voir sa tête… La regarder me regarder… Entendre ce qu’elle dirait… Oh, oui, ça me plairait trop… On pourrait pas ?…
- Oh, s’il y a que ça pour te faire plaisir…
- Quand ?…
- N’importe… Quand tu voudras…
- Demain alors… On pourra bien demain, hein ?…

Escobarines ( 2 )





- Violine ?!… Viens ici !… Viens voir là… T’entends ce que je te dis ?…
- Qu’est-ce qu’il y a ?…
- Tu peux pas venir quand je t’appelle ?…
- Ben je suis venue puisque je suis là…
- Commence pas à faire ta raisonneuse, veux-tu !… Tu vas où comme ça ?… Qu’est-ce que c’est que cette tenue ?…
- Quelle tenue ?…
- C’est carnaval ?… Et regarde-moi !… Regarde-moi, j’ai dit !… Il y a bal masqué, c’est ça ?… Et tu t’es déguisée en pot de peinture ?…
- Si je peux même pas me maquiller à mon âge…
- Tu peux te maquiller, oui, mais raisonnablement… T’as vu à quoi tu ressembles ?…
- Toutes mes copines…
- Je me fiche pas mal de tes copines… Tu vas me faire le plaisir d’aller te débarbouiller…
- Oui, ben alors ça sûrement pas… Je suis majeure… Et je fais ce que je veux…
- C’est ce qu’on va voir !…
- C’est tout vu…
- Pour commencer tu vas me faire le plaisir de changer de ton… Et ensuite je te rappelle que je t’héberge… Et qu’on a passé un accord toutes les deux…
- Oui, mais…
- Oui, mais quoi ?…
- Non… Rien…
- Tu m’agaces… Tu mériterais que je t’en colle une, tiens !… A force de chercher…
- Mais je cherche pas…
- Ah non ?… Qu’est-ce que t’es en train de faire ?…
- Toujours vous m’accusez… J’en ai marre à force…
- Bon, cette fois ça suffit !… Tu vas y avoir droit… Approche !…
- Oh non, s’il vous plaît !… Non… Pas maintenant !… Pas devant elle… Tout à l’heure… Je ferai tout ce que vous voudrez tout à l’heure…
- C’est devant elle que tu te montres insupportable… C’est pas devant elle ?…
- Si !…
- Eh bien alors c’est devant elle que tu vas être punie… Allez, approche, j’ai dit !…

- On peut pas dire qu’elle soit très courageuse cette grande fille !… Ce qu’elle a pu crier !… Et pleurer… Et supplier… Et comment elle s’est débattue !… Et comment elle s’est tortillée…
- Ah ça !… Tant qu’il s’agit de n’en faire qu’à sa tête elle est très forte… Mais dès qu’on élève un peu le ton… il y a plus personne… Bon, mais va vite te débarbouiller, toi !… Et passer une tenue décente…

- Ah, ben voilà !… Voilà!… A la bonne heure… C’est quand même mieux comme ça, non, tu trouves pas ?…
- Si !…
- Tu vois que quand tu veux te montrer raisonnable tu peux… Pourquoi il faut toujours que tu fasses ta mauvaise tête comme ça ?…
- Je sais pas… C’est plus fort que moi… Je peux pas m’empêcher…
- Si seulement tu consentais à faire un minimum d’efforts… Bon, mais allez !… Va vite !… File !… Tes amis vont t’attendre… Et rentre pas trop tard…

- Qu’est-ce qu’elle a dit quand j’ai été partie ?… Elle a dit quelque chose ?…
- Que tu l’avais pas volé… Et qu’à ma place elle t’en mettrait bien plus souvent et des beaucoup plus appuyées…
- Ca, c’est sûr qu’elle le ferait !… Vous avez vu ses mains ?… Comment elles sont sèches !… Et maigres !… Comment ça doit faire mal !… Surtout que je suis sûre qu’elle tape fort…
- Il y a un moyen simple de vérifier…
- Oh non !…
- Non ?…
- Enfin si !… Si… Mais faudrait qu’elle ait une raison…
- Tu crois que ce serait si difficile que ça à trouver ?…
- Non… Sûrement pas, non… Elle aimerait ça en plus !… Vous avez vu l’air qu’elle avait pendant que vous me la mettiez ?… Comment ça lui faisait plaisir !… Elle s’en cachait même pas… Cet espèce de petit sourire… Et ce qu’elle a pu me le reluquer le derrière… C’aurait été que d’elle on y serait encore… Elle revient quand ?…
- Quand on voudra… Quand je lui dirai… Je crois pas qu’elle se fasse trop prier…
- Ca !…
- Bon, mais et toi ?… Ta soirée ?…Ca a été ?…
- Oui, oh…
- Ca a pas l’air…
- Si… Si… Mais ce qu’il y a… c’est que je me suis fait draguer… Et pas qu’un peu…
- C’est si désagréable que ça ?…
- Non… Bien sûr que non… La seule chose, c’est que j’ai pas pu donner suite…
- Ben pourquoi ?…
- Il va forcément se rendre compte dans quel état j’ai le derrière le type… Ca craint… Et du coup… tintin… Mais quand même… quand même… je préfère quand même la fessée…

Escobarines ( 3 )





- Qu’est-ce qu’il y a ?… T’en fais une tête !…
- Il y a que… je suis nulle… Complètement nulle…
- Me dis pas que t’as recommencé ?!… Et sans capote !…
- Ben si !… Si !…
- C’est pas vrai !… Non, mais c’est pas vrai… T’es complètement irresponsable… T’as quoi dans la cervelle ?… Hein ?!… T’as quoi ?… Ca t’a pas servi de leçon la dernière fois?... Non… Il a fallu que tu coures y remettre le nez…
- Je peux pas m’empêcher…
- C’est des histoires, ça !… On peut toujours quand on veut…
- Pas moi !… Il suffit qu’il me regarde d’une certaine façon le type… Avec plein d’étoiles suppliantes dans les yeux et je craque… Tout ce qu’il veut il peut avoir…
- Et c’était qui cet heureux gagnant ?…
- Je lui ai pas demandé…
- On aura tout vu… Non, mais cette fois on aura tout vu… Bon, mais tu sais ce qui t’attend ?…
- Oui…
- Si au moins j’étais sûre que ça serve à quelque chose !… Parce qu’il va se passer quoi ?… Tu vas me faire toutes les promesses du monde… Ca !… Pour ça tu es très forte… Et puis tu vas te tenir à carreau trois jours et à la première occasion… Non… Non… Je baisse les bras… Colle-lui en une, toi, Myriam… Si le cœur t’en dit… Si tu penses que ça peut servir à quelque chose… Peut-être qu’avec toi ce sera plus efficace, mais moi… je renonce…

