Ca a d’abord été un gros bijou fantaisie… Disparu juste après le passage d’un petit groupe de gamines…
- Faites-y attention, hein, toutes les deux !… Si on doit se faire piller comme au coin d’un bois…
Et puis une montre tout incrustée de petites pierreries…
- 120 euros qui partent en fumée… Et vous n’avez rien remarqué ?… Ni l’une ni l’autre ?…
Non… Presque pas de clients il y avait eu… Et aucun ne s’était approché du présentoir bleu... Personne... J’en étais sûre... Personne sauf… Jessica… En faisant les poussières… Ca pouvait pas être Jessica quand même !…
C’est quand un flacon Dior a disparu, sur une étagère, derrière la caisse, que Madame Martin nous a explicitement soupçonnées…
- J’ose espérer que ce n’est pas l’une de vous deux… Vous n’ignorez pas quelles conséquences cela pourrait avoir…
Ce n’était pas moi… Jessica non plus… C’est en tout cas ce qu’elle a proclamé, elle aussi, haut et fort, d’un petit air scandalisé…
Trois cents euros... Dans la caisse…
- Bon… Alors cette fois ça suffit… On va crever l’abcès… Une bonne fois pour toutes… Alors laquelle de vous deux ?…
- Pas moi…
- Ni moi…
- Ben voyons !… Ca s’est envolé tout seul… Bon… J’ai fouillé vos sacs et vos manteaux en réserve derrière… Il n’y a rien dedans… Donc il y en a une qui a les billets sur elle… Je veux savoir laquelle… Vous vous déshabillez…
Elle n’avait pas le droit… Mais je n’avais rien à me reprocher… Je l’ai fait… Pour me laver de cet insupportable soupçon… J’étais innocente… Il fallait qu’elle le sache…
- Enlevez !… Enlevez tout !…
Elle nous a gardées longtemps sous son regard…
- Vous êtes très malignes… Mais je vous coincerai… Je vous jure que je vous coincerai…
- C’est toi, Jessica, hein !… Comment t’as fait ?… Tu les as cachés quelque part dans le magasin pour les récupérer après ?…
Elle a haussé les épaules…
- Mais non, c’est pas moi !…
- Ben, c’est qui alors ?…C’est pas moi non plus !…
- Elle !… Madame Martin…
- Hein ?!… Mais ça lui sert à quoi ?…
- A nous accuser… Et à nous faire déshabiller… Elle adore… Celles avant nous elle leur avait fait la même chose… Même qu’après elle leur avait carrément planqué de l’argent dans leurs affaires… Histoire d’avoir un prétexte pour leur mettre une fessée…
- Une fessée !… Non, mais elle est vraiment pas bien…
- Question de point de vue…
- Mais alors !… Peut-être qu’à nous aussi elle va nous en cacher dans nos sacs… Pour faire croire…
- Dans nos sacs ou ailleurs… Evidemment… Même que ça devrait pas tarder…
- Elle a pas le droit… Pas question de se laisser faire alors là !…
- Moi, si !…
- Hein ?… Tu vas te laisser faire !… Mais pourquoi ?…
- Parce que je l’ai prise exprès la place… Exprès pour ça… Pour que ça m’arrive… J’aime trop la façon dont elle s’y prend… Comment elle fait monter la tension de jour en jour… T’as rien fait, mais tu finis quand même par te sentir coupable… C’est terriblement injuste, mais tu sais au fond de toi que, d’une certaine façon, t’as mérité quand même…
- Mais j’ai rien mérité du tout, moi !… J’ai rien fait…
- Bon, alors ces demoiselles !… Venez voir !… Venez voir par ici… Alors ?!…
Dissimulée dans la réserve, tout en bas d’une étagère, sous une pile de vieux prospectus, une énorme liasse de billets de vingt euros…
- Vous direz pas le contraire cette fois !… Alors qui ?… Laquelle de vous deux ?…
- C’est moi, Madame !… Elle y est pour rien du tout Aurore…
C’est venu tout seul… Sans que je le veuille… De je sais pas où…
- Hein ?!… Mais c’est pas vrai !… Tu sais bien que c’est pas vrai !… On était d’accord… On devait les récupérer… Et se les partager…
Madame Martin nous a couvées toutes les deux d’un long regard satisfait… Et gourmand…
- Très bien, mes chéries… Très bien…
Elle a extirpé une cravache d’un tiroir…
- Allez !… On se déculotte gentiment…
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