dimanche 25 octobre 2009

Mémoires d'une toute petite queue ( 5 )

Les années Morgane




1- Prise en mains


Morgane était convaincue qu’il y avait quelque chose à faire…
- Je sais pas quoi au juste, mais il y a forcément quelque chose à faire… Il y a toujours une solution… Pour tout… Je vais me renseigner… On va trouver… De toute façon tu peux pas rester comme ça… C’est un truc à te filer des tas de complexes… C’est déjà fait d’ailleurs !… Et tel que je te connais je parie que tu t’es jamais vraiment penché sur le problème… T’as laissé courir comme tu fais toujours pour tout… S’il y a pas quelqu’un derrière toi… Bon… Mais on va s’en occuper… Sans tarder…

Elle n’a pas perdu de temps… Deux jours plus tard elle surgissait chez moi avec une infirmière… La mère d’une copine… Qui avait travaillé dans le service d’un professeur spécialisé dans les troubles de l’érection…
- Montre-lui !… Elle va te dire… Mais si, allez !…
L’infirmière a méthodiquement exploré, ausculté… Elle a malaxé, sollicité…
- Il y a bien une érection, oui !… Mais qui donne des résultats insignifiants… Parce que le terrain sur lequel elle prend corps… J’avoue que je n’avais encore jamais vu ça… A mon avis il y a pas grand chose à faire… Je peux bien lui prendre rendez-vous avec Delpierre, s’il y tient, mais ça devrait pas servir à grand chose…

Pas question qu’elle se décourage pour autant…
- Ah non alors !…
Et elle m’a triomphalement brandi sous le nez, quelques jours plus tard, une petite boîte de pilules bleues…
- Tiens, c’est une fille son type il avait exactement le même problème que toi… Et ce truc ça a donné des résultats spectaculaires… Impressionnant il paraît… Ca vient de Hongrie… T’en prends une le matin et une le soir… Pendant trois mois… Et normalement…

Tous les soirs, en venant prendre sa douche, elle vérifiait le contenu de la boîte, comptait, une à une, les petites pilules…
- T’as pas oublié au moins ?… Non ?… Parce que faut les prendre régulièrement… Et même, de préférence, toujours à la même heure… Bon, mais ça donne quoi ?… Il y a du changement ?… Fais voir !… Non… Non… Pour le moment c’est pas vraiment significatif… Mais trois mois c’est trois mois on n’y est pas encore…

On y a été…
- Ouais… Ouais… Ca a rien donné… Rien du tout… Je voudrais bien qu’on m’explique pourquoi avec tout le monde ça marche du feu de Dieu et pas avec toi… Faut vraiment que tu sois un cas à part… Ou alors que t’y mettes beaucoup de mauvaise volonté… C’est sûrement ça d’ailleurs !…

Et la médecine chinoise ?… On lui avait dit que souvent ça donnait d’excellents résultats la médecine chinoise…
- Qui ça « On » ?… Les gens… Les gens à qui elle en parlait…
Et elle en parlait à beaucoup de monde ?… Pas mal, oui !… Il fallait bien… Parce que c’était justement comme ça en en parlant à droite et à gauche qu’on allait finir par la trouver la solution…
Au boulot aussi elle en parlait ?…
- Quelquefois, oui !… Mais rassure-toi !… Pas à n’importe qui… Il y a pas de honte de toute façon, hein !… T’en es quand même plus là, j’espère !…

Et un grand escogriffe à l’air revêche m’a enfoncé des aiguilles un peu partout, imposé les mains, massé les pieds sans desserrer une seule fois les dents… A recommencé la semaine suivante… Et puis celle d’après… A fini par hausser les épaules…
- Pas la peine d’insister…

- Alors là cette fois !… Là cette fois !… Comme quoi on va chercher bien loin ce qu’on a tout près… Emma… Tu connais bien Emma quand même !… Mais si !… Elle travaille aux luminaires avec moi… Une grande brune…
- Ah oui !… Je vois… Eh bien Emma son mec aussi… Comme toi… Seulement ils l’ont résolu, eux, le problème… Avec un appareil… Un extenseur de pénis ça s’appelle… Presque trois centimètres il a gagnés… Elle a pas encore eu le temps de tout bien m’expliquer parce qu’on a plein de boulot en ce moment avec Noël… Mais dès qu’on pourra…

- Tu parles !… Je vois ça d’ici !… Le genre de type qui pleure toutes les larmes de son corps parce qu’il en a que 15 centimètres… Pas difficile d’en rajouter un bout… Mais toi !… Pour ce que ça va changer !… Et puis… elle est toute petite, oui, mais surtout c’est comment elle est fine en plus… Et si tirer dessus ça te fait perdre en largeur ce que tu vas gagner en longueur ben bonjour les dégâts !… Déjà que ça ressemble pas à grand chose !…

- Bon alors voilà !… Le voilà l’appareil… Elle me l’a prêté… Elle m’a expliqué que ce qu’il faut c’est bien régler les barrettes dynamiques… Si tu les tends pas assez ça sert à rien, mais d’un autre côté si tu les tends trop ça va te faire hyper mal et, au bout de deux jours, tu vas tout envoyer promener… Pas facile de trouver le bon rapport quand on n’a pas l’habitude… Ils ont tâtonné un moment tous les deux… Alors elle a très gentiment proposé de venir te les poser elle-même… A condition bien évidemment que tu n’y voies pas d’inconvénient … Ah, si j’y voyais un inconvénient, si !…
- Quel inconvénient ?…
- J’en ai marre !… J’en ai marre de tout ça !… J’en ai marre de ces gens qui se penchent sans arrêt sur ma queue comme sur le berceau d’un nouveau-né… Qu’on me foute la paix !… Qu’on me laisse comme je suis… J’ai rien demandé à personne…
Elle est partie en claquant la porte…

- Oh, mais c’est qu’il se rebellerait le gentil Gabriel ?!… C’est qu’il voudrait faire l’homme !… Ca te va pas… Ca te va pas du tout… Tu vas culpabiliser à mort… Tu culpabilises déjà… Et dans deux jours tu viendras lui manger dans la main comme un bon petit toutou que tu es… On parie ?…

Morgane m’a ramené les clés qu’elle a lancées sur la table de la cuisine…
- Je viendrai plus dans la salle de bains… Je viendrai plus du tout… Salut !…
- Hein ?!… Mais pourquoi ?…
- Et il demande pourquoi ?… Non, mais tu te fiches de moi ?… Ca fait des semaines et des semaines que je me décarcasse pour te trouver une solution à un truc qui te bouffe la vie – tu diras pas le contraire – et dont j’ai strictement rien à foutre en plus et toi, tout ce que tu trouves à faire pour me remercier c’est de m’envoyer sur les roses… Alors bon c’est pas la peine… Tu restes chez toi et moi chez moi… Et puis voilà…
- Attends !… Attends !… Assieds-toi !… On va parler…

- Et tu en es passé par où elle a voulu… Je te l’avais pas dit ?… Ca te servira de leçon… Ca t’apprendra à vouloir aller contre ta nature… On finit toujours par avoir le dessus sur toi si on veut… Par te faire faire ce qu’on veut… Surtout les femmes… Alors à quoi ça te sert de résister si c’est pour, finalement, t’avouer de toute façon vaincu… C’est encore plus humiliant… Mais peut-être que t’aimes ça ?…

- Allez !… Debout, gros feignant !… C’est le grand jour…
Elle a tiré les rideaux… Le soleil a inondé la chambre…
- Elle a appelé… Elle arrive… Mais d’abord on va faire des photos… Qu’on puisse comparer… Comme dans les pubs… Avant… Après…
Elle a rabattu draps et couvertures jusqu’au pied du lit…
- Tu me laisses faire… Tu t’occupes de rien… La photo ça me connaît… Et un matériel comme ça je peux te dire que ça donne de sacrés résultats…

- Impressionnant !… Impressionnant !… Tu m’avais prévenue, mais je croyais quand même pas que c’était à ce point-là… Bon… Mais d’abord avant tout faudrait la mesurer… Qu’on puisse suivre les progrès…
- J’ai pris des photos…
- C’est pas suffisant les photos… Pas vraiment significatif… C’est en millimètres que ça se joue… Semaine après semaine… Elle a enfilé des gants en caoutchouc, s’est approchée, penchée…
- Un peu plus d’un centimètre… 12 millimètres exactement… Et en largeur… en largeur 0,6… Oui, c’est ça…
Elle a soigneusement noté sur un petit calepin…
- Faudrait voir aussi ce que ça donne en érection…
- Oui… Oui… Evidemment… Il va te montrer… Tu veux une revue, toi ?… T’as forcément ça qui traîne par là… Tu les as où ?… Sous le lit ?… Non ?… T’en as pas besoin ?… Elles m’ont regardé faire…
- Ca y est ?… T’es au top ?…
- 2,92… Et… Et 1,10… Oui… 1,10…

- Et voilà !… C’est en place… Il y a plus qu’à laisser agir… Six à huit heures par jour… Pas plus, mais pas moins… En continu de préférence… Je repasserai la semaine prochaine… Samedi… Ca sert à rien avant… Et on refera les réglages… En fonction de la façon dont ça aura évolué…

- En continu elle a dit… Tu le fais quand ?…
- Le soir, en rentrant du boulot… Jusqu’à ce que je me couche…
- Et à quelle heure tu te couches ?…
- Vers minuit…
- Ouais !… T’oublies pas au moins ?…

Ca n’avait pas bougé…
- Pas d’un pouce !… Mais on va pas se décourager pour autant !… Faut le temps !…
Le samedi suivant non plus…
- Ca va pas forcément aussi vite pour tout le monde…
Ni celui d’après…
- On dirait même que ça a diminué… Pas de beaucoup… Mais ça a diminué… C’est incompréhensible…

- Tu le mets pas !… Je suis sûre que tu le mets pas !…
- Mais si !…
- Fais voir !… Allez, fais voir !…
Elle n’a pas attendu… Elle a dégrafé ma ceinture, baissé mon pantalon…
- Ouais !… Mais il y a forcément des moments où tu le mets pas… C’est obligé… Me dis pas le contraire, je te croirai pas…

- Je le mets pourtant, hein !…
Eva n’en doutait pas…
- Pas une seule seconde… Tu es quelqu’un de très très obéissant…

- Rien !… Pas un millimètre…
Elle a retiré les gants de caoutchouc, haussé les épaules…
- Bon… On laisse tomber… Ca sert à rien de s’obstiner…




2- Rumeur


Irina m’a rejoint à la caisse…
- Tu fais quelque chose de spécial à midi ?…
- Non… Rien… Pourquoi ?…
- On déjeune ensemble alors ?… Faut que je te parle… Faut absolument que je te parle…

- Ecoute !… Je suis vraiment pas dans une situation facile, là… Ca fait huit jours que je m’interroge… Je lui en parle ?… Je lui en parle pas ?… S’il le sait déjà c’est pas la peine de remuer le couteau dans la plaie… Mais, d’un autre côté, s’il le sait pas – et c’est toujours les premiers concernés les derniers au courant – il faut bien que quelqu’un finisse par le lui dire… On a toujours eu d’excellentes relations tous les deux et je suis sans doute la mieux placée pour…
- Vas-y !… Accouche !… Je t’écoute…
- Bon… Ben voilà… Je sais pas comment te tourner ça… Disons qu’on fait des gorges chaudes d’une particularité physique que tu aurais… On ne parle plus que de ça… Il y a même des photos qui circulent de main en main… Qu’on s’arrache… Que tout le monde a vues… Inutile de te dire que les commentaires vont bon train… Et que tu es la risée de toute la boîte… Voilà… J’ai vidé mon sac… Et maintenant, si ça t’ennuie pas, je préfèrerais qu’on parle d’autre chose…

- Et alors ?!… Il est où le problème ?… Evidemment que ça se sait !… Evidemment !… Je te l’avais dit n’importe comment que j’en parlais… Tu voulais qu’on trouve des solutions comment sinon ?… Ca allait pas tomber du ciel… De toute façon je vois vraiment pas pourquoi il aurait fallu faire tout un tas de mystères avec ça… Il y a vraiment pas de quoi !… - Sauf que ça a servi à rien tous vos trucs…
- Ca, on n’en est pas cause…
- Et que maintenant, au boulot, tout le monde se fout de ma gueule derrière mon dos…
- Qui c’est qui se fout de ta gueule ?… Qui ?…
- Je sais pas qui… On m’a dit que…
- Ah, « on » t’a dit… Si tu commences à écouter les on-dit eh ben t’as pas fini !… Et c’est Irina ce « on »… Evidemment… Ca peut être qu’elle… Elle manque pas d’air… Parce que tu l’entends pas !… Elle est la première à mettre la conversation là-dessus… Elle loupe pas une occasion… Et on peut pas dire qu’elle soit tendre avec toi… Mais faut comprendre aussi !… Tu voudrais qu’on parle de toi comment ?… Comme si t’en avais vingt-deux centimètres ?…

Eva a surenchéri…
- Vous êtes trop les mecs avec votre queue !… Et vous êtes tous pareils… Tous !… Il y a que ça qui compte… A croire que sans le petit bout de peau que vous avez entre les jambes vous n’êtes plus rien… Que vous êtes tout entiers contenus là-dedans… Vous l’êtes d’ailleurs… Tu crois pas que tu aurais d’autres atouts à faire valoir ?… Que tu pourrais exister autrement ?… Ailleurs ?… Non… Tu t’es réduit, de toi-même, aux dimensions – minuscules – de ta « virilité »… Tant pis pour toi… C’est ton choix après tout…

De son propre aveu Véronique était incorrigible…
- Je suis encore tombée amoureuse… Et pas qu’un peu !… C’est pas de ma faute… Je peux pas m’empêcher… D’un type d’ici… Il est beau, mais beau, tu verrais ça !… Mais alors je te dis pas les complications pour arriver à le voir… Avec la vieille qui me surveille comme le lait sur le feu… Mais j’y arrive… J’y arrive… Je peux être très futée quand je veux… T’en doutes pas, j’espère ?…


- Bon… Alors j’ai mené ma petite enquête… J’ai interrogé à droite et à gauche au boulot… Et je suis désolée de te décevoir, mais on n’accorde pas autant d’importance à ta petite personne que tu te l’imagines… Ou que tu le souhaiterais… On en a strictement rien à foutre de toi et de ta queue… A part Irina qui fait une fixation là-dessus et deux ou trois filles qui savent à peine comment c’est fait, les autres ça les préoccupe pas plus que ça… Une allusion de temps en temps… Une plaisanterie entre copines quand on te voit passer… Et c’est tout… Tu vois qu’il y a vraiment pas de quoi fouetter un chat…

- Oui… Ben ça, moi, j’en suis pas si sûre… Je sais comment ça se passe entre filles au boulot… Je les vois faire… Je les entends… Tous les jours… Et je peux te dire qu’un truc comme ça c’est obligé que ça fasse causer… Et rigoler…
- Pourquoi elle m’a dit ça alors ?…
- Je suppose qu’elle doit avoir ses raisons… Demande-lui… Ou réfléchis… Ca t’occupera…

C’est moi qui l’ai proposé… Elle venait de m’annoncer que les peintures étaient finies, qu’elle rentrait « chez elle »…
- Façon de parler… Parce que tu continueras à venir manger ici…
- Evidemment… Maintenant que je t’ai appris à cuisiner…
- A venir t’y laver…
- Avec la salle de bains que t’as !…
- Finalement tu rentreras à côté que pour dormir…
- Ben oui !…
- C’est un peu idiot de payer deux loyers alors qu’il y a une chambre d’amis ici, non ?…
- En fait, si je te comprends bien, tu voudrais que je m’installe là…
- Ce serait pas plus logique ?…
- Je vais réfléchir… Je te dirai…

- T’es un petit malin, toi, hein !… Parce que c’est le seul moyen que t’aies de pas passer ta vie tout seul… Te trouver une bonne âme charitable qui accepte de cohabiter… Sinon !…
- Et elle va être d’accord, tu crois ?…
- Evidemment qu’elle va être d’accord… Ca fait pas l’ombre d’un doute… Seulement… Seulement le jour où elle rencontrera quelqu’un… Et que ce sera sérieux… tu te retrouveras à la case départ…

- Bon… Alors j’ai réfléchi… Je viens… Mais soyons clairs : pas question que je change quoi que ce soit à ma façon de vivre… Je fais ce que je veux… J’écoute ce que je veux comme musique… Aussi fort que j’ai envie… Je reçois qui je veux… Aussi tard que ça me chante… Si on n’est pas d’accord sur quelque chose - le programme de télé par exemple - c’est moi qui décide… Pour le ménage, les courses, la lessive, le repassage – et évidemment la bouffe – c’est toi qui t’en occupes… De A à Z… Je n’ai pas l’intention de faire la bonne… Et s’il y a le moindre truc qui va pas – n’importe quoi que ce soit – je me casse… Sans espoir de retour… Voilà… C’est à prendre ou à laisser…

