Les années fac
1- L’observatoire de carton
Deux ans avaient passé… J’étais maintenant en troisième année de fac et, pour avoir un peu d’argent à moi, je m’étais fait embaucher, comme manutentionnaire, chez un grossiste en vêtements… Mon travail consistait, le matin, à réceptionner et à déballer, en réserve, les colis expédiés par les fabricants et, l’après-midi, à préparer les commandes passées par les détaillants qu’Armand – le responsable – recevait et conseillait au rez de chaussée, juste en dessous… Quant à la fac ce serait le vendredi – mon jour de congé – et le soir…
- Et tu sais pas ce qu’il fait Armand ?… Il a pas le droit, mais il vend directement aux particuliers et il se met l’argent dans la poche… Et vu les prix t’as plein de femmes qui défilent…
- Ca me fait une belle jambe !…
- Oui, mais le truc c’est qu’il y a pas de cabines pour essayer… Il les envoie dans le bureau… Et le bureau il y a pas de plafond… De la réserve en haut tu vois tout ce qui s’y passe si tu veux…
- Tu mates ?…
- J’ose pas… C’est trop dangereux… S’il y en a une qui lève la tête et qui me voit… je perds ma place…
Je me contentais d’écouter de loin, le cœur battant… Les bruissements d’étoffe, les râpements des fermetures éclair, les claquements d’élastique mettaient le feu à mon imagination… Et puis, un jour, n’y tenant plus, j’ai fini par oser venir voler, silencieux, très vite, un petit derrière bombé, enchâssé dans sa culotte blanche, que j’ai emporté dans la pénombre comme un voleur…
Il devait bien y avoir une solution pour assister aux essayages en ne courant que des risques limités… Je l’ai cherchée… J’ai fini par la trouver : à l’aide de vieux cartons entassés, encastrés les uns dans les autres, je me suis aménagé, à l’emplacement idéal, un petit observatoire secret d’apparence parfaitement inoffensive… L’oreille constamment à l’affût de ce qui se passait en bas, je m’y précipitais dès qu’une occasion se présentait et j’y attendais impatiemment ma proie, la gorge sèche et le souffle court…
- Tout ça pour pas grand chose !… Parce que si ça vend pas de sous-vêtements là-dedans, t’as pas beaucoup de chances d’en voir à poil… Remarque, c’est pas plus mal des fois… Tu peux imaginer…
C’était pas plus mal, non… C’était autre chose… Un festival de cuisses dénudées, de soutien-gorge pleins à craquer, de petites culottes enserrant au plus près leurs trésors, que je ramenais précieusement le soir à la maison pour m’en délecter encore et encore…
Dans la section Lettres Modernes, où j’étais inscrit, nous n’étions que quelques garçons pour une multitude de filles… Un enchantement !… Je regardais… Je ne me lassais pas de regarder… Je regardais et j’imaginais… Sous ses petites jupes sexy Armelle devait porter quelque chose de très vaporeux… Sûrement… Rouge… Ou noir… Oui… Plutôt noir… Et Céline aux tenues toujours si strictes ?… Je lui supposais une petite culotte blanche très classique… A moins que… Qui sait ?… Elle cachait peut-être très bien son jeu… Quant à Dorothée elle devait opter, elle, pour des dessous à fleurs… Oui… Ca devait être son style…
Pour vérifier, pour savoir vraiment, pour voir enfin je disposais d’une carte maîtresse que j’ai délibérément abattue un vendredi matin…
- Des sapes au tiers de leur prix ça vous dirait, les filles ?…
Les yeux de Sabine et de Pervenche, en compagnie desquelles j’attendais l’arrivée du professeur de linguistique générale, se sont allumés…
- Un peu que ça nous dirait… Mais…c’est du neuf ?…
- Tout ce qu’il y a de plus neuf…
- Il y a pas d’embrouille au moins ?…
- Non… Non…
J’ai expliqué…
- Ah oui ?!… Génial !…
- Mais vous demandez pas après moi, hein, surtout, là-bas !… Vous êtes passées par hasard… Je vous ai rien dit… On se connaît pas… Ca me ferait avoir des tas d’ennuis sinon…
- T’inquiète pas !… On sera discrètes…
Ca n’a pas traîné… Dès le jeudi suivant elles étaient là… Toutes les deux… A essayer des pantalons… Des tas de pantalons… A enlever, enfiler, retirer, remettre… A m’offrir, chaque fois, la vision délectable de leur petite culotte… Sous celle de Sabine, en nylon blanc, transparaissait la tache sombre d’une toison bien fournie… Celle de Pervenche, jaune paille, est brièvement descendue, jusqu’à mi-fesses, quand elle a voulu sortir d’un jean trop étroit…
Au retour je me suis tellement épuisé de plaisir que, le lendemain, je ne me suis réveillé qu’à onze heures… Je me suis levé d’un bond… Trop tard pour les cours de la matinée… Quelqu’un me les passerait bien… Pervenche… Ou Sabine… Elles me devaient bien ça… Pervenche… Sabine… Les images de la veille sont une nouvelle fois remontées, claires, précises… Je me suis laissé tomber sur mon lit… Pervenche… Sabine… Sabine… Pervenche… Longtemps amoureusement contemplées… Ca venait… Ca approchait… C’était tout près… Des pas dans le couloir… C’était là… Impossible à arrêter… J’ai voulu me réfugier précipitamment sous les draps… Trop tard… On est entré… Clotilde… l’aspirateur à la main…
- Hein ?!… Mais t’es là ?… T’es pas parti ?…
Je coulais… Elle a vu…
- Ah ben chacun son tour !… Comme ça au moins on est quitte…
Et on est encore partis d’un grand fou rire tous les deux…
- On peut leur dire aux autres filles ?…
- Mais pas que c’est moi qui ai donné le tuyau, hein ?!…
- Juré !…
Qu’elles le disent !… Qu’elles le disent !… Tant qu’elles voulaient…
Elles le disaient… Il en venait… De plus en plus nombreuses… A deux… A trois… A quatre… Toutes seules… Elles venaient… Elles revenaient… Je les voyais… Une orgie d’elles… A la fac je leur parlais… En amphi, en TP, à la bibliothèque j’étais assis à leurs côtés… Et elles ne savaient pas… Elles ne se doutaient pas…
- Un truc que je m’explique pas quand même c’est que t’en aies pas parlé à Clotilde… T’as pas envie de la voir là en dessous ?…
Mais si !… Bien sûr que si !… Et bien sûr que je lui en ai parlé…
- Et alors ?…
- Ben alors elle dit qu’elle verra… Que pour le moment elle a tout ce qu’il lui faut…
- Ca, j’y crois pas… Une nana elle en a jamais assez des fringues… Tu crois qu’elle se doute de quelque chose ?…
- Sûrement pas !… Comment tu veux ?…
Un pas a claqué jusqu’à la porte du bureau qui s’est bruyamment refermée … C’était une femme à la quarantaine hautaine, au visage dur, revêche… Elle a posé la pile de vêtements sur la chaise…Elle a quitté sa robe et… s’est reculée juste dans l’angle mort, le seul angle mort de la pièce !… Pour ne rien perdre du spectacle, je me suis penché, penché encore, j’ai perdu l’équilibre et, dans un grand écroulement de cartons, je me suis retrouvé à quatre pattes, le nez au ras de l’arête de la cloison…
- Qu’est-ce que ?… Non, mais dis donc, toi !…
J’ai détalé, sans demander mon reste, jusqu’au fond de la réserve, où, la peur au ventre, je me suis remis fébrilement au travail…
- Gabriel, tu peux descendre voir là ?…
Debout à côté de la caisse, elle me tournait le dos… J’étais bon… Mon compte était bon…
- Tiens, tu vas aider Madame à emporter tout ça chez elle…
Trois grands sacs posés sur le comptoir…
On a marché côte à côte, sans rien dire, dans l’après-midi inondée de soleil… De temps en temps elle me coulait un regard de côté que je faisais semblant de ne pas remarquer…
- Tu n’as pas honte ?…
J’ai rougi… Je n’ai pas répondu…
- Hein ?… Tu n’as pas honte ?… Si ça tenait qu’à moi tu te prendrais une de ces fessées !… Ca te ferait passer l’envie de recommencer, je t’assure !… Tu as quel âge ?…
- 21 ans…
- Même… même… Il y a pas d’âge quand on l’a méritée… T’es pas de mon avis ?…
Elle a éclaté de rire…
- T’es trop quand tu rougis comme ça… Une vraie jeune fille… T’es puceau, hein ?!…
On a passé un porche, pris un ascenseur, elle a ouvert une porte sur une immense pièce aux murs clairs, aux fenêtres grandes ouvertes…
- Pose tout ça là… Là… Merci… Eh, mais attends !… Où tu te sauves comme ça ?… Attends !…
Son rire en cascade a dégringolé derrière moi tout au long de l’escalier…
Armand a baissé le rideau, verrouillé la porte…
- Elle t’a payé ?… Non ?… Eh bien t’as plus qu’à y retourner… C’est sur ta route n’importe comment…
La sonnette a retenti jusqu’au fond de l’appartement… Le silence… Des pas… La porte…
- Tiens, tiens, un remords ?!…
De la main elle maintenait un peignoir bleu croisé fermé sur la poitrine…
- C’est que tout-à-l’heure j’ai oublié de…
- Viens !…
Ses fesses ont ondulé devant moi…
- Eh ben viens !… Qu’est-ce que t’attends ?!…
Une chambre… Elle s’est assise au bord du lit, m’a attiré vers elle, a joué avec la boucle de ma ceinture…
- Alors il va se passer quoi maintenant ?… A ton avis ?…
- Je sais pas…
- Tu sais pas… Eh bien moi je vais te dire… Il y a deux solutions…
Elle a défait le premier bouton…
- Ou bien je te trouve à mon goût et j’ai envie de te croquer… Pourquoi pas après tout ?… Tu es joli garçon… Tu es jeune… Tu as l’air vigoureux…
Les trois autres boutons… Un à un…
- Ou bien j’estime que tu mérites une bonne leçon… J’aurais pu te faire perdre ta place tout à l’heure… Je n’ai rien dit… Tu t’en es tiré à bon compte… Trop bon compte… Il y a quand même des choses qu’on ne peut pas laisser passer comme ça… Non, tu crois pas ?…
Elle a descendu mon pantalon…
- Quelle solution ?… La première ?… La deuxième ?… Je n’ai peut-être pas encore vraiment décidé, qui sait ?… Mais toi, tu préfères quoi ?… Eh bien réponds !…
Elle a baissé résolument mon slip…
- Oui, ben la question se pose même plus… Une bonne fessée… Et encore c’est pas trop cher payé… Et ça vaut de toute façon mieux que de se faire flanquer à la porte comme un malpropre… Non ?… Tu n’es pas de mon avis ?…
- Si !…
- Tu vois que tu peux te montrer raisonnable quand tu veux… Enlève le reste… Enlève tout… Tu seras plus à l’aise… Allonge-toi… Là… Sur le ventre… Comme ça… Oui…
Elle a posé une main sur mes reins, l’y a promenée, laissée…
Une porte a claqué… J’ai sursauté…
- C’est rien… C’est mon mari qui rentre… Et finalement… finalement vaudrait tout autant que ce soit lui qui te la donne ta fessée… Ce sera plus vigoureux… Ca portera plus… Bouge pas !… Je reviens…
Un colosse… Avec des mains comme des battoirs…
- Alors, c’est lui !… Espèce de grand dégoûtant !… Chacun son tour d’avoir le cul à l’air, tu vois !…
Il s’est agenouillé de tout son poids sur moi, sur mon dos, sur mes reins…
- Tu vas t’en souvenir, petit morveux !… Je t’assure que tu vas t’en souvenir…
Je me suis crispé dans l’attente du premier coup… Qu’il a fait interminablement attendre… Qui n’est pas venu… Il s’est relevé… Elle m’a jeté mes vêtements sur les bras…
- C’est bon pour cette fois… Tu peux filer… Mais ne t’avise pas de recommencer… Parce que alors là… là… tu n’y couperais pas… Je n’ai pas demandé mon reste… Pendant que je me rhabillais sur le palier… je les ai entendus rire aux éclats derrière la porte… Et puis il y a eu des murmures… Des chuchotements… Des baisers…
J’ai renoncé, la mort dans l’âme, à mon échafaudage de cartons… C’était beaucoup trop dangereux… Si cette femme s’apercevait que je l’avais remis en place !… Eva était formelle…
- Si tu le remets en place ?… Elle te dénoncera pas… Non… De ce côté-là il y a pas de risques… La fessée ça, par contre, t’y auras droit… La fessée en échange de son silence…Et elle te loupera pas… Après, c’est à toi de voir… A toi de voir si le jeu en vaut la chandelle… Une fessée, après tout, c’est pas la mer à boire…
Les jours passaient et elle ne revenait pas… En dessous, dans le bureau, les essayages se poursuivaient, se multipliaient… Des inconnues… Des filles de la fac dont je reconnaissais, impuissant, la voix… La tentation était trop forte et, un matin, je l’ai reconstitué… Tant pis !… On verrait bien… Et puis, oui, elle avait raison Eva… Au pire une fessée ce n’était sûrement pas la mer à boire…
Bien m’en a pris… Parce que l’après-midi même… Pour la première fois… Dorothée !… Dorothée avait un charme fou et, de toutes, c’était celle que j’espérais le plus ardemment finir par voir un jour là, en dessous… Les autres filles avaient évoqué à plusieurs reprises devant elle, en ma présence, l’exceptionnel filon qu’elles avaient découvert, mais elle n’avait manifesté qu’un intérêt distrait… Je m’étais fait une raison : elle ne viendrait pas… Et elle était là… Seule… Elle chantonnait… Elle a cherché un endroit où suspendre les robes, n’en a pas trouvé, les a étalées à même le bureau par dessus les dossiers… Et elle a saisi le bas de la sienne, l’a relevée… En dessous… En dessous rien… Elle ne portait rien… En dessous c’était sa petite fente de rouquine… A découvert… A nu… A moi…
A son avis, à Eva, c’était qu’elle en portait jamais de culotte Dorothée ou c’était juste cette fois-là ?…
- Tu veux que j’en sache quoi ?… Qu’est-ce ça peut faire n’importe comment ?… T’en as bien profité… C’est l’essentiel…
Ah si, c’était important, si !…
- Parce que maintenant quand je vais la voir à la fac, que je vais être à côté d’elle, que je vais lui parler comment ça va être trop si je peux me dire qu’elle en a pas…
- Ah oui… Oui… Oh ben tu sais, si elle en avait pas ce jour-là il y a toutes les chances qu’elle en mette pas d’autres fois… Et même… qu’elle en mette jamais… Il y a des filles qui le font… J’en connais…
Il y avait eu, cet après-midi là, des commandes urgentes à préparer et je n’avais pas eu le temps matériel de jeter un œil sur les essayages dans le bureau… Je finissais tout juste de boucler les derniers cartons quand Armand m’a appelé en bas… Elle était là… Encore à côté de la caisse… Et encore avec tout un tas de sacs posés sur le comptoir…
- Tu sais ce qui te reste à faire…
Je savais, oui…
- Tu sais ce qui t’attend ?…
Je savais aussi, oui…
- Alors ça t’a pas suffi la petite leçon de l’autre fois ?… Il a fallu que tu remettes ça… Que tu reconstitues ton petit observatoire… T’étais prévenu pourtant… T’étais pas prévenu ?…