- Elle s’est pas fait prier… Comment elle a sauté sur l’occasion !… Elle attendait que ça, oui !…
- Probable en effet…
- En tout cas elle tape plus fort que vous… Ca, c’est sûr !… Et pas qu’un peu…
- Tu as aimé ?…
- Oh, ben oui, oui !… Surtout que comment ça l’excitait !… Ca se sentait… La seule chose… J’aurais cru qu’elle grondait plus que ça… Qu’elle faisait beaucoup plus honte… Elle a presque pas parlé finalement…
- Et ça t’a manqué ?…
- Un peu, oui… Parce que je m’étais imaginé… Qu’elle serait méchante… Qu’elle arrêterait pas de se moquer… De faire des tas de réflexions sur mon derrière… Tout ça…
- C’était la première fois… Peut-être qu’une autre fois…
- Oui, mais vous lui dites rien, hein !… Faut pas qu’elle sache… Faut qu’elle continue à croire… Ce serait plus marrant du tout si elle était au courant qu’on est de mèche toutes les deux et que c’est pas des vraies punitions que je ramasse…

- Dis-moi… C’était bien inventé tout à l’heure ?…
- Quoi ?… L’histoire du mec ?… Non, mais attendez !… Vous vous figurez quand même pas que je vais aller baiser sans capote avec quelqu’un que je connais ni d’Eve ni d’Adam !… Je suis pas folle quand même…
- Donc… tu as menti…
- Ben oui, oui… Mais c’est parce que…
- Oui, mais tu as menti… Tu sais bien que j’ai horreur de ça… Tu vas être punie… Allez !… Viens là !…

- Comment c’est pire une deuxième juste par-dessus !… Surtout quand la première elle a piqué que le diable…
- Tu regrettes ?…
- Oh non !… Non… Mais ce que vous avez tapé plus fort que d’habitude !… C’est à cause d’elle ?… Parce que vous l’avez vu faire ?… Et que vous voulez pas être en reste ?…
- Pas spécialement, non…
- De toute façon plus ça va et plus j’aime que ça fasse mal… Je sais pas pourquoi… Le seul problème c’est qu’après…
- Après ?…
- Ben j’ai vachement envie… Et comme je vous disais l’autre jour on peut pas après… Attendez !… De quoi on a l’air ?… Vous imaginez la tête du type ?… « - Qui c’est qui t’a fait ça ?… On te flanque encore des fessées à ton âge ?… »… Non, mais de quoi j’aurais l’air ?… Il se foutrait carrément de ma gueule, oui !… Et il aurait rien de plus pressé que de courir raconter ça à tous ses copains…
- A moins que ça le mette dans tous ses états… Et que t’aies droit à un véritable feu d’artifice…
- Oui, mais faudrait être sûre… C’est drôlement risqué… Si ça le prend d’aller chanter ça partout sur les toits… J’aurai bonne mine, moi !…
- Il peut aussi tenir à garder ça pour lui… Histoire de rester le seul à en profiter… De pas donner envie à d’autres de se mettre sur les rangs…
- En attendant comment ça doit faire honte qu’un homme il s’en rende compte !… Déjà une femme !… Mais alors un homme…
- Ca te déplairait tant que ça ?…
- Ben non… Non… Evidemment non…
- Peut-être qu’il voudrait t’en rajouter une couche ?…
- Oui… Ben alors là !… Mourir ça me fait…

Escobarines: Sur le banc ( 4 )





- Ils diront rien… C’est pas le genre… Et puis même ce serait ma parole contre la leur… De toute façon dans huit jours ils sont repartis… Alors !… Non !… J’ai trop envie… Il est trop beau… Et son copain aussi…
- Et tu comptes t’y prendre comment ?…
- Je sais pas… J’improviserai… Je trouverai… Ca, c’est pas un problème…

- On vous ramène votre fille, M’dame…
- C’est pas ma fille !… Parce que si c’était ma fille…
- Elle habite ici, elle a dit…
- Oui… Si… Oh la la !… Mais elle est dans un état !…Qu’est-ce qui s’est passé ?…
- Il y a une petite fête par là-haut… Et elle a un peu bu…
- Un peu !?… Vous appelez ça un peu !… Elle est complètement saoule, oui !… Elle tient à peine debout… Non, mais t’as vu ça, Myriam ?…
- Je vois, oui… Ca t’étonne ?… De sa part à elle tu peux t’attendre à tout… Absolument tout… Depuis le temps que je te le répète…
- Non, mais tu n’as pas honte, toi, de te mettre dans des états pareils !?…
- Mon lit… Je veux dormir…
- Oui, ben alors ça !… Avant on a un petit compte à régler toutes les deux…
- Un compte ?… Quel compte ?… Ah oui… Comme l’autre jour… Mais ça fait mal !… Drôlement mal même… Je veux pas… Et puis ils vont voir mes fesses les deux autres, là… Je veux pas qu’ils voient mes fesses… Surtout que je les connais pas… Presque pas…
- Ils verront rien du tout… Ils ont certainement autre chose à faire qu’à attendre ici que tu aies dessaoulé… N’est-ce pas, jeunes gens ?…
- Oui… Bien sûr… On va y aller… On y va…
- Et encore merci… C’est très gentil à vous de l’avoir ramenée…

- Alors ?…
- Oh, ben alors… J’ai fait celle qui venait s’excuser de les avoir obligés à me raccompagner… Qu’était désolée… J’avais pas l’habitude de boire… Pas du tout… Du coup il avait suffi de deux-trois verres… Ils se sont récriés… Oh, mais c’était pas grave… C’était rien… Ca arrivait à tout le monde… Mais vous aviez pas été trop dures avec moi au moins après ?… Parce que qu’est-ce que vous aviez l’air sévère là toutes les deux sur le banc !… Ca devait vraiment pas être rose pour moi tous les jours … Ah ça, non !… Non !… Ils pouvaient le dire… Mais je faisais avec… Il fallait bien… J’avais pas trop le choix… « - Et est-ce que ?… - Est-ce que quoi ?… - Ben… Elles avaient l’air de vouloir… D’attendre qu’on soit partis pour… - Oh non, elles l’ont pas fait… Oh, non !… Tu parles… Manquerait plus que ça… »… Mais ils allaient pas me lâcher comme ça… Vous l’aviez peut-être pas fait… Peut-être pas là… Mais il y avait sûrement des fois où c’était arrivé… Hein ?… Obligé… A la façon dont vous m’en menaciez toutes les deux… J’ai nié… Oh, allez !... Je pouvais bien le dire... Continué à nier… Mais non !… Non !… Pas du tout… Ils ont insisté… Mais si !… Si !… Ils le savaient n’importe comment… Ils le savaient ?!… Comment ça ils le savaient ?!… Ben oui, ils le savaient… Oui… Parce qu’ils avaient vu… Parce qu’ils étaient pas vraiment partis en réalité… Ils avaient fait claquer les portières, ronfler le moteur, démarré en trombe, mais ils s’étaient arrêtés dans la petite rue derrière… Ils étaient revenus… A pied… Et ils avaient tout vu, planqués derrière la haie de troënes… Hein ?… Mais c’était dégueulasse !… Ils étaient dégueulasses… Pourquoi ils avaient fait ça ?… Ben parce que… Parce que… Et pourquoi ils me le disaient maintenant ?… Pour me mettre la honte ?… Pour m’humilier ?… C’était ça ?… Ils croyaient que c’était pas assez dur comme ça pour moi de recevoir encore des fessées à mon âge ?… Si !… Non !… Ils avaient pas voulu… Ils voulaient pas… J’ai fondu en larmes… Fait semblant… Je me suis effondrée sur le canapé… Ils m’ont entourée… Ont passé leurs bras autour de mes épaules… Là… C’était tout… C’était fini… Il y avait pas de quoi se mettre dans des états pareils enfin !… Si, il y avait de quoi, si !… Parce qu’ils savaient pas ce que c’était, eux, que de recevoir des fessées à tout bout de champ pour un oui pour un non… Et maintenant eux en plus qui… Ils m’ont consolée… Ils m’ont caressé les joues… le cou… les épaules… Plus bas… Tout tendres… Tout calins… Avec du désir paillettes dans leurs yeux… Je me suis abandonnée… Complètement… Ils ont posé leurs joues sur mes fesses… Comment c’était rouge !… Vous m’aviez pas loupée, ah non, alors !… Leurs lèvres… Ils les ont piquetées de baisers… Agacées avec leurs dents… Alors forcément c’est arrivé… Tous les deux… En même temps… De chaque côté… Comment c’était bon !… Et pour eux aussi… On va se revoir du coup… Ce soir… Et alors je voulais vous demander… Vous pourriez pas juste avant… Mais alors juste avant… Au moment de partir…
- T’en mettre une ?… Tu l’as amplement méritée, avoue !…
- Oh oui, je l’ai méritée, oui !… Et pas qu’un peu…

samedi 5 mars 2011

Escobarines: Au service de Mademoiselle





- Mais qu’est-ce t’as, Suzette ?… Tu pleures ?… C’est ton amoureux ?… Il a été méchant avec toi, c’est ça, hein ?…
- Oh, non, non… C’est pas Denis, non…
- C’est quoi alors ce gros chagrin ?…
- C’est Mademoiselle Lise… Qu’est toujours après moi… Dix fois qu’elle m’a fait recommencer les poussières au salon et dans les chambres… Quinze fois… Que ça allait jamais… Et qu’elle me répète sans arrêt que je suis pas capable… Que Madame sa mère elle est bien trop bonne avec moi… Que le jour où elle sera plus là la porte elle sera pas assez grande pour que je m’en aille… Que j’irai crever de faim dans un coin… Que c’est tout ce que je mérite… alors quand elle va passer de l’autre côté la pauvre Madame…
- C’est pas demain la veille… Et t’inquiète pas que la Lise elle te mettra pas dehors…
- Oh, si !… Si !… Elle me le répète assez… Et qu’est-ce que t’y pourras rien faire, toi, ma pauvre Fanchon…
- On verra… Alors ça on verra…

- C’est pas vrai !… Hein, tu le sais bien, toi, Fanchon, que c’est pas vrai…
- Quoi donc qu’est pas vrai ?…
- Que je l’aguiche son frère… Que je fais tout pour qu’il me coince… C’est ce qu’elle dit… Et qu’elle voit clair dans mon petit jeu… Que j’ai pas intérêt à continuer à m’y frotter à monsieur Edouard parce que alors là j’aurai affaire à elle… Et que de toute façon Denis il va être au courant… Elle va faire ce qu’il faut pour… Mais je veux pas, moi, Fanchon, c’est pas juste… C’est tout faux ce qu’elle raconte… Et si Denis il apprend des choses pareilles…
- Ah, elle le prend comme ça !… Eh bien elle va voir ce qu’elle va voir… Tu sais où on étend les draps ?…
- Ah, ben ça oui pour sûr !… C’est moi qui le fais…
- Alors va te cacher sous l’escalier ce tantôt et quand tu entendras du bruit viens voir ce qui se passe…

- Personne t’a vue monter, Fanchon, tu es sûre ?…
- Mais oui, Mademoiselle, qui voulez-vous qui vienne traîner par ici à c’t’heure ?… Tout le monde vaque à ses occupations…
- Et tu me gardes bien le secret, hein ?… Tu me promets ?… Que personne sera au courant… Jamais…
- Depuis le temps que Mademoiselle se confie à moi…
- Oui… Bien sûr… Je suis stupide… Tu es muette comme la tombe… Tu l’as toujours été…
- Comment Mademoiselle souhaite-t-elle que nous procédions aujourd’hui ?…
- Comme tu voudras, Fanchon… Mais chauffe-moi le bien !… Qu’il me brûle un bon moment…
- Avec le battoir alors…
- Si tu veux… Et parle-moi !… Comme tu fais d’habitude… J’aime trop ça quand tu me parles pendant…
- Allez, Mademoiselle !… On découvre son petit cul…
- Oh, Fanchon !…
- Et plus vite que ça… On se dépêche !… On a beau être une grande fille… On va y avoir droit… Et on va s’en souvenir…
- Mais j’ai rien fait, Fanchon !… J’ai été sage…
- A qui Mademoiselle veut faire croire ça ?… Est-ce qu’elle n’a pas eu de vilaines pensées ?… Est-ce qu’elle n’a pas laissé discrètement traîner ses regards sur les hommes à la messe ?…
- Ben si , mais…
- Alors on ne discute pas… Et on s’amène par ici… Allez, hop !…
- Aïe !… Aïe !… Mais ça fait mal, Fanchon…
- Parce que Mademoiselle s’imagine que je l’ignore ?… C’est justement là l’intérêt de la chose…
- Tu peux encore plus, tu sais, si tu veux…
- Et je vais pas m’en priver… Comme un cochon qu’on égorge elle va braîller la petite Demoiselle…