- Bien, la miss, bien !… Elle sait mener sa barque… Elle ira loin… Inutile que je te demande si tu as accepté… Je te connais depuis le temps…

Je joue avec le feu, Gabriel !… Elle a failli nous tomber dessus hier… C’est vraiment pas passé loin… Et ça fait la deuxième fois… Elle se doute de quelque chose, c’est clair… Je suis morte de trouille… Si jamais elle nous surprend j’ai plus qu’à faire mes valises… Pierre-Antoine me le pardonnera jamais… Et ça va arriver… Ca va forcément arriver… Mais le pire – tu sais pas le pire ? – c’est que, tout compte fait, je me demande si je l’aime vraiment, ce type…

- Finalement c’est peut-être ça qu’elle cherche en réalité au fond : lui donner un bon prétexte pour qu’il la foute dehors… Puisque d’elle-même elle y arrive pas… Qu’elle ne rêve que de partir et qu’elle n’en a pas le courage… Ce serait l’occasion ou jamais…

Eva était sceptique…
- C’est plus compliqué que ça… Elle essaie de se le faire croire, oui, mais, en réalité, elle a pas du tout envie de partir… Elle tient bien trop à son petit bien-être… Et de toute façon Pierre-Antoine ne la mettra jamais dehors… Quoi qu’elle fasse… Il est bien trop faible… Et trop lâche… Incapable d’affronter la réalité… Non… C’est avec sa belle-mère qu’elle cherche l’affrontement… Parce que là il y a du répondant… Seulement elle fait pas le poids Véronique… Et elle le sait… Elle a déjà été vaincue… En beauté… Elle le sera encore… A chaque fois… C’est de ça qu’elle a besoin… D’une personnalité forte qui prenne le pas sur elle… Qui lui impose sa volonté… Qui l’humilie, même, quand c’est nécessaire… Vous êtes tous comme ça dans la famille n’importe comment…

- T’es où ?…
- Là…
- Qu’est-ce tu fabriques ?…
- Rien… Pourquoi ?…
- Ben viens avec moi alors !… C’est pas la peine d’avoir voulu que je m’installe ici si c’est pour me laisser toute seule devant la télé… Elle regardait une émission sur les dernières tendances de la mode…
- Ben reste pas planté là comme une bûche… Assieds-toi !…

- Je sors ce soir… Je vais en boîte… Et je ramènerai une copine qui sait pas où aller après… Tu pourras bien lui laisser ta chambre et dormir dans le séjour… Pour une nuit t’en mourras pas…

Elles sont rentrées à quatre heures du matin… Elles ont parlé et ri dans la cuisine… Ont fini par passer la tête…
- Il dort…
- Le réveille pas !…
- Oh, de toute façon, même s’il se réveille c’est pas grave… J’en fais ce que je veux…
Elles se sont approchées… Une lampe de poche s’est allumée… Morgane a soulevé les couvertures…
- Tu vois ?…
- Oui… Oui… Oh là là… Oh là là !…
Elles sont restées penchées dessus d’interminables minutes, sont enfin retournées dans la cuisine où elles ont – longtemps – ri aux éclats…

Elles se sont levées à midi…
- On t’a pas réveillé au moins cette nuit ?…
- Non… Non… Je vous ai pas entendues…
- Même quand on est venues dans le séjour ?… Parce que je voulais lui montrer à Ismène comment t’es fait… Il y avait tellement longtemps qu’elle en entendait parler…
- Même !…
- Menteur !… Tu dormais pas… J’en suis sûre… Bon… Mais c’est pas tout ça… Tu nous as préparé quoi à manger ?… On crève de faim, nous !…

Ca lui pendait au nez… C’était arrivé…
- Elle a été odieuse… Pire que chez toi quand elle m’a trouvée avec Patrice… J’ai été obligée d’en passer par tout ce qu’elle a voulu… Elle me traite comme si j’avais dix ans… Et tu sais ce qu’elle m’a fait ?… Je te raconterai… Plus tard… Tout de suite je peux pas… C’est encore trop frais… Je te raconterai… Quand je pourrai… En cachette… Comme aujourd’hui… Parce qu’elle m’a formellement interdit de t’écrire… Il paraît que tu exerces une très mauvaise influence sur moi… Hors de question évidemment que j’aille en vacances chez grand mère… Hors de question de toute façon que, maintenant, j’aille où que ce soit sans elle… Je suis sa prisonnière… C’est comme ça… Pour le moment…

- Même pas fichu de repasser un chemisier correctement !… Si je fais pas tout moi-même… Comme si j’étais pas assez à la bourre comme ça… Mais regarde comment je m’y prends au moins !… Là… Sous le col… Et tu replies… C’est pourtant pas sorcier !… Bon… Et maintenant tu dégages !… Je vais me changer…

- Tu viens avec elle en vacances ?… Oui, évidemment !… Ca va de soi… La question se pose même pas…




3- Eva et Morgane


Eva a envoyé Thibaud faire un tour…
- Où ça ?…
- Et il demande où !… Mais où tu veux !… Va ramasser des champignons !… Ou des escargots… Ou va au square jouer dans le bac à sable… N’importe où… On s’en fout… L’essentiel, c’est que tu dégages… Qu’on puisse discuter tranquillement tous les trois… Tu peux comprendre ça quand même, non ?… Eh ben alors !…