- Si !…
- Et ça t’a pas empêché de recommencer… Bon… Mais on va t’en faire passer l’envie… Je peux t’assurer qu’on va t’en faire passer l’envie…
- T’as vu qui je nous ramène ?…
- Encore lui !…
- Encore lui, oui !… Il nous a désobéi…
- Ah, c’est pas bien, ça !… Pas bien du tout…
- Il veut pas comprendre… C’est une vraie tête de mule… Mais il va comprendre… Allez, déshabille-toi, toi !… Eh bien ?!… Qu’est-ce que t’attends ?… Tu préfères que je te ramène là-bas et qu’on s’explique avec ton responsable ?… Non ?… Eh bien alors !… Là… C’est bien… Tout… T’enlèves tout…
Ils m’ont fait allonger sur le lit… Du genou il a pesé sur mes reins… Et cette fois il a tapé… Une fessée… A grandes claques retentissantes… Ca cuisait… Ca brûlait… De plus en plus fort… De plus en plus vite… J’ai crié… J’ai battu des jambes… Encore plus fort… Encore plus vite…
Elle l’a arrêté…
- Ca devrait suffire pour aujourd’hui… Relève-toi !… Tu peux te relever…
Il a constaté…
- Mais c’est qu’il bande en plus ce salaud !…
- Parce que t’appelles ça bander ?…
- Il fait avec ce qu’il a…
- Et c’est pas grand chose… Mais c’est pas une excuse… Va au coin, toi, pour la peine !… Là-bas… Les mains sur la tête… Allez !… Et tu te retournes pas… Sinon t’auras affaire à moi…
Il a dit quelque chose à voix basse… Elle a éclaté de rire… Une main m’a frôlé les fesses… Une autre… Des doigts les ont sillonnées, légers, en tous sens…
- Comment tu l’as arrangé !…
- Il l’avait pas volé… Tu as aimé ?…
- Oh oui !… Oui…
Un baiser… Le bruit de deux corps qui tombent sur le lit… Une respiration qui s’emballe… Des halètements… Des chuintements… Elle a gémi… sangloté de plaisir… Encore des baisers… Le silence… Longtemps…
- Allez !… Rhabille-toi !… C’est tout pour aujourd’hui…
Eva a beaucoup ri…
- Tu voudrais pas que je pleure, non ?… Une fessée !… Comme à un gamin de six ans !… A ton âge !… Ah non !… Comment j’aurais aimé voir ça !… Faut dire que tu l’as cherché aussi, non ?… T’étais prévenu… T’as pris le risque… Tant pis pour toi… Et maintenant ?… Qu’est-ce tu vas faire pour tes cartons ?… Tu vas les enlever ?…
- Evidemment que je vais les enlever…
- Ca, c’est pas sûr !… T’es tellement accro… Et puis peut-être que ça t’a plu finalement la fessée !…
Elle est revenue le lendemain, en tout début d’après-midi… J’étais en train de disposer une série de robes, toutes identiques, sur un portant… Elle s’est approchée…
- Ca brûle pas trop ?…
J’ai lancé un regard inquiet dans la direction d’Armand à la caisse…
- T’inquiète pas… Il peut pas entendre… Si, ça brûle, hein ?!… Et pas qu’un peu… Faut mettre quelque chose dessus… Ca soulage… Passe ce soir… J’ai ce qu’il faut… N’oublie pas… Surtout n’oublie pas !… Sinon !…
- Vas-y !… Allonge-toi !…
Docilement… A plat ventre…
- Hou là là… C’est dans un état !… T’as dû déguster !…
Elle a massé, à petits mouvements circulaires du bout des doigts d’abord, puis en cercles plus appuyés qui sont allés en s’élargissant… Je me suis abandonné sous ses mains… Une voluptueuse somnolence m’a engourdi… Elle s’est glissée entre les fesses, s’en est éloignée, y est revenue… Je les ai insensiblement écartées… Elle s’est insinuée, précise, pressante, s’est attardée, a forcé lentement le passage… Un doigt… Un autre… Je me suis redressé sur les genoux, croupe tendue, offerte…
- Mais c’est qu’il aimerait ça, ce petit vicieux !…
J’ai ondulé autour de ses doigts… La porte s’est ouverte… Deux autres mains sont venues se plaquer sur mes fesses… Il se l’est frottée contre elles, se l’est fait durcir… Elle s’est penchée tout près, a murmuré…
- Tu as envie ?…
D’un signe de tête j’ai fait signe que oui…
- Oui, vas-y !… Il a envie…
Ca a cherché… C’est rentré… Ca m’a empli… Ca a bougé… Une main est venue me branler… Ca a palpité, déchargé dedans, à grandes secousses… Il s’est retiré avec une petite claque sur chaque fesse… Elle m’a fait retomber sur le ventre…
- Voilà… Tu es un homme maintenant… Tu es content ?…
Je n’ai rien dit à Eva…
2- La corniche :
- Si la solitude te fait pas peur !… Mais tu sais, c’est resté en l’état… Exactement comme c’était le jour où ta grand mère est morte… On n’a touché à rien…
La solitude ne me faisait pas peur, non !… Mes souvenirs non plus… Et puis je me faisais une fête de revoir enfin Eva… Qui avait, depuis peu, rompu avec Ludo… Qui me réclamait à cor et à cris…
- Mais si, allez !… Ca me changera les idées…
- Coucou !…
Je venais à peine d’arriver…
- Coucou !… C’est nous !…
Florence et Véronique… Avec un monceau de bagages…
- Ben alors !… Ca a pas l’air de te faire plaisir de nous voir…
- Oh si !… Si !… C’est que… je vous attendais pas…
- Eh ben tu vois !… On est là… Et bien décidées à en profiter… On va te faire une de ces fêtes…
Elles se levaient à midi, allaient faire un tour à la plage, s’enfermaient aussitôt rentrées dans la buanderie…
- Quand tu penses qu’avec tout le pognon qu’elle avait elle a seulement jamais été foutue de s’installer une salle de bains correcte…
- Et encore faut pas se plaindre… Maintenant il y a l’eau chaude…
Elles en ressortaient vers huit heures… Sur leur trente et un…
- Bon, ben on y va… C’est vrai, tu veux pas venir ?…
- Non, non, merci…
Elles rentraient tard dans la nuit… Avec des garçons… Des filles… Tout un groupe… Ca parlait fort… Ca riait… Ca buvait… Ca chantait… Et ça finissait par s’éparpiller dans les chambres…
- Et ça baise ?… Oui, evidemment que ça baise !… Eh ben raconte, quoi !…
Je racontais…
- C’est tout ?…
- Qu’est-ce que tu veux que je te dise ?… J’y suis pas, moi !… J’entends juste…
- Et de là où est ta chambre t’entends partout… A droite, à gauche, en dessous… Et t’en profites tout seul… Comme un vrai salaud que tu es…
- Tu veux venir ?… Je t’empêche pas, moi, hein !… Au contraire…
- Bon… Alors qu’est-ce qu’ils foutent ?… Ah, ça y est !… Ben c’est pas trop tôt… C’est qui là ?… Florence ?… Oui, c’est Florence… Eh ben dis donc !… Comment elle y va !… Tout le monde en profite… Mais ça avec elle j’en étais sûre… Je la connais… Faut toujours qu’elle fasse son intéressante… Elle peut pas s’empêcher… C’est qui le mec ?… Tu l’as déjà vu ?… Ecoute !… Il y en a une autre en dessous… Elle miaule… Non, mais elle miaule vraiment… Comme un chat… Tu la connais pas non plus ?… Non ?… Faudrait qu’on voie leurs têtes… Qu’on sache qui est avec qui… On en profiterait mieux après…
Ils étaient en train de déjeuner tous ensemble – tous les huit – dans la cuisine… En nous apercevant, Eva et moi, sur le pas de la porte, Florence a étouffé un fou rire derrière sa main… Véronique, elle, s’est précipitée pour embrasser Eva…
- Toi !… C’est pas vrai !… Depuis le temps !… Tu as dormi ici ?… Avec lui ?… C’est pas vrai !… Oui… Ben on se quitte plus, hein, maintenant qu’on s’est retrouvées… On va à la plage… Tu viens avec nous ?…
- Que je t’explique !… Je sais tout… C’est simple… Et compliqué à la fois… Véronique est amoureuse folle de Patrice qu’en a rien à foutre d’elle… Il couche avec Isabelle, celle qu’on a entendue miauler hier soir… Alors, faute de mieux, elle se tape Lionel… Qui baise très bien paraît-il… Florence, elle, elle a décidé de se faire le plus de mecs possible pendant ses vacances… Elle en est déjà au quatrième… Elle marque tout sur un petit carnet… Avec plein de détails… Elle m’a montré… Quant aux deux autres – Corinne et Philibert – ce sont des campeurs qu’elles ont rencontrés en boîte et qui sont plus tranquilles ici que sous la tente… Tu suis ?… De toute façon ça va ça vient… Ca change tous les soirs… Bon, mais allez, on se tait maintenant… On écoute…
- Tu sors avec ?…
- Avec qui ?…
- Ben avec Eva, tiens !… Vous dormez ensemble… Vous couchez ?…
- Et toi, avec Lionel tu couches ?…
- Ben évidemment !… Mais ça n’a rien à voir…
- Pourquoi ça n’a rien à voir ?…
- Parce que Lionel, lui… Oh, et puis merde !… Ce que tu peux être chiant quand tu t’y mets… Garde-le si tu veux pas le dire…
- Viens voir !…
Eva était penchée à la fenêtre…
- Regarde !… Ca doit être possible finalement…
- Quoi donc ?…
- Elle est assez large la corniche… En faisant bien attention… En s’accrochant au mur… Elles sont pas si loin les fenêtres… Et on peut tout voir à travers les fentes des volets… J’ai vérifié… Ce soir j’essaie…
- Ca valait le coup ?…
- Un peu que ça valait le coup… T’as pas entendu ?… Elle en est de la comédie Florence… Et il y a aucun danger… C’est un boulevard cette corniche… Avec plein d’aspérités dans le mur pour se tenir… Si tu tombes c’est vraiment que tu le fais exprès…
- A ton tour !… Ca commence Véronique… Dépêche-toi !… Tu vas manquer le meilleur…
A mon tour, oui… Oui, elle avait raison Eva… En étant prudent on risquait pas grand chose… Encore deux mètres… Encore un mètre… Le volet était là tout près avec la lumière derrière… J’allais poser la main dessus quand… tout s’est dérobé sous mes pieds…
C’est Véronique qui m’a emmené… Avec Eva… Chaque cahot m’arrachait un gémissement…
- Mais qu’est-ce qui s’est passé ?… Qu’est-ce qu’il fichait là-haut ?…
- Une crise de somnambulisme… Il en fait presque toutes les nuits… Je l’ai bien vu enjamber, mais j’ai toujours entendu dire qu’il fallait jamais réveiller un somnambule… J’aurais peut-être mieux fait finalement…
Le médecin urgentiste a élevé les radios dans la lumière…
- Fracture du poignet droit… Foulure du poignet gauche… Faut plâtrer… Il n’y a pas d’autre solution…
- Comme tu t’y prends t’y arriveras jamais…
Elle me regardait essayer maladroitement de me déshabiller…
- Et t’es capable de te casser encore quelque chose… Laisse-moi faire !… Ca vaudra mieux… Avec mille précautions…
- Là… Et maintenant au lit…
Un peu plus tard dans la nuit, Véronique a doucement arpergé son plaisir…
- Tu vois ce que t’as perdu ?… A croire que toi, dès qu’il y a une occasion de se casser la figure, tu la loupes pas…
Elle a ri tout bas…
- Tu mériterais que je te donne la fessée… Comme ta bonne femme des cartons là-bas…
- Une cuillerée pour papa !… Une cuillerée pour maman !…
Elles me donnaient la becquée… Elle me coupaient ma viande… Elles m’essuyaient la bouche… Elles m’y versaient à boire… Elles étaient aux petits soins pour moi…
- Maintenant qu’il est handicapé…
- Oh, ça, il l’a toujours été…
Et elles sont parties d’un grand fou rire toutes les trois…
- Et… mais… pour se laver ?… Il va faire comment ?… Il y arrivera pas tout seul !…
- Oh ça !… Je m’en occuperai…
- On t’aidera… On viendra t’aider… Parce qu’ils sont hauts les bacs… Sans les mains il pourra jamais y grimper… Faudra qu’on le monte dedans… Et là on sera pas trop de trois…
Elles m’ont dépiauté de mes vêtements…
- Lève les bras !… Mais lève !… Fais pas semblant… Ce que tu peux être empoté quand tu t’y mets… Qu’est-ce qu’il y a ?… Ca fait mal ?… Oh la la !… Pauvre choune !… T’en verras d’autres, va !… Bon, allez !… Attention !… On le soulève… Un !… Deux !… Trois !…
Je suis retombé lourdement sur le ciment…
- Mais non !… On s’y prend mal… Tiens-le sous les bras, Florence !… Et toi, Eva, bien en même temps que moi… On recommence…
Je suis resté suspendu en l’air… J’ai désespérément battu des chevilles sur le rebord du bac… En vain…
- On n’y arrivera jamais !…
- Mais si !… Allez, cette fois c’est la bonne !…
- Ouf !… Ca y est !… Il est lourd l’animal…
Elles m’ont fait ma toilette… Toutes les trois… En mains partout… La figure… Le torse… Le dos…
- Tu te rappelles du temps de grand mère dans le bac, le samedi ?…
- Si je me rappelle !… Ce qu’on a pu rigoler !…
- Il supportait pas qu’on le voie… Et nous évidemment on regardait tant et plus…
- La tête qu’il faisait à chaque fois !…
Le ventre… Les pieds… Les fesses…
- En tout cas c’est resté pareil… Exactement pareil… On se demandait, tu te souviens ?…
- Ca paraît même encore plus petit maintenant qu’il a grandi…
C’est Eva qui me l’a lavée… Consciencieusement… En décapuchonnant bien à fond… En glissements doux… En frottements légers…
- Il bande !…
- Mais non !…
- Je te dis qu’il bande !…
- Peut-être un peu, oui, mais pas vraiment…
Eva a tranché…
- Il peut pas plus…
- Ah, tu vois !…
Elle s’est attardée tout au bout, s’en est éloignée, y est revenue…
- Tu vas le faire jouir si tu continues…
Elle a haussé les épaules…
- De toute façon il peut pas tout seul… Sans les mains !…
Et elle s’est faite plus précise, plus insistante… Elles se sont penchées… Tout près… C’est venu…
- Mais il y a presque rien…
- Ben forcément!… C’est proportionnel…
- Bon… C’est pas tout ça, mais maintenant faut le sortir de là…
- Oui, ben on appelle les garçons, hein !… Je tiens pas à me tuer le dos… Et si on l’échappe et qu’il se casse encore quelque chose on aura tout gagné…
- Lionel !… Patrice !… Vous voulez pas venir là ?…
Ils sont venus… Isabelle aussi… Qui m’a jeté un regard stupéfait… On m’a sorti… On m’a rhabillé… Je suis retourné dans ma chambre… Sur la terrasse, en bas, longtemps je les ai entendus rire…
- Tu fais des progrès… Si, c’est vrai !… C’aurait été il y a pas encore si longtemps que ça qu’est-ce que j’en aurais entendu parler de cette après-midi dans la buanderie !… T’aurais ressassé pendant des heures… Tu t’y es enfin fait on dirait… C’est pas trop tôt… De toute façon t’as pas d’autre solution… Toute ta vie tu seras confronté à ça… Parce que tu t’en rends peut-être pas compte, mais à ce point-là tant qu’on l’a pas vu on peut pas y croire… Alors c’est obligé que ça commente, que ça rigole, que ça se moque… C’est pas forcément méchant pour autant… Et puis si ça tombe de te faire moquer de toi comme ça un jour tu finiras peut-être par trouver que c’est pas si… Mais bon, allez !… Ca commence à côté…
Et elle a enjambé la fenêtre…
- Qu’est-ce tu fais ?… T’es complètement folle !… Elle s’est cassé la gueule la corniche…