- Ouche, Fanchon !… Tu y es pas allée de main morte…
- Mademoiselle le regrette ?…
- Oh non, non, au contraire… Mais… écoute !… T’as rien entendu ?…
- Non…
- Il y a quelqu’un… Si !… T’entends pas ?… Ca dégringole l’escalier… Va voir !… Tu veux pas aller voir ?…
- C’est Suzette… Elle est partie…
- Suzette !… Mais qu’est-ce qu’elle faisait là ?…
- Ca !…
- Mais c’est horrible !… Elle va rien avoir de plus pressé que d’aller raconter partout ce qu’elle a vu…
- Suzette ?… Oh non !… Elle dira rien… J’en fais mon affaire… A condition toutefois que Mademoiselle ne se montre pas trop dure désormais avec elle… Qu’elle évite de la prendre à rebrousse-poil comme elle a trop souvent tendance à le faire…

Escobarines: Résidence des Fauvettes





C’est le 12 Avril que j’ai emménagé, avec Olivier, à la résidence des Fauvettes…
Et c’est le surlendemain que j’ai fait la connaissance d’Olga dans le hall d’entrée où j’étais descendue relever mon courrier. Olga ça a d’abord été une voix derrière moi…
- Ca t’écorcherait la bouche de dire bonjour, toi ?…
Je me suis retournée stupéfaite…
- Oui… C’est à toi que je parle…
- Heu… Pardon… Bonjour… Excusez-moi !… Bonjour…
- Tu as quel âge ?…
- 22…
- Et à 22 ans t’es pas fichue de dire bonjour ?!… Non, mais où t’as été élevée ?… Et baisse les yeux quand je te parle !… Tu entends ce que je te dis ?… Non, mais quelle insolente tu fais…
Je me suis enfuie, du plus vite que j’ai pu, sans répondre…
A Olivier je n’ai pas touché mot de cet incident… J’étais beaucoup trop mortifiée…

Je l’ai croisée sur le trottoir, le mardi suivant… Aperçue au dernier moment… Sans pouvoir lui échapper… Elle revenait de faire ses courses…
- Tiens, tu tombes bien, toi !… Tu vas me porter ça…
Oui, ben alors là sûrement pas !… Pas question… Elle pouvait toujours courir… Non, mais pour qui elle se prenait ?…
- J’ai pas le temps… Je suis déjà en retard… Il faut que…
- Oui, ben justement !… Si tu te dépêches t’en as pour deux secondes…
Et j’ai obtempéré. Pris son sac, en rage contre moi-même. Fait demi-tour à ses côtés…
- Finalement tu n’as pas si mauvais fond… C’est juste que tu as été mal élevée… Très mal élevée… Mais ça il est jamais trop tard… Il y a des méthodes qui ont fait leurs preuves… Hein ?… Qu’est-ce que tu en penses ?…
- Je vous le pose où ?… Votre sac ?… Je le mets où ?…
- Là…
Elle m’a soulevé le menton… Du bout du doigt…
- Je suis sûre qu’au fond tu es quelqu’un de très docile… Très très docile… Non ?…
Je n’ai pas répondu. Je n’ai pas bougé. Hypnotisée. Tétanisée. Elle a fait durer… Un temps interminable…
- Allez, file !… Tu étais pressée… Tu vas être en retard…

En bas j’ai couru. Au hasard. N’importe où. En rond… Le parc de la mairie… Je me suis jetée sur un banc, hors d’haleine… Folle !… Folle !… Complètement cinglée cette bonne femme… A enfermer… Et moi !… Non, mais tu pouvais pas le repousser son doigt ?… Tu pouvais pas l’envoyer une bonne fois pour toutes sur les roses ?… Lui dire ce que tu pensais d’elle ?… Oh, mais elle perdait rien pour attendre !… La prochaine fois… Qu’elle vienne encore s’y frotter et elle allait voir ce qu’elle allait voir…

On a sonné. C’était elle. Qui n’a pas attendu que je lui dise d’entrer. Qui s’est plantée, d’autorité, au milieu du séjour…
- Tu ne travailles pas, je suppose…
- Si… Non… C’est-à-dire que…
- Que tu vis aux crochets de la société… Il y a pas franchement de quoi être fière… Et tu pourrais au moins avoir la décence de respecter le sommeil de ceux qui, eux, travaillent…
Je suis devenue écarlate…
- Que tu t’envoies en l’air jusqu’à trois heures du matin c’est une chose, mais tu n’es pas obligée pour autant d’en faire profiter tout l’immeuble…
- Mais non, mais je…
- Me dis pas que tu es incapable de te contrôler… On peut toujours si on veut… Mais sans doute que tu préfères te donner en spectacle… T’es bien le genre à ça…
Elle a jeté un coup d’œil sur le canapé, puis sur la petite table basse… Sur les étagères…
- C’est dans un désordre chez toi… Mais qu’est-ce que tu fabriques de tes journées ?… Tu as quand même bien le temps de faire un minimum de ménage, non ?… Ah, il est de bonne composition ton petit ami…
J’ai baissé la tête sans répondre… Elle me l’a fait relever… Du bout du doigt… Du bout du doigt sous le menton…
- Regarde-moi !… Tu n’as pas honte ?… Regarde-moi, j’ai dit !… Il est vraiment temps que quelqu’un te prenne en mains, non, tu crois pas ?… Réponds !…
C’est sorti malgré moi. Venu de très loin…
- Si…
- A la bonne heure… Tu deviens raisonnable… Une bonne fessée, quand tu l’as méritée, reconnais que, dans ton cas, c’est encore ce qu’il y a de mieux…
- Oui…
- Et que là tu l’as amplement méritée…
- Oui…
- Parfait… Je t’attends en bas… Chez moi… A tout de suite…