- Ouf !… Bon débarras… Ce qu’il peut être lourd par moments…
- C’est ton mec ?…
- Thibaud ?… Non, mais ça va pas ?!… Elles ont éclaté, toutes les deux, d’un grand fou rire complice…
- C’est vraiment pas le genre de type dont tu peux tomber amoureuse Thibaud… Pas moi en tout cas… Lui, par contre !… Il bave d’admiration devant moi… Il se met en quatre… Il irait me décrocher la lune si je lui demandais… Ca m’amuse… Je multiplie les caprices… Odieuse ou charmante… Comme j’ai envie… Comme ça m’attrape… Il ne proteste jamais… De moi il accepte tout… Absolument tout… C’est mon jouet… Ma marionnette… Non… Un type si tu sais t’y prendre… Mais si tu nous laissais, toi aussi, Gabriel ?!… On a à parler… Va jeter un œil dans les cabines à la plage, tiens !… Ca doit te manquer depuis le temps !…

Elles ont surgi toutes les deux en riant dans la buanderie…
- Tiens, t’es là, toi !… T’y es allé alors finalement à la plage ?… T’en as vu beaucoup ?… Elles valaient le coup ?… Eh bien raconte, quoi !… Tu t’es branlé au moins?… Ca a pas l’air… Tu tires une de ces tronches !…
- Peut-être qu’il était en train de se le faire… Qu’on dérange…
- Ca, ça n’a rien d’impossible… Probable même… C’est un inconditionnel Gabriel… Faut dire qu’il a pas trop le choix… Tu sais que je lui ai fait un jour ici ?… Et devant ses cousines en plus !…
- Ah oui ?!…
- Il s’était cassé les deux poignets, le pauvre !… Il pouvait plus se servir de ses mains… Fallait bien le dépanner…
- Et alors ?…
- Et alors ?!… Ben et alors ça lui a pas franchement déplu…
- J’imagine !…
- Et c’était pas gagné d’avance… Parce que tu l’aurais vu au début !… Il était d’une pudeur maladive… Faut dire qu’il y avait de quoi aussi… Mais on l’a pris en mains… Ses cousines d’abord et puis moi… Je regrette pas… Ca m’a permis de me faire les dents… Pour les autres après…
- Oui… Thibaud…
- Oh, Thibaud !… C’est encore autre chose Thibaud!… Quoique !… En tout cas de ce côté-là il bat tous les records Thibaud… Une vraie jeune fille… A quarante ans !… Mais je le débarrasserai de ça… C’est d’un ridicule achevé… Je m’y emploie… Ca me distrait… C’est comme un challenge… Que je suis sûre de gagner au bout du compte… J’obtiens toujours tout ce que je veux avec lui… Seulement une fois que ce sera fait…

On finissait de dîner… Elle a repoussé son assiette…
- Thibaud ?!…
Il a levé sur elle un regard enamouré…
- Oui ?…
- Je suis pas mécontente de toi… C’est pas encore parfait, non, mais tu fais des efforts… Quelques progrès… En tout cas tu fais preuve de beaucoup de bonne volonté…
Il s’est fièrement rengorgé…
- Alors tu vas avoir droit à ta petite récompense hebdomadaire…
Il a écarquillé les yeux…
- Ici ?… Maintenant ?…
- Evidemment !… Allez, viens !… Approche !…
Il a obéi, écarlate, les yeux baissés…
- Non !… Non !… Dans l’autre sens !… Tu leur tournes le dos, là… C’est très impoli… Ca m’étonne de toi !… Avec l’éducation que tu as reçue !… Ah, voilà !… Eh bien vas-y !… Qu’est-ce que tu attends ?…
Il a baissé son pantalon… Le slip aussi… Sans relever la tête… Elle l’a pris dans sa main… Fait dresser…
- Viens voir, Morgane !… Viens voir !… De plus près !… Il a horreur de ça !… Surtout quand il bande…
Elle s’est activée dessus… Il a coulé très vite…
- Tu n’as pas honte ?… Devant tout le monde comme ça !… Tu pourrais te retenir quand même !… File !… File dans ta chambre !…

- Il va pas en dormir de la nuit… Il va ruminer pendant des heures… Tant mieux !… Si ça pouvait lui donner à réfléchir… Parce qu’il faut pas qu’il rêve… On va pas en rester là… Mardi prochain on monte la barre plus haut… Mardi prochain c’est Gabriel qui lui fera… Ca te changera, toi, pour une fois, de branler une vraie queue…

Elles s’éclipsaient des matinées entières, ne réapparaissaient qu’à midi…
- Qu’est-ce tu nous as préparé de bon ?…
Le repas à peine terminé elles allaient s’installer toutes les deux sur la terrasse où elles nous interdisaient de les rejoindre…
- On n’a pas besoin de vous… On veut être tranquilles…
Je me réfugiais dans la cuisine où je leur concoctais des petits plats qu’elles savouraient le soir avec délectation…
- C’est une perle, Gabriel !… Une véritable perle… Celle qui mettra la main dessus…
- Elle aura au moins ça à défaut d’autre chose…

- Tu comptes en faire quoi finalement de Gabriel ?…
- Si seulement je savais !…
Je n’avais pas pu résister… Je m’étais discrètement faufilé dans la chambre de Morgane dont la fenêtre était restée entrebaîllée… De là, je pouvais entendre, de tout près, ce qui se disait sur la terrasse…
- Oui… Si seulement je savais !… Il a des tas de qualités… Il est serviable… attentionné… D’une conversation agréable… Il se charge de toutes les corvées et, du coup, j’ai tout mon temps de libre… Mais bon !… Tant qu’à partager un appart avec un type c’est quand même mieux s’il te tire…
- Tu peux bien ramener qui tu veux pour t’éclater… C’est sûrement pas lui qui va t’en empêcher…
- Oh, ça, je sais bien !… Il aurait pas intérêt d’ailleurs !… Mais c’est quand même pas pareil si t’as ce qu’il te faut sur place… A portée de main… Quand t’as envie… Si c’était Romain… Ou Sébastien… Seulement faut regarder la réalité en face… Avec eux, au quotidien, ce serait complètement invivable…

