- C’est Paul…
- Ben oui, c’est Paul, oui !…
- Il va où ?…
- Au fenil… Rejoindre Toinette… Ils peuvent plus dans la grange maintenant que maman sait…
- Ca leur fait loin…
- Ils s’en fichent… Ils ont bien trop envie…
- T’as entendu comment elle a crié ?…
- Ben oui !… Je suis pas sourde…
- Faudrait qu’on puisse les voir…
- Avec la porte qu’il y a tu peux toujours courir…
- Et en se cachant au-dessus ?… Avant qu’ils arrivent… On pourrait tout regarder de là-haut…
- C’est drôlement risqué… S’ils nous découvrent…
- Il y a aucun danger… Et puis même !… Qu’est-ce tu voudrais qu’ils fassent ?…
- Qu’ils le disent à maman… Et alors là !…
- Tu vois toujours tout en noir, toi, de toute façon !…
- Bon, alors ?… Qu’est-ce qu’ils font ?… Tu vas voir qu’ils vont pas venir… Justement aujourd’hui qu’on les attend…
- Chut… Chut… Je crois que les v’là !…
Ils se sont enlacés, embrassés. Paul a plongé la main dans le corsage de Toinette, en a extirpé un sein. Tout blanc. Tout veiné de bleu. L’autre. Il a enfoui sa tête sous sa robe. Ca a moutonné. Elle a rejeté la tête en arrière. Respiré plus fort. Plus vite. Manon s’est penchée. Encore. Encore…
- Attention !… Attention… Tu vas…
Et elle est allé atterrir en dessous, dans le foin, juste à côté de Toinette qui a poussé un hurlement de terreur. Paul s’est précipitamment extirpé de sous sa robe, l’air hagard…
- Qu’est-ce que ?… Tiens, tiens !… Mais c’est l’une de nos petites demoiselles !… Et celle qui rapporte à maman en plus !… Qu’est-ce qu’elle fait là ?… Sa petite curieuse ?…
- Non… Non… Je suis tombée…
- Oui, ben ça on a vu !…
Il l’a prise par le bras, aidée à se relever…
- Bon, et maintenant on fait quoi ?…
Rien. Rien du tout. Elle allait s’en aller. Les laisser. C’était l’heure. Et si elle arrivait en retard… Alors là si elle arrivait en retard !…
- Tu comptes quand même pas t’en tirer comme ça ?…
Ben si, si !… Elle comptait… Qu’il la lâche maintenant… Fallait vraiment qu’elle parte…
- Eh bien vas-y !… Pars !…
Il l’a lâchée…
- Et nous, pendant ce temps-là, on va aller trouver Madame et lui expliquer à quoi s’occupe sa grande fille – dont elle a si haute opinion – dès qu’elle a le dos tourné… Elle sera très certainement ravie…
- Oh non !…
Il a échangé quelques mots tout bas avec Toinette…
- A moins que… on règle ça ici… gentiment… entre nous… Une bonne fessée te ferait pas de mal, nous, on trouve… D’autant que t’as l’habitude… On a vu ça l’autre jour…(*) Hein ?!… Qu’est-ce que t’en dis ?…
Rien. Elle en a rien dit. Rien du tout. Mais elle s’est allongée sur le ventre, elle a remonté haut sa robe et elle a attendu…
- Ah, elle le prend comme ça !… Ah, elle en veut !… Eh ben elle va en avoir !… Elle va s’en souvenir…
Ils se sont agenouillés, chacun d’un côté, et ils ont tapé. A quatre mains. Tambouriné. Paul le bas des fesses. Toinette le haut. Ils y mettaient tout leur cœur, s’encourageaient parfois l’un l’autre brièvement d’un regard. Manon, elle, avait enfoui la tête dans le foin et laissait de temps à autre échapper un long gémissement sourd accompagné d’un haut soubresaut du derrière. De plus en plus hauts les soubresauts. De plus en plus rapprochés les gémissements. Une dernière salve. A tout va. Ils se sont relevés…
- Recommence pour voir !…
Et ils se sont éclipsés…
- T’as mal ?…
- Evidemment que j’ai mal… T’aurais pas mal, toi ?…
- Comment c’est rouge !… Jamais je te l’ai vu aussi rouge…
- En tout cas, c’est pas pour te vexer, mais comment ils s’y prennent bien mieux que toi…
- Parce qu’ils étaient deux… Et qu’il y avait un homme… Et qu’ils tapaient fort…
- Peut-être… Je sais pas… Mais c’était pas du tout pareil les sensations… Ca ressemble absolument pas à quand nous on se le fait… Mais tu verras toi-même… Parce que c’est ton tour la prochaine fois…
- Oui, oh, alors ça !…
- Si tu tombes pas de toi-même je te pousse…
- Encore faudrait-il qu’on y retourne…
- Tu en doutes ?…
(*) voir Escobarines : La toilette
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