Elle fumait, confortablement installée dans un fauteuil…
- Déshabille-toi !… Complètement… Face à moi… Tu enlèves tout… Et tu restes comme ça… On a tout notre temps… Il y a rien qui presse… On a absolument tout notre temps…


Escobarines: Soir de tchatche





- Salut !… Moi, c’est « The Spanker »…
- J’ai vu… Je sais lire…
- T’as regardé mon profil ?…
- Oui…
- Et moi, le tien… Bon… Alors perdons pas de temps… Tu cherches quelqu’un pour t’en flanquer une… T’as trouvé… Il y a pas mieux que Jojo pour ça… Expérimenté et tout et tout… Tu seras pas déçue, tu verras… Il en a jamais déçu aucune Jojo… Jamais… On s’appelle ?…
- Là ?… Comme ça ?… Tout de suite ?… Maintenant ?…
- Ben oui… C’est quoi ton numéro ?…
- Mon numéro ?… Mais on se connaît pas… Ca fait à peine cinq minutes qu’on discute…
- Qu’est-ce ça peut faire ?… On s’en fout… Allez, vas-y, balance !… De quoi t’as peur ?…
- Mais de rien… Seulement…
- Seulement quoi ?… Putain !… Mais c’est pas possible !… Il y a vraiment rien que des fantasmeuses sur ce forum… Bon, ben allez, salut !…

- Ave !… C’est joli « Demi-Lune » comme pseudo… Il y a une raison ou bien c’est juste comme ça ?…
- Ca remonte loin… Au primaire… Une institutrice qui disait que j’étais toujours à moitié dans la lune…
- Et c’est toujours vrai ?…
- Un peu…
- Tant mieux !… J’adore ça… Tu fais quoi comme boulot ?…
- Secrétaire… Et toi ?…
- Moi ?… Dans l’artistique je suis… Scénariste… Avec Luc Besson j’ai travaillé… Mais j’ai aussi une expo photo prévue à Arles l’été prochain… Et je viens de finir un bouquin qui sort cet automne chez Gallimard…
- C’est pas vrai !… Mais c’est merveilleux !…
- Oui, hein ?!…
- On est faits pour s’entendre… Parce que Madame Bovary, c’est moi… C’est moi qui l’ai écrit… Et là, en ce moment, je mets la dernière main à « L’Education sentimentale »…
- Pauvre dinde, va !…

- Bonsoir… Alors comme ça, à ce qu’il paraît, on aime la fessée…
- Ca dépend… Ca dépend par qui elle est donnée… Et comment…
- T’en es encore là ?… Parce que la fessée franchement…
- Qu’est-ce tu proposes d’autre ?…
- Oh, il y a plein d’autres choses… Les liens… Les pinces… La cire…
- Carrément…
- Ben oui… Là au moins il y a de la sensation… C’est autre chose que ces petites fessées ridicules…
- Ca… C’est ton point de vue…
- Ca te dit pas d’essayer ?…
- Pas vraiment, non…
- Dommage !… Tu sais pas ce que tu perds…

- Coucou… Moi, c’est Pauline… On peut se parler un peu ?…
- Bien sûr…
- Je suis complètement perdue… C’est la première fois que je viens là et ça me tombe dessus de partout… Des tas de mecs…
- Si ce sont les mêmes que moi…
- Ils veulent qu’on se voie…
- Ca !… Mais te précipite pas !… Un conseil : te précipite pas !… Regarde bien où tu mets les pieds… T’as déjà rencontré ?…
- Non !… Non… J’y connais rien du tout à tout ça… C’est juste que j’arrête pas d’y penser à la fessée… D’aller voir et de lire des tas de trucs là-dessus sur Internet… Et d’imaginer qu’on me la donne… Presque tous les soirs… C’est pour ça que je suis venue ici…
- T’en as jamais reçu du coup alors ?… Par personne ?… Jamais-jamais ?…
- Non… Comment j’ai envie pourtant !… Mais aussi comment ça me fout la trouille…
- Faut pas avoir peur… C’est génial… Quand c’est bien fait… Et que le courant passe… Ecoute… Ca te dirait que je te montre ?…
- Si tu veux…
- Au moindre signe… Au moindre mot de toi… j’arrête aussitôt… C’est promis… Et même, tiens, tu me la mettras la première… Pour te rendre compte…
- Mais je sais pas faire…
- Eh ben justement t’apprendras…


Escobarines: Dessins





- Alors là c’est ta chambre ?…
- Oui…
- C’est vachement grand, dis donc !… Et à part ça t’as droit à quoi ?…
- A tout… La cuisine… Le séjour… A tout sauf sa chambre à elle… Ce qu’est normal…
- Ca me plairait bien, moi… Quand je vois le truc minuscule que j’habite… Et complètement pourri en plus…
- Tu pourrais… Il reste une chambre de libre…
- Elle te fait payer combien ?…
- Rien du tout…
- Rien du tout ?… C’est pas vrai !…
- Ben si !…
- Mais pourquoi ?…
- Tiens, viens !…
- Où ça ?…
- Dans sa chambre…
- T’as pas le droit, t’as dit…
- Ca fait rien… Viens !… Je veux te montrer quelque chose…

- C’est quoi ?…
- Des dessins…
- Oui, ben ça je vois bien…
- Des dessins d’Escobar…
- Qui c’est celui-là ?…
- Tu connais pas ?…
- Ben non…
- Regarde alors !…
- Ouah !… Mais c’est dégoûtant !…
- Pas vraiment, non…
- Mais c’est rien que des fessées !…
- Presque, oui !…
- Et c’est que des filles qui les prennent…
- Et aussi qui les donnent…
- Mais elle fait quoi avec ça dans sa chambre ta bonne femme ?…
- A ton avis ?…
- J’en sais rien, moi !… Qu’est-ce que tu veux que j’en sache ?…

- Non, mais faut pas se gêner…
- Je vais vous expliquer…
- Tu vas rien m’expliquer du tout… Je t’avais interdit d’entrer dans ma chambre… Je te l’avais pas interdit ?…
- Si, mais…
- Et avec une inconnue en plus !…
- C’est pas une inconnue… C’est Mathilde… Je vous en ai parlé…
- Et t’as fouillé dans mes affaires…
- Oui, mais c’était pour qu’elle…
- Remets-moi ces dessins en place… Et passe à la cuisine… Qu’on règle nos comptes toutes les deux…