Thibaud errait toute la journée comme une âme en peine, finissait par me rejoindre, faute de mieux, dans la cuisine où il me regardait m’activer aux fourneaux…
- Parle-moi d’Eva !…
- Encore !…
- Ben oui !… Tu la connais, toi, depuis le temps !… Elle a toujours été comme ça ?…
- Comme ça ?… C’est-à-dire ?…
- Je sais pas… Comme ça… J’arrive pas à la cerner… A savoir ce qu’elle veut vraiment…
- Celui qui arrivera à cerner Eva il est pas encore né…
- Qu’est-ce que je peux faire alors ?…
- Qu’est-ce que tu veux faire ?… Il y a rien à faire… Tu l’as dans la peau… Alors laisse-la faire, elle !…

- Bon, allez, Thibaud !… On est mardi… Et le mardi quand tu l’as mérité… Il s’est docilement levé, approché… Il a baissé son pantalon… Il bandait… Elle a tendu la main, l’a laissée retomber…
- Et puis non… Ca me fatigue à force… Tiens, Gabriel, viens t’occuper de lui plutôt… Qu’est-ce qu’il y a ?… Ca t’impressionne ?… Ah oui, il y a un beau morceau, hein !… T’as pas l’habitude… Eh ben vas-y !… Qu’est-ce t’attends ?… Ca va pas te mordre… Là… Oui, mais fais pas semblant !… Il va pas y trouver son compte sinon… Comme ça… Très bien… Mais plus vite… Et tripote-lui les couilles en même temps il adore ça… T’as bien deux mains ?… Ben alors faut t’en servir !… Ca y est !… Il va gicler… Ca y est !… Tu vois que c’était pas si compliqué…

- Oui… Oui, mais c’est pas pareil !… C’est pas du tout pareil… Parce que Gabriel, si t’y regardes bien, c’est un eunuque… Ou c’est tout comme…
J’avais pris leur conversation en cours…
- Oui, un eunuque… En pire même… Parce que certains il paraît qu’ils arrivent quand même à te pénétrer… Lui, tu peux toujours courir…
- T’es sûre ?…
- Certaine… En attendant un eunuque une femme elle peut en tirer un sacré parti si elle veut… Parce qu’il a toujours à se faire pardonner de pas être comme les autres… D’être insuffisant… De ne pas pouvoir remplir son rôle de mâle… Alors il compense… Comme il peut… Tant qu’il peut… Tu crois que Gabriel tu en ferais aussi facilement ce que tu veux, qu’il se montrerait aussi conciliant – et plus que conciliant – s’il n’était pas comme il est ?… Sans compter qu’un eunuque… Regarde dans les harems… Les femmes elles se contentaient pas de se faire servir comme des princesses… Sexuellement elles y trouvaient quand même leur compte… Différemment, mais elles y trouvaient leur compte… Elles se contentaient pas d’attendre le bon vouloir de leur seigneur et maître… Il y a des tas de récits là-dessus… Tiens, par exemple un jour j’ai lu que…
La voix de Thibaud a retenti dans la cuisine…
- Gabriel !… Gabriel !… T’es où ?…
Qu’est-ce qu’il voulait ce con ?…
- Gabriel !… Hou !… Hou !…
A insisté… S’est rapprochée… J’ai précipitamment quitté la chambre de Morgane…

- Qu’est-ce qu’il y a ?…
- Je te cherchais… Qu’est-ce tu faisais ?…
- Rien…
- Et si je l’épousais ?…
- Qui ça ?…
- Ben Eva !… Tu crois qu’elle voudrait ?…
- Pose-lui la question…
- Mais toi, qu’est-ce t’en penses ?…
- J’en pense qu’Eva c’est la dernière personne que j’imagine mariée…
- Même avec moi ?…
Même avec lui, oui !… Non, mais pour qui il se prenait ce minus ?…

On m’appelait… Je rêvais qu’on m’appelait… Redressé dans mon lit, j’ai écouté… On m’appelait, oui !… On m’appelait vraiment… Ca venait d’en dessous… De la chambre de Morgane… Je suis descendu… J’ai entrebaîllé la porte…
- Tu veux quelque chose ?…
- Eh ben dis donc, il t’en faut du temps à toi pour réagir !… Non, n’allume pas !… Viens !…
A tâtons dans l’obscurité… Jusqu’au lit…
- Penche-toi !…
Elle m’a agrippé par les cheveux, m’a attiré la tête, l’a plaquée contre son ventre…
- Lèche !… Vas-y !… Lèche !… Et fais pas semblant !…
J’ai léché… Tout du long… C’était déjà trempé… J’ai léché… Elle a ondulé… Gémi… M’a enserré entre ses cuisses… J’ai léché… léché… encore léché… Elle s’est cabrée, a sangloté son plaisir à pleine gorge… Elle a doucement relâché son étreinte, m’a repoussé…
- Tu es mon eunuque… Pars maintenant… Laisse-moi…

- Ca m’amuse plus Thibaud… Plus du tout… C’est beaucoup trop facile… Il y a pas de résistance… Il a pas de consistance… Il n’est rien… Il n’existe pas… Gommé… Effacé… Transparent… Non, ce qu’il me faut à moi, c’est qu’il y ait quelque chose en face, de la moëlle, du caractère, un type qui se laisse pas faire… Alors là, oui… Oui… Quel pied je prendrais !… Il voudrait pas, il se débattrait, il essaierait d’avoir le dessus, mais je le ramènerais tout doucement dans mes filets… Je l’obligerais à venir me manger dans la main, à se coucher à mes pieds comme un bon toutou… Je le vaincrais…
- Parce que tu crois que ça existe, toi, un type qui ait vraiment du caractère ?… Ils en donnent l’apparence, oui !… Ils essaient de se le faire croire, mais dès que tu grattes un peu ça s’effiloche de partout… Ca tombe en poussière…

Thibaud était assis en larmes sur le bord de son lit…
- Ben qu’est-ce qui se passe ?… Qu’est-ce qui t’arrive ?…
- Elle me fout dehors… Elle veut plus me voir… Plus jamais… Mais qu’est-ce que je lui ai fait ?… J’en suis toujours passé où elle a voulu… Pour tout… Qu’est-ce que je pouvais faire de plus ?… Dis-moi !… Hein ?!… Je pouvais faire quelque chose de plus?…
- Sans doute que oui !…
- Mais quoi ?… Quoi ?… Je comprends plus… Je comprends plus rien à rien…
Il a enfourné ses affaires dans des sacs au hasard, les a jetés dans le couloir…
- Bon, ben salut !…
On se reverra peut-être un jour…
- Peut-être, oui !…

Eva est venue le regarder partir, à mes côtés, à la fenêtre…
- Bon vent !… J’en avais fait le tour… J’en avais vraiment fait le tour… Tu vois ce qui t’attend, toi, un jour avec Morgane… A moins que tu te montres très perspicace… Vraiment très perspicace…




4- Enterrement de vie de jeune fille


Ismène nous a tout juste laissé le temps de déballer nos affaires…
- Vous êtes rentrés ?… J’arrive… Un quart d’heure plus tard elle était là…
- Tu sais pas quoi ?… Mélanie enterre sa vie de jeune fille samedi… On est invitées… Toutes les deux… Et avec les filles qu’il va y avoir ça va pas être triste…
- Il y aura qui ?…
- Oh, la bande habituelle !… Plus cinq ou six collègues à Mélanie… Des serveuses comme elle… Elles ont prévu des tas de trucs, des déguisements, des gages à lui faire faire dans la rue, sur des aires d’autoroute, tout ça… Chacune s’occupe de quelque chose… Et après elles ont loué une salle pour faire la fête rien qu’entre filles… Il y aura pas de mecs… Enfin si !… Juste un… Pour nous faire le service… Et c’est à nous – à nous deux – de le trouver…
- Oh, alors ça, ça devrait pas poser vraiment de problème… On a ce qu’il faut sous la main… Quoi ?!… Qu’est-ce qu’il y a, toi ?… Pour une fois qu’on a l’occasion de s’amuser !…

Elles ont décidé de m’habiller en serveuse…
- Ben oui forcément, c’est de circonstance… Et ça t’ira très bien, tu verras…
On a fait les magasins… Elles ont arrêté leur choix sur une petite jupe noire très stricte, un chemisier blanc….
- On le rembourrera…
Et un petit tablier de soubrette avec des dentelles…
- Il y a plus qu’à trouver des godasses…
- Et une perruque…
Qu’elles ont voulue d’un blond provocant…
- Voilà… On a tout…
- Ah non, non !… Et les sous-vets ?… Faut aller jusqu’au bout…
Culotte et soutien-gorge jaunes paille ornés de petites fleurs brodées…
- Cette fois, il est paré…

Au jour J elles m’ont habillé, longuement maquillé, parfumé…
- Là… Là… Fais-toi voir !… Tourne-toi !… Impeccable… Parfait… Tu vas avoir un succès fou…
Elles m’ont emmené, laissé seul dans une salle où une table avait été dressée toute en longueur et décorée d’une multitude de gigantesques godemichets autour desquels étaient nouées des faveurs roses et blanches…
- Attends-nous là !… On revient…

Tard dans la nuit en grands coups de klaxon, en crissements de pneus, en claquements de portières, en cris… Une vingtaine de filles qui se sont aussitôt attablées…
- On a faim !… On a faim !… On a faim !…
Martelé sur la table avec les couteaux et les fourchettes… Je me suis précipité…
- Ah, c’est lui !… Mais il est toute belle !…
Elles m’ont regardé aller et venir avec les plats en riant et en échangeant des commentaires entre elles à voix basse…
- En tout cas tu as été très bien, Mélanie !… Vraiment très bien…
- Oh, la tête des types au feu rouge quand elle leur nettoyait le pare-brise avec sa petite culotte !…
- Et la distribution des zizis en sucre à la sortie de la poste !… La tête de la vieille !… Mais c’est qu’elle aurait vraiment appelé les flics !…
- Et au centre commercial vous avez vu ça ?… Même le vigile il… Mais qu’est-ce tu restes planté là, toi ?… T’as que ça à faire ?… Va plutôt nous chercher les salades…

- On a soif !… On a soif !… On a soif !…
Des verres se sont tendus… D’un bout à l’autre de la table…
- Du whisky, moi !…
- Et moi de la vodka !…
- Il y a pas du Malibu ?… Mais si !… Là-bas !… Derrière toi !…
- De la bière pour moi !…
Je me suis démultiplié, en course échevelée, de tous côtés… Une fille a constaté…
- Il sait plus où donner de la tête… Eh, Lisette, tu sais quoi ?… Ben, on le fait exprès…
Une autre m’a arrêté au passage…
- Mon pauvre !… Elles vont te faire devenir chèvre… Mais je sais ce que c’est !… Tout ce qu’il faut pas qu’on supporte dans ce boulot !… Tiens, ça, par exemple !…
Et elle m’a pincé vigoureusement les fesses…
- Ou bien ça !…
Et sa voisine m’a lancé une grande claque au même endroit… Elles ont toutes éclaté de rire…