- Du côté de Véronique… Pas du côté de Florence…
Au réveil il y avait un camping-car sous la fenêtre…
- Qu’est-ce que c’est que ça ?…
« Ca », c’était Norbert…
- Un copain de Patrice… Il revient d’Afrique… Elles bavent toutes devant… Elles vont se battre comme des chiffonnières pour l’avoir… Ca promet…
Elles buvaient ses paroles, suspendues à ses lèvres, et les repas se prolongeaient jusque tard dans l’après-midi… Jusqu’à ce qu’il regagne…
- Bon, c’est pas tout ça, mais j’ai du travail…
son camping-car dont il ne ressortait que le soir pour aller en boîte avec toute la bande…
- Ce boute-en-train que c’est en plus !… Tu verrais ça !… Il te met une de ces ambiances !… Mais pour le reste… Elles sont de la revue… Elles ont beau essayer – et toutes, hein !… Faut voir la gueule des autres mecs – il en a rien à foutre… Il rentre se coucher tout seul dans son truc là-bas en dessous… Elles en sont vertes…
Elle restait longtemps à la fenêtre, dans la nuit…
- On voit rien… Il y a de la lumière, mais on voit rien…
- Tu sais pas quoi ?… Ca s’est engueulé Lionel et Véronique… Elle l’a foutu dehors… Et en beauté… T’aurais vu ça !… En tout cas elle a intérêt à s’en retrouver un autre vite fait parce que sinon ça va être mort là, le soir, à droite…
- Bon, mais c’est pas tout ça !… Faudrait peut-être te laver, toi, depuis le temps !… Ca fait combien ?… Trois… Non… Quatre jours…
Florence et Véronique se sont scandalisées…
- Quatre jours !… T’es vraiment un gros porc… Tu vas puer à force !…
- Bon, allez, on y va !… Ah si !… Ah Si !… Ca s’impose…
- Ils sont où les mecs ?…
- Partis… Je sais pas où…
- Ils sont chiants… Comment on va faire ?… En tout cas, moi, je le soulève pas… Pas question…
- Il y a Norbert dans le camping-car…
- J’y vais… Je vais le chercher…
Il les a aidées à me faire monter dans le bac… Et puis regardées faire…
- Eh ben dis donc !… Ca vaut le coup de se casser les abattis… Trois petites nanas qui te frottent partout… Je me demande si je vais pas suivre son exemple, moi !… M’arranger pour me démolir quelque chose…
- Pas la peine d’en arriver là… Il y a un autre bac à côté… Un de plus un de moins… On n’est pas à ça près…
- Faudrait pas me le répéter deux fois…
- Il y a un autre bac à côté…
- Faites gaffe !… Je vais vous prendre au mot…
- T’as qu’à de la gueule !…
- Vous l’aurez voulu…
Et il s’est déshabillé… Il a tout enlevé… Il est grimpé à côté…
- Là !… Et maintenant vous êtes bien avancées… Qui c’est qui va se dégonfler ?…
- Oh, alors là, tu nous connais pas !…
Et elles m’ont planté là… Elles l’ont copieusement aspergé… Avec de grands rires…
- Ah, on est des dégonflées… Tu vas voir si on est des dégonflées…
Savonné… Frotté…Tant et plus…
- Lève les bras !…
- Tourne-toi !…
- Encore !…
Eva s’est approchée d’en bas… S’est éloignée… Est revenue… Plus près…
- T’oseras pas !…
- Ah oui ?!… J’oserai pas ?…
Et elle l’a empoigné… A pleine main… Ca s’est dressé… De toute sa hauteur… Gigantesque…
Il s’est penché vers elle, lui a murmuré quelque chose à l’oreille… Elle a fait signe que oui… Oui… Il est sorti du bac… Il a dégouliné jusqu’à la porte… Elle l’a suivi… Véronique et Florence ont couru jusqu’au petit vasistas…
- Ils vont au camping-car !…
- Evidemment !… Tu t’attendais à quoi ?…
- La salope !… Non, mais ça te viendrait à l’idée, toi, de te faire tirer comme ça par le premier venu, juste parce qu’il claque des doigts ?…
- Oh, mais avec elle tu peux t’attendre à tout…
- En tout cas elle a bien su manœuvrer pour arriver là où elle voulait, ça, t’inquiète pas, va !…
- Il est toujours là, l’autre !… Dans le bac…
- Faut le finir !…
Elles l’ont fait… A grands coups de gant rageurs… Sans un mot…
- Et pour sortir de là-dedans t’attendras qu’ils aient tiré leur coup…
Elles ont claqué la porte…
3- Dorothée
Clotilde ne m’attendait pas à la gare… Elle était à la maison, les yeux gonflés, la mine défaite…
- Qu’est-ce qui se passe ?… Qu’est-ce qui t’arrive ?…
- Rien !…
- Ben si !… Il y a bien quelque chose…
- Tu demanderas à ton père si tu veux savoir… S’il consent à rentrer…
Il est rentré, sur le coup de neuf heures, avec son air des mauvais jours et je me suis bien gardé de lui demander quoi que ce soit… Dans leur chambre, en haut, après, il y a eu des cris, des pleurs, des supplications… Une gifle… Tout s’est tu…
- Tu le fais sur quoi, toi, ton mémoire ?…
- Faulkner…
Dorothée a écarquillé les yeux…
- C’est pas vrai !… Moi aussi…
On ne travaillait pas vraiment dans la même perspective – pas du tout même – mais… et si on confrontait nos points de vue, si on échangeait les informations et les documents dont on disposait ?… On s’en trouverait aussi bien l’un que l’autre, non ?… Et ce serait sympa en plus…
C’était sympa… On se voyait souvent… Très souvent… On passait des heures ensemble… On parlait littérature… Pas seulement… Elle avait un petit ami auquel elle semblait beaucoup tenir… Je me suis senti rassuré… Au moins je ne courais pas le risque de me retrouver encore dans une situation impossible…
- Oh, alors ça !… Ca veut rien dire du tout… Tu sais jamais comment ça tourne ces trucs-là… J’ai bien vu, moi, avec Ludo… Bon, mais alors… finalement… elle met une culotte ou pas ?…
J’en savais rien…
- Elle revient jamais s’acheter des fringues là-bas ?…
Elle venait, si !… Assez souvent même…
- Eh ben alors !… Remets tes cartons en place !… Tu me raconteras…
Mon père ne rentrait pas… Presque plus… De moins en moins… Dans la nuit il y a eu des sanglots… Redressé dans mon lit j’ai écouté… Des plaintes d’animal blessé… Je suis descendu… Assise nue sur le rebord de la baignoire, Clotilde s’efforçait maladroitement de dégager une lame de rasoir de son alvéole… J’ai bondi pour la lui arracher… Elle m’a lancé une gifle à toute volée et s’est effondrée en larmes…
- Pardon !… Je te demande pardon… J’ai mal… J’ai trop mal… J’ai si mal…
Je me suis assis à côté d’elle, l’ai attirée contre moi…
- Là… Là… C’est tout… On va aller bien sagement dormir maintenant, hein ?…
Je l’ai emportée, déposée sur son lit… Elle m’a agrippé la main…
- Pars pas !… Me laisse pas toute seule…
- Non… Non… Je suis là…
Et elle s’est doucement endormie…
- Et toi, évidemment, t’en as profité pour te rincer l’œil tant que t’as pu !… T’es resté longtemps ?… Toute la nuit, je parie… L’occasion était trop belle… T’es un salaud, je l’ai toujours dit…
Dorothée était passée au magasin…
- Oui… Hier après-midi je suis venue… On t’entendait marcher comme un dératé au-dessus… T’avais pas l’air de chômer…
- J’étais à la bourre… Si tout n’est pas prêt quand la camionnette arrive…
- Il y avait une femme qu’était là… Ca la faisait rire… Moi aussi… On a parlé du coup toutes les deux … Elle te connaît…
- Ah oui ?!… Qui c’est ?…
- Une cliente… Une brune… Dans les quarante-cinq ans… Tu l’as livrée chez elle… Plusieurs fois…
- Ah oui !… Je vois, oui !…
- Je lui ai dit que je te connaissais moi aussi… Qu’on était en fac ensemble… J’ai peut-être eu tort ?… Ca va pas te poser de problèmes ?…
- Oh non !… Je crois pas, non !…
- Elle m’a laissé son téléphone… Elle veut me faire découvrir un magasin un peu dans le genre du tien, mais pour les godasses cette fois… Je l’appellerai…
- J’ai la trouille, Eva, j’ai vraiment la trouille… T’imagines si elle lui raconte pour les cartons ?… De quoi je vais avoir l’air, moi !… Et si Dorothée en parle aux autres filles… Je suis complètement grillé… Je remets plus les pieds en fac…
- Les cartons, c’est une chose… Mais si jamais elle lui dit pour les fessées alors là je voudrais pas être à ta place…
- Je te dérange ?…
- Non… Non… Elle s’est assise au pied du lit…
- Ecoute… Ton père et moi ça va plus… Plus du tout… Tu as dû t’en apercevoir…
- Ca !…
- Il découche presque tous les soirs… Quand on se voit c’est pour s’engueuler… Il veut me quitter… Il en parle de plus en plus…
- Il a quelqu’un d’autre ?…
- Je sais pas… Je crois pas… Je sais pas… Mais dis, tu voudrais pas lui parler, toi ?…
- Lui parler ?… Pour lui dire quoi ?…
- Que je l’aime… Que je tiens à lui… Que je veux pas qu’il me quitte…
- Il le sait pas ?…
- Ben si !… Si !… Mais venant de toi ça aurait plus de poids… Toi, il t’écouterait…
- Il m’enverrait sur les roses, oui… Et me dirait de m’occuper de ce qui me regarde…
- Tu as peut-être raison… Oui, tu as sûrement raison… Je suis folle… Mais je sais plus où me tourner… Je sais plus quoi faire… Je veux pas qu’il me quitte, Gabriel… Je veux pas…
- J’ai passé l’après-midi avec Alice… On y est allées à ce magasin… Quatre paires je me suis pris… Après on a mangé une glace chez Berthier… Et on a parlé… Beaucoup parlé… De toi aussi…
- De moi ?… Qu’est-ce qu’elle t’a dit ?…
- Que tu l’oubliais… « Ca fait des semaines que je l’ai pas vu… Qu’il me laisse sans nouvelles… Après tout ce que j’ai fait pour lui… » Qu’est-ce qu’elle a fait pour toi si c’est pas indiscret ?…
- Oh, rien de spécial… Elle m’a tiré d’un mauvais pas un jour… Rien d’important…
- En tout cas elle a beaucoup insisté… « Dis-lui qu’il vienne me voir… Et qu’il tarde pas trop… Parce que je pourrais finir par me fâcher à la longue… » On pourrait peut-être manger ensemble un jour tous les trois… Ca te dirait pas ?…
- Si… On verra… On en reparlera…
- Et tu vas faire quoi ?…
- Ben y aller, tiens !… J’ai pas trop le choix…
- Avec Dorothée ?…
- Ah non, non !… Tout seul…
- De toute façon tu pourras pas y couper… Un jour ou l’autre vous vous verrez tous les trois… C’est obligé…
Quelque chose est tombé dans la nuit, s’est fracassé à grand bruit… Le silence… Je suis descendu… Il y avait de la lumière dans le séjour… La vitrine, dans laquelle mon père entreposait amoureusement ses miniatures en porcelaine était par terre… Clotilde aussi… A même la moquette…
- A la tienne !…
Et elle a avalé, au goulot, une longue rasade de whisky…
- Ah, ben t’es propre !…
- Vaut mieux ça que les cachets… Je me détruis… Vas-y !… Dis-le que je me détruis… Vas-y !… Fais-moi de la morale de petit bourgeois à la con… Comme ton imbécile de père… Vous valez pas mieux l’un que l’autre… Dans le même sac… Allez, hop !… Et Dieu triera les siens… Je suis saoule… Si, c’est vrai, je suis saoule… Ca t’emmerde, hein?… Tu te demandes comment tu vas pouvoir gérer ça… Faut toujours que vous gériez tout... Eh ben moi, on me gère pas… Et celui qui m’empêchera de boire il est pas encore né… De la dernière pluie… C’est rigolo, ça !… De la dernière pluie… Tu trouves pas ?… Evidemment… Vous êtes des pisse-froid… Non, mais comment j’ai fait pour vous supporter aussi longtemps ?… Je m’admire… Tu m’admires pas ?… Non ?… Tant Pis… T’as vu ce bordel que j’ai mis ?… J’ai tout bousillé… Toutes ces petites cochonneries qu’il entasse depuis des années… En mille morceaux…
Elle a éclaté d’un interminable rire…
- En tout cas heureusement que… Excuse-moi… C’est nerveux… Oh la la… J’en peux plus, moi… J’en pleure… Heureusement que la miniature que t’as entre les jambes on l’avait pas mise là-dedans… Elle serait en miettes… J’imagine… Non, mais j’imagine le tableau…
Elle a encore bu, laissé retomber la bouteille par terre à côté d’elle…
- Tu sais quoi ?… Eh bien j’ai envie de me branler… Il supporte pas ça ton père… Il m’a vue une fois… Il te m’a fait une de ces scènes !… Ca m’a pas empêchée de recommencer… Tous les jours… Derrière son dos… Il me faut ma dose… Tu lui diras si tu veux… J’en ai rien à foutre… J’en ai plus rien à foutre de rien maintenant n’importe comment…
- Elle l’a fait ?…
- Elle l’a fait… T’aurais vu ça !… Complètement déchaînée elle était… Elle se tortillait par terre, elle mugissait, elle beuglait… Une vraie furie…
- Et quand elle a eu dessaoulé le lendemain elle devait pas être très fière ?…
- Je l’ai pas revue… Ca fait trois jours qu’elle a disparu personne sait où…
- Elle t’attend mardi soir…
- Qui ça ?…
- Ben Alice, tiens !… Qui tu veux ?… Elle avait pas l’air trop contente… « S’il veut pas venir me voir qu’il le dise carrément !… Seulement qu’il fasse bien attention !… Je pourrais me montrer beaucoup moins gentille… Et j’ai des arguments, il le sait »… Qu’est-ce qu’elle entend par là ?…
- Oh, rien !… Une vieille histoire entre nous…
- Tu veux pas aller la voir ?…
- Si !… J’irai… Si !…
- Elle est super géniale cette femme en plus !…
- Elle reviendra plus Clotilde alors !…
Elle était passée prendre ses affaires et avait laissé un mot vengeur, en gros caractères bleus, bien en évidence sur la table de la cuisine… Papa a soupiré…
- Elle reviendra pas, non !… Il y a pas de risque… Après l’explication qu’on a eue tous les deux… Ni elle ni une autre d’ailleurs… Parce que j’en ai plein le dos, moi, mais vraiment plein le dos des femmes… Il y en a pas une pour racheter l’autre…
- Ah, te voilà enfin !… Ben c’est pas trop tôt… Non, mais qu’est-ce que c’est que ces façons de se faire prier ?!… Pour qui tu te prends ?… Oh, mais tu vas me payer ça, mon garçon… Et au prix fort… Déshabille-toi !… Tout… T’as l’habitude maintenant…
J’avais l’habitude, oui !… J’ai obéi sans rechigner… Et je suis resté là, bras ballants…
- Allez !… En position !…
Sur le canapé du salon… Une longue fessée… Beaucoup plus longue que lui la fois précédente… Interminable…
- Là !… Tu peux te relever… File au coin là-bas !… Les mains sur la tête !… Allez !… Derrière moi je l’ai entendue aller et venir, se servir à boire, déplacer quelque chose… Elle a quitté la pièce, est revenue une vingtaine de minutes plus tard, a ouvert un tiroir, un autre, s’est approchée…
- Tu vas avoir droit à une petite leçon supplémentaire… Parce que tu as fait preuve de beaucoup de mauvaise volonté… Je n’ai rien dit… Ni à Armand ni à qui que ce soit… J’étais quand même en droit d’espérer un peu plus de reconnaissance… Alors j’ai décidé, pour te punir, d’offrir le spectacle de ton petit croupion rougi à quelqu’un qui saura apprécier le mal que je me suis donné pour le mettre dans cet état…