- Allez !… Baisse-moi ça !…
- Je…
- Et dépêche-toi !… J’ai pas que ça à faire… Là… A la bonne heure… Et en position… Oui… Comme ça… Tu vois, Mathilde ?… Tu vois comment on traite les grandes filles désobéissantes ?… Parce que… je fais beaucoup pour elle… Beaucoup… Je n’attends rien en retour… Je lui demande simplement de respecter quelques règles élémentaires de bonne conduite… Mais il faut croire que même ça c’est trop pour elle… Oh, mais elle comprendra… Il va bien falloir qu’elle finisse par comprenne… C’est ça !… Piaille, toi !… Piaille !… Si tu crois que c’est comme ça que tu vas m’apitoyer…

- Eh ben dis donc !…
- Alors ?… T’as vu ?… T’as compris ?…
- Oh, pour ça oui…
- Ca te dirait pas de venir ici ?… On serait quand même mieux à deux, non ?…
- Je sais pas… Faut que je réfléchisse… Où je peux les trouver les dessins du type, là ?…
- D’Escobar ?… Sur Internet… Je te dirai… Sinon… Ils sont dans sa chambre…
- Oui, ben ça je sais bien, mais…
- Elle est partie…
- Et si elle revient ?…
- Ben, toi aussi t’y auras droit… Forcément t’y auras droit…

Escobarines: Balançoire





- Vous en faites une tête, les filles…
- Faut qu’on te dise…
- Oui… Faut qu’on te dise… Lionel…
- Eh bien quoi Lionel ?…
- Roxane elle a des vues dessus… Et pas qu’un peu…
- Quelle garce !… Elle le sait pourtant que je suis après… Et depuis un bon moment…
- Oui, mais justement !… Elle a dit comme ça que depuis le temps que t’arrivais à rien… Qu’il faut pas que tu rêves : tu l’intéresses pas… Et qu’est-ce qu’un type comme lui pourrait bien aller foutre avec une fille comme toi… Il est libre à ce qu’elle sache… Et c’est sûrement pas parce que tu te fais un film dans ta tête que ça va l’empêcher…
- Elle veut la guerre ?… Elle va l’avoir… Et pour commencer avant huit jours il est dans mon lit Lionel… On va employer les grands moyens…
- C’est-à-dire ?…
- Vous allez voir… Vous venez ?… On va chez toi, Ninon…
- Chez moi ?… Quoi faire chez moi ?…
- Ben c’est ton voisin, Lionel, non ?…

- S’il nous a pas entendues avec tout le bruit qu’on fait…
- Il est là au moins ?…
- Ben oui… Oui… Il y a sa moto…
- Il peut nous voir ?…
- Seulement du vasistas du grenier…
- Il doit nous trouver plutôt dindes de nous amuser encore à la balançoire à notre âge s’il nous regarde…

- Vous savez pas ce qu’on va faire, les filles ?… On va s’engueuler… Grave…
- Hein ?… Mais ça va pas !… J’ai pas du tout envie de m’engueuler, moi…
- Mais non, mais pour du faux… Vous allez me crier après… Le plus fort possible… Qu’il monte voir au grenier ce qui se passe s’il y est pas déjà… En faisant semblant d’être très en colère contre moi… Mais alors là vraiment très en colère… Tellement en colère qu’à un moment il y en a une qui va me le baisser mon maillot et que vous allez me flanquer une bonne fessée…
- Non, mais t’es vraiment pas bien !…
- Ca va te servir à quoi ?…
- Ca va me servir que quand vous aurez fini de me la mettre, vous me planterez là, que je me reculotterai comme je pourrai – tant bien que mal – et que je me jetterai dans l’herbe, près de sa haie, en pleurant toutes les larmes de mon corps… S’il vient pas me consoler alors là… là… je sais vraiment plus ce qu’il faut faire…
- Ca peut peut-être marcher, oui…
- C’est complètement fou, moi, je trouve…
- En tout cas après ça il te verra d’un autre œil, ça, c’est sûr…

- Plus fort, Véro… Tape plus fort… Que je chiale vraiment… Et bien tout le tour… Que ça déborde du maillot quand je le remettrai tout à l’heure…
- Je fais ce que je peux !… Et puis si elle m’aidait Ninon aussi au lieu de rester plantée là, bras ballants, à me regarder faire…

- Là, c’est bon, les filles maintenant !… C’est bon… Laissez-moi !… Partez !…

Le nez dans l’herbe… En irrépressibles sanglots… Le silence… Un pépiement d’oiseau… Bon… Alors ?!… Qu’est-ce qu’il fout ?… Un tracteur est passé tout près… Un chien, au loin, a furieusement aboyé… Il va pas venir… Il viendra pas… Il était même pas chez lui si ça se trouve… Ou il écoutait de la musique à fond… Il a rien entendu… Encore cinq minutes… Et si dans cinq minutes… Un long coup de klaxon, derrière, sur la Nationale… Je trouverai autre chose… Une autre solution… Mais elle l’aura pas… Alors là !… Qu’elle compte pas l’avoir…

Une présence… Oui… Une présence derrière la haie… Lui… Forcément… Elle n’a pas relevé la tête… L’a enfouie plus profondément dans l’herbe… S’est imperceptiblement soulevée du bassin… A attendu… Un toussotement… Et puis un rire… Un autre… Encore un… Elle s’est précipitamment redressée… Lui… Sa tête par-dessus la haie… Et trois… Quatre… Cinq têtes… Des types… Que des types… Et Roxane, appuyée contre lui…

A toutes jambes… Derrière ça a encore ri…
- Un beau panpan-cucul tu as pris, ma chérie…
- Ca valait le coup d’œil… Ah oui alors !… On regrette pas…
- Voilà ce qui arrive quand on est pas gentille avec ses copines…
- Tu recommences quand tu veux, hein !… Quand tu veux…

Escobarines: Les vendeuses





Ca a d’abord été un gros bijou fantaisie… Disparu juste après le passage d’un petit groupe de gamines…
- Faites-y attention, hein, toutes les deux !… Si on doit se faire piller comme au coin d’un bois…

Et puis une montre tout incrustée de petites pierreries…
- 120 euros qui partent en fumée… Et vous n’avez rien remarqué ?… Ni l’une ni l’autre ?…
Non… Presque pas de clients il y avait eu… Et aucun ne s’était approché du présentoir bleu... Personne... J’en étais sûre... Personne sauf… Jessica… En faisant les poussières… Ca pouvait pas être Jessica quand même !…

