vendredi 1 juillet 2011

Belle-soeur-beau-frère ( 19 )


- Qu’est-ce qui se passe ?… T’en fais une tête !…
- Tu l’as vue ?…
- Qui ça ?…
- Emilie… Ta femme…
- Non… Pourquoi ?… Elle est là ?…
- Mais oui, elle est là… Oui… Elle est arrivée de là-bas tout à l’heure sans prévenir personne… Histoire de me surprendre, je suppose…
- Ca, c’est bien son style…
- Et pour me surprendre elle m’a surprise… A poil dans la cuisine…
- Ah…
- Et comme elle m’est tombée dessus par derrière elle a vu… Elle a forcément vu dans quel état j’avais les fesses…
- Et elle en a dit quoi ?…
- Rien… Absolument rien… Apparemment elle était pressée… Elle a attrapé un dossier dans le placard du fond, m’a lancé un « A ce soir !… » retentissant et est repartie comme elle était venue… Elle va vouloir des explications… Ca, c’est sûr… Il va falloir trouver quelque chose, mais quoi ?… Quoi ?…

- Tu crois pas que t’exagères ?…
- Tiens, t’es là ?…
- Je fais juste l’aller et retour… Fallait que je passe à la banque… Et chez le notaire… Vu les proportions que ça prend là-bas maintenant… Ce qui m’a permis de découvrir le pot-aux-roses… Mais ça j’en étais sûre… Sûre… Tu as fini par craquer… Et par la traiter comme elle le mérite… Ca devait arriver… Ca devait forcément arriver… Mais pourquoi tu m’as rien dit ?… Que tu veuilles ménager Paul ça coule de source !… Il est tellement fragile qu’il n’y a guère d’autre solution… Mais moi !… Moi !… Tu aurais quand même pu me mettre au courant, non, tu crois pas ?…
- Tu as suffisamment de préoccupations et de soucis comme ça… J’allais pas en plus…
- Dis plutôt que ça t’aurait écorché les lèvres de reconnaître que t’avais tort… Qu’il faut la surveiller comme le lait sur le feu… Que si on la lâche trente secondes des yeux elle aura rien de plus pressé que d’aller en inventer une… Je l’ai toujours dit… Je l’ai pas toujours dit ?…
- Si !… Bien sûr que si, mais…
- Seulement toi il a toujours fallu que tu la défendes… Que tu lui trouves tout un tas d’excuses… Bon… Mais enfin l’essentiel, maintenant, c’est que tu l’aies percée à jour… C’est que tu aies enfin réalisé qu’il ne fallait absolument rien lui laisser passer et qu’à la moindre incartade… Parce que si tu la canalises pas… Les petites coureuses dans son genre il y a qu’une chose qu’elles comprennent… Si on veut pas qu’elles n’en fassent qu’à leur tête… Et qu’elles finissent par se jeter dans les bras du premier venu… Tu es sûr au moins que c’est pas ce qu’elle a fait ?… Que tu as pu intervenir à temps ?… Avant que…
- Mais oui !…
- Parce qu’elle est retorse, tu sais !… Elle est capable de tout…
- Je sais… Mais je suis pas né de la dernière pluie non plus…
- Bon, mais déjà de savoir que tu as pris sérieusement les choses en mains je vais repartir plus rassurée… Plus sereine… Tu me tiens au courant, hein, surtout !… Et s’il se passe quoi que ce soit…

- Non, mais attends !… Je rêve, là… Ca lui est pas venu une seule seconde à l’esprit que si tu me flanquais des fessées tu pouvais aussi avoir envie d’autre chose ?… Qu’on ne se contentait peut-être pas de ça tous les deux ?… Qu’à avoir comme ça mon derrière sous le nez…
- L’idée ne l’a même pas effleurée…
- Ca paraît fou…
- Ca l’est… Mais pas pour elle… Elle, ça fait des mois qu’elle est obsédée par la pensée que tu puisses tromper Paul… Et qu’il finisse par l’apprendre… Cocu son petit frère chéri ?!… Inconcevable… Il ne s’en remettrait pas… Et pourtant c’est ce qui lui pend au nez… Parce qu’il a eu la malencontreuse idée d’aller épouser une jeunette qui – ça ne fait, d’après elle, pas l’ombre d’un doute – a le feu au cul… Qui ne pense qu’à « ça »… Des mois que ça la mine cette idée… Que ça la torture… Qu’elle n’en dort plus la nuit… Des mois qu’elle me harcèle pour que je te surveille… Pour que j’épie le moindre de tes faits et gestes… Des mois qu’elle me reproche de ne t’en laisser faire qu’à ta tête… Et voilà qu’elle découvre que je fais preuve à ton égard d’une sévérité dont elle ne me croyait pas capable… Mais elle est aux anges !… Elle va enfin pouvoir dormir en paix… Paul ne risque plus rien… Quant à ce qu’il puisse se passer quoi que ce soit entre toi et moi c’est pour elle quelque chose de parfaitement inconcevable… De totalement incongru… Tu as beau avoir vingt-cinq ans : à ses yeux tu n’es rien d’autre qu’une gamine sans consistance… Une petite écervelée immature qu’il faut s’efforcer, tant bien que mal, de remettre dans le droit chemin… C’est comme ça qu’elle te voit… C’est donc comme ça qu’elle est persuadée que je te vois… Que je t’ai toujours vue… Même si, par indifférence, par paresse ou par égoïsme, je n’avais pas, jusqu’à présent, pris à ton égard les mesures qui s’imposaient…
- Oui, mais enfin !… J’ai 25 ans… T’en as 45… N’importe quelle femme, à sa place, se poserait quand même des questions…
- Pas elle… Ma libido – elle en est persuadée – est aussi peu exigeante que la sienne… Et tu es bien placée pour savoir que chez les Dorlandier c’est une fonction en option…
- Ah, ça !…
- Qui ne présente pas d’intérêt majeur… On n’est pas des animaux quand même !…
- Eux, non… Mais nous, si !… Des fois… Quand ça nous prend… Je vais te le prouver… Et pas plus tard que tout de suite…

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