- Oh non !…
- Eh si !… C’est comme ça… Et ce n’est pas négociable…
- C’est qui ?… Je le connais ?…
- Elle… C’est une femme…
- Je la connais ?…
- Peut-être… Peut-être pas…
- C’est pas ?…
- A qui tu penses ?… Eh bien dis-le…
- C’est pas Dorothée ?…
- Va savoir… Tu aimerais que ce soit elle ?…
- Oh non !… Non !… S’il vous plaît, pas Dorothée…
- Ben pourquoi ?… Elle en crève peut-être d’envie qu’est-ce que t’en sais ?… Tu peux bien lui offrir ce petit plaisir, non ?… Non ?… Ce que tu peux être égoïste !… De ça aussi il va falloir te guérir… Mais on s’y emploiera… En attendant Dorothée ou pas tu verras bien… Et tu prendras les choses comme elles sont…
On a sonné… Elle est allée ouvrir… On a parlé… Il y a eu des pas… Qui se sont approchés… On est entré…
- Qu’est-ce que c’est que ça ?…
- Ca ?… Ca, c’est ce grand garçon, tu sais, dont j’ai pris l’éducation en mains…
- Ah oui !… Il a pas été très sage, on dirait…
- Il m’en fait voir !… Mais il m’en fait voir !… Ah, je suis pas au bout de mes peines… Mais c’est pour son bien… Il me remerciera plus tard…
- Tu as pas fait semblant en tout cas… Il a le derrière dans un état !…
- Il y a que ça qu’il comprend… Si seulement il consentait à se montrer enfin raisonnable !…
Elles ont bu du thé… Elles ont bavardé… Elles ont plaisanté…
- Là… C’est bon !… Tu peux venir avec nous !…
Je me suis retourné… C’était une femme d’une cinquantaine d’années qui m’a fixé droit dans les yeux, un sourire moqueur juché au coin des lèvres… Qui m’a tranquillement détaillé, de la tête aux pieds, tout le temps que j’ai mis pour arriver jusqu’à elles…
- Eh bien, dis bonjour à Amélie, qu’est-ce que t’attends ?… Et fais-lui la bise !… Ce que tu peux être empoté quand tu t’y mets !…
- Comment j’aurais aimé être là !… Un sacré bon moment elles ont dû passer toutes les deux… Toi aussi d’ailleurs !… Me dis pas le contraire… Rien qu’à la façon dont tu racontes…
4- La piscine
Véronique et Florence passaient leurs vacances au Canada… Cette fois j’étais bel et bien seul chez grand mère… Avec Eva qui m’y a aussitôt rejoint…
- De toute façon on va pas le rester longtemps seuls… Norbert doit passer… Et puis je te ferai faire la connaissance de Jessica… Tu verras… Vous avez des tas de points communs tous les deux… Mais en attendant je vais te faire voir quelque chose…
C’était tout au bout d’un chemin de terre en pleine campagne… Une grande villa, à l’écart de tout, au milieu des arbres… Elle a mis un doigt sur ses lèvres…
- Chut !… Fais pas de bruit !…
On a fait le tour par un sentier derrière, on s’est glissés sous un grillage, introduits dans ce qui avait l’air d’être une vieille grange à l’abandon… On a escaladé une échelle de meunier… De là-haut, par une ouverture dans le mur, on avait une vue imprenable sur une luxueuse piscine…
- Et voilà… Il y a plus qu’à attendre… Il est dix heures… Ca va pas tarder à se lever…
La première s’est étirée dans le soleil… Elle avait une cinquantaine d’années… Elle était nue… Elle a vérifié la température de l’eau du bout du pied, s’y est laissé glisser, à longues brassées voluptueuses… Une autre est apparue, presque aussitôt, nue aussi, en compagnie d’un homme aux cheveux grisonnants… Ils se sont allongés, côte à côte, sur des chaises longues… Et puis, beaucoup plus tard, deux filles, d’une vingtaine d’années, qui se sont poursuivies dans l’eau en grandes éclaboussures…
- La prochaine fois, a murmuré Eva, la prochaine fois on apportera des jumelles…
- Elle va passer Jessica tout à l’heure… Mais avant faut que je te dise… Je lui ai tout raconté…
- Tout raconté quoi ?…
- Les cartons… Alice… Les fessées… Tout…
- Hein ?!… Mais pourquoi t’as fait ça ?…
- Parce que Jessica elle en prend, elle aussi, des fessées… Comme ça vous pourrez en parler tous les deux… Elle adore ça en parler… Et montrer quand elle vient d’en prendre une…
Elles en ont parlé presque tout de suite…
- Alors ?!… Hier soir ?…
- Ben alors… oui… Le grand jeu… Ca a chauffé… Et pas qu’un peu… Ca chauffe encore…
- Tu fais voir ?…
Elle ne s’est pas fait prier… Elle s’est levée, elle nous a tourné le dos et elle a tranquillement baissé son pantalon… C’était écarlate… Sur toute la surface…
- Oh, la vache !…
Eva s’est approchée, en a dessiné les contours du bout du doigt…
- Ben dis donc !… Ca a pas fait semblant…
Elle s’est tournée vers moi…
- C’est pareil quand c’est toi ?… Aussi rouge ?… Plus ?… Moins ?… Faudra bien que je finisse par t’en donner une un jour… Que je voie ce que ça te fait à toi… Ou alors que quelqu’un te la donne devant moi… Oui… Que quelqu’un te la donne plutôt… Ce serait encore mieux…
J’ai voulu savoir… C’était qui qui la lui mettait la fessée à Jessica ?…
- C’est Martha…
- Et c’est qui Martha ?…
- Martha, c’est Martha… Qu’est-ce que je peux te dire de plus ?… Elle a cinquante ans… Avant elle était prof de danse… C’est comme ça que je l’ai connue… On a gardé le contact… Et puis voilà…
- C’est quand qu’elle te la donne ?…
- Quand je fais des trucs qu’elle veut pas… Mais moi, je les fais exprès… Pour qu’elle me punisse justement…
Elle est restée dormir…
- Ce sont pas les chambres qui manquent !…
Le lendemain elle était levée la première et on a déjeuné tous les deux sur la petite table, dehors, dans le soleil…
- Tu sais, elle aimerait drôlement t’en voir prendre une, Eva… Elle m’en parle souvent… Et toi !… Pas quelqu’un d’autre… Toi !… « Il est vraiment fait pour ça… C’est le type que tu te dis que ça lui va comme un gant… Ah, elle a bien su le percer à jour cette Alice là-haut… »… Je te connais pas beaucoup, juste par ce qu’elle m’a dit de toi, mais elle a pas tort, je trouve… Tu voudrais pas ?… Ca te ferait pas plaisir de lui faire plaisir à Eva ?… T’en as déjà eu n’importe comment… Alors une de plus une de moins… T’as pas aimé ça en recevoir ?…
- Non… Si… D’une certaine façon oui… Et d’une certaine façon, non…
- Exactement comme moi… Je supporte pas ça la fessée – ça fait trop mal – mais en même temps comment j’adore !… J’adore parce que j’aime pas… C’est compliqué, hein ?… Et puis ce qu’il y a aussi… c’est Martha… Quand je vois dans quel état ça la met de la donner je suis trop contente que ce soit à cause de moi… Tu peux pas savoir ce que ça me fait…
- On sort… Entre filles… On a à faire…
- Vous allez où ?…
- Si on te le demande tu diras que t’en sais rien…
Elles ne sont rentrées qu’à la nuit tombée sans rien vouloir dire, ni l’une ni l’autre, de ce qu’elles avaient fait de leur après-midi…
- Dis, Jessica…
- Oui ?…
Elle revenait de la buanderie, prête à aller se coucher…
- Ca se passerait comment ?…
- Comment ça se passera ?… Oh, t’inquiète !… Je m’occupe de tout… Je vais voir avec Martha… Elle sera drôlement contente, tu sais !… Jamais encore elle l’a fait à un type… Et Eva !… Oh, alors là, Eva !… Je cours lui dire…
- Tu viens ?…
- Où ça ?…
- A la villa avec la piscine… En tout cas nous on y va… Et cette fois on prend les jumelles… Oui, oui, je venais… Bien sûr que je venais…
Il y avait les deux filles… Le type… L’une des deux femmes… Pas l’autre… Tout le monde tout nu… Je sautais de l’une à l’autre… Insatiable… La gorge sèche… Bon, mais fallait pas exagérer… Elles voulaient voir, elles aussi… J’ai tendu les jumelles à gauche… Personne… A droite… Non plus… Elles étaient passées où ?… Tant pis… Tant pis pour elles… Elles savaient pas ce qu’elles perdaient… Et je me suis voluptueusement absorbé dans ma contemplation…
Un pas dans l’escalier . Sans me retourner j’ai demandé…
- Ben alors !… Qu’est-ce que vous faisiez ?…
Une main s’est posée sur mon épaule…
- Non, mais faut pas se gêner !… Tu veux que je t’aide ?…
C’était… l’autre femme… Qui s’est résolument emparée des jumelles… Qui les a dirigées sur la piscine…
- On voit bien d’ici, dis donc !… On voit drôlement bien !…
J’ai voulu m’éclipser discrètement…
- Allons !… Allons !… On reste là… Bien sagement…
Elle s’est tournée vers moi…
- Alors comme ça tu passes tes journées à nous observer !…
- Hein ?!… Ah, mais non !… Pas du tout !… Non !… C’était juste aujourd’hui… Par hasard…
- C’est ça !… T’as vu de la lumière et t’es rentré… Tu me prends vraiment pour une imbécile, hein !… Bon, mais allez, assez joué… Tu te déculottes !…
- Hein ?!… Que je me…
- Tu as très bien compris…
La tête d’Eva est apparue en haut de l’escalier… Puis celle de Jessica… Ah oui… J’avais compris, oui… Me déculotter… Oui… Voilà… Oui…
Elle m’a rendu les jumelles…
- Tiens !… Continue !…
Je l’ai regardée, ahuri…
- Eh bien continue puisque je te le dis !…
J’ai repris ma place… J’ai cherché… J’ai mis au point…
- T’as choisi laquelle ?…
- La brune…
- Célia… Oui… Evidemment… C’est la seule qui soit tournée vers nous… Elle te plaît ?…
- Oh oui !…
- Et moi ?… Je te plais ?… Tu m’as regardée souvent les autres jours ?…
- Oh non !… Non…
- Menteur !…
Et elle a claqué… Une grande claque… A pleine main… A pleines fesses…
- Tu m’as regardée ?…
- Un peu…
Une autre grande claque…
- Tu m’as regardée souvent ?…
- Oui…
- Ah, je préfère… Mais tu sais que c’est pas bien du tout ce que tu fais ?… Hein ?… Tu le sais ?…
- Oui…
- Eh bien pourquoi tu le fais alors ?… Je vais te le dire pourquoi… Parce que tu es un sale petit vicieux… Et les petits vicieux dans ton genre je vais te montrer, moi, comment on les traite…
Et elle a tapé… A toute volée… A grands coups qui m’ont jeté contre le mur, fait piquer du nez contre les pierres… Qui m’ont arraché des cris… Quand elle a arrêté, que je me suis retourné, Eva et Jessica étaient là… Tout près… Les yeux brillants…
- Bon… Mais maintenant, toi, à ton tour !…
Le sourire de Jessica s’est figé sur ses lèvres…
- Hein ?… Mais pourquoi ?…
- Et tu demandes pourquoi !… On t’a jamais dit que c’est pas beau de rapporter ?… De dénoncer ses petits camarades ?…
Elle a baissé la tête… Du bout de l’index elle l’a obligée à la relever…
- Alors tu sais ce qui te reste à faire… Eh bien… J’attends…
- S’il vous plaît, Martha, punissez-moi !… Je l’ai mérité…
Et elle a descendu sa culotte… Elle s’est agenouillée, elle a relevé sa robe et elle a tendu son derrière…
- Faut que je fasse un vœu, moi !… C’est la première fois que j’en vois une de fessée…
- Deux !… T’en as eu deux pour le prix d’une…
- Deux, oui !…
- Laquelle t’as préférée ?… La mienne ou celle de Gabriel ?…
- Oh, la sienne !… Parce que toi tu gigotes plus, c’est vrai, tu brailles comme si on t’écorchait, mais lui ça faisait trop longtemps que j’avais envie de voir… Depuis le temps qu’il me raconte…
- Moi aussi je te raconte… Et depuis plus longtemps que lui…
- Oui, mais c’est pas pareil… Non, c’est pas pareil…
- Oui… Je me lève toujours tôt… Surtout l’été… C’est l’habitude…
- Mais t’es pas obligée de m’attendre pour déjeuner, hein !…
- Oh, si !… Si !… C’est plus sympa… On peut discuter…
- Mais alors tu les connais tous les gens de la piscine là-bas ?…
- Ah ben oui… Oui… Martha bien sûr… Le type, c’est son frère… L’autre femme c’est sa belle-sœur…
- Et les deux filles ?…
- Ce sont des anciennes du cours de danse… Comme moi…
- Elles en reçoivent aussi des fessées ?…
- Evidemment !… Elles seraient pas là sinon…
- Dites-moi un truc, là, tous les deux… Elles sont dans quel état vos fesses ce matin ?… Ca a dû virer depuis hier, non ?…
Ben oui, ça avait viré, oui, forcément…
- Eh ben faites voir, quoi !… On a fait voir…
- Ah oui dites donc !… Oui… Des vraies cartes de géographie…
Son doigt m’a effleuré, léger, parcouru…
- Ca fait mal ?…
- Non… Pas trop… Ca chauffe un peu… Et c’est sensible quand je m’assieds…
Elle est passée à Jessica…
- Toi, évidemment avec la peau que tu as !… Tu dois le sentir passer, non ?…
- Oui… Mais c’est le moment que je préfère comme ça après quand t’emmènes ta fessée partout avec toi…
- Ca gueule à la villa… Et pas qu’un peu !…
- Qui ça ?…
- Les filles… De pas avoir été là l’autre jour… « C’est dégueulasse… C’est nous qu’il matait… On avait quand même le droit de voir quand il se l’est ramassée, non ?… » Elles ont pas tort, remarque !… Mais comme je leur ai dit : « Ce n’est que partie remise… Il y retournera, c’est obligé… Il pourra pas s’empêcher… Il est bien trop accro… Et ce jour-là… »… Hein que tu vas y retourner !?…
- Je sais pas…
- Comment ça tu sais pas !?… Elles te plaisent pas ?…
- Si, mais…
- Mais quoi ?!… C’est la fessée qui te fait peur ?…
- Oh non !… Non !…
- Eh ben alors !… Où est le problème ?…
Elles m’ont laissé tout seul là-haut… Et beaucoup de temps… En bas les deux filles se poursuivaient tout autour de la piscine avec de grands rires, se jetaient l’une l’autre à l’eau, aspergeaient délibérément, au passage, la femme allongée sur le transat… Melissa les a rejointes… Elles ont longuement discuté, toutes les trois, en levant, de temps à autre, ostensiblement la tête vers moi…
Il y a eu le pas dans l’escalier…
- Allez, viens, mon garçon !…
Je l’ai suivie… Du plus loin qu’elle nous ont vus arriver les filles se sont jetées sur leurs vêtements avec des piaillements effarouchés… Elle m’a saisi par l’oreille, amené jusque devant elles… Eva a surgi de nulle part…
- Bon… Tu vas commencer par expliquer à ces jeunes filles ce que tu faisais là-haut…
- Je regardais…
- Tu regardais quoi ?…
- Elles…
- Oui… Et ce n’est pas la première fois… Je t’ai déjà donné une leçon, mais apparemment elle n’a pas suffi… Alors… Eh bien on va recommencer… Déshabille-toi !…
Elles m’ont regardé faire, avec des gloussements, en riant sous cape…
- Et c’est vous, les filles, qui allez opérer puisque c’est après vous qu’il en avait… Qui veut commencer ?…
- Moi !… Moi !…
Et ça a été Celia…
1- L’observatoire de carton
