samedi 20 novembre 2010

Escobarines: Ping pong





- Merci…
- De rien…
- Depuis le temps que je rêvais d’en recevoir une là !… Dans cette salle… Et comme ça… A la raquette…
- Eh bien tu vois, c’est fait !…
- C’est plein de souvenirs ici pour moi… Si tu savais tous les matches que j’y ai disputés… Les heures d’entraînement que j’y ai passées… Et toutes les fessées que j’ai rêvé d’y recevoir… Dix mille fois il m’en a menacée monsieur Bertin… Devant tout le monde… Juste menacée… Mais alors là avec un air, mais un air !… Ca me mettait dans un état !… Et le soir, dans mon lit, j’imaginais qu’il le faisait vraiment… Avec tous les autres autour qui rigolaient tant qu’ils pouvaient… Tu crois qu’on a pu entendre dans les vestiaires à côté ?…
- Ca fait pas l’ombre d’un doute !… Ca te résonne d’une force là-dedans !… Et vu comment tu gueulais !… En plus !…
- Tant que ça ?… C’est vrai ?…
- Impressionnant !…
- Je me suis pas rendu compte… Oh, mais de toute façon, à cette heure-ci, il y a plus grand monde…
- Ca bougeait quand même !… Il y avait des portes qui claquaient… Des gens qui parlaient… Qui riaient… Tout près même à un moment… Juste derrière la porte…
- J’ai pas fait gaffe… J’entendais rien… J’étais bien trop… Oh là là !… Et s’ils étaient rentrés ?… La honte !…
- Tu savais qu’il y avait un risque quand même !… Me dis pas que tu le savais pas…
- Ben oui !… Si !…
- Et c’est même ce qui rendait la situation tout particulièrement excitante, non ?…
- Mais il y a eu personne… Heureusement !… Comment je me serais sentie mal à l’aise… C’est un truc, ça, à jamais pouvoir t’en remettre…
- Ca peut encore arriver… On peut encore entrer… C’est ça que tu attends ?…
- Hein ?… Non… Pourquoi ?…
- Ben pourquoi tu te reculottes pas alors ?…
- Ah oui !… Si… Non… Je sais pas…
- Mais reste !… Reste comme ça… Tu aimes ça jouer avec le feu, hein ?…
- J’adore…
- Tant que tu te brûles pas…

- Bon, alors toi, tu crois qu’on a entendu ?…
- J’en suis sûre…
- Oui… Oui… Mais de toute façon on peut pas savoir que c’est moi… Personne nous a vu entrer ici… Et pour reconnaître une voix quand on crie…
- Entrer, non… Mais attendre qu’on sorte, au détour d’un couloir, pour savoir à qui appartient ce petit derrière qui s’égosillait à être aussi ardemment tambouriné pourquoi pas ?…
- J’avais pas pensé à ça… Mais c’est horrible !… Je vais jamais oser repartir…
- Il va bien falloir pourtant !…
- Tu voudrais pas aller voir, toi, s’il reste personne ?…

- T’as bien regardé partout ?…
- J’ai ouvert toutes les portes… Je suis sortie… Il y a plus âme qui vive… Nulle part… La voie est libre… C’est l’occasion ou jamais…
- L’occasion de quoi ?…
- D’aller faire un petit tour, le derrière à l’air, dans les couloirs… Me dis pas que tu y as jamais pensé… Que t’en as jamais rêvé…
- Si, mais… Et si il y a quelqu’un qui revient ?…
- A cette heure-ci ?… Il y a une chance sur mille…
- Oui, bon, mais alors on se dépêche, hein !… Et on fait juste le premier couloir, c’est tout…

- Tu vois bien qu’il y a personne…
- Oui… Comment c’est trop de se balader là comme ça… Alors que les autres jours t’as plein de monde qui circule dans tous les sens… Quand je vais y penser en repassant là demain avec tous les autres… Tu peux pas savoir ce que ça me fait… Oh, mais on peut bien continuer un peu finalement…
Un autre couloir. Celui des douches. Un autre encore.

Ca a été au retour. Le dernier coude avant la salle de ping pong. Elle a fait un bond en arrière en poussant un hurlement. Il lui a jeté un regard d’abord stupéfait…
- Yseut !… Mais qu’est-ce que vous faites là ?…
Et puis incrédule…
- Alors là c’est la meilleure !…
Il l’a sévèrement toisée…
- Non, mais tu te crois où ?… Qu’est-ce que c’est que cette tenue ?
Fermement agrippée par le bras…
- Depuis le temps que je te promets une fessée cette fois tu vas pas y couper…
Il a tendu le genou, l’a fait basculer…
- Oh, mais ça a déjà été fait, on dirait !… Eh bien on va en rajouter une couche… Et une bonne…

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