- Eh !… Par ici !… Par ici !… Pas toujours du même côté !… Nous aussi, nos verres sont vides…
J’ai couru les remplir… On en a profité pour me frôler les fesses…
- C’est trop tentant tout ça !…
Pour les palper…
- Ce petit cul !… Non, mais ce petit cul !… Pour les empoigner à pleines mains…
- Oh, les filles, je vais craquer… Je sens que je vais craquer… Je craque…
C’est la jupe qui a craqué… Parce qu’elle a tiré de toutes ses forces dessus… Et elle l’a brandie comme un étendard, fait tournoyer à bout de bras dans les airs, lancée au loin derrière elle… Elles ont toutes applaudi…

- Mais c’est qu’il s’en cachait de jolies choses là-dessous !… Fais voir !… Mais fais-voir !… T’as beaucoup de goût… Elle est très mimi ta petite culotte… Et elle te va très bien au teint… Vous avez vu, les filles ?…
On m’a entouré… On s’est penché… Des mains sont entrées derrière, ont exploré…
- Comment elles sont fermes en plus ses fesses !… Et musclées… Un vrai délice… Je sais pas vous, mais moi, ce que je préfère chez un mec, c’est ses fesses…
Des effleurements… Des caresses…
- Ca te fait des choses, hein ?… Comment il doit être content Popaul là-haut !… Il doit plus se sentir… Tout fier… Tout dressé sur ses ergots… Non ?… Menteur !… Je vais vérifier…
Elle est descendue… Elle est remontée de l’autre côté…
- Mais il y a rien !… Il y en a pas !… Il y a rien du tout…
- C’est que tu sais pas chercher… Laisse-moi faire !… Ah si, si !… Moi, je sens quelque chose… Comme une petite boursouflure… Mais je sais pas si c’est ça… Non, je crois pas finalement… T’as raison : il y a rien…
- C’est pas vrai ?!… Eh ben faites voir, quoi !… La jouez pas perso…
Quelqu’un a descendu la culotte… Morgane s’est rengorgée…
- Je vous l’avais dit… Je vous l’avais dit… Quasiment un eunuque…

- On va l’examiner !…
- Oui… Un cas comme ça ça s’étudie de près…
- Surtout qu’on retrouvera jamais une occasion pareille…
- Tiens, monte là-dessus, toi !…
Elles m’ont fait retirer le chemisier et le soutien-gorge, ont repoussé verres et assiettes…
- Là !… Vas-y !… Allonge-toi !… Et détends-toi !… On va pas te manger…
Elles m’ont entouré… Se sont penchées…
- Et si on lui bandait les yeux ?… On serait plus tranquilles…
Aussitôt dit aussitôt fait… Avec un épais foulard noir qui m’a plongé dans l’obscurité la plus totale… Des mains se sont posées sur moi… Des mains par dizaines… Sur mon torse… Sur mon ventre… Sur mes cuisses… En bas elles se sont emparées de moi … Des cheveux m’ont caressé de leurs pointes… Elles m’ont découvert, palpé… Elles ont ri…
- Ca grimpe même pas !…
- Vous croyez que ça peut rétrécir encore ?…
- Peut-être… Il y a qu’à essayer… Il reste des glaçons ?…
Qu’elles y ont répandus…
- Oui… Ca diminue…
- Regardez !… Regardez !… Ca rentre complètement dedans… C’est fou, ça !…

- C’est malin !… Comment on va la faire revenir maintenant ?…
- Il en a pas besoin…
- Mais si !… Pour faire pipi…
- Peut-être avec de la moutarde ?…
- Ou du poivre plutôt ?…
- J’ai du dissolvant…
- Pas la peine !… Il y a qu’à le laisser comme ça… Qu’est-ce qu’on s’en fout !…
- C’est con !… J’y aurais bien goûté, moi !… Pour une fois qu’il y en avait une que je risquais pas de m’étouffer avec !…
- Il te reste toujours les burnes… Toi qu’adores les smarties… On te les aromatise un peu ?… Passez-moi le Nutella, les filles !…
Elles m’en ont copieusement enduit… Une bouche s’est refermée sur moi… Une autre… Une troisième… Des dents se sont refermées sur les pointes de mes seins… On m’a aspergé sur tout le corps, avec de grands rires, de quelque chose qui devait être du whisky… Des langues sont venues le laper…

- J’ai une de ces envies de pisser !…
- Normal !… Avec tout ce qu’on a bu !… Eh ben vas-y au lieu de te dandiner d’une jambe sur l’autre !…
- C’est trop loin… J’ai la flemme…
Il y a eu des chuchotements… On a silencieusement pouffé…
- Non, mais c’est pas vrai qu’elle va le faire !…
Elle est montée sur la table… Elle m’a enjambé en prenant appui sur moi… Un liquide chaud s’est répandu, m’a coulé sur le ventre, entre les cuisses, m’a inondé… Interminablement…
- Ah, ça fait du bien !… Ca soulage !…

Il y en a eu d’autres… Quatre ou cinq…
- Nous aussi on a envie !…
La dernière sur la figure…
- Ouvre la bouche !… Ouvre !…
Et elles ont encore applaudi…

Morgane et Ismène étaient absolument ravies de leur soirée…
- Qu’est-ce qu’on s’est amusées !… Pas toi ?… Hein ?!… Eh bien réponds !…
- Si !…
- Ah, tu vois !… On recommencera… Comme ça ou autrement, mais on recommencera…

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