Deux ans avaient passé… J’étais maintenant en troisième année de fac et, pour avoir un peu d’argent à moi, je m’étais fait embaucher, comme manutentionnaire, chez un grossiste en vêtements… Mon travail consistait, le matin, à réceptionner et à déballer, en réserve, les colis expédiés par les fabricants et, l’après-midi, à préparer les commandes passées par les détaillants qu’Armand – le responsable – recevait et conseillait au rez de chaussée, juste en dessous… Quant à la fac ce serait le vendredi – mon jour de congé – et le soir…
- Et tu sais pas ce qu’il fait Armand ?… Il a pas le droit, mais il vend directement aux particuliers et il se met l’argent dans la poche… Et vu les prix t’as plein de femmes qui défilent…
- Ca me fait une belle jambe !…
- Oui, mais le truc c’est qu’il y a pas de cabines pour essayer… Il les envoie dans le bureau… Et le bureau il y a pas de plafond… De la réserve en haut tu vois tout ce qui s’y passe si tu veux…
- Tu mates ?…
- J’ose pas… C’est trop dangereux… S’il y en a une qui lève la tête et qui me voit… je perds ma place…
Je me contentais d’écouter de loin, le cœur battant… Les bruissements d’étoffe, les râpements des fermetures éclair, les claquements d’élastique mettaient le feu à mon imagination… Et puis, un jour, n’y tenant plus, j’ai fini par oser venir voler, silencieux, très vite, un petit derrière bombé, enchâssé dans sa culotte blanche, que j’ai emporté dans la pénombre comme un voleur…
Il devait bien y avoir une solution pour assister aux essayages en ne courant que des risques limités… Je l’ai cherchée… J’ai fini par la trouver : à l’aide de vieux cartons entassés, encastrés les uns dans les autres, je me suis aménagé, à l’emplacement idéal, un petit observatoire secret d’apparence parfaitement inoffensive… L’oreille constamment à l’affût de ce qui se passait en bas, je m’y précipitais dès qu’une occasion se présentait et j’y attendais impatiemment ma proie, la gorge sèche et le souffle court…
- Tout ça pour pas grand chose !… Parce que si ça vend pas de sous-vêtements là-dedans, t’as pas beaucoup de chances d’en voir à poil… Remarque, c’est pas plus mal des fois… Tu peux imaginer…
C’était pas plus mal, non… C’était autre chose… Un festival de cuisses dénudées, de soutien-gorge pleins à craquer, de petites culottes enserrant au plus près leurs trésors, que je ramenais précieusement le soir à la maison pour m’en délecter encore et encore…
Dans la section Lettres Modernes, où j’étais inscrit, nous n’étions que quelques garçons pour une multitude de filles… Un enchantement !… Je regardais… Je ne me lassais pas de regarder… Je regardais et j’imaginais… Sous ses petites jupes sexy Armelle devait porter quelque chose de très vaporeux… Sûrement… Rouge… Ou noir… Oui… Plutôt noir… Et Céline aux tenues toujours si strictes ?… Je lui supposais une petite culotte blanche très classique… A moins que… Qui sait ?… Elle cachait peut-être très bien son jeu… Quant à Dorothée elle devait opter, elle, pour des dessous à fleurs… Oui… Ca devait être son style…
Pour vérifier, pour savoir vraiment, pour voir enfin je disposais d’une carte maîtresse que j’ai délibérément abattue un vendredi matin…
- Des sapes au tiers de leur prix ça vous dirait, les filles ?…
Les yeux de Sabine et de Pervenche, en compagnie desquelles j’attendais l’arrivée du professeur de linguistique générale, se sont allumés…
- Un peu que ça nous dirait… Mais…c’est du neuf ?…
- Tout ce qu’il y a de plus neuf…
- Il y a pas d’embrouille au moins ?…
- Non… Non…
J’ai expliqué…
- Ah oui ?!… Génial !…
- Mais vous demandez pas après moi, hein, surtout, là-bas !… Vous êtes passées par hasard… Je vous ai rien dit… On se connaît pas… Ca me ferait avoir des tas d’ennuis sinon…
- T’inquiète pas !… On sera discrètes…
Ca n’a pas traîné… Dès le jeudi suivant elles étaient là… Toutes les deux… A essayer des pantalons… Des tas de pantalons… A enlever, enfiler, retirer, remettre… A m’offrir, chaque fois, la vision délectable de leur petite culotte… Sous celle de Sabine, en nylon blanc, transparaissait la tache sombre d’une toison bien fournie… Celle de Pervenche, jaune paille, est brièvement descendue, jusqu’à mi-fesses, quand elle a voulu sortir d’un jean trop étroit…
Au retour je me suis tellement épuisé de plaisir que, le lendemain, je ne me suis réveillé qu’à onze heures… Je me suis levé d’un bond… Trop tard pour les cours de la matinée… Quelqu’un me les passerait bien… Pervenche… Ou Sabine… Elles me devaient bien ça… Pervenche… Sabine… Les images de la veille sont une nouvelle fois remontées, claires, précises… Je me suis laissé tomber sur mon lit… Pervenche… Sabine… Sabine… Pervenche… Longtemps amoureusement contemplées… Ca venait… Ca approchait… C’était tout près… Des pas dans le couloir… C’était là… Impossible à arrêter… J’ai voulu me réfugier précipitamment sous les draps… Trop tard… On est entré… Clotilde… l’aspirateur à la main…
- Hein ?!… Mais t’es là ?… T’es pas parti ?…
Je coulais… Elle a vu…
- Ah ben chacun son tour !… Comme ça au moins on est quitte…
Et on est encore partis d’un grand fou rire tous les deux…
- On peut leur dire aux autres filles ?…
- Mais pas que c’est moi qui ai donné le tuyau, hein ?!…
- Juré !…
Qu’elles le disent !… Qu’elles le disent !… Tant qu’elles voulaient…
Elles le disaient… Il en venait… De plus en plus nombreuses… A deux… A trois… A quatre… Toutes seules… Elles venaient… Elles revenaient… Je les voyais… Une orgie d’elles… A la fac je leur parlais… En amphi, en TP, à la bibliothèque j’étais assis à leurs côtés… Et elles ne savaient pas… Elles ne se doutaient pas…
- Un truc que je m’explique pas quand même c’est que t’en aies pas parlé à Clotilde… T’as pas envie de la voir là en dessous ?…
Mais si !… Bien sûr que si !… Et bien sûr que je lui en ai parlé…
- Et alors ?…
- Ben alors elle dit qu’elle verra… Que pour le moment elle a tout ce qu’il lui faut…
- Ca, j’y crois pas… Une nana elle en a jamais assez des fringues… Tu crois qu’elle se doute de quelque chose ?…
- Sûrement pas !… Comment tu veux ?…
Un pas a claqué jusqu’à la porte du bureau qui s’est bruyamment refermée … C’était une femme à la quarantaine hautaine, au visage dur, revêche… Elle a posé la pile de vêtements sur la chaise…Elle a quitté sa robe et… s’est reculée juste dans l’angle mort, le seul angle mort de la pièce !… Pour ne rien perdre du spectacle, je me suis penché, penché encore, j’ai perdu l’équilibre et, dans un grand écroulement de cartons, je me suis retrouvé à quatre pattes, le nez au ras de l’arête de la cloison…
- Qu’est-ce que ?… Non, mais dis donc, toi !…
J’ai détalé, sans demander mon reste, jusqu’au fond de la réserve, où, la peur au ventre, je me suis remis fébrilement au travail…
- Gabriel, tu peux descendre voir là ?…
Debout à côté de la caisse, elle me tournait le dos… J’étais bon… Mon compte était bon…
- Tiens, tu vas aider Madame à emporter tout ça chez elle…
Trois grands sacs posés sur le comptoir…
On a marché côte à côte, sans rien dire, dans l’après-midi inondée de soleil… De temps en temps elle me coulait un regard de côté que je faisais semblant de ne pas remarquer…
- Tu n’as pas honte ?…
J’ai rougi… Je n’ai pas répondu…
- Hein ?… Tu n’as pas honte ?… Si ça tenait qu’à moi tu te prendrais une de ces fessées !… Ca te ferait passer l’envie de recommencer, je t’assure !… Tu as quel âge ?…
- 21 ans…
- Même… même… Il y a pas d’âge quand on l’a méritée… T’es pas de mon avis ?…
Elle a éclaté de rire…
- T’es trop quand tu rougis comme ça… Une vraie jeune fille… T’es puceau, hein ?!…
On a passé un porche, pris un ascenseur, elle a ouvert une porte sur une immense pièce aux murs clairs, aux fenêtres grandes ouvertes…
- Pose tout ça là… Là… Merci… Eh, mais attends !… Où tu te sauves comme ça ?… Attends !…
Son rire en cascade a dégringolé derrière moi tout au long de l’escalier…
Armand a baissé le rideau, verrouillé la porte…
- Elle t’a payé ?… Non ?… Eh bien t’as plus qu’à y retourner… C’est sur ta route n’importe comment…
La sonnette a retenti jusqu’au fond de l’appartement… Le silence… Des pas… La porte…
- Tiens, tiens, un remords ?!…
De la main elle maintenait un peignoir bleu croisé fermé sur la poitrine…
- C’est que tout-à-l’heure j’ai oublié de…
- Viens !…
Ses fesses ont ondulé devant moi…
- Eh ben viens !… Qu’est-ce que t’attends ?!…
Une chambre… Elle s’est assise au bord du lit, m’a attiré vers elle, a joué avec la boucle de ma ceinture…
- Alors il va se passer quoi maintenant ?… A ton avis ?…
- Je sais pas…
- Tu sais pas… Eh bien moi je vais te dire… Il y a deux solutions…
Elle a défait le premier bouton…
- Ou bien je te trouve à mon goût et j’ai envie de te croquer… Pourquoi pas après tout ?… Tu es joli garçon… Tu es jeune… Tu as l’air vigoureux…
Les trois autres boutons… Un à un…
- Ou bien j’estime que tu mérites une bonne leçon… J’aurais pu te faire perdre ta place tout à l’heure… Je n’ai rien dit… Tu t’en es tiré à bon compte… Trop bon compte… Il y a quand même des choses qu’on ne peut pas laisser passer comme ça… Non, tu crois pas ?…
Elle a descendu mon pantalon…
- Quelle solution ?… La première ?… La deuxième ?… Je n’ai peut-être pas encore vraiment décidé, qui sait ?… Mais toi, tu préfères quoi ?… Eh bien réponds !…
Elle a baissé résolument mon slip…
- Oui, ben la question se pose même plus… Une bonne fessée… Et encore c’est pas trop cher payé… Et ça vaut de toute façon mieux que de se faire flanquer à la porte comme un malpropre… Non ?… Tu n’es pas de mon avis ?…
- Si !…
- Tu vois que tu peux te montrer raisonnable quand tu veux… Enlève le reste… Enlève tout… Tu seras plus à l’aise… Allonge-toi… Là… Sur le ventre… Comme ça… Oui…
Elle a posé une main sur mes reins, l’y a promenée, laissée…
Une porte a claqué… J’ai sursauté…
- C’est rien… C’est mon mari qui rentre… Et finalement… finalement vaudrait tout autant que ce soit lui qui te la donne ta fessée… Ce sera plus vigoureux… Ca portera plus… Bouge pas !… Je reviens…
Un colosse… Avec des mains comme des battoirs…
- Alors, c’est lui !… Espèce de grand dégoûtant !… Chacun son tour d’avoir le cul à l’air, tu vois !…
Il s’est agenouillé de tout son poids sur moi, sur mon dos, sur mes reins…
- Tu vas t’en souvenir, petit morveux !… Je t’assure que tu vas t’en souvenir…
Je me suis crispé dans l’attente du premier coup… Qu’il a fait interminablement attendre… Qui n’est pas venu… Il s’est relevé… Elle m’a jeté mes vêtements sur les bras…
- C’est bon pour cette fois… Tu peux filer… Mais ne t’avise pas de recommencer… Parce que alors là… là… tu n’y couperais pas… Je n’ai pas demandé mon reste… Pendant que je me rhabillais sur le palier… je les ai entendus rire aux éclats derrière la porte… Et puis il y a eu des murmures… Des chuchotements… Des baisers…
J’ai renoncé, la mort dans l’âme, à mon échafaudage de cartons… C’était beaucoup trop dangereux… Si cette femme s’apercevait que je l’avais remis en place !… Eva était formelle…
- Si tu le remets en place ?… Elle te dénoncera pas… Non… De ce côté-là il y a pas de risques… La fessée ça, par contre, t’y auras droit… La fessée en échange de son silence…Et elle te loupera pas… Après, c’est à toi de voir… A toi de voir si le jeu en vaut la chandelle… Une fessée, après tout, c’est pas la mer à boire…
Les jours passaient et elle ne revenait pas… En dessous, dans le bureau, les essayages se poursuivaient, se multipliaient… Des inconnues… Des filles de la fac dont je reconnaissais, impuissant, la voix… La tentation était trop forte et, un matin, je l’ai reconstitué… Tant pis !… On verrait bien… Et puis, oui, elle avait raison Eva… Au pire une fessée ce n’était sûrement pas la mer à boire…
Bien m’en a pris… Parce que l’après-midi même… Pour la première fois… Dorothée !… Dorothée avait un charme fou et, de toutes, c’était celle que j’espérais le plus ardemment finir par voir un jour là, en dessous… Les autres filles avaient évoqué à plusieurs reprises devant elle, en ma présence, l’exceptionnel filon qu’elles avaient découvert, mais elle n’avait manifesté qu’un intérêt distrait… Je m’étais fait une raison : elle ne viendrait pas… Et elle était là… Seule… Elle chantonnait… Elle a cherché un endroit où suspendre les robes, n’en a pas trouvé, les a étalées à même le bureau par dessus les dossiers… Et elle a saisi le bas de la sienne, l’a relevée… En dessous… En dessous rien… Elle ne portait rien… En dessous c’était sa petite fente de rouquine… A découvert… A nu… A moi…
A son avis, à Eva, c’était qu’elle en portait jamais de culotte Dorothée ou c’était juste cette fois-là ?…
- Tu veux que j’en sache quoi ?… Qu’est-ce ça peut faire n’importe comment ?… T’en as bien profité… C’est l’essentiel…
Ah si, c’était important, si !…
- Parce que maintenant quand je vais la voir à la fac, que je vais être à côté d’elle, que je vais lui parler comment ça va être trop si je peux me dire qu’elle en a pas…
- Ah oui… Oui… Oh ben tu sais, si elle en avait pas ce jour-là il y a toutes les chances qu’elle en mette pas d’autres fois… Et même… qu’elle en mette jamais… Il y a des filles qui le font… J’en connais…
Il y avait eu, cet après-midi là, des commandes urgentes à préparer et je n’avais pas eu le temps matériel de jeter un œil sur les essayages dans le bureau… Je finissais tout juste de boucler les derniers cartons quand Armand m’a appelé en bas… Elle était là… Encore à côté de la caisse… Et encore avec tout un tas de sacs posés sur le comptoir…
- Tu sais ce qui te reste à faire…
Je savais, oui…
- Tu sais ce qui t’attend ?…
Je savais aussi, oui…
- Alors ça t’a pas suffi la petite leçon de l’autre fois ?… Il a fallu que tu remettes ça… Que tu reconstitues ton petit observatoire… T’étais prévenu pourtant… T’étais pas prévenu ?…