C’est quand un flacon Dior a disparu, sur une étagère, derrière la caisse, que Madame Martin nous a explicitement soupçonnées…
- J’ose espérer que ce n’est pas l’une de vous deux… Vous n’ignorez pas quelles conséquences cela pourrait avoir…
Ce n’était pas moi… Jessica non plus… C’est en tout cas ce qu’elle a proclamé, elle aussi, haut et fort, d’un petit air scandalisé…

Trois cents euros... Dans la caisse…
- Bon… Alors cette fois ça suffit… On va crever l’abcès… Une bonne fois pour toutes… Alors laquelle de vous deux ?…
- Pas moi…
- Ni moi…
- Ben voyons !… Ca s’est envolé tout seul… Bon… J’ai fouillé vos sacs et vos manteaux en réserve derrière… Il n’y a rien dedans… Donc il y en a une qui a les billets sur elle… Je veux savoir laquelle… Vous vous déshabillez…
Elle n’avait pas le droit… Mais je n’avais rien à me reprocher… Je l’ai fait… Pour me laver de cet insupportable soupçon… J’étais innocente… Il fallait qu’elle le sache…
- Enlevez !… Enlevez tout !…
Elle nous a gardées longtemps sous son regard…
- Vous êtes très malignes… Mais je vous coincerai… Je vous jure que je vous coincerai…

- C’est toi, Jessica, hein !… Comment t’as fait ?… Tu les as cachés quelque part dans le magasin pour les récupérer après ?…
Elle a haussé les épaules…
- Mais non, c’est pas moi !…
- Ben, c’est qui alors ?…C’est pas moi non plus !…
- Elle !… Madame Martin…
- Hein ?!… Mais ça lui sert à quoi ?…
- A nous accuser… Et à nous faire déshabiller… Elle adore… Celles avant nous elle leur avait fait la même chose… Même qu’après elle leur avait carrément planqué de l’argent dans leurs affaires… Histoire d’avoir un prétexte pour leur mettre une fessée…
- Une fessée !… Non, mais elle est vraiment pas bien…
- Question de point de vue…
- Mais alors !… Peut-être qu’à nous aussi elle va nous en cacher dans nos sacs… Pour faire croire…
- Dans nos sacs ou ailleurs… Evidemment… Même que ça devrait pas tarder…
- Elle a pas le droit… Pas question de se laisser faire alors là !…
- Moi, si !…
- Hein ?… Tu vas te laisser faire !… Mais pourquoi ?…
- Parce que je l’ai prise exprès la place… Exprès pour ça… Pour que ça m’arrive… J’aime trop la façon dont elle s’y prend… Comment elle fait monter la tension de jour en jour… T’as rien fait, mais tu finis quand même par te sentir coupable… C’est terriblement injuste, mais tu sais au fond de toi que, d’une certaine façon, t’as mérité quand même…
- Mais j’ai rien mérité du tout, moi !… J’ai rien fait…

- Bon, alors ces demoiselles !… Venez voir !… Venez voir par ici… Alors ?!…
Dissimulée dans la réserve, tout en bas d’une étagère, sous une pile de vieux prospectus, une énorme liasse de billets de vingt euros…
- Vous direz pas le contraire cette fois !… Alors qui ?… Laquelle de vous deux ?…
- C’est moi, Madame !… Elle y est pour rien du tout Aurore…
C’est venu tout seul… Sans que je le veuille… De je sais pas où…
- Hein ?!… Mais c’est pas vrai !… Tu sais bien que c’est pas vrai !… On était d’accord… On devait les récupérer… Et se les partager…
Madame Martin nous a couvées toutes les deux d’un long regard satisfait… Et gourmand…
- Très bien, mes chéries… Très bien…
Elle a extirpé une cravache d’un tiroir…
- Allez !… On se déculotte gentiment…

Escobarines: Noces





- Allons, cessez de faire l’enfant, voulez-vous !… Votre père, auquel vous devez obéissance, a décidé que vous épouseriez Monsieur de la Futaille… Vous épouserez Monsieur de la Futaille…
- Jamais, ma sœur !… Jamais !… Plutôt mourir…
- Nous saurons bien vous ramener à la raison… Mais pour l’heure je vous laisse méditer tout à loisir… Et prier…

- Alors, ma fille, est-on revenue à de meilleures dispositions ?…
- Si vous entendez par là, ma sœur, que ma détermination a faibli il ne saurait en être question…
- Mission nous a été confiée d’obtenir votre assentiment… Par quelque moyen que ce soit… Nous avons carte blanche… Vous plierez… Je vous jure que vous plierez…
- Dussé-je mourir sous les coups je n’épouserai jamais monsieur de la Futaille…
- Nous en avons maté de beaucoup plus entêtées que vous…

- Vous avez tort, mon enfant… Vous avez grand tort de prendre ainsi sœur Véronique de front… Si en effet votre obstination la contraint à vous appliquer la discipline elle vous ménagera d’autant moins que vous lui aurez plus résolument tenu tête…
- Peu m’importe… On peut bien en user avec moi comme on veut… Je n’épouserai pas Monsieur de la Futaille…
- Qui constitue pourtant un excellent parti…
- Il devrait dès lors pouvoir sans difficulté en trouver une autre avec qui convoler…
- Vous semblez fort prévenue contre lui… Quel en est donc le motif ?…
- Je ne nourris à l’égard de Monsieur de la Futaille – que je n’ai fait qu’entrevoir – ni ressentiment ni sentiment quel qu’il soit…
- Que viendraient donc faire les sentiments ici ?… Vous savez bien qu’ils sont chose fluctuante… Et inconstante… Qu’ils mènent aux pires égarements… Le mariage, lui, est chose sérieuse – et sacrée – qui vous engage pour la vie…
- Raison de plus, ma mère, pour ne pas le contracter à la légère…
- Quelle écervelée vous faites !… Et quelle raisonneuse !… Vous croyez-vous vraiment en état de décider ce qui est bon pour vous ?… Vous n’avez ni la maturité ni les capacités nécessaires… Et vous seriez beaucoup mieux avisée de laisser votre père vous établir comme il le juge bon… C’est un homme de sens rassis qui a toujours pris vos intérêts à cœur…
- Certes, ma mère, certes…
- Eh bien alors !… Laissez-le donc vous guider sur la voie qu’il juge, avec raison, la meilleure pour vous…
- Je n’épouserai pas Monsieur de la Futaille…
- Fort bien… Sœur Véronique saura, le moment venu, vous en convaincre…

