samedi 5 mars 2011

Escobarines: Résidence des Fauvettes





C’est le 12 Avril que j’ai emménagé, avec Olivier, à la résidence des Fauvettes…
Et c’est le surlendemain que j’ai fait la connaissance d’Olga dans le hall d’entrée où j’étais descendue relever mon courrier. Olga ça a d’abord été une voix derrière moi…
- Ca t’écorcherait la bouche de dire bonjour, toi ?…
Je me suis retournée stupéfaite…
- Oui… C’est à toi que je parle…
- Heu… Pardon… Bonjour… Excusez-moi !… Bonjour…
- Tu as quel âge ?…
- 22…
- Et à 22 ans t’es pas fichue de dire bonjour ?!… Non, mais où t’as été élevée ?… Et baisse les yeux quand je te parle !… Tu entends ce que je te dis ?… Non, mais quelle insolente tu fais…
Je me suis enfuie, du plus vite que j’ai pu, sans répondre…
A Olivier je n’ai pas touché mot de cet incident… J’étais beaucoup trop mortifiée…

Je l’ai croisée sur le trottoir, le mardi suivant… Aperçue au dernier moment… Sans pouvoir lui échapper… Elle revenait de faire ses courses…
- Tiens, tu tombes bien, toi !… Tu vas me porter ça…
Oui, ben alors là sûrement pas !… Pas question… Elle pouvait toujours courir… Non, mais pour qui elle se prenait ?…
- J’ai pas le temps… Je suis déjà en retard… Il faut que…
- Oui, ben justement !… Si tu te dépêches t’en as pour deux secondes…
Et j’ai obtempéré. Pris son sac, en rage contre moi-même. Fait demi-tour à ses côtés…
- Finalement tu n’as pas si mauvais fond… C’est juste que tu as été mal élevée… Très mal élevée… Mais ça il est jamais trop tard… Il y a des méthodes qui ont fait leurs preuves… Hein ?… Qu’est-ce que tu en penses ?…
- Je vous le pose où ?… Votre sac ?… Je le mets où ?…
- Là…
Elle m’a soulevé le menton… Du bout du doigt…
- Je suis sûre qu’au fond tu es quelqu’un de très docile… Très très docile… Non ?…
Je n’ai pas répondu. Je n’ai pas bougé. Hypnotisée. Tétanisée. Elle a fait durer… Un temps interminable…
- Allez, file !… Tu étais pressée… Tu vas être en retard…

En bas j’ai couru. Au hasard. N’importe où. En rond… Le parc de la mairie… Je me suis jetée sur un banc, hors d’haleine… Folle !… Folle !… Complètement cinglée cette bonne femme… A enfermer… Et moi !… Non, mais tu pouvais pas le repousser son doigt ?… Tu pouvais pas l’envoyer une bonne fois pour toutes sur les roses ?… Lui dire ce que tu pensais d’elle ?… Oh, mais elle perdait rien pour attendre !… La prochaine fois… Qu’elle vienne encore s’y frotter et elle allait voir ce qu’elle allait voir…

On a sonné. C’était elle. Qui n’a pas attendu que je lui dise d’entrer. Qui s’est plantée, d’autorité, au milieu du séjour…
- Tu ne travailles pas, je suppose…
- Si… Non… C’est-à-dire que…
- Que tu vis aux crochets de la société… Il y a pas franchement de quoi être fière… Et tu pourrais au moins avoir la décence de respecter le sommeil de ceux qui, eux, travaillent…
Je suis devenue écarlate…
- Que tu t’envoies en l’air jusqu’à trois heures du matin c’est une chose, mais tu n’es pas obligée pour autant d’en faire profiter tout l’immeuble…
- Mais non, mais je…
- Me dis pas que tu es incapable de te contrôler… On peut toujours si on veut… Mais sans doute que tu préfères te donner en spectacle… T’es bien le genre à ça…
Elle a jeté un coup d’œil sur le canapé, puis sur la petite table basse… Sur les étagères…
- C’est dans un désordre chez toi… Mais qu’est-ce que tu fabriques de tes journées ?… Tu as quand même bien le temps de faire un minimum de ménage, non ?… Ah, il est de bonne composition ton petit ami…
J’ai baissé la tête sans répondre… Elle me l’a fait relever… Du bout du doigt… Du bout du doigt sous le menton…
- Regarde-moi !… Tu n’as pas honte ?… Regarde-moi, j’ai dit !… Il est vraiment temps que quelqu’un te prenne en mains, non, tu crois pas ?… Réponds !…
C’est sorti malgré moi. Venu de très loin…
- Si…
- A la bonne heure… Tu deviens raisonnable… Une bonne fessée, quand tu l’as méritée, reconnais que, dans ton cas, c’est encore ce qu’il y a de mieux…
- Oui…
- Et que là tu l’as amplement méritée…
- Oui…
- Parfait… Je t’attends en bas… Chez moi… A tout de suite…

Elle fumait, confortablement installée dans un fauteuil…
- Déshabille-toi !… Complètement… Face à moi… Tu enlèves tout… Et tu restes comme ça… On a tout notre temps… Il y a rien qui presse… On a absolument tout notre temps…


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire