dimanche 25 octobre 2009

Mémoires d'une toute petite queue ( 1 )

Des débuts pas très prometteurs





1- La toilette du samedi


- Le pauvre petit il a vraiment pas été gâté par la nature…
- Ca, c’est le moins qu’on puisse dire… Mais à ce point-là c’est quand même impressionnant…
Je devais avoir quatre ou cinq ans… J’étais en vacances chez grand mère, au bon air, à la campagne… Et, cette année-là, il y avait aussi tante Monique…
- En tout cas ça vient pas de notre côté à nous… Dans la famille les hommes ont toujours été généreusement pourvus…
C’était pendant la toilette du samedi… Le samedi grand mère faisait chauffer de l’eau dans de grandes bassines et me lavait à fond dans l’un des immenses bacs en ciment de la buanderie…
- Avec l’âge ça devrait quand même finir par s’arranger un peu…
- Oui, enfin ça !…

Ce tout premier souvenir est resté longtemps enfoui sous une multitude d’autres… Des tantes qui m’emportaient dans leurs bras et m’étouffaient de baisers…
- Le pauvre petit !… Perdre sa maman !… Si jeune !… Si c’est pas malheureux…
Une institutrice qui m’avait pris en grippe et ne manquait pas une occasion de me le faire sentir… Une dame qui arrivait sans bruit dans la chambre de papa, à côté, dès que j’étais couché et s’enfuyait tôt le matin avant que je sois levé…

Tout nu dans ce bac en ciment, ce jour-là, j’ignorais de quoi elles parlaient, mais les regards consternés qu’elles posaient, avec insistance, sur une partie bien précise de mon anatomie me laissaient vaguement soupçonner qu’il y avait, de ce côté-là, quelque chose qui n’allait pas… Oui, mais quoi ?…

Quand, à sept ans, à la piscine, j’ai eu l’occasion, pour la première fois d’apercevoir deux camarades nus je suis resté stupéfait… Quelles monstruosités ils avaient là entre les jambes !… Je les ai d’abord sincèrement plaints… Les pauvres !… Comme ils devaient en être encombrés !… Mais un doute s’était insinué en moi : j’ai discrètement observé, épié, enquêté et j’ai bien dû finir par me rendre à l’évidence : les autres, tous les autres, étaient - et de très loin - beaucoup mieux nantis que moi… Et je me suis alors employé à dissimuler, le plus souvent avec succès, une particularité dont je soupçonnais vaguement qu’elle m’exposerait, si elle était découverte, à d’interminables moqueries…

Ce n’était pas trop difficile : je ne fréquentais quasiment personne, je n’étais inscrit à aucune activité d’aucune sorte et revêtir la tenue de sport en gym n’impliquait pas qu’on se déshabille complètement… Restait grand mère, mais grand mère c’était grand mère… De toute façon elle savait et, dès l’instant où j’avais été en âge de me laver tout seul, elle s’était contentée de verser l’eau dans le bac, de m’apporter tout ce qu’il fallait et de superviser de loin…

J’avais onze ans quand mes cousines Florence et Véronique sont venues pour la première fois passer, elles aussi, leurs vacances chez grand mère… Je m’en étais fait par avance une véritable fête : elles n’avaient que neuf et sept ans, je ne les avais jusque là pratiquement jamais vues, mais j’allais enfin avoir des camarades de jeu… Finies les interminables journées gorgées de soleil passées à me demander ce que j’allais bien pouvoir faire… J’ai très vite déchanté : je ne les intéressais pas… Elles ne me rejetaient pas, non, pire, elles m’ignoraient… Elles étaient dans leur monde à elles… Toutes les deux… J’étais un intrus qu’il fallait soigneusement tenir à distance… Et j’étais renvoyé à une solitude pire encore que celle que j’avais jusque là connue…

Quand, le tout premier samedi, grand mère m’a appelé dans la buanderie, que j’ai trouvé les filles déjà installées dans les bacs, qu’elle m’a fait signe de les y rejoindre je suis tombé des nues : il allait pour moi tellement de soi que nous ferions notre toilette à tour de rôle, elles et moi, que c’était une éventualité que je n’avais même pas envisagée… J’ai timidement suggéré…
- Je pourrais peut-être après… Quand elles auront fini…
- Parce que tu te figures qu’il va y avoir deux services rien que pour tes beaux yeux… Tu trouves que j’ai pas assez de travail comme ça ?…
Elle s’est retournée, s’est essuyé les mains…
- De quoi t’as peur ?… Qu’elles en perdent la vue ?… Ca, il y a pas de risque : il y a vraiment pas de quoi… Allez, assez de simagrées !… Dépêche-toi !… Tu me fais perdre mon temps… Et je me suis déshabillé, anéanti…Le samedi suivant aussi… Et celui d’après… Tous les samedis… Jusqu’à la fin…

C’était quelques mois plus tard… Au mariage du cousin Vincent… La famille au grand complet était réunie et, comme il arrive souvent dans ces occasions-là, vers la fin du repas, l’alcool aidant, il avait commencé à se raconter des histoires… De plus en plus osées… De plus en plus scabreuses… De plus en plus salaces…
- Et celle-là vous la connaissez ?… C’est un type qui a une queue minuscule, mais alors là, vraiment minuscule…
Florence a claironné…
- Comme Gabriel…
Tout le monde a éclaté de rire…
- Si, c’est vrai, hein, elle est toute petite… Comme ça…
Et elle a rapproché son pouce et son index presque à se toucher…
- Le reste aussi… Comme ça…
Un tout petit o avec les mêmes doigts… On s’est encore esclaffé… Longtemps…
- En tout cas elle a pas les yeux dans sa poche cette petiote !…

Elle n’avait pas les yeux dans sa poche, non !… Elle les y avait de moins en moins l’été suivant… L’année précédente elle ne m’avait jeté que des regards discrets, mouchetés, mais maintenant, toute auréolée des réactions complaisantes et amusées qu’avaient suscitées son petit numéro c’était ouvertement, avec une évidente jubilation, qu’elle poursuivait, pendant la toilette du samedi, l’étude de mon anatomie… Véronique, de son côté, n’était pas en reste… Elles chuchotaient toutes les deux, pouffaient, éclataient parfois franchement de rire…
- Allons, les filles, allons !…
Mais dès que grand mère avait tourné le dos elles reprenaient de plus belle…

J’ai profité d’un moment où j’étais seul dans la cuisine avec elle et où il me semblait qu’elle était favorablement disposée à mon égard pour tenter, une nouvelle fois, de l’amadouer… Est-ce que vraiment il ne serait pas possible le samedi que je… ?
- Ah, tu vas pas recommencer avec ça !… Je t’ai déjà dit non… C’est toute une organisation… Alors s’il faut tenir compte en plus des caprices des uns et des autres !… Tes cousines, elles font pas tant d’histoires, elles !…
Elle a remué le ragoût dans la cocotte avec la grosse cuiller en bois, haussé les épaules…
- De toute façon faudra bien que tu t’y fasses… T’es comme ça t’es comme ça… Tu crois qu’on va te ménager à l’armée ?… T’offrir une belle cabine de douche pour toi tout seul ?…

Elles s’étaient fait des copines avec lesquelles elles allaient se baigner tous les après-midi au bord du lac… Et un jour :
- Viens !… - Mais oui, viens !… Au lieu de rester là tout seul comme un con…
- Il y a personne là-bas en plus !… Que nous…
Et je les ai accompagnées… Pour une fois qu’elles voulaient bien de moi !… Quatre filles, assises en rang d’oignons, m’ont regardé approcher…
- Salut !…
- Salut !…
- Bon, allez !… On se baigne ?…
Je me suis éloigné pour enfiler mon maillot… Quand je suis revenu Florence m’a fait signe… - Viens voir là !…
- Qu’est-ce qu’il y a ?…
- Viens voir, j’te dis !… Plus près… Mais plus près !… De quoi t’as peur ?…
J’ai encore fait un pas en avant… Et, d’un seul coup, elle a descendu, à mi-cuisses, un slip de bain que je me suis aussitôt désespérément efforcé de remonter… En vain : elle avait bien assuré sa prise et elle tenait bon…
- Vous voyez, les filles !… Vous voyez… Qu’est-ce que je vous disais !…
Elles voyaient… Elles regardaient… Elles ne s’en privaient pas… Quand elle a enfin consenti à lâcher, au bout d’un temps qui m’a paru interminable, je me suis reculotté et je me suis enfui… Leurs rires m’ont poursuivi longtemps… Je n’en ai jamais parlé… A personne…

Mes cousines ne sont pas revenues l’été suivant… Au grand mécontentement de grand mère…
- C’est cousu de fil blanc cette histoire… Si Monique ne veut plus me les envoyer elle ferait mieux de le dire carrément…
Et à mon grand soulagement : j’allais enfin échapper au calvaire du samedi… On m’avait offert un vélo… Je passais mes journées dessus, à errer de ci de là, de village en village, de camping en camping… Dans une intention bien précise : voir des filles…Le plus de filles possible… Pas des filles de mon âge… Non… Elles ne m’intéressaient pas… Des grandes… Des déjà femmes….Elles s’étaient mises à provoquer, depuis quelques mois, un incroyable remue-ménage en moi… Un invraisemblable tumulte… Leurs seins surtout… J’en étais fou… Je cherchais obstinément à les deviner sous les robes, les mains moites et le cœur chaviré…

Elle marchait sur le bord de la route… Je l’avais dépassée sans lui accorder la moindre attention…
- Gabriel !… Oh, Gabriel !…
Je me suis arrêté, retourné… Elle m’a rejoint, tranquillement, sans se presser…
- Ben alors !… Tu me reconnais pas ?…
Heu… Non… Non… On s’était déjà vus ?…
- Ben oui !… L’année dernière… Au bord du lac… Tu te rappelles pas ?… T’étais vraiment trop drôle… Tu faisais une de ces têtes… Et comment tu te débattais pour remonter ton caleçon… Ce qu’on a pu rigoler !… Bon, mais tu vas quelque part, là ?… T’es pressé ?…
- Heu… Non… Non…
- Ben on discute un peu alors?… On s’assied ?…
Dans l’herbe, sur le bas-côté…
- Oui, t’étais trop marrant… Et puis alors là moi je dois dire : jamais j’en avais vu une comme ça… Ah non alors !…
Elle a arraché un long brin d’herbe qu’elle a entortillé autour de son doigt…
- Et pourtant j’en ai vu !… Plein… Et en vrai… Pas en photo… Quand je veux je peux en voir… J’ai un truc pour ça, mais je te dirai pas… C’est top secret…
Elle a chassé une guêpe, avec agacement, du revers de la main…
- T’y es retourné au lac ?… Non ?… On pourrait… On pourrait aller se baigner… Demain… Tu viendras ?… A deux heures… Je t’attendrai…

On était allongés côte à côte, seuls, en maillot, face au lac… Elle s’est redressée sur un coude…
- Tu veux pas me la refaire voir ?… Je l’ai déjà vue n’importe comment… Alors un peu plus un peu moins…
Je n’ai pas répondu… Si tu me la refais voir, moi aussi je te ferai voir quelque chose… Elle a surpris mon regard…
- Ah non, pas ça, non… Pas moi, il y a pas de risque… Non… Ma sœur… Je sais comment on peut la voir toute nue si on veut… Et elle se rend compte de rien…
- Elle a quel âge ?…
- 19… Et elle est sacrément bien foutue en plus… Alors ?…
- Quand je la verrai ?…
- Bientôt… Je te dirai…
J’ai un peu descendu mon maillot…
- Oui, mais complètement, attends !… Ca vaut pas sinon…
Je l’ai baissé… Elle s’est penchée… Tout près…
- C’est dingue !… C’est vraiment dingue… T’arrives pas à y croire… D’abord que ce soit si petit, mais surtout comment c’est fichu en plus… Ca ressemble pas du tout aux autres, mais alors là pas du tout…
Elle s’est absorbée dans sa contemplation…
- Et il y a pas de poils… Rien… A 13 ans - pas loin de 14 - tout le monde en a normalement des poils… Même moi qu’en ai que douze il y a longtemps que ça a poussé, alors t’as qu’à voir !…
Elle s’est levée…
- T’en auras peut-être jamais si ça se trouve… Probable même… Bon, allez, on va se baigner ?…

Elle a mis un doigt sur ses lèvres…
- Tu fais pas de bruit, hein, surtout !… Ca foutrait tout par terre…
On a grimpé un escalier…
- Comment elle s’appelle ?…
- Laure…
On est entrés dans une chambre… Elle m’a emmené jusqu’à la fenêtre…
- Penche-toi !… Mais pas trop… Qu’elle te voie pas… Elle bronzait, les fesses à l’air, sur une petite terrasse juste en-dessous…
- Elle te plaît ?…
Si elle me plaisait !… Oh oui, oui et pas qu’un peu !…
- Mais… elle se retourne jamais ?…
Elle a haussé les épaules…
- Bien sûr que si !… Suffit d’attendre!…
Et j’ai attendu… J’ai regardé… J’ai attendu… J’ai regardé…
- Avoue qu’elle a quand même un sacré cul!…
- Ca !…

Et elle l’a fait… Elle s’est lentement redressée sur les genoux, seins offerts, a pris tout son temps pour se laisser retomber… Je me suis gorgé d’elle… De tout… Partout… Affolé… Eperdu… Insatiable… Eva a fini par me tirer en arrière…
- Faut que tu partes maintenant… Ma mère va rentrer… C’est leur chambre ici… Si elle te trouve là…
C’était fini… Je repartais le lendemain… C’était vraiment fini… Elle m’a raccompagné jusqu’en bas…
- A l’année prochaine…
- Oui… A l’année prochaine… Oui…

Je ne pensais qu’à elle… Laure… Je murmurais inlassablement son prénom… Laure… Laure… Laure… Elle me hantait… C’était la première vraie femme que j’avais vue nue… C’était la seule… Tout le temps elle était là avec moi… Elle… Elle seule… Ses seins… Sa chatte… Ses fesses… Ca me rendait fou… Et… et ça a fini par arriver, un matin, pendant la récréation, dans les toilettes du lycée… Elle était là, avec moi… Je la voyais… Et, en même temps, je me touchais doucement tout au bout en bas… C’était agréable… Si agréable… De plus en plus agréable… Ca a fait comme une explosion… Tout a chaviré… Ca s’est arrêté… Il ne restait plus rien qu’une petite goutte blanche…

J’ai recommencé… Souvent… Aussi souvent que possible… Toujours avec elle… J’avais sous les yeux de gigantesques cernes… Je m’endormais en classe… Mes résultats scolaires étaient en chute libre… Mon père s’inquiétait…
- D’ici à ce qu’il nous couve une leucémie !…
Le médecin l’a rassuré, m’a pris à part…
- C’est de ton âge… Mais bon pas trop quand même, hein !…
Je ne pouvais pas m’empêcher… C’était plus fort que moi… Laure… Oh, Laure…

J’ai écrit à Eva… Elle allait bien ?… Ca se passait comment là-bas ?… Ca devait être complètement mort l’hiver… Déjà que l’été c’était pas terrible… Elle s’ennuyait pas trop ?… Elle faisait quoi ?… On pourrait peut-être s’écrire comme ça de temps en temps, non ?… Ca lui changerait les idées… Mais… ils lisaient pas son courrier ses parents au moins ?… Elle a répondu presque tout de suite… Ben oui, oui, c’était un trou perdu… Ca !… On pouvait pas dire le contraire… Mais bon… Non, elle s’ennuyait pas… Non… Elle avait pas le temps… Elle avait des trucs à faire… Elle me dirait peut-être un jour… Elle verrait… Quant à savoir si ses parents lisaient son courrier… Mais ça va pas, non ?… Je suis plus une gamine…

Bon… Bon… Alors… Si ses parents lisaient pas son courrier je pouvais peut-être lui demander quelque chose… Elle voudrait pas m’envoyer une photo de Laure par hasard ?… Elle en avait sûrement… Hein ?… Mais c’était dégueulasse !… J’étais un vrai salaud!… Elle savait pas ce que je voulais en faire de la photo peut-être ?!… J’en profitais qu’elle avait le dos tourné… Pourquoi je l’avais pas fait quand on était tous les deux au-dessus de la terrasse là-bas ?… Elle m’aurait regardé… Parce que tout était tellement bizarre, de ce côté-là, chez moi, que ça aussi sûrement ça devait l’être… Elle en avait des photos, oui !… Plein… Mais pour la peine elle me les enverrait pas… Ou du moins pas tout de suite… Quand elle déciderait, elle… J’allais attendre - et pas qu’un peu - et d’abord j’allais lui promettre que l’été prochain… J’ai promis… Tout ce qu’elle a voulu…

Il y en a eu une première un mois plus tard… C’était dans leur jardin, sous le pommier, près du portail… En petite robe blanche, les cheveux au vent, elle souriait dans le soleil… Je l’ai serrée contre mon cœur… Je l’ai couverte de baisers… Et je me suis enivré de plaisir, les yeux dans les siens… Une autre, un peu plus tard, dos à la mer, dans un petit maillot de bains rouge qui l’épousait au plus près… Une troisième, robe relevée haut sur les cuisses dans un grand éclat de rire… Une multitude d’autres… Je les collais, au fur et à mesure, dans un énorme cahier… J’y recopiais aussi les poèmes que j’écrivais pour elle en secret, les déclarations d’amour enflammées que je ne lui ferais jamais… Et je comptais les jours qui me séparaient de l’été, qui me séparaient d’elle… J’en rayais un, chaque soir, sur le calendrier accroché au-dessus de mon lit… Plus qu’une semaine… Plus que trois jours… Plus que deux… Plus qu’un… On y était…

- Il y a une surprise… Et une sacrée surprise…
- C’est quoi ?…
- Je te dis pas… Tu verras…
On montait l’escalier… Le cœur me battait, à tout rompre, dans les oreilles…
- Mais t’oublies pas, hein !… T’oublies pas ce que t’as promis…
- Non… Non… J’oublierai pas… Non…
La porte de la chambre… Enfin elle allait être là, nue pour moi… La fenêtre… Enfin !… Je me suis penché… Mais… mais c’était quoi ce type ?… Qu’est-ce qu’il faisait là ?… Il l’avait enlacée… Elle avait refermé les bras autour de lui… La tête renversée en arrière, les yeux mi-clos, elle haletait doucement… Lui, juché sur elle, donnait de grands coups de bassin…
- Alors ?!… Qu’est-ce t’en dis ?… Tu t’attendais pas à ça, hein ?…
Ah non, je m’attendais pas à ça, non…
- On est arrivés trop tard… Ils viennent de le faire… Je suis sûre qu’ils viennent de le faire… Tous les jours ils le font… Mais qu’est-ce t’as ?… Tu pleures ?…
- Non, c’est rien, c’est le soleil…

- Ben si tu tires une tronche comme ça pendant toutes les vacances ça va être gai !… Qu’est-ce t’as encore ?…
- J’ai rien…
- Oh, si, t’as quelque chose, si !… Et je sais même ce que c’est : t’es amoureux de ma sœur… Alors de la voir avec l’autre… Seulement ça t’as tout faux… Elle a vingt ans… Qu’est-ce que tu veux qu’elle en ait à foutre de quelqu’un comme toi ?… Fichu comme tu es en plus !… Elle en aura jamais rien à foutre… Tu ferais mieux de te retirer ça de la tête et d’en profiter… De regarder à fond… Parce qu’à part regarder t’auras jamais rien d’autre avec elle… Avec les autres filles non plus d’ailleurs… Sûrement… Jamais… Faut être réaliste…



2- Premières fois

Jamais !… Je regardais les filles au lycée, dans la rue, partout où il y en avait… Jamais !… Non, ce n’était pas possible… Non… Il y en aurait bien une un jour… Je me regardais, moi… Je me soupesais… Je me mesurais… Non !… Evidemment elle avait raison Eva !… Evidemment… Jamais !…

Plus j’avançais en âge et plus il était clair que je plaisais… J’avais, paraît-il, une belle petite gueule… Et des yeux qui ne laissaient pas les filles indifférentes… Elles me le faisaient parfois fort explicitement comprendre… Je ne donnais pas suite… Celles que je trouvais à mon goût je me contentais de les emporter précieusement avec moi et de leur faire l’amour comme un possédé, le soir, seul dans mon lit… Concrètement je ne tentais jamais rien… J’en mourais d’envie, mais la représentation – que je me donnais – du lamentable fiasco que ce serait inévitablement me tétanisait… Alors plus tard… Un jour… Oui… Un jour sûrement… Ma réputation, en tout cas, était faite : ça ne m’intéressait pas… Et il commençait à se murmurer derrière mon dos que, sans doute, je préférais les garçons…

C’est peut-être ce qui a décidé Mélanie à relever le défi et à jeter son dévolu sur moi…
- T’y as compris quelque chose, toi, aux Maths ?…
- Oui… Pas toi ?…
- Rien du tout !… Tu pourras m’expliquer ?…
- Bien sûr…
Et, à quatre heures, j’ai pris en sa compagnie, la direction du café le plus proche…
- On va chez moi plutôt ?… C’est à deux pas… On sera plus tranquilles…
Nous n’avions jusque là entretenu que des relations de bonne camaraderie et elle ne m’avait jamais manifesté d’intérêt particulier… Elle avait parfois habité mes nuits… Sans plus : ce n’était pas vraiment mon type de fille… Trop sophistiquée… Trop agressivement femelle… Et, jusqu’à ce que nous entrions dans sa chambre, je n’avais aucune raison de lui supposer quelque arrière-pensée que ce soit… J’ai sorti mon livre, mon cahier… Elle me les a arrachés des mains, jetés derrière elle…
- On s’en fout des Maths !… Comment tu me trouves ?…
- Comment ça comment je te trouve ?…
- Je te plais comme fille ?…
- Je serais difficile…
- Eh bien alors !… Reste pas planté là comme une bûche…
J’étais au pied du mur… Impossible de me dérober… Je croyais savoir, pour l’avoir lu, qu’il fallait faire durer les préliminaires, que les femmes les appréciaient tout particulièrement… Je les ai d’autant plus prolongés que je redoutais le moment fatidique où il me faudrait apparaître dans toute ma vérité… Elle s’est impatientée…
- Allez, viens maintenant !… Je suis venu… Juché sur les avant-bras, je me suis mis à l’oeuvre…
- Ben qu’est-ce tu fais ?… Viens !…
Elle a eu un doute, m’a repoussé, regardé en bas, incrédule…
- Ah ben d’accord !… D’accord !…
Elle s’est levée, rhabillée, m’a ouvert la porte…
- Bon, ben salut !… A demain… On a quoi en première heure déjà ?… Ah oui, Histoire… A demain…

Je n’ai pas fermé l’œil de la nuit… Evidemment elle allait le dire… Le raconter… Evidemment… C’était même sûrement déjà fait… J’étais à peine en bas de l’escalier qu’elle avait dû s’empresser d’appeler Myriam… « - Assieds-toi !… T’es assise ?… Ecoute ça… Tu vas rire… » Et aussitôt après Valérie… Forcément ces deux-là étaient au courant… Et si ces deux-là étaient au courant c’était tout le bahut qui allait en faire des gorges chaudes… J’imaginais… Les sourires narquois… Les chuchotements derrière mon dos… Les allusions incessantes… Le lendemain je suis allé en classe la mort dans l’âme… Il ne s’est rien passé… Les jours suivants non plus…

Je n’étais pas rassuré pour autant… Elle ne l’avait pas dit… Elle pouvait encore le dire… Quand bon lui semblerait… J’entretenais avec Eva une correspondance régulière… Je lui ai raconté… Demandé… A son avis… A son avis elle allait le dire ?… Qu’est-ce que je voulais qu’elle en sache ?… Elle était pas dans sa tête !… Mais enfin, sûrement oui, qu’elle allait le dire… C’était le genre de choses dont les filles adoraient parler entre elles… Qu’est-ce que j’avais eu besoin d’aller me me fourrer dans une situation pareille aussi !… Elle m’avait prévenu… Elle m’avait pas prévenu peut-être ?…
- Si !… Eh bien alors !…

En tout cas j’étais vacciné… Une chose était claire : je ne serais jamais physiquement en mesure de donner du plaisir à une femme… Inutile de me bercer d’illusions… Et de m’exposer dorénavant, les mêmes causes produisant les mêmes effets, à de cinglantes et inutiles humiliations… Non… C’était fini… Et bien fini… Je pouvais, de toute façon, avoir toutes les femmes que je voulais… Il me suffisait de les convoquer, en imagination, et elles étaient à moi… Je le faisais… Inlassablement… J’en choisissais une, je lui caressais amoureusement le visage, je dessinais voluptueusement ses courbes, je l’affolais de désir et je la prenais… Elle hurlait son plaisir… Je passais à une autre… Une autre encore… J’étais un irrésistible Dom Juan… Cela suffisait à mon bonheur… Presque… Je le croyais… Je le voulais…

- Je t’aime, Gabriel !…
Ah non !… Non !… Ca allait pas recommencer… Quinze jours qu’elle me tournait autour, Lucie, qu’elle me faisait les yeux doux, qu’elle essayait de me faire comprendre que je l’intéressais… Quinze jours que je freinais des quatre fers, que je la tenais à distance, que je la fuyais… Et maintenant :
- Je t’aime, Gabriel !… Si, c’est vrai, tu sais !…
J’ai fixé quelque chose quelque part très loin derrière elle…
- Laisse-moi au moins une chance !… Laisse-moi te parler… Je t’embêterai pas, je te promets… Je te parlerai pas de ça… Jamais…
Elle était jolie… Elle avait partagé secrètement mes nuits à plusieurs reprises… J’ai accepté…

Et on a parlé… Seulement parlé… Dans la cour… En classe… Au café… Beaucoup parlé… D’elle… De moi… De ses rêves… De mes rêves… Je l’écoutais… Je me gorgeais d’elle et le soir, seul dans mon lit, je la rendais heureuse, je l’étais…

Ca a été sans le vouloir… Sans le faire exprès… On était assis tous les deux, côte à côte, sur la banquette de moleskine rouge… Une impulsion soudaine… J’ai passé mon bras autour de ses épaules… Elle s’est aussitôt blottie contre moi, a posé ses lèvres sur les miennes… Je me suis dérobé…
- Mais pourquoi ?… Pourquoi ?…
- Je te dirai… Je t’expliquerai…

Elle a poussé les hauts cris… Oh, mais ça avait pas d’importance, ça !… Pas du tout !… C’était pas ça qui comptait… Ce qui comptait c’était comment on s’y prenait et surtout… surtout… de s’aimer… Non, je croyais pas ?… Si, je croyais, si !…
- Eh bien alors !…
Et on est allés chez elle…

Elle me faisait taire d’un baiser…
- Mais si !… Ca va très bien… T’inquiète donc pas sans arrêt avec ça !…
Ca a duré huit jours… Et puis… elle a été moins libre… Elle avait à faire… L’examen approchait : il fallait qu’elle révise… De moins en moins libre… Presque plus…
- De toute façon j’ai besoin de faire le point pour nous, de savoir où j’en suis… Ca va être les Vacances en plus… Alors pour le moment je préfère qu’on arrête… On verra plus tard… Je te dirai…
Je l’ai croisée, deux jours plus tard, au bras de Gaëtan…

- C’est vrai que t’es sorti avec Lucie ?…
C’était dans les tout derniers jours de l’année scolaire… On était quelques rescapés à lézarder sur les pelouses du lycée…
- Qui c’est qui t’a raconté ça ?…
Elle s’est allongée à côté de moi…
- Ben elle, tiens !… Ca a pas duré longtemps à ce qu’il paraît…
- C’est comme ça…
- Tu sais ce qu’elle chante partout ?… Que t’assures pas au lit, mais alors là pas du tout… Que t’as une queue si petite que jamais elle aurait cru que ça pouvait exister… « - Il y a rien… Rien du tout… T’hallucines… Comme s’il l’avait rentrée à l’intérieur… Et alors toi, tu sens rien, mais rien… Tu sais même pas s’il est dedans ou pas… »
Elle a regardé un long moment des types qui jouaient au basket derrière…
- C’est vrai ?…
- Tu veux voir, c’est ça ?…
- Pauvre con !…

Les Vacances… Eva a éclaté de rire…
- Evidemment qu’elle voulait voir… Y en a plein des filles qu’ont envie de voir quand on leur dit comment t’es… Presque toutes… T’es une vraie curiosité… Rien qu’ici… On arrête pas de me demander… « C’est vraiment si petit que ça ?… Raconte !… Eh bien raconte, quoi !… » Et si elles avaient l’occasion d’y jeter un œil je suis bien tranquille qu’elles la laisseraient pas passer…

- On pourra pas se voir beaucoup… Je suis très prise…
Elle était amoureuse…
- De Ludovic… Et c’est sérieux… Mais je vais quand même te montrer quelque chose… Que tu puisses t’occuper… De toute façon va bien falloir que tu t’y habitues à être tout seul… Ca t’arrivera plus souvent qu’à ton tour…
J’en étais de plus en plus convaincu…

On a pris le car…
- C’est à l’autre bout du lac, là-bas, là où tout le monde va se baigner… T’y es jamais allé ?… Non ?… Il y a des cabines pour se changer… Juste contre un vieux hangar… Il est fermé à clé, mais il y a un truc pour y rentrer qu’il faut savoir… Et là tu peux les voir se déshabiller les gens… Tant que tu veux… A travers des trous… Et pas seulement se déshabiller… Parce que t’as des types comment ça les énerve toutes ces filles sur la plage autour d’eux… Ils vont dans les cabines juste pour se le faire… Et toi, t’es là… Ils le savent pas, mais t’es là…
- Il y a aussi des filles qui se le font ?…
- Ca arrive, oui, mais pas souvent…

J’ai d’abord eu une petite brune qui a très vite, de dos, enfilé son maillot… Puis, à côté, un type s’est soigneusement enduit de crème solaire… Un autre, plus tard, s’est vaguement caressé, sans réelle conviction, a rapidement abandonné… Une femme d’une cinquantaine d’années, aux formes généreuses, est restée nue, face à moi, tout le temps qu’elle a – méthodiquement – replié un à un ses vêtements…

Grand mère avait beaucoup baissé et ne quittait pratiquement plus son fauteuil près de la cheminée… Tous les matins j’allais lui faire les courses…La boulangerie… La boucherie… L’épicerie… C’est assises sur le dossier d’un banc, près de l’église, qu’elles m’attendaient au retour… Trois filles… Qui pouffaient de rire du plus loin qu’elles m’apercevaient…
- Petit !… Petit !… Petit !…
Je traversais la place aussi vite que je pouvais…
- Petit !… Petit !… Petit !…
Elles s’esclaffaient…
- Petit !… Petit !… Petit !…
Jusqu’à ce que j’aie disparu…

Je passais toutes mes après-midi là-bas à regarder inlassablement les femmes se déshabiller et se rhabiller… Il y avait les habituées dont je connaissais par cœur la pente des seins, la cambrure des fesses, la texture de la toison, chacune des attendrissantes petites manies… Je les retrouvais toujours avec le même bonheur… Il y avait les petites nouvelles découvertes avec gourmandise, apprises pas à pas avec volupté… Je regardais… Je regardais tout mon saoul… Et j’espérais… J’espérais que l’une ou l’autre finirait un jour par se prodiguer son plaisir devant moi… C’était parfois esquissé… Quelques effleurements… Quelques attouchements… Ca tournait toujours court… Je rageais… Les hommes, eux, par contre… J’avais presque tous les jours l’occasion d’en voir au moins un à l’œuvre… Tout se passait généralement très vite : ils verrouillaient la porte, laissaient tomber leurs vêtements et s’activaient frénétiquement, sans marquer le moindre temps d’arrêt, jusqu’à ce que leur plaisir surgisse… Je les regardais procéder avec beaucoup d’envie : si seulement j’avais été pourvu ne fût-ce que comme le moins bien loti d’entre eux…

Les trois filles des courses du matin s’étaient enhardies… Elles me faisaient chaque matin un brin de conduite…
- Petit !… Petit !… Petit !…
De plus en plus près… De plus en plus loin… Jusqu’à la grille chez grand mère… C’était qui ces filles ?… Eva n’en savait rien…
- Qu’est-ce que ça peut foutre qui c’est ?… Laisse-les dire !… Si tu dois faire toute une histoire chaque fois que tu fais rigoler des filles ben t’as pas fini…

Une femme à la quarantaine épanouie, aux formes généreuses… Elle était tournée vers moi, entièrement nue… Elle avait enrobé ses seins de ses mains et, du bout du pouce, en agaçait délicatement les pointes… L’œil rivé au trou dans la paroi de la cabine, le slip sur les chevilles, je l’accompagnais avec délice… Elle est descendue…C’était mes doigts sur elle, c’était mes doigts en elle… C’était nous… Que nous… Longtemps… Si longtemps… Elle est venue… Moi aussi… Elle s’est rhabillée… Elle est sortie… C’était fini…

- C’est vraiment trop de te voir faire… On dirait une femme comment tu te la presses et que tu tournes… On dirait que c’est un clito que t’as… Un gros clito, mais un clito quand même… Ca a rien du tout à voir avec quand les autres types ils se le font… Rien du tout… Ben fais pas cette tête-là !… Il y a un étage au-dessus d’où tu peux regarder ceux qui regardent…
- T’étais toute seule ?…
- Ca !… A ton avis ?…




3- L’année du bac

A la sortie du quai on m’a tiré par la manche… Une jeune femme… Blonde… Souriante…
- C’est toi Gabriel ?…
- Oui…
- Je t’ai trouvé… Et du premier coup en plus… Ton père disait que j’y arriverais pas… « - Tu l’as vu qu’en photo… C’est trompeur une photo… Et avec le monde qu’il va y avoir à la gare !… » Une fois de plus il avait tort… Mais bonjour quand même !… Deux bises…
- Bon, mais faut y aller… Je suis garée n’importe comment… Si les flics passent…

- Vous m’emmenez où ?…
- Ben à la maison, tiens !…
Elle a éclaté de rire…
- Tu verrais ta tête !… Bon, mais que je t’explique quand même !… Alors voilà : je m’appelle Clotilde… J’ai trente ans… Ton père et moi on se fréquente depuis dix mois… Ca se passe plutôt bien et, fin Juillet, on a décidé de vivre ensemble… Et, du coup, je me suis installée chez lui…
- Il aurait pu m’en parler quand même !…
- Ca !… Je me suis tuée à le lui répéter… Mais tu le connais !… Il se fait une montagne de tout… Il avait peur que tu le prennes mal… A cause de ta mère…
- Il y a quinze ans qu’elle est morte ma mère…
- Et qu’on s’entende pas, toi et moi… Paraît que j’ai un caractère de cochon… C’est ce qu’il dit en tout cas… Mais ça, tu jugeras par toi-même…

Ce qu’il redoutait surtout c’était que grand mère l’apprenne…
- Sa fille aînée c’était tout pour elle… Elle ne comprendrait pas que j’aie seulement pu envisager de refaire ma vie… Elle est âgée… Elle est malade… Elle ne s’en remettrait pas… Alors je compte sur toi hein ?!…

En classe, le jour de la rentrée, Melissa - la fille qui m’avait brocardé, à la fin de l’année scolaire précédente, au sujet de ma relation avec Lucie - est venue s’installer, d’autorité, à côté de moi, avec un grand sourire, comme si rien ne s’était passé… J’ai immédiatement soupçonné que c’était intéressé : mes résultats scolaires étaient généralement excellents, les siens, par contre, avaient toujours beaucoup laissé à désirer… J’avais vu juste : Elle s’inspirait systématiquement – et discrètement – de mes copies, pendant les contrôles, pour remplir les siennes, me sollicitait chaque fois qu’elle rencontrait une difficulté et en était même rapidement venue à me demander de rédiger ses dissertations de philo à sa place…
- J’ai rien fait… J’ai pas d’idées… Et c’est pour demain… Tu peux pas m’aider ?… Toi, t’assures là-dedans… Et pas qu’un peu !…

Tous les jours il y avait quelque chose qui lui posait problème, dans une matière ou dans une autre, et on avait fini par se retrouver tous les soirs pour travailler ensemble… On marquait, de temps en temps, une petite pause au cours de laquelle elle me parlait invariablement de Benjamin…
- Forcément… j’arrête pas de penser à lui…
Et, plus rarement, de Damien…
- Ben oui, j’en ai deux !… Ca te choque ?…
Ca me choquait pas… Non… Pas du tout…
- C’est de ta faute n’importe comment !…
- De ma faute ?…
- Tu m’aides pour les devoirs… Tu me fais pratiquement tout… Alors du coup j’ai du temps pour les mecs…

Avec Clotilde - mon père me posait presque quotidiennement la question - ça se passait plutôt bien… Très bien même… Elle était aux petits soins pour moi… Elle me préparait les plats que j’aimais… Je trouvais mon linge repassé au pied de mon lit… Elle s’intéressait à mes études, à ce que je vivais et n’hésitait pas à s’interrompre dans ce qu’elle faisait quand je manifestais le désir de bavarder un peu avec elle… Ca se passait même d’autant mieux que tous les matins nous déjeunions ensemble et qu’elle n’était alors vêtue que d’un tee shirt ras des cuisses sous lequel elle laissait les seins libres et qui découvrait inéluctablement sa petite culotte quand elle se penchait au-dessus de l’évier ou qu’elle se hissait sur la pointe des pieds pour attraper les biscottes dans le placard du haut… J’en étais ensoleillé pour toute la journée…

Dans mes lettres je parlais à Eva de Clotilde en long, en large et en travers…
- Tu es amoureux d’elle ?…
- Hein ?!… Mais ça va pas !… C’est la copine de mon père…
- Et alors ça empêche quoi ?… Tu peux bien être amoureux d’elle quand même… Ca se commande pas… J’ai pas de conseils à te donner, mais enfin moi, à ta place, je m’aventurerais pas là-dedans !… C’est un truc à avoir des tas d’histoires, ça !… De toute façon, dans ton cas, pour ce que ça peut donner !… Et puis même !… Pour tout le monde… Quand on voit où ça mène d’être amoureux !…
Ca n’allait plus du tout avec Ludo… Mais elle ne voulait pas en parler…
- N’insiste pas !… J’ai pas envie, j’te dis !…

Le jeudi matin je n’avais pas cours et je n’émergeais jamais d’un long sommeil réparateur avant midi… Mais, ce jeudi-là, exceptionnellement, j’étais réveillé à sept heures… Clotilde devait être en train de déjeuner… J’ai eu la soudaine envie de la voir, une fois de plus, dans son sempiternel tee shirt blanc… A son insu… Je suis sorti silencieusement de ma chambre, je me suis approché à pas de loup, je me suis accroupi derrière la rampe, juste en face de la porte ouverte de la cuisine… Debout, légèrement penchée au-dessus de la table , elle me faisait face… Et… elle était nue… Entièrement nue… Quand elle était seule il n’y avait plus de tee shirt… Elle allait, elle venait, sortait de mon champ de vision, y rentrait… Je regardais… Je regardais tout mon saoul… Elle a lavé son bol… Elle allait quitter la cuisine… J’ai regagné ma chambre…

Il y a eu d’autres jeudis… Il y a eu tous les jeudis… Pour rien au monde je n’aurais manqué ces rendez-vous hebdomadaires qui me l’offraient longuement et intégralement nue… Et puis… Et puis il y a eu ce jeudi-là… Qui a commencé comme tous les autres : elle a fait chauffer son café… Elle a ouvert le frigo, des placards… Elle s’est installée, après avoir longtemps tourné dans la cuisine, devant son bol qu’elle a vidé, à petites gorgées, tout en grignotant des biscottes… Elle l’a repoussé… Elle est restée assise, l’air rêveur… Longtemps… Elle a fini par glisser une main sous la table… L’autre… Ses jambes ont râclé le carrelage, se sont ouvertes… Elle a porté un doigt à sa bouche, l’a humecté… A recommencé… Son bras a vibré, bougé… De plus en plus vite… Elle a renversé la tête en arrière, sangloté en sourdine… Elle s’est levée… C’était fini…

Quand je suis descendu, à midi, on a mangé tous les deux face à face…
- Mais qu’est-ce t’as aujourd’hui ?…
- J’ai rien… Pourquoi ?…
- Tu desserres pas les dents… Et tu me regardes comme si c’était la première fois que tu me voyais…
- Ah oui ?!… Je sais pas… Je pense à des trucs…
- T’as des soucis ?…
- Non… Pas spécialement…
- Des peines de cœur alors ?…
- Non plus… Non… Laisse… Ca va s’arranger…
- J’espère… Parce que c’est pas très agréable pour moi…

Eva s’est montrée péremptoire…
- Evidemment qu’elle va recommencer !… Là ou ailleurs… Forcément… Quand tu te le fais c’est souvent… Chaque fois que tu peux… Oui, mais elle avait mon père… Non, mais alors là tu m’amuses !… Tu m’amuses vraiment !… Qu’est-ce ça empêche ?… Ca a rien à voir… Et puis enfin je voudrais pas te vexer, mais s’il est aussi bien monté que toi c’est pas souvent qu’elle doit y trouver son compte la pauvre femme…

Melissa avait Benjamin… Elle avait Damien… Elle en avait d’autres… Mes extras comme elle disait… Autour desquels elle tissait méthodiquement sa toile… J’avais droit chaque soir à un compte-rendu détaillé du déroulement des opérations…
- Tu crois que je vais y arriver celui-là ?… Et celui-là ?…
Elle y arrivait toujours… J’étais son confident attitré…
- Mon ami… Si, c’est vrai !… A toi je peux tout dire… T’es le seul… Parce que les filles c’est même pas la peine d’y penser… Dès que t’es un peu bien foutue c’est jalousie et compagnie… Ca pense qu’à t’en faire une… Quant aux types forcément ils vont essayer de coucher… Et ça fout tout par terre… Un type avec qui tu couches c’est plus pareil… Il y a plein de trucs que t’es obligée de garder pour toi… Et de ce côté-là au moins avec toi je suis tranquille… Je suis sûre qu’il y a pas de risque…

Eva a enfoncé le clou…
- Ben evidemment !… Qu’est-ce que t’imaginais ?… Qu’est-ce que tu peux espérer de mieux avec les filles ?… C’est déjà pas si mal, non ?… Retire-toi une bonne fois pour toutes de la tête qu’elles pourraient avoir envie avec toi… Il y en a pas une à qui ça viendrait à l’idée… Il y a rien il y a rien… Et même que tu tirerais dessus sans arrêt ça poussera pas… Et nous qu’est-ce que tu veux on a besoin qu’il y ait quelque chose… C’est comme ça… Alors tu peux toujours essayer avec celles qui savent pas… T’y gagneras de te faire envoyer sur les roses et foutre de ta gueule en prime… C’est ça que tu veux ?…

- Reste !… Mais si, reste !… Tu vas pas rentrer maintenant… Il est bien assez grand pour deux le lit… On se serrera n’importe comment…
Il était une heure du matin… On avait un peu travaillé, beaucoup discuté…
- Je vais à la salle de bains… Je reviens…
En petite culotte et soutien-gorge verts… Elle s’est glissée à mes côtés… On a éteint…
- Bonne nuit…
- Toi aussi…

- Qu’est-ce que tu respires vite !… Tu respires toujours comme ça ?…
- Des fois… Ca dépend…
- Tu sais quoi ?… C’est la première fois…
- La première fois que quoi ?…
- Que je dors avec un mec sans coucher… Ca fait tout bizarre… Mais c’est pas désagréable finalement… J’aurais pas cru…
Elle a poussé un long soupir…
- Tu dois me prendre pour une sacrée salope n’empêche !…
- Non… Pourquoi ?…
- Tous ces types qui défilent… J’ai compté… Huit depuis le début de l’année…
- Et alors ?!… C’est toi que ça regarde…
- Je peux pas m’empêcher de toute façon… Et puis j’ai pas envie… J’aime trop ça… J’aime les mecs… J’aime leurs queues… J’aime quand elles sont dures et qu’elles me remplissent… Tu peux pas savoir ce que ça fait… Bon, mais allez, on dort…

- Gabriel !… Oh, Gabriel !… Réveille-toi!... T’as vu l’heure ?… On va être à la bourre… Amène-toi !… On se lave vite fait et on y va… Amène-toi, j’te dis !…
Elle a laissé tomber culotte et soutien-gorge, a filé sous la douche…
- Alors tu viens !?… Qu’est-ce t’attends ?…
Elle a écarquillé les yeux…
- Ah oui !… Ah oui !… Eh ben dis donc !… J’en avais entendu parler, mais… mais… Eh ben dis donc !…
Elle a repris sa toilette, est passée longuement entre les cuisses…
- Il y a un truc que je me demande quand même c’est comment ça devient quand tu bandes… Elle s’est rincée…
- Tu peux bien me montrer… Qu’est-ce qu’on s’en fout !… Allez, quoi !… C’est tout ?… T’es à fond ?… C’est vrai ?… Mais ça change presque pas !… C’est complètement fou ce truc !…
Elle est sortie de la douche, a attrapé une serviette, s’est vigoureusement frictionnée…
- Tu sais comment elles te surnomment les filles ?… « Riquiqui »… Ca te va drôlement bien, je trouve… Non, tu crois pas ?…



Chaque jeudi matin, posté derrière la rampe, je voyais Clotilde nue… Chaque jeudi matin j’espérais qu’elle allait recommencer… Et chaque jeudi matin mes espoirs étaient déçus…
- Mais pourquoi tu mises tout sur la cuisine aussi ?!… Il y en a d’autres des pièces !… Sa chambre… Et la salle de bains… C’est souvent qu’on le fait dans la salle de bains… A cause de la douche… Ca sert à plein de choses la douche… Et puis quand tu t’envoies le jet bien fort là où il faut je peux te dire que tu te rates pas…

Elle avait raison Eva… Clotilde se le faisait dans la salle de bains… Quand elle s’y trouvait, si je pouvais m’approcher sans risque et coller mon oreille à la porte, je l’entendais, presque chaque fois, haleter, doucement gémir, laisser parfois échapper un râle…
- Oui, mais je vois rien…
- Ah ben ça !… Débrouille-toi !… Trouve une solution !… Il y a toujours une solution quand on veut…

Chaque fois qu’on avait travaillé un peu tard - et, le bac approchant, c’était de plus en plus souvent - je restais dormir chez Melissa… Avec elle… Dans son lit…
- Qu’est-ce que ça me manque n’empêche les mecs en ce moment !… Mais bon !… Il y a des priorités… Je me rattraperai après l’exam…

- Tu dors pas ?…
- Non…
- A quoi tu penses ?…
- A rien… Rien de spécial…
- Ca doit pas être facile pour toi quand même d’être couché là, à côté d’une nana à moitié à poil, d’être tout excité, - tu crois que je m’en rends pas compte ? - et d’être obligé de te dire que tu peux rien lui faire… Que même si elle voulait bien de toi tu pourrais pas… Comment ça doit être frustrant !…
- C’est comme ça !…
- Je sais pas pourquoi – je suis peut-être garce ! – mais qu’est-ce que ça me donne envie de t’affoler encore plus que tu puisses pas !… C’est de la folie !…
Elle a bougé sa cuisse sous le drap, l’a collée contre la mienne…
- T’aurais envie de voir ma chatte ?… Hein ?!…
- Oh oui, oui !…
- Mais alors pas comme sous la douche… De tout près… De juste au dessus… Ca te dit ?…
- Un peu que ça me dit !…
- Tu pourras regarder tant que tu voudras… Aussi longtemps que tu voudras… Et même… Si je vois à ta tête, dans tes yeux, que ça te rend complètement fou je te montrerai tout bien à fond… Je m’écarterai avec mes doigts… Mais alors toi, pas touche, hein !… Ou j’arrête tout de suite…
- On le fera quand ?…
- Bientôt… Avant les Vacances en tout cas… Penses-y bien en attendant…
Et elle s’est tournée de l’autre côté…

Ce mardi après-midi-là il n’était pas du tout prévu que je rentre à la maison… Sur le pas de la porte je me suis immobilisé: on parlait dans la salle de séjour… Qui pouvait bien être là, à discuter avec Clotilde ?… J’ai tendu l’oreille… Plusieurs voix… Des hommes… Des femmes… Qui susurraient… Qui gémissaient… Qui mugissaient de plaisir… La télé !… Evidemment c’était la télé… Une video… Je me suis approché sur la pointe des pieds… Nue, la croupe offerte, Clotilde était agenouillée au bord du canapé, un gode entre les cuisses… Les yeux rivés sur l’écran, d’une main elle le faisait aller et venir et, de l’autre, passée sous son ventre, elle pressait énergiquement son bouton… Je la regardais faire, pétrifié, la tête et les sens en feu…
- Oh, c’est bon !… Comment c’est bon… C’est trop bon…
Ca s’est accéléré, emballé… Elle a geint, s’est plainte, cabrée… Et elle a crié… Eperdûment… Elle est retombée avec un long soupir la tête dans les coussins… Je me suis silencieusement enfui pour ne revenir que beaucoup plus tard, à l’heure habituelle…

- Eh ben tu vois !… Ca a fini par t’arriver… Et ça t’arrivera d’autres fois parce qu’elle a l’air d’être drôlement accro… Mais t’imagines si elle s’était retournée et qu’elle t’avait vu ?… Oh, la honte pour elle !…
- Elle a pas vu que je l’avais vue, non, mais je crois bien qu’elle le sait…
- Comment ça ?…
- En repartant j’avais oublié de reprendre mon sac…
- Elle y a peut-être pas fait attention…
- Je l’avais laissé au milieu du couloir… Je l’ai retrouvé le long du mur…
- Oui, oh ben alors !… En tout cas, moi, je voudrais pas être à sa place…

Melissa m’a sauté au cou…
- Je l’ai, putain !… Je l’ai… J’y croyais pas… Et toi ?…
- Moi aussi…
- Oui, toi, c’était couru d’avance… Mais moi !… J’ai le bac… J’en reviens pas… Je vais fêter ça… Je vais te faire une de ces parties de jambes en l’air ce soir… Depuis le temps que je fais la nonne !…
- Et pour nous ?… Pour ce que t’avais promis ?… Avant les Vacances t’avais dit…
- Ah oui !… C’est vrai… Ben pas ce soir en tout cas… Ce soir je suis prise… Dans tous les sens du terme… Mais on a le temps… On trouvera bien un moment…

On était à table quand le téléphone a sonné… Papa s’est levé, a décroché…
- Oui… Oui… Bon… J’arrive… On arrive… Demain matin… Oui…
Il s’est rassis…
- Ta grand mère est morte…



4- Vacances


Grand mère était morte et, pour la première fois, je n’ai pas passé l’été « là-bas »…
- Qu’est-ce que t’irais y faire tout seul ?… Et puis c’est trop frais… Si c’est pour te cogner sans arrêt à tes souvenirs…
Et je suis resté à la maison… Je dormais jusqu’à midi… Je mangeais avec Clotilde et je remontais presque aussitôt dans ma chambre…
- Mais sors un peu !… Tu vas pas passer toutes tes vacances enfermé là-haut !…
Elle insistait…
- Avec le soleil qu’il fait en plus…

Eva avait une explication…
- Evidemment !… Tu l’emmerdes à être là tout le temps… Elle peut plus se branler comme elle veut…

Effectivement elle ne le faisait plus… J’avais beau laisser traîner mes oreilles aux abords de la salle de bains, descendre le matin en catimini la surveiller derrière la rampe… Rien… Plus rien…Elle ne déjeunait même plus toute nue…

- Elle se méfie… Finalement ça a été une sacrée connerie d’oublier ton sac…

Melissa n’était pas partie en vacances non plus, mais prétendait ne pas avoir un instant à m’accorder…
- Faut que je voie mes mecs… On a du temps à rattraper… Et puis je sais pas comment je me débrouille, mais j’arrête pas de courir… A droite… A gauche… J’ai des tas de trucs à faire… Mais rappelle… On finira bien par trouver un moment…

- Elle se fiche bien de toi, oui !… Quand elle avait besoin pour le bac elle ne jurait plus que par toi, elle était prête à te promettre tout ce que tu voulais, mais maintenant qu’elle l’a…

Je ne me décourageais pas pour autant… Je rappelais… Tous les jours… Sous l’œil amusé de Clotilde…
- C’est ta petite amie ?…
- Non… Seulement une copine…
- Pourquoi t’as jamais de petite amie ?… Ce serait normal à ton âge… Ca t’intéresse pas les filles ?…
- Bien sûr que si !…
- Eh ben alors !…

Elle revenait constamment à la charge… Chaque fois qu’une occasion se présentait elle la saisissait…
- C’est quoi qui t’arrête ?… T’es beau garçon… T’es intelligent… T’as beaucoup de charme… Il y a des tas de filles qui demanderaient que ça, tu sais… Lance-toi !… C’est pas en restant là à ruminer toute la journée…

- Peut-être qu’elle a des vues sur toi… C’est possible après tout… Va savoir…

- Mais qu’est-ce qui te retient ?…
Elle avait remis ça… Elle avait encore remis ça…
- Hein ?… Qu’est-ce qui te retient ?… T’as peur de te faire envoyer sur les roses, c’est ça ?… Excédé, je me suis levé…
- Tu veux savoir ?… Tu veux vraiment savoir ?…
J’ai baissé mon pantalon…
- C’est ça qui me retient… Je peux faire quoi avec ça, tu peux me dire ?… Rien… C’est pas faute d’avoir essayé… Je peux rien faire… Elles me l’ont assez répété les filles… Alors à part me branler… Mais ça apparemment je suis pas le seul dans cette maison…
J’ai claqué la porte… Dans ma chambre je me suis jeté à plat ventre sur mon lit… En larmes…

Elle m’y a rejoint, s’est assise tout contre moi, m’a passé une main dans les cheveux…
- Pleure pas !… Excuse-moi !… Je suis désolée… Je savais pas… Je pouvais pas savoir…
- C’est pas grave… Je commence à être habitué depuis le temps… Contre mon épaule il y avait la chaleur de sa cuisse…
- Mais alors tu m’avais vue, hein, dans le séjour ?…
- Sans le vouloir… Le cours de gym avait sauté…
- Je m’en doutais… Ton sac… Au milieu du couloir… Je t’ai choqué ?…
- Oh non, non !… Pourquoi ?… Je me le fais bien, moi…
- Ca aurait pu quand même… T’as été là longtemps ?…
- Je sais plus… Pas tellement non…
- Qu’est-ce que t’as pensé ?… Que ton père me satisfaisait pas ?…
- Je ne me suis pas posé la question…
- Je m’entends très bien avec ton père… Sur ce plan-là comme sur tous les autres… Non… Ca, c’est autre chose… De complètement différent… A moi… J’en ai besoin… J’en ai toujours eu besoin… Depuis toute petite… Je peux pas m’en passer… C’est comme ça… Elle s’est levée…
- Je peux te demander quelque chose ?… Que ça reste entre nous tout ça… Ton père est de la vieille école… C’est quelque chose d’inconcevable pour lui… Ca lui ferait beaucoup de peine… Je peux compter sur toi ?…
- Tu peux…
- Merci…

- Elle a raison… Et pas qu’un peu !… Ca a rien à voir de le faire toute seule et de le faire avec un mec… Seulement pour leur faire comprendre ça…

Melissa a appelé le lendemain…
- Tu sais où je suis ?… Au bord de la mer… Mon père m’a loué un petit truc qui donne direct sur la plage…Voilà ce que c’est d’avoir son bac… Il fait un de ces soleil en plus… Si tu venais ?… Ca te dirait pas ?… Ca me disait, oui… Beaucoup même…
- Bon, alors je t’explique pour trouver… C’est facile comme tout, tu vas voir…

- C’est toi, Gabriel ?… Entre !… Viens !… Je suis sous la douche… C’est la porte juste en face… Ca va ?… T’as fait bon voyage ?… Non, mais c’est pas vrai il mousse pas ce shampoing… Ou alors c’est la flotte…
Elle a ri…
- T’as toujours une de ces façons de me regarder, toi !… Un vrai meurt-de-faim… Ca t’a manqué tant que ça de pas me voir ?… Oui… Oui… Je sais ce que t’attends… C’est même pour ça que t’as rappliqué aussi vite… Mais tu vas y avoir droit, t’inquiète pas… T’en as tellement envie…

Elle est restée nue…
- Avec le temps qu’il fait !… Tu veux une bière ?…
Elle me l’a tendue, s’est assise au bord du lit…
- Ben reste pas debout !… Viens à côté de moi… C’est minuscule, hein !… T’as à peine la place de te retourner… Mais j’y suis pas… Juste pour dormir… Le reste du temps je suis à la plage…
Elle s’est laissé tomber en arrière, un bras sous la nuque…
- T’y as beaucoup pensé à ce que j’allais te la montrer ma chatte ?… Oui… Evidemment que t’y as beaucoup pensé… Tu penses même plus qu’à ça…
Elle a entrouvert les cuisses…
- Bouge pas !… T’approche pas encore !… Attends que je te dise…
Elle a très lentement écarté, centimètre après centimètre, sans me quitter un seul instant des yeux… Complètement… On a frappé…

- Qui ça peut être ?…
Elle s’est refermée, levée, a attrapé un peignoir en toute hâte… On a refrappé…
- Voilà… Voilà… Ah, c’est vous !… Mais qu’est-ce que vous faites là ?…
Deux types…
- Tu nous attendais pas, hein ?!…
- Ah pour ça non !…
Ils m’ont aperçu par dessus son épaule…
- Mais on dérange peut-être ?…
- Non… Non… Entrez !… C’est Gabriel… Un bon copain… Et eux c’est…
- Nous, c’est ?…
- Didier et Valentin…Deux ex… Enfin non… Deux mecs avec qui je m’éclate bien à l’occasion sans prise de tête… Voilà… Mais ça me dit pas comment vous êtes arrivés là…
- On est passés chez toi ce matin… On nous a dit que t’étais ici et on est venus…
- Exprès ?…
- Ben oui exprès… Pourquoi ?… Fallait pas ?…
- Oh si, si !…

- C’est pas tout ça, mais il y aura jamais assez à manger… Vous allez nous chercher quelque chose les garçons ?… Vous en profiterez pour faire connaissance…
On a pris des moules, des frites, du vin blanc…
- Et de l’apero… Faut pas oublier l’apero… Melissa sans son apero…
Ils ont voulu savoir comment je l’avais connue…
- Au lycée… On était dans la même classe…
- Ah, c’est toi !…
Et ils ont échangé un regard lourd de sous-entendus…

- On tiendra jamais tous autour de cette table !…
- Mais si !… Déjà moi j’ai une place toute trouvée…
Et elle s’est installée, d’autorité, sur les genoux de Valentin… On a mangé… Mangé et surtout bu… Beaucoup bu…
- Les gars, je suis saoule… Si, c’est vrai, hein, je suis saoule…
- Tant mieux !… On va pouvoir abuser de toi…
- Des promesses !… Toujours des promesses !…
- Qu’on va tenir…
Et Valentin a cherché les seins sous le peignoir… Sa main a erré, s’est attardée, a moutonné… - Arrête !… Ca me fait des choses…
- Raison de plus !…
Didier s’est levé…
- Attends, je vais t’aider…
Il est passé derrière elle, a piqueté sa nuque de petits baisers, fait glisser le peignoir le long des épaules…
- Ces seins que tu as, ma chérie !… Ces seins !… C’est à se mettre à genoux devant…
Il l’a fait… Il a posé sa tête sur sa cuisse, l’a enfouie sous le peignoir… Elle l’y a maintenue, des deux mains, la tête renversée en arrière, les yeux clos…

Ils l’ont portée sur le lit… Longtemps parcourue et reparcourue… De leurs mains… De leurs lèvres… De leurs queues… Elle s’est ouverte… Elle a doucement gémi, imploré, supplié…
- Venez maintenant !… S’il vous plaît, venez !…
Ca a été Didier… Pendant que Valentin lui caressait la joue, le cou, les seins en lui parlant tout bas à l’oreille… De l’autre côté j’ai approché la main… Elle m’a sèchement repoussé…
- Ah non !… Pas toi !… Non !…
Et elle est allée chercher son plaisir, sur Didier, à grands coups de bassin éperdus…

Elle s’est retournée, agenouillée… Croupe tendue, fesses offertes…
- Tu choisis… Où tu veux…
Valentin a choisi en haut… Elle a enfoui la tête dans les coussins, a ondulé, mugi, est retombée…

Ils se sont endormis enlacés… Tous les trois… Dans la nuit elle s’est encore plainte… Deux fois… Au petit matin j’ai rassemblé mes affaires sans bruit et je suis parti…

Clotilde était dans le séjour… Devant la télé… A quatre pattes au pied du canapé… Elle s’est retournée avec un petit cri, relevée, enfuie dans la direction de la cuisine… Je ne me suis pas arrêté… Je suis monté directement dans ma chambre…

Elle a presque aussitôt frappé, poussé la porte…
- Excuse-moi !… Je suis désolée, vraiment désolée, mais je t’attendais pas si tôt…
- Non, c’est de ma faute !… J’aurais dû appeler… Prévenir… Et je t’ai empêchée de finir en plus !…
- De quoi je vais avoir l’air, moi, maintenant ?… Tu vas croire que je passe mon temps à ça… Et toujours de cette façon-là !…
- Ah non !… Non !… C’était pas le même gode… Et on a éclaté d’un gigantesque fou rire tous les deux…

- T’es con, toi, aussi !… Pourquoi t’as fait du bruit ?… T’aurais bien dû te douter que du moment qu’elle était toute seule il y avait des chances qu’elle soit en train de se le faire… Quand même !… J’aurais bien voulu voir sa tête… Ca devait valoir son pesant d’or…
- Sa tête, oui… Mais de la voir courir avec le gode entre les cuisses alors là je te dis pas !…

2 commentaires:

  1. Merci de le dire... Et désolé d'avoir mis aussi longtemps pour réopondre: parfois mon "annonciateur de commentaires" dysfonctionne.

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