- Finissons-en !… Dites-moi la vérité…
- Quelle vérité ?…
- Quelque bellâtre vous aura envoûtée et détournée du droit chemin…
- Je ne comprends pas ce que vous voulez dire, ma sœur…
- Vous ne le comprenez que trop bien… Et nous saurons vous le faire dire… Ou l’apprendre… Nous avons tout notre temps…

- Connaissez-vous un certain Raphaël ?…
- Moi ?… Non point, ma mère…
- A ce nom vous vous êtes pourtant troublée…
- Ce n’aura été qu’apparence… Je ne le connais point…
- Il se serait trouvé sur lui, paraît-il, des missives que vous lui auriez adressées…
- On se sera trompé…
- Et qui seraient fort compromettantes…
- J’ignore de quoi vous voulez parler, ma mère…
- Il apparaîtrait même que votre refus d’acquiescer à une union avec Monsieur de la Futaille lui serait imputable…
- Comment cela se pourrait-il ?… J’ignore qui il est…
- On en semble pourtant convaincu…
- A tort… Assurément à tort…
- Il se prétend que, dans ces conditions, il pourrait lui survenir tout prochainement malheur… Grand malheur… Ce qui serait – avouez-le ! – extrêmement fâcheux…
- On lui ferait pour lors grande injustice…
- Epouserez-vous monsieur de la Futaille ?…
- Je ne m’y suis jamais refusée…
- Vous voilà redevenue raisonnable…
- Je n’ai jamais cessé de l’être…
- Ce n’est pas l’avis de sœur Véronique qui estime, pour sa part, que vous n’avez au contraire cessé, depuis votre arrivée ici, de vous montrer frondeuse… Et rebelle… Ce qui ne sied pas à une demoiselle de votre condition… Vous conviendrez comme nous qu’il est nécessaire, dans votre intérêt, de vous corriger de comportements qui, s’ils perduraient, ne pourraient manquer de vous nuire à l’avenir gravement…
- J’en conviens…
- Fort bien… Troussez-vous !… Elle arrive…

Escobarines: Déserteuse


- Désertion… C’est le mot… Il n’y en a pas d’autre… Désertion… Qu’as-tu à dire pour ta défense ?…
- Je suis coupable, ma centurionne… Toutefois… J’ai quitté mon unité à peine une heure… Juste le temps de passer embrasser ma famille qui habite à proximité du cantonnement… La tentation était trop forte…
- Nous serions en temps de guerre…
- Nous ne le sommes heureusement pas…
- Il s’agit, quoi qu’il en soit, d’un manquement caractérisé à la discipline… Tu en as bien conscience ?…
- Oui, ma centurionne…
- Les articles 873B, 871G, 877A et 915J du code des armées, révisé en janvier 2061, prévoient un certain nombre de sanctions applicables dans un tel cas… Parmi lesquelles il m’appartient de choisir la mieux appropriée… Or, il règne dans cette unité, depuis maintenant plusieurs mois, un état d’esprit détestable… Il est grand temps d’y mettre bon ordre… Et de faire un exemple…
- Ma centurionne…
- Tu es un excellent élément… Un des meilleurs, je sais… La leçon n’en sera que plus profitable… Pour tout le monde… La décurionne responsable de ta section t’appliquera donc demain, devant l’ensemble des troupes, le châtiment réglementaire…
- A vos ordres…
- Je vais toutefois te laisser une chance de t’y soustraire… Tu n’étais, à ce que je me suis laissé dire, pas seule dans cette équipée…
- Je ne sais pas, ma centurionne…
- Eh bien moi, je sais… Deux de tes camarades t’accompagnaient… Au moins au début… Deux camarades qui ont ensuite préféré voler de leurs propres ailes… Si on peut dire… Et qui ne se sont pas contentées, elles, de rendre visite à leur famille… Elles se sont comportées de façon inqualifiable… J’attends leurs noms… Ou tu me les livres et je lève la sanction te concernant ou tu t’y refuses et je la double… Tu as la nuit pour réfléchir…

- Qu’est-ce tu vas faire ?…
- Je suis pas une balance…
- Oui, non, mais attends !… Tu crois que dans l’autre sens elles auraient ces scupules les deux autres ?…
- C’est leur faute en plus… Si elles avaient pas fait n’importe quoi en ville personne se serait plaint et on se serait jamais rendu compte de ton absence…
- Je sais bien, mais…
- Rappelle-toi comment elles les ont enfoncées Claudia et Ludivine la fois du défilé en Valponie…
- C’est les deux pires garces de la légion… Nous, à ta place, on leur ferait pas de cadeau alors là !…
- J’ai jamais pu dénoncer qui que ce soit… C’est sûrement pas aujourd’hui que je vais commencer…

- C’est pas vrai ce qui se raconte ?!… C’est pas vrai que tu vas les couvrir les deux autres et que c’est toi qui vas prendre ?!…
- Je sais pas…
- T’es complètement folle… Surtout que c’est Zaline ta décurionne… Et elle fait pas de cadeaux Zaline… Tu vas le sentir passer…
- Je suis au courant, merci…
- Tu te rappelles pas la fois de Sylvaine ?… Elle l’avait pas loupée…
- Oui, bon, ben ça va !… Ca va !…
- D’autant que réglementairement c’est sur le front des troupes que ça se passe maintenant… Légions féminines et légions masculines face à face… Et toi le cul à l’air entre les deux… Je voudrais pas être à ta place…
- Personne te le demande…
- Et à toi personne te demande de jouer les héros… Ni les modèles de vertu… Qu’est-ce tu vas y gagner ?… Rien…
- Oui… Parce qu’en prime tu vas passer pour une idiote à principes éculés…
- C’est déjà commencé… T’entends pas ce qui se dit derrière ton dos…
- Nous, ce qu’on en dit, hein !… Maintenant tu fais bien ce que tu veux… T’es assez grande…

- Alors ?… Tu as réfléchi ?…
- Oui, ma centurionne…
- Très bien… Qui t’accompagnait ?…
- Personne, ma centurionne… J’étais seule…