- Si !…
- Et ça t’a pas empêché de recommencer… Bon… Mais on va t’en faire passer l’envie… Je peux t’assurer qu’on va t’en faire passer l’envie…
- T’as vu qui je nous ramène ?…
- Encore lui !…
- Encore lui, oui !… Il nous a désobéi…
- Ah, c’est pas bien, ça !… Pas bien du tout…
- Il veut pas comprendre… C’est une vraie tête de mule… Mais il va comprendre… Allez, déshabille-toi, toi !… Eh bien ?!… Qu’est-ce que t’attends ?… Tu préfères que je te ramène là-bas et qu’on s’explique avec ton responsable ?… Non ?… Eh bien alors !… Là… C’est bien… Tout… T’enlèves tout…
Ils m’ont fait allonger sur le lit… Du genou il a pesé sur mes reins… Et cette fois il a tapé… Une fessée… A grandes claques retentissantes… Ca cuisait… Ca brûlait… De plus en plus fort… De plus en plus vite… J’ai crié… J’ai battu des jambes… Encore plus fort… Encore plus vite…
Elle l’a arrêté…
- Ca devrait suffire pour aujourd’hui… Relève-toi !… Tu peux te relever…
Il a constaté…
- Mais c’est qu’il bande en plus ce salaud !…
- Parce que t’appelles ça bander ?…
- Il fait avec ce qu’il a…
- Et c’est pas grand chose… Mais c’est pas une excuse… Va au coin, toi, pour la peine !… Là-bas… Les mains sur la tête… Allez !… Et tu te retournes pas… Sinon t’auras affaire à moi…
Il a dit quelque chose à voix basse… Elle a éclaté de rire… Une main m’a frôlé les fesses… Une autre… Des doigts les ont sillonnées, légers, en tous sens…
- Comment tu l’as arrangé !…
- Il l’avait pas volé… Tu as aimé ?…
- Oh oui !… Oui…
Un baiser… Le bruit de deux corps qui tombent sur le lit… Une respiration qui s’emballe… Des halètements… Des chuintements… Elle a gémi… sangloté de plaisir… Encore des baisers… Le silence… Longtemps…
- Allez !… Rhabille-toi !… C’est tout pour aujourd’hui…
Eva a beaucoup ri…
- Tu voudrais pas que je pleure, non ?… Une fessée !… Comme à un gamin de six ans !… A ton âge !… Ah non !… Comment j’aurais aimé voir ça !… Faut dire que tu l’as cherché aussi, non ?… T’étais prévenu… T’as pris le risque… Tant pis pour toi… Et maintenant ?… Qu’est-ce tu vas faire pour tes cartons ?… Tu vas les enlever ?…
- Evidemment que je vais les enlever…
- Ca, c’est pas sûr !… T’es tellement accro… Et puis peut-être que ça t’a plu finalement la fessée !…
Elle est revenue le lendemain, en tout début d’après-midi… J’étais en train de disposer une série de robes, toutes identiques, sur un portant… Elle s’est approchée…
- Ca brûle pas trop ?…
J’ai lancé un regard inquiet dans la direction d’Armand à la caisse…
- T’inquiète pas… Il peut pas entendre… Si, ça brûle, hein ?!… Et pas qu’un peu… Faut mettre quelque chose dessus… Ca soulage… Passe ce soir… J’ai ce qu’il faut… N’oublie pas… Surtout n’oublie pas !… Sinon !…
- Vas-y !… Allonge-toi !…
Docilement… A plat ventre…
- Hou là là… C’est dans un état !… T’as dû déguster !…
Elle a massé, à petits mouvements circulaires du bout des doigts d’abord, puis en cercles plus appuyés qui sont allés en s’élargissant… Je me suis abandonné sous ses mains… Une voluptueuse somnolence m’a engourdi… Elle s’est glissée entre les fesses, s’en est éloignée, y est revenue… Je les ai insensiblement écartées… Elle s’est insinuée, précise, pressante, s’est attardée, a forcé lentement le passage… Un doigt… Un autre… Je me suis redressé sur les genoux, croupe tendue, offerte…
- Mais c’est qu’il aimerait ça, ce petit vicieux !…
J’ai ondulé autour de ses doigts… La porte s’est ouverte… Deux autres mains sont venues se plaquer sur mes fesses… Il se l’est frottée contre elles, se l’est fait durcir… Elle s’est penchée tout près, a murmuré…
- Tu as envie ?…
D’un signe de tête j’ai fait signe que oui…
- Oui, vas-y !… Il a envie…
Ca a cherché… C’est rentré… Ca m’a empli… Ca a bougé… Une main est venue me branler… Ca a palpité, déchargé dedans, à grandes secousses… Il s’est retiré avec une petite claque sur chaque fesse… Elle m’a fait retomber sur le ventre…
- Voilà… Tu es un homme maintenant… Tu es content ?…
Je n’ai rien dit à Eva…
2- La corniche :
- Si la solitude te fait pas peur !… Mais tu sais, c’est resté en l’état… Exactement comme c’était le jour où ta grand mère est morte… On n’a touché à rien…
La solitude ne me faisait pas peur, non !… Mes souvenirs non plus… Et puis je me faisais une fête de revoir enfin Eva… Qui avait, depuis peu, rompu avec Ludo… Qui me réclamait à cor et à cris…
- Mais si, allez !… Ca me changera les idées…
- Coucou !…
Je venais à peine d’arriver…
- Coucou !… C’est nous !…
Florence et Véronique… Avec un monceau de bagages…
- Ben alors !… Ca a pas l’air de te faire plaisir de nous voir…
- Oh si !… Si !… C’est que… je vous attendais pas…
- Eh ben tu vois !… On est là… Et bien décidées à en profiter… On va te faire une de ces fêtes…
Elles se levaient à midi, allaient faire un tour à la plage, s’enfermaient aussitôt rentrées dans la buanderie…
- Quand tu penses qu’avec tout le pognon qu’elle avait elle a seulement jamais été foutue de s’installer une salle de bains correcte…
- Et encore faut pas se plaindre… Maintenant il y a l’eau chaude…
Elles en ressortaient vers huit heures… Sur leur trente et un…
- Bon, ben on y va… C’est vrai, tu veux pas venir ?…
- Non, non, merci…
Elles rentraient tard dans la nuit… Avec des garçons… Des filles… Tout un groupe… Ca parlait fort… Ca riait… Ca buvait… Ca chantait… Et ça finissait par s’éparpiller dans les chambres…
- Et ça baise ?… Oui, evidemment que ça baise !… Eh ben raconte, quoi !…
Je racontais…
- C’est tout ?…
- Qu’est-ce que tu veux que je te dise ?… J’y suis pas, moi !… J’entends juste…
- Et de là où est ta chambre t’entends partout… A droite, à gauche, en dessous… Et t’en profites tout seul… Comme un vrai salaud que tu es…
- Tu veux venir ?… Je t’empêche pas, moi, hein !… Au contraire…
- Bon… Alors qu’est-ce qu’ils foutent ?… Ah, ça y est !… Ben c’est pas trop tôt… C’est qui là ?… Florence ?… Oui, c’est Florence… Eh ben dis donc !… Comment elle y va !… Tout le monde en profite… Mais ça avec elle j’en étais sûre… Je la connais… Faut toujours qu’elle fasse son intéressante… Elle peut pas s’empêcher… C’est qui le mec ?… Tu l’as déjà vu ?… Ecoute !… Il y en a une autre en dessous… Elle miaule… Non, mais elle miaule vraiment… Comme un chat… Tu la connais pas non plus ?… Non ?… Faudrait qu’on voie leurs têtes… Qu’on sache qui est avec qui… On en profiterait mieux après…
Ils étaient en train de déjeuner tous ensemble – tous les huit – dans la cuisine… En nous apercevant, Eva et moi, sur le pas de la porte, Florence a étouffé un fou rire derrière sa main… Véronique, elle, s’est précipitée pour embrasser Eva…
- Toi !… C’est pas vrai !… Depuis le temps !… Tu as dormi ici ?… Avec lui ?… C’est pas vrai !… Oui… Ben on se quitte plus, hein, maintenant qu’on s’est retrouvées… On va à la plage… Tu viens avec nous ?…
- Que je t’explique !… Je sais tout… C’est simple… Et compliqué à la fois… Véronique est amoureuse folle de Patrice qu’en a rien à foutre d’elle… Il couche avec Isabelle, celle qu’on a entendue miauler hier soir… Alors, faute de mieux, elle se tape Lionel… Qui baise très bien paraît-il… Florence, elle, elle a décidé de se faire le plus de mecs possible pendant ses vacances… Elle en est déjà au quatrième… Elle marque tout sur un petit carnet… Avec plein de détails… Elle m’a montré… Quant aux deux autres – Corinne et Philibert – ce sont des campeurs qu’elles ont rencontrés en boîte et qui sont plus tranquilles ici que sous la tente… Tu suis ?… De toute façon ça va ça vient… Ca change tous les soirs… Bon, mais allez, on se tait maintenant… On écoute…
- Tu sors avec ?…
- Avec qui ?…
- Ben avec Eva, tiens !… Vous dormez ensemble… Vous couchez ?…
- Et toi, avec Lionel tu couches ?…
- Ben évidemment !… Mais ça n’a rien à voir…
- Pourquoi ça n’a rien à voir ?…
- Parce que Lionel, lui… Oh, et puis merde !… Ce que tu peux être chiant quand tu t’y mets… Garde-le si tu veux pas le dire…
- Viens voir !…
Eva était penchée à la fenêtre…
- Regarde !… Ca doit être possible finalement…
- Quoi donc ?…
- Elle est assez large la corniche… En faisant bien attention… En s’accrochant au mur… Elles sont pas si loin les fenêtres… Et on peut tout voir à travers les fentes des volets… J’ai vérifié… Ce soir j’essaie…
- Ca valait le coup ?…
- Un peu que ça valait le coup… T’as pas entendu ?… Elle en est de la comédie Florence… Et il y a aucun danger… C’est un boulevard cette corniche… Avec plein d’aspérités dans le mur pour se tenir… Si tu tombes c’est vraiment que tu le fais exprès…
- A ton tour !… Ca commence Véronique… Dépêche-toi !… Tu vas manquer le meilleur…
A mon tour, oui… Oui, elle avait raison Eva… En étant prudent on risquait pas grand chose… Encore deux mètres… Encore un mètre… Le volet était là tout près avec la lumière derrière… J’allais poser la main dessus quand… tout s’est dérobé sous mes pieds…
C’est Véronique qui m’a emmené… Avec Eva… Chaque cahot m’arrachait un gémissement…
- Mais qu’est-ce qui s’est passé ?… Qu’est-ce qu’il fichait là-haut ?…
- Une crise de somnambulisme… Il en fait presque toutes les nuits… Je l’ai bien vu enjamber, mais j’ai toujours entendu dire qu’il fallait jamais réveiller un somnambule… J’aurais peut-être mieux fait finalement…
Le médecin urgentiste a élevé les radios dans la lumière…
- Fracture du poignet droit… Foulure du poignet gauche… Faut plâtrer… Il n’y a pas d’autre solution…
- Comme tu t’y prends t’y arriveras jamais…
Elle me regardait essayer maladroitement de me déshabiller…
- Et t’es capable de te casser encore quelque chose… Laisse-moi faire !… Ca vaudra mieux… Avec mille précautions…
- Là… Et maintenant au lit…
Un peu plus tard dans la nuit, Véronique a doucement arpergé son plaisir…
- Tu vois ce que t’as perdu ?… A croire que toi, dès qu’il y a une occasion de se casser la figure, tu la loupes pas…
Elle a ri tout bas…
- Tu mériterais que je te donne la fessée… Comme ta bonne femme des cartons là-bas…
- Une cuillerée pour papa !… Une cuillerée pour maman !…
Elles me donnaient la becquée… Elle me coupaient ma viande… Elles m’essuyaient la bouche… Elles m’y versaient à boire… Elles étaient aux petits soins pour moi…
- Maintenant qu’il est handicapé…
- Oh, ça, il l’a toujours été…
Et elles sont parties d’un grand fou rire toutes les trois…
- Et… mais… pour se laver ?… Il va faire comment ?… Il y arrivera pas tout seul !…
- Oh ça !… Je m’en occuperai…
- On t’aidera… On viendra t’aider… Parce qu’ils sont hauts les bacs… Sans les mains il pourra jamais y grimper… Faudra qu’on le monte dedans… Et là on sera pas trop de trois…
Elles m’ont dépiauté de mes vêtements…
- Lève les bras !… Mais lève !… Fais pas semblant… Ce que tu peux être empoté quand tu t’y mets… Qu’est-ce qu’il y a ?… Ca fait mal ?… Oh la la !… Pauvre choune !… T’en verras d’autres, va !… Bon, allez !… Attention !… On le soulève… Un !… Deux !… Trois !…
Je suis retombé lourdement sur le ciment…
- Mais non !… On s’y prend mal… Tiens-le sous les bras, Florence !… Et toi, Eva, bien en même temps que moi… On recommence…
Je suis resté suspendu en l’air… J’ai désespérément battu des chevilles sur le rebord du bac… En vain…
- On n’y arrivera jamais !…
- Mais si !… Allez, cette fois c’est la bonne !…
- Ouf !… Ca y est !… Il est lourd l’animal…
Elles m’ont fait ma toilette… Toutes les trois… En mains partout… La figure… Le torse… Le dos…
- Tu te rappelles du temps de grand mère dans le bac, le samedi ?…
- Si je me rappelle !… Ce qu’on a pu rigoler !…
- Il supportait pas qu’on le voie… Et nous évidemment on regardait tant et plus…
- La tête qu’il faisait à chaque fois !…
Le ventre… Les pieds… Les fesses…
- En tout cas c’est resté pareil… Exactement pareil… On se demandait, tu te souviens ?…
- Ca paraît même encore plus petit maintenant qu’il a grandi…
C’est Eva qui me l’a lavée… Consciencieusement… En décapuchonnant bien à fond… En glissements doux… En frottements légers…
- Il bande !…
- Mais non !…
- Je te dis qu’il bande !…
- Peut-être un peu, oui, mais pas vraiment…
Eva a tranché…
- Il peut pas plus…
- Ah, tu vois !…
Elle s’est attardée tout au bout, s’en est éloignée, y est revenue…
- Tu vas le faire jouir si tu continues…
Elle a haussé les épaules…
- De toute façon il peut pas tout seul… Sans les mains !…
Et elle s’est faite plus précise, plus insistante… Elles se sont penchées… Tout près… C’est venu…
- Mais il y a presque rien…
- Ben forcément!… C’est proportionnel…
- Bon… C’est pas tout ça, mais maintenant faut le sortir de là…
- Oui, ben on appelle les garçons, hein !… Je tiens pas à me tuer le dos… Et si on l’échappe et qu’il se casse encore quelque chose on aura tout gagné…
- Lionel !… Patrice !… Vous voulez pas venir là ?…
Ils sont venus… Isabelle aussi… Qui m’a jeté un regard stupéfait… On m’a sorti… On m’a rhabillé… Je suis retourné dans ma chambre… Sur la terrasse, en bas, longtemps je les ai entendus rire…
- Tu fais des progrès… Si, c’est vrai !… C’aurait été il y a pas encore si longtemps que ça qu’est-ce que j’en aurais entendu parler de cette après-midi dans la buanderie !… T’aurais ressassé pendant des heures… Tu t’y es enfin fait on dirait… C’est pas trop tôt… De toute façon t’as pas d’autre solution… Toute ta vie tu seras confronté à ça… Parce que tu t’en rends peut-être pas compte, mais à ce point-là tant qu’on l’a pas vu on peut pas y croire… Alors c’est obligé que ça commente, que ça rigole, que ça se moque… C’est pas forcément méchant pour autant… Et puis si ça tombe de te faire moquer de toi comme ça un jour tu finiras peut-être par trouver que c’est pas si… Mais bon, allez !… Ca commence à côté…
Et elle a enjambé la fenêtre…
- Qu’est-ce tu fais ?… T’es complètement folle !… Elle s’est cassé la gueule la corniche…
- Du côté de Véronique… Pas du côté de Florence…
Au réveil il y avait un camping-car sous la fenêtre…
- Qu’est-ce que c’est que ça ?…
« Ca », c’était Norbert…
- Un copain de Patrice… Il revient d’Afrique… Elles bavent toutes devant… Elles vont se battre comme des chiffonnières pour l’avoir… Ca promet…
Elles buvaient ses paroles, suspendues à ses lèvres, et les repas se prolongeaient jusque tard dans l’après-midi… Jusqu’à ce qu’il regagne…
- Bon, c’est pas tout ça, mais j’ai du travail…
son camping-car dont il ne ressortait que le soir pour aller en boîte avec toute la bande…
- Ce boute-en-train que c’est en plus !… Tu verrais ça !… Il te met une de ces ambiances !… Mais pour le reste… Elles sont de la revue… Elles ont beau essayer – et toutes, hein !… Faut voir la gueule des autres mecs – il en a rien à foutre… Il rentre se coucher tout seul dans son truc là-bas en dessous… Elles en sont vertes…
Elle restait longtemps à la fenêtre, dans la nuit…
- On voit rien… Il y a de la lumière, mais on voit rien…
- Tu sais pas quoi ?… Ca s’est engueulé Lionel et Véronique… Elle l’a foutu dehors… Et en beauté… T’aurais vu ça !… En tout cas elle a intérêt à s’en retrouver un autre vite fait parce que sinon ça va être mort là, le soir, à droite…
- Bon, mais c’est pas tout ça !… Faudrait peut-être te laver, toi, depuis le temps !… Ca fait combien ?… Trois… Non… Quatre jours…
Florence et Véronique se sont scandalisées…
- Quatre jours !… T’es vraiment un gros porc… Tu vas puer à force !…
- Bon, allez, on y va !… Ah si !… Ah Si !… Ca s’impose…
- Ils sont où les mecs ?…
- Partis… Je sais pas où…
- Ils sont chiants… Comment on va faire ?… En tout cas, moi, je le soulève pas… Pas question…
- Il y a Norbert dans le camping-car…
- J’y vais… Je vais le chercher…
Il les a aidées à me faire monter dans le bac… Et puis regardées faire…
- Eh ben dis donc !… Ca vaut le coup de se casser les abattis… Trois petites nanas qui te frottent partout… Je me demande si je vais pas suivre son exemple, moi !… M’arranger pour me démolir quelque chose…
- Pas la peine d’en arriver là… Il y a un autre bac à côté… Un de plus un de moins… On n’est pas à ça près…
- Faudrait pas me le répéter deux fois…
- Il y a un autre bac à côté…
- Faites gaffe !… Je vais vous prendre au mot…
- T’as qu’à de la gueule !…
- Vous l’aurez voulu…
Et il s’est déshabillé… Il a tout enlevé… Il est grimpé à côté…
- Là !… Et maintenant vous êtes bien avancées… Qui c’est qui va se dégonfler ?…
- Oh, alors là, tu nous connais pas !…
Et elles m’ont planté là… Elles l’ont copieusement aspergé… Avec de grands rires…
- Ah, on est des dégonflées… Tu vas voir si on est des dégonflées…
Savonné… Frotté…Tant et plus…
- Lève les bras !…
- Tourne-toi !…
- Encore !…
Eva s’est approchée d’en bas… S’est éloignée… Est revenue… Plus près…
- T’oseras pas !…
- Ah oui ?!… J’oserai pas ?…
Et elle l’a empoigné… A pleine main… Ca s’est dressé… De toute sa hauteur… Gigantesque…
Il s’est penché vers elle, lui a murmuré quelque chose à l’oreille… Elle a fait signe que oui… Oui… Il est sorti du bac… Il a dégouliné jusqu’à la porte… Elle l’a suivi… Véronique et Florence ont couru jusqu’au petit vasistas…
- Ils vont au camping-car !…
- Evidemment !… Tu t’attendais à quoi ?…
- La salope !… Non, mais ça te viendrait à l’idée, toi, de te faire tirer comme ça par le premier venu, juste parce qu’il claque des doigts ?…
- Oh, mais avec elle tu peux t’attendre à tout…
- En tout cas elle a bien su manœuvrer pour arriver là où elle voulait, ça, t’inquiète pas, va !…
- Il est toujours là, l’autre !… Dans le bac…
- Faut le finir !…
Elles l’ont fait… A grands coups de gant rageurs… Sans un mot…
- Et pour sortir de là-dedans t’attendras qu’ils aient tiré leur coup…
Elles ont claqué la porte…
3- Dorothée
Clotilde ne m’attendait pas à la gare… Elle était à la maison, les yeux gonflés, la mine défaite…
- Qu’est-ce qui se passe ?… Qu’est-ce qui t’arrive ?…
- Rien !…
- Ben si !… Il y a bien quelque chose…
- Tu demanderas à ton père si tu veux savoir… S’il consent à rentrer…
Il est rentré, sur le coup de neuf heures, avec son air des mauvais jours et je me suis bien gardé de lui demander quoi que ce soit… Dans leur chambre, en haut, après, il y a eu des cris, des pleurs, des supplications… Une gifle… Tout s’est tu…
- Tu le fais sur quoi, toi, ton mémoire ?…
- Faulkner…
Dorothée a écarquillé les yeux…
- C’est pas vrai !… Moi aussi…
On ne travaillait pas vraiment dans la même perspective – pas du tout même – mais… et si on confrontait nos points de vue, si on échangeait les informations et les documents dont on disposait ?… On s’en trouverait aussi bien l’un que l’autre, non ?… Et ce serait sympa en plus…
C’était sympa… On se voyait souvent… Très souvent… On passait des heures ensemble… On parlait littérature… Pas seulement… Elle avait un petit ami auquel elle semblait beaucoup tenir… Je me suis senti rassuré… Au moins je ne courais pas le risque de me retrouver encore dans une situation impossible…
- Oh, alors ça !… Ca veut rien dire du tout… Tu sais jamais comment ça tourne ces trucs-là… J’ai bien vu, moi, avec Ludo… Bon, mais alors… finalement… elle met une culotte ou pas ?…
J’en savais rien…
- Elle revient jamais s’acheter des fringues là-bas ?…
Elle venait, si !… Assez souvent même…
- Eh ben alors !… Remets tes cartons en place !… Tu me raconteras…
Mon père ne rentrait pas… Presque plus… De moins en moins… Dans la nuit il y a eu des sanglots… Redressé dans mon lit j’ai écouté… Des plaintes d’animal blessé… Je suis descendu… Assise nue sur le rebord de la baignoire, Clotilde s’efforçait maladroitement de dégager une lame de rasoir de son alvéole… J’ai bondi pour la lui arracher… Elle m’a lancé une gifle à toute volée et s’est effondrée en larmes…
- Pardon !… Je te demande pardon… J’ai mal… J’ai trop mal… J’ai si mal…
Je me suis assis à côté d’elle, l’ai attirée contre moi…
- Là… Là… C’est tout… On va aller bien sagement dormir maintenant, hein ?…
Je l’ai emportée, déposée sur son lit… Elle m’a agrippé la main…
- Pars pas !… Me laisse pas toute seule…
- Non… Non… Je suis là…
Et elle s’est doucement endormie…
- Et toi, évidemment, t’en as profité pour te rincer l’œil tant que t’as pu !… T’es resté longtemps ?… Toute la nuit, je parie… L’occasion était trop belle… T’es un salaud, je l’ai toujours dit…
Dorothée était passée au magasin…
- Oui… Hier après-midi je suis venue… On t’entendait marcher comme un dératé au-dessus… T’avais pas l’air de chômer…
- J’étais à la bourre… Si tout n’est pas prêt quand la camionnette arrive…
- Il y avait une femme qu’était là… Ca la faisait rire… Moi aussi… On a parlé du coup toutes les deux … Elle te connaît…
- Ah oui ?!… Qui c’est ?…
- Une cliente… Une brune… Dans les quarante-cinq ans… Tu l’as livrée chez elle… Plusieurs fois…
- Ah oui !… Je vois, oui !…
- Je lui ai dit que je te connaissais moi aussi… Qu’on était en fac ensemble… J’ai peut-être eu tort ?… Ca va pas te poser de problèmes ?…
- Oh non !… Je crois pas, non !…
- Elle m’a laissé son téléphone… Elle veut me faire découvrir un magasin un peu dans le genre du tien, mais pour les godasses cette fois… Je l’appellerai…
- J’ai la trouille, Eva, j’ai vraiment la trouille… T’imagines si elle lui raconte pour les cartons ?… De quoi je vais avoir l’air, moi !… Et si Dorothée en parle aux autres filles… Je suis complètement grillé… Je remets plus les pieds en fac…
- Les cartons, c’est une chose… Mais si jamais elle lui dit pour les fessées alors là je voudrais pas être à ta place…
- Je te dérange ?…
- Non… Non… Elle s’est assise au pied du lit…
- Ecoute… Ton père et moi ça va plus… Plus du tout… Tu as dû t’en apercevoir…
- Ca !…
- Il découche presque tous les soirs… Quand on se voit c’est pour s’engueuler… Il veut me quitter… Il en parle de plus en plus…
- Il a quelqu’un d’autre ?…
- Je sais pas… Je crois pas… Je sais pas… Mais dis, tu voudrais pas lui parler, toi ?…
- Lui parler ?… Pour lui dire quoi ?…
- Que je l’aime… Que je tiens à lui… Que je veux pas qu’il me quitte…
- Il le sait pas ?…
- Ben si !… Si !… Mais venant de toi ça aurait plus de poids… Toi, il t’écouterait…
- Il m’enverrait sur les roses, oui… Et me dirait de m’occuper de ce qui me regarde…
- Tu as peut-être raison… Oui, tu as sûrement raison… Je suis folle… Mais je sais plus où me tourner… Je sais plus quoi faire… Je veux pas qu’il me quitte, Gabriel… Je veux pas…
- J’ai passé l’après-midi avec Alice… On y est allées à ce magasin… Quatre paires je me suis pris… Après on a mangé une glace chez Berthier… Et on a parlé… Beaucoup parlé… De toi aussi…
- De moi ?… Qu’est-ce qu’elle t’a dit ?…
- Que tu l’oubliais… « Ca fait des semaines que je l’ai pas vu… Qu’il me laisse sans nouvelles… Après tout ce que j’ai fait pour lui… » Qu’est-ce qu’elle a fait pour toi si c’est pas indiscret ?…
- Oh, rien de spécial… Elle m’a tiré d’un mauvais pas un jour… Rien d’important…
- En tout cas elle a beaucoup insisté… « Dis-lui qu’il vienne me voir… Et qu’il tarde pas trop… Parce que je pourrais finir par me fâcher à la longue… » On pourrait peut-être manger ensemble un jour tous les trois… Ca te dirait pas ?…
- Si… On verra… On en reparlera…
- Et tu vas faire quoi ?…
- Ben y aller, tiens !… J’ai pas trop le choix…
- Avec Dorothée ?…
- Ah non, non !… Tout seul…
- De toute façon tu pourras pas y couper… Un jour ou l’autre vous vous verrez tous les trois… C’est obligé…
Quelque chose est tombé dans la nuit, s’est fracassé à grand bruit… Le silence… Je suis descendu… Il y avait de la lumière dans le séjour… La vitrine, dans laquelle mon père entreposait amoureusement ses miniatures en porcelaine était par terre… Clotilde aussi… A même la moquette…
- A la tienne !…
Et elle a avalé, au goulot, une longue rasade de whisky…
- Ah, ben t’es propre !…
- Vaut mieux ça que les cachets… Je me détruis… Vas-y !… Dis-le que je me détruis… Vas-y !… Fais-moi de la morale de petit bourgeois à la con… Comme ton imbécile de père… Vous valez pas mieux l’un que l’autre… Dans le même sac… Allez, hop !… Et Dieu triera les siens… Je suis saoule… Si, c’est vrai, je suis saoule… Ca t’emmerde, hein?… Tu te demandes comment tu vas pouvoir gérer ça… Faut toujours que vous gériez tout... Eh ben moi, on me gère pas… Et celui qui m’empêchera de boire il est pas encore né… De la dernière pluie… C’est rigolo, ça !… De la dernière pluie… Tu trouves pas ?… Evidemment… Vous êtes des pisse-froid… Non, mais comment j’ai fait pour vous supporter aussi longtemps ?… Je m’admire… Tu m’admires pas ?… Non ?… Tant Pis… T’as vu ce bordel que j’ai mis ?… J’ai tout bousillé… Toutes ces petites cochonneries qu’il entasse depuis des années… En mille morceaux…
Elle a éclaté d’un interminable rire…
- En tout cas heureusement que… Excuse-moi… C’est nerveux… Oh la la… J’en peux plus, moi… J’en pleure… Heureusement que la miniature que t’as entre les jambes on l’avait pas mise là-dedans… Elle serait en miettes… J’imagine… Non, mais j’imagine le tableau…
Elle a encore bu, laissé retomber la bouteille par terre à côté d’elle…
- Tu sais quoi ?… Eh bien j’ai envie de me branler… Il supporte pas ça ton père… Il m’a vue une fois… Il te m’a fait une de ces scènes !… Ca m’a pas empêchée de recommencer… Tous les jours… Derrière son dos… Il me faut ma dose… Tu lui diras si tu veux… J’en ai rien à foutre… J’en ai plus rien à foutre de rien maintenant n’importe comment…
- Elle l’a fait ?…
- Elle l’a fait… T’aurais vu ça !… Complètement déchaînée elle était… Elle se tortillait par terre, elle mugissait, elle beuglait… Une vraie furie…
- Et quand elle a eu dessaoulé le lendemain elle devait pas être très fière ?…
- Je l’ai pas revue… Ca fait trois jours qu’elle a disparu personne sait où…
- Elle t’attend mardi soir…
- Qui ça ?…
- Ben Alice, tiens !… Qui tu veux ?… Elle avait pas l’air trop contente… « S’il veut pas venir me voir qu’il le dise carrément !… Seulement qu’il fasse bien attention !… Je pourrais me montrer beaucoup moins gentille… Et j’ai des arguments, il le sait »… Qu’est-ce qu’elle entend par là ?…
- Oh, rien !… Une vieille histoire entre nous…
- Tu veux pas aller la voir ?…
- Si !… J’irai… Si !…
- Elle est super géniale cette femme en plus !…
- Elle reviendra plus Clotilde alors !…
Elle était passée prendre ses affaires et avait laissé un mot vengeur, en gros caractères bleus, bien en évidence sur la table de la cuisine… Papa a soupiré…
- Elle reviendra pas, non !… Il y a pas de risque… Après l’explication qu’on a eue tous les deux… Ni elle ni une autre d’ailleurs… Parce que j’en ai plein le dos, moi, mais vraiment plein le dos des femmes… Il y en a pas une pour racheter l’autre…
- Ah, te voilà enfin !… Ben c’est pas trop tôt… Non, mais qu’est-ce que c’est que ces façons de se faire prier ?!… Pour qui tu te prends ?… Oh, mais tu vas me payer ça, mon garçon… Et au prix fort… Déshabille-toi !… Tout… T’as l’habitude maintenant…
J’avais l’habitude, oui !… J’ai obéi sans rechigner… Et je suis resté là, bras ballants…
- Allez !… En position !…
Sur le canapé du salon… Une longue fessée… Beaucoup plus longue que lui la fois précédente… Interminable…
- Là !… Tu peux te relever… File au coin là-bas !… Les mains sur la tête !… Allez !… Derrière moi je l’ai entendue aller et venir, se servir à boire, déplacer quelque chose… Elle a quitté la pièce, est revenue une vingtaine de minutes plus tard, a ouvert un tiroir, un autre, s’est approchée…
- Tu vas avoir droit à une petite leçon supplémentaire… Parce que tu as fait preuve de beaucoup de mauvaise volonté… Je n’ai rien dit… Ni à Armand ni à qui que ce soit… J’étais quand même en droit d’espérer un peu plus de reconnaissance… Alors j’ai décidé, pour te punir, d’offrir le spectacle de ton petit croupion rougi à quelqu’un qui saura apprécier le mal que je me suis donné pour le mettre dans cet état…
- Oh non !…
- Eh si !… C’est comme ça… Et ce n’est pas négociable…
- C’est qui ?… Je le connais ?…
- Elle… C’est une femme…
- Je la connais ?…
- Peut-être… Peut-être pas…
- C’est pas ?…
- A qui tu penses ?… Eh bien dis-le…
- C’est pas Dorothée ?…
- Va savoir… Tu aimerais que ce soit elle ?…
- Oh non !… Non !… S’il vous plaît, pas Dorothée…
- Ben pourquoi ?… Elle en crève peut-être d’envie qu’est-ce que t’en sais ?… Tu peux bien lui offrir ce petit plaisir, non ?… Non ?… Ce que tu peux être égoïste !… De ça aussi il va falloir te guérir… Mais on s’y emploiera… En attendant Dorothée ou pas tu verras bien… Et tu prendras les choses comme elles sont…
On a sonné… Elle est allée ouvrir… On a parlé… Il y a eu des pas… Qui se sont approchés… On est entré…
- Qu’est-ce que c’est que ça ?…
- Ca ?… Ca, c’est ce grand garçon, tu sais, dont j’ai pris l’éducation en mains…
- Ah oui !… Il a pas été très sage, on dirait…
- Il m’en fait voir !… Mais il m’en fait voir !… Ah, je suis pas au bout de mes peines… Mais c’est pour son bien… Il me remerciera plus tard…
- Tu as pas fait semblant en tout cas… Il a le derrière dans un état !…
- Il y a que ça qu’il comprend… Si seulement il consentait à se montrer enfin raisonnable !…
Elles ont bu du thé… Elles ont bavardé… Elles ont plaisanté…
- Là… C’est bon !… Tu peux venir avec nous !…
Je me suis retourné… C’était une femme d’une cinquantaine d’années qui m’a fixé droit dans les yeux, un sourire moqueur juché au coin des lèvres… Qui m’a tranquillement détaillé, de la tête aux pieds, tout le temps que j’ai mis pour arriver jusqu’à elles…
- Eh bien, dis bonjour à Amélie, qu’est-ce que t’attends ?… Et fais-lui la bise !… Ce que tu peux être empoté quand tu t’y mets !…
- Comment j’aurais aimé être là !… Un sacré bon moment elles ont dû passer toutes les deux… Toi aussi d’ailleurs !… Me dis pas le contraire… Rien qu’à la façon dont tu racontes…
4- La piscine
Véronique et Florence passaient leurs vacances au Canada… Cette fois j’étais bel et bien seul chez grand mère… Avec Eva qui m’y a aussitôt rejoint…
- De toute façon on va pas le rester longtemps seuls… Norbert doit passer… Et puis je te ferai faire la connaissance de Jessica… Tu verras… Vous avez des tas de points communs tous les deux… Mais en attendant je vais te faire voir quelque chose…
C’était tout au bout d’un chemin de terre en pleine campagne… Une grande villa, à l’écart de tout, au milieu des arbres… Elle a mis un doigt sur ses lèvres…
- Chut !… Fais pas de bruit !…
On a fait le tour par un sentier derrière, on s’est glissés sous un grillage, introduits dans ce qui avait l’air d’être une vieille grange à l’abandon… On a escaladé une échelle de meunier… De là-haut, par une ouverture dans le mur, on avait une vue imprenable sur une luxueuse piscine…
- Et voilà… Il y a plus qu’à attendre… Il est dix heures… Ca va pas tarder à se lever…
La première s’est étirée dans le soleil… Elle avait une cinquantaine d’années… Elle était nue… Elle a vérifié la température de l’eau du bout du pied, s’y est laissé glisser, à longues brassées voluptueuses… Une autre est apparue, presque aussitôt, nue aussi, en compagnie d’un homme aux cheveux grisonnants… Ils se sont allongés, côte à côte, sur des chaises longues… Et puis, beaucoup plus tard, deux filles, d’une vingtaine d’années, qui se sont poursuivies dans l’eau en grandes éclaboussures…
- La prochaine fois, a murmuré Eva, la prochaine fois on apportera des jumelles…
- Elle va passer Jessica tout à l’heure… Mais avant faut que je te dise… Je lui ai tout raconté…
- Tout raconté quoi ?…
- Les cartons… Alice… Les fessées… Tout…
- Hein ?!… Mais pourquoi t’as fait ça ?…
- Parce que Jessica elle en prend, elle aussi, des fessées… Comme ça vous pourrez en parler tous les deux… Elle adore ça en parler… Et montrer quand elle vient d’en prendre une…
Elles en ont parlé presque tout de suite…
- Alors ?!… Hier soir ?…
- Ben alors… oui… Le grand jeu… Ca a chauffé… Et pas qu’un peu… Ca chauffe encore…
- Tu fais voir ?…
Elle ne s’est pas fait prier… Elle s’est levée, elle nous a tourné le dos et elle a tranquillement baissé son pantalon… C’était écarlate… Sur toute la surface…
- Oh, la vache !…
Eva s’est approchée, en a dessiné les contours du bout du doigt…
- Ben dis donc !… Ca a pas fait semblant…
Elle s’est tournée vers moi…
- C’est pareil quand c’est toi ?… Aussi rouge ?… Plus ?… Moins ?… Faudra bien que je finisse par t’en donner une un jour… Que je voie ce que ça te fait à toi… Ou alors que quelqu’un te la donne devant moi… Oui… Que quelqu’un te la donne plutôt… Ce serait encore mieux…
J’ai voulu savoir… C’était qui qui la lui mettait la fessée à Jessica ?…
- C’est Martha…
- Et c’est qui Martha ?…
- Martha, c’est Martha… Qu’est-ce que je peux te dire de plus ?… Elle a cinquante ans… Avant elle était prof de danse… C’est comme ça que je l’ai connue… On a gardé le contact… Et puis voilà…
- C’est quand qu’elle te la donne ?…
- Quand je fais des trucs qu’elle veut pas… Mais moi, je les fais exprès… Pour qu’elle me punisse justement…
Elle est restée dormir…
- Ce sont pas les chambres qui manquent !…
Le lendemain elle était levée la première et on a déjeuné tous les deux sur la petite table, dehors, dans le soleil…
- Tu sais, elle aimerait drôlement t’en voir prendre une, Eva… Elle m’en parle souvent… Et toi !… Pas quelqu’un d’autre… Toi !… « Il est vraiment fait pour ça… C’est le type que tu te dis que ça lui va comme un gant… Ah, elle a bien su le percer à jour cette Alice là-haut… »… Je te connais pas beaucoup, juste par ce qu’elle m’a dit de toi, mais elle a pas tort, je trouve… Tu voudrais pas ?… Ca te ferait pas plaisir de lui faire plaisir à Eva ?… T’en as déjà eu n’importe comment… Alors une de plus une de moins… T’as pas aimé ça en recevoir ?…
- Non… Si… D’une certaine façon oui… Et d’une certaine façon, non…
- Exactement comme moi… Je supporte pas ça la fessée – ça fait trop mal – mais en même temps comment j’adore !… J’adore parce que j’aime pas… C’est compliqué, hein ?… Et puis ce qu’il y a aussi… c’est Martha… Quand je vois dans quel état ça la met de la donner je suis trop contente que ce soit à cause de moi… Tu peux pas savoir ce que ça me fait…
- On sort… Entre filles… On a à faire…
- Vous allez où ?…
- Si on te le demande tu diras que t’en sais rien…
Elles ne sont rentrées qu’à la nuit tombée sans rien vouloir dire, ni l’une ni l’autre, de ce qu’elles avaient fait de leur après-midi…
- Dis, Jessica…
- Oui ?…
Elle revenait de la buanderie, prête à aller se coucher…
- Ca se passerait comment ?…
- Comment ça se passera ?… Oh, t’inquiète !… Je m’occupe de tout… Je vais voir avec Martha… Elle sera drôlement contente, tu sais !… Jamais encore elle l’a fait à un type… Et Eva !… Oh, alors là, Eva !… Je cours lui dire…
- Tu viens ?…
- Où ça ?…
- A la villa avec la piscine… En tout cas nous on y va… Et cette fois on prend les jumelles… Oui, oui, je venais… Bien sûr que je venais…
Il y avait les deux filles… Le type… L’une des deux femmes… Pas l’autre… Tout le monde tout nu… Je sautais de l’une à l’autre… Insatiable… La gorge sèche… Bon, mais fallait pas exagérer… Elles voulaient voir, elles aussi… J’ai tendu les jumelles à gauche… Personne… A droite… Non plus… Elles étaient passées où ?… Tant pis… Tant pis pour elles… Elles savaient pas ce qu’elles perdaient… Et je me suis voluptueusement absorbé dans ma contemplation…
Un pas dans l’escalier . Sans me retourner j’ai demandé…
- Ben alors !… Qu’est-ce que vous faisiez ?…
Une main s’est posée sur mon épaule…
- Non, mais faut pas se gêner !… Tu veux que je t’aide ?…
C’était… l’autre femme… Qui s’est résolument emparée des jumelles… Qui les a dirigées sur la piscine…
- On voit bien d’ici, dis donc !… On voit drôlement bien !…
J’ai voulu m’éclipser discrètement…
- Allons !… Allons !… On reste là… Bien sagement…
Elle s’est tournée vers moi…
- Alors comme ça tu passes tes journées à nous observer !…
- Hein ?!… Ah, mais non !… Pas du tout !… Non !… C’était juste aujourd’hui… Par hasard…
- C’est ça !… T’as vu de la lumière et t’es rentré… Tu me prends vraiment pour une imbécile, hein !… Bon, mais allez, assez joué… Tu te déculottes !…
- Hein ?!… Que je me…
- Tu as très bien compris…
La tête d’Eva est apparue en haut de l’escalier… Puis celle de Jessica… Ah oui… J’avais compris, oui… Me déculotter… Oui… Voilà… Oui…
Elle m’a rendu les jumelles…
- Tiens !… Continue !…
Je l’ai regardée, ahuri…
- Eh bien continue puisque je te le dis !…
J’ai repris ma place… J’ai cherché… J’ai mis au point…
- T’as choisi laquelle ?…
- La brune…
- Célia… Oui… Evidemment… C’est la seule qui soit tournée vers nous… Elle te plaît ?…
- Oh oui !…
- Et moi ?… Je te plais ?… Tu m’as regardée souvent les autres jours ?…
- Oh non !… Non…
- Menteur !…
Et elle a claqué… Une grande claque… A pleine main… A pleines fesses…
- Tu m’as regardée ?…
- Un peu…
Une autre grande claque…
- Tu m’as regardée souvent ?…
- Oui…
- Ah, je préfère… Mais tu sais que c’est pas bien du tout ce que tu fais ?… Hein ?… Tu le sais ?…
- Oui…
- Eh bien pourquoi tu le fais alors ?… Je vais te le dire pourquoi… Parce que tu es un sale petit vicieux… Et les petits vicieux dans ton genre je vais te montrer, moi, comment on les traite…
Et elle a tapé… A toute volée… A grands coups qui m’ont jeté contre le mur, fait piquer du nez contre les pierres… Qui m’ont arraché des cris… Quand elle a arrêté, que je me suis retourné, Eva et Jessica étaient là… Tout près… Les yeux brillants…
- Bon… Mais maintenant, toi, à ton tour !…
Le sourire de Jessica s’est figé sur ses lèvres…
- Hein ?… Mais pourquoi ?…
- Et tu demandes pourquoi !… On t’a jamais dit que c’est pas beau de rapporter ?… De dénoncer ses petits camarades ?…
Elle a baissé la tête… Du bout de l’index elle l’a obligée à la relever…
- Alors tu sais ce qui te reste à faire… Eh bien… J’attends…
- S’il vous plaît, Martha, punissez-moi !… Je l’ai mérité…
Et elle a descendu sa culotte… Elle s’est agenouillée, elle a relevé sa robe et elle a tendu son derrière…
- Faut que je fasse un vœu, moi !… C’est la première fois que j’en vois une de fessée…
- Deux !… T’en as eu deux pour le prix d’une…
- Deux, oui !…
- Laquelle t’as préférée ?… La mienne ou celle de Gabriel ?…
- Oh, la sienne !… Parce que toi tu gigotes plus, c’est vrai, tu brailles comme si on t’écorchait, mais lui ça faisait trop longtemps que j’avais envie de voir… Depuis le temps qu’il me raconte…
- Moi aussi je te raconte… Et depuis plus longtemps que lui…
- Oui, mais c’est pas pareil… Non, c’est pas pareil…
- Oui… Je me lève toujours tôt… Surtout l’été… C’est l’habitude…
- Mais t’es pas obligée de m’attendre pour déjeuner, hein !…
- Oh, si !… Si !… C’est plus sympa… On peut discuter…
- Mais alors tu les connais tous les gens de la piscine là-bas ?…
- Ah ben oui… Oui… Martha bien sûr… Le type, c’est son frère… L’autre femme c’est sa belle-sœur…
- Et les deux filles ?…
- Ce sont des anciennes du cours de danse… Comme moi…
- Elles en reçoivent aussi des fessées ?…
- Evidemment !… Elles seraient pas là sinon…
- Dites-moi un truc, là, tous les deux… Elles sont dans quel état vos fesses ce matin ?… Ca a dû virer depuis hier, non ?…
Ben oui, ça avait viré, oui, forcément…
- Eh ben faites voir, quoi !… On a fait voir…
- Ah oui dites donc !… Oui… Des vraies cartes de géographie…
Son doigt m’a effleuré, léger, parcouru…
- Ca fait mal ?…
- Non… Pas trop… Ca chauffe un peu… Et c’est sensible quand je m’assieds…
Elle est passée à Jessica…
- Toi, évidemment avec la peau que tu as !… Tu dois le sentir passer, non ?…
- Oui… Mais c’est le moment que je préfère comme ça après quand t’emmènes ta fessée partout avec toi…
- Ca gueule à la villa… Et pas qu’un peu !…
- Qui ça ?…
- Les filles… De pas avoir été là l’autre jour… « C’est dégueulasse… C’est nous qu’il matait… On avait quand même le droit de voir quand il se l’est ramassée, non ?… » Elles ont pas tort, remarque !… Mais comme je leur ai dit : « Ce n’est que partie remise… Il y retournera, c’est obligé… Il pourra pas s’empêcher… Il est bien trop accro… Et ce jour-là… »… Hein que tu vas y retourner !?…
- Je sais pas…
- Comment ça tu sais pas !?… Elles te plaisent pas ?…
- Si, mais…
- Mais quoi ?!… C’est la fessée qui te fait peur ?…
- Oh non !… Non !…
- Eh ben alors !… Où est le problème ?…
Elles m’ont laissé tout seul là-haut… Et beaucoup de temps… En bas les deux filles se poursuivaient tout autour de la piscine avec de grands rires, se jetaient l’une l’autre à l’eau, aspergeaient délibérément, au passage, la femme allongée sur le transat… Melissa les a rejointes… Elles ont longuement discuté, toutes les trois, en levant, de temps à autre, ostensiblement la tête vers moi…
Il y a eu le pas dans l’escalier…
- Allez, viens, mon garçon !…
Je l’ai suivie… Du plus loin qu’elle nous ont vus arriver les filles se sont jetées sur leurs vêtements avec des piaillements effarouchés… Elle m’a saisi par l’oreille, amené jusque devant elles… Eva a surgi de nulle part…
- Bon… Tu vas commencer par expliquer à ces jeunes filles ce que tu faisais là-haut…
- Je regardais…
- Tu regardais quoi ?…
- Elles…
- Oui… Et ce n’est pas la première fois… Je t’ai déjà donné une leçon, mais apparemment elle n’a pas suffi… Alors… Eh bien on va recommencer… Déshabille-toi !…
Elles m’ont regardé faire, avec des gloussements, en riant sous cape…
- Et c’est vous, les filles, qui allez opérer puisque c’est après vous qu’il en avait… Qui veut commencer ?…
- Moi !… Moi !…
Et ça a été